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•frère Iaifla une fam;lle fans fortune-, dont M. Terrier
prit foin, ôc qu’il combla de bienfaits.
Il avait époufé la petite-fille de ce M. Baizé, qui ,
fin Rattachant a M. de Monti, lui avoit ouvert la
carrière des affaires ôc de la fortune. De ce mariage,
conftamment heureux , eft née une famille aimable ôc
intereffante. Ces trois générations, qu’on voyoit raf-
femblées, M.- ôc madame Baizé, père & mère de
madame Terrier, M. ôc madame Terrier , leurs deux
filles , leur fils, alors enfant, aujourd’hui maître des
requêtes., 1 union, la tendre cordialité, la douce familiarité,
de badinage aimable qui animoit doucement
-leur commerce, & qui attêftoit leur tendreffe mutuelle,
.formoient un fpeétacle agréable à tous les yeux, atten- '
grillant pour tous les coeurs. Tous aimables, tous
. obligés ^ s ’aîîjiar , ils ne pouvaient qu ecre heureux ;
v^. i s préfentpient ea effet l’image fa plus parfaite du
bpnheur.
C etoit en .jouant paternellement avec fes énfans,
.que M. Terrier fit une chûtè maiheureufe, d’où ré-
rfulta une bleflure.a la jambe., qu’aucun remède ne put
^guérir^, ôc qui le rendit boiteux tout le reffe de fe
yie.
M. Terrier avoit-peffonnetlement une gaîté franche
R animée , qai fecommuniquoit fonfibleraent. Il étoit
,utiler fous.ce Ample rapport, à fes amis, lotfqu’ils
avoient quelques-unes de oes peines d’efprit, ou de ces
.difpofitions.a latrifteffe ,- qui demandent de la dilA-
pation.
Il mourut fubitement d’apopléxîe le 21 Janvier
*767- ^ -. ,
. fÉRENCE. ( Hifl. Tut..Rom• ) ÇPuBlius Térentius
>dfer. ) Ce furnom à'Afer indique fa patrie. En effet,
il étoit né à ‘Carthage ; mais il fut élevé à Rome :
eft Rome qui a formé fes talens, ôc qui doit s’en .
applaudir ;
Caton forma tes moeurs,; Caton foui eft ton père.'
-€)n conjecture que Térence fut enlevé encore enfant,
©u du moins fort jeune , par les Numides, dans les
courfesqtfiîs faifoient fur les terres des Carthaginois,
leurs votfins ôc leurs ennemis. Il fiat vendu comme ■
elclave à un fénateur Romain, nommé Terentius
Lucanusqui prit le plus grand foin de fon éducation ;
qui joignit .a ce bienfait celui de l’affranchir, ôc qui liîi
Rt porter fon nom, comme ç’étoit alors la coutume à
l ’égard des. affranchis. Le fécond .Scipion l’Africain &
le làge Læ'.ius furent liés avec lui d’une amitié particu- ’
lière ; on croit qu’ils eurent part à la compofition de
:fes pièces, & il fe faifoit lui-même honneur de ce
Rrun, qui étoit en effet un préjugé favorable pour le
mérite de ces mêmes pièces/ On peut voir ce qu’il dit
fur cela dans le prologue de fa comédie des Adelphes.
Valgius, qu’Horaee met à la tête de ceux dont il défire
•lé füffrage :
Va.lg.us & probet heee Oélavias optimus atque
Titfçus & hoeç u(mam Vifcorym laudet uterque, &c.
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Valgius dit, en parlant des comédies ûçTcrcnce, qu*Ü
les croit de Scipion ;•
Ha. qua vacantur fabula cujùsfunt ?
Non has , qui jura populis récenfens dabaty
: Honore furnrno ajfehus, fe d u fabulas ?
Boileau a confacré cette opinion, .par ces vers
adreffés à Molière:
-Celui qui fut vaincre Numance,’
Qui mit Carthage fous fa loi „
Jadis, fous le nom de .Tcreace.y
Sut-il mieux badiner que toi ?
Nous navons fous le -nom.de Térence que-fix comédies.
-On raconte que quand il vendit la première
aux Eciles, pour être jouée dans une des. fêtes publiques
ou préfidoient >ces -magiftrats, comme. T érence
etoit fort jeune..alors, & n’étoit nullement coÉnu , on
exigea qu’il lût auparavant fa pièce à Cécilius, célèbre
poète comique de-ce temps, dont Horace pai le dans
ce vers«
Vincere 'Cxerilius p-avuate, Terentius aree.
; Son jugement devoit décider du fort de la pièce. Té-
; rince anive chez fon juge, 6c le'trouve à table, fl
I avoit peu d’apparence ; il étoit mal vêtu. O n lui donna -,
! comme pat; grâce , auprès du lit de Cécilius un petit
! fiêge ; fur lequel il s’affit modeûement , & commençà
| de lire. Quand Cécilius, qui fe difpofoit à écouter
avec diffraction, & par complaifance, eut entendu le§
premiers vers, frappé de ce refpeét & de cette admi-
I ration que le talent infpire au talent, quand il ne lui
irripire pas trop d’envie-, il changea entièrement de
manières avec l’auteur ; le retint à louper, le fit affeoi*
. à côté de lui fur un même lit, & redoubla d’admiration
, Jorfqu’après le fouper il entendit te refte de la
pièce. -
VEunuque de Térence eut un fuccès qui fait époque
dans les foccès du théâtre. On obferve comme une
marque éclatante de ce fuccès , que cette pièce fut
jouée deux fois en un jour, de matin 6c le foir.: ce
qui n’étoit arrivé à aucune autre pièce.
Saint-Auguftin parle aaffi du tranfport & de l’ap-
plaudiffement univerfel qu’ excita cette phrafe tant citée
depuis, 6c qui le fera toujours.:
Homo fum, hurnani ntl à me aliermm putol
C ’eft a ces fortes de traits qu’on peut toujours appli-'
quer- ces vers non moins admirables de M. Greffet:
Tous les coeurs font remplis d’une volupté pure ;
Et c’eft-là qu’on entend le cri de la nature. '
Çéfar Appelle Térence un demi - Menandre, 6c il
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trouve que c’ëft allez pour le-mettre au premier rang
parmi les écrivains :
Tu quoque, tu, in fum mi s., .6 dlmidlate Mënander,
Poruris, 6cc.
Cicéron a eélébr-é en vers les talens de TIrmce ; il
dit que c’tft le Menandre Latin. Il loue très-bien les
charmes de fon ftyle; mais il ne les imite pas. Ses !
vers font Auteurs pour Térence \ mais ils ne font pas
bons.
Tu quoque, qui folus le£l&fermone Teierdv
Convcrsum expreffumque Latinâ voce Menandrum
Jn medio populi fedatis voribusejfers;
Quidqu\d corne- kquens;.^. atque ornnia dulcu linquens.
Ge vers: '
Conversum cxpreffymque Latinâ voce. Menandrum
^exprime ici qu’une imitation vague de Menandre,
& qu’une refïemblance générale avec .ce poète, ,non
une véritable tradu&ion ;..ma:s • on., dit qu’en effet
Térence avoit traduit cent huit pièces de Menandre 5 6ç
qu’il , mourut de douleur de les avoir perdues dans un
voyage qu’il avoit fait .eu. Grèce- ■
On ne fam en quel temps ni .comment il mourut; Il
qiütîa Rome., 6c;on ne le revit plus. : il %avoit pas
encore trente?cinq ans. Les uns d-Ient qu’il mourut fur
mer, à fon retour de la Grèce ; ,les autres qu’il mourut
en Arcadie, dans la ville de Stymphale, fous le con-
&iat de Cneïus Cornélius Dolabella, 6c 'de Marcus
Fulvios..
G’efM’Auteur Latin qui a le. plus approché de cette
déiicateffe , de cette pureté pleine d’élégaitce 6c de
graice | qu on appelle, proprement atticifne
La majeffé du, peuple Romain n'avoit pas permis à
Térence d’infulter le gouvernement par ces fatyres
qu’Athènes, applaud.ffoit dans Ariftophane. Ils attaquaient
le.s moeurs d s-citoyens, non les délibérations
du fénar, où l’adminiff ration .des confuls : la comédie '
fo^rapprochoit dè. foa objet véritable...
Il eft difficile d'âpprécier le mérite d..:s auteurs comiques
Latins,.au bout de deux mille ans, dans -une
terre étrangère travers la différence des ufages , 6c
dans un genre où les ufages font tou*. Les fioeffes
de la langue, les familiarités heureufes , les allufions,
l'e$ bons mots, tous ces ornemens naturels de la comédie,
font en grande partie perdus .pour , nous, 8c nos
fwppofitions gratuites les remplaceront toujours mal
c\\ les'exagérant. Céfar ne loue dans Térence que la -
douceur. 6c la'pureté du langage;
Qiiant à la conduite des ptëcès,. Je bon fens dé'
tous les fiècles peut en juger. Térence fait- fouvent'
marclter de front deux aff'ions differentes , dont là ..
lïstifbn n’eff pas affez intimé.; défaut qui paroît tenir
à,,renfànçe de l’art, ÔC qu.e Molière a, eu tort d’imiter
\ t e Aj Fourberies dc,.Sc:ipiny où les amours ffGffave
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& d'Hyacinthe, de Léandre 6c de Zerbinette, ne
font liés qulau dénouement ; 6c dans où ceux
de Valère ôc d’Elilè, de Gléandre 6c de Manàné,ont
le même inconvénient.
Térence, malgré le petit nombre de fes pièces,’
met une affez grande variété dans la nature de fes fu-
jets ^ & quand ibfait fe contenter d?une feule aéfion ,
comme dans VHécyre , iî eft intéreffant jufqu’aux larmes.
Ces détraéleurs de-toute nouveauté , qui ne cherchent
qu’à borner ôc refférrer les genres ; que tout
nous invite ai étendre ôc à varier, ont voulu décrier
■ la comédie touchante , jqu’ils ont regardée comme une '
invention de nos jours, ôc dont ils n’ont combattu les
fuccès , que parce qu’ils l’ont crue fans appui du côté '
de l’antiquité. Comment ontdls pu n’en pas voir le
modèle dans YéAndùenm.^ 6c plus, encore dans 1 ’Hé~r
çyre
Térence ne.côùnoîf que les caraffères généraux , qui--
. réiultënt du sèxe, de l’âge, de la condition : point, ou .-
-. peu de caraélères perfoanels. Ses vieillards, fes jeunes -
. gens , fes femmes , fés efclaves fe rcffèmblent ; il pa-
; roît avoir- cru que tous les hommes éteient les mêmes- •
dans- les mêmes conjonélures. On pourroit feulement
faire une exception en faveur des Adelphes, où même
les deux frères ont plutôt des principes oppofés fur
l’éducation des jeunes gens, que des caraéièces véri-■
tablement di^rens. Molière feul a bien fèhti que l’art
de deffiner lescaraélères, confifte à faifir lesdifférences ■
qui diftinguent les- hommes , à combiner les caraélères •
-généraux avec lés caraélères particuliers ôc perfonnels ;
110m feulement il ne faut pas faire parler '
Un vieillard en jeune-homrdè^ un jeune hompae-:
en>vieiUaEdr
Mais c’eft encore les frite parler au hasard, qùe-dé '
donner un même langage à tous les vieillards, à touîfo'
les jeur.es-gens.
TERKAN ou T A CK A N , f rrr. ( Hiß-, mod. } c’eft
ainfî qu’on nommo.it, parmi les Tartar es Mongufo:
fournis à Genghis-Kan, ceux qui, pour quelque grande!
aélion ou quelque grand fer vice, étoient exemptés par
le Grand Kan de toute taxe. Il leur étoit . permis de
s’approprier tout le butin qu’ils faifoient à la guerre,
'{ans en faire part à l'empereur. Ils, pouyoient fe pré-
; ferner au fouveraîn toutes les fois qu’il leur plaifoit^ t
6c leurs fautes, de quelque nature, quelles fanent *
leur, étoient pardonnais jrffqü’à neuf fois. {A.Ré)
TERPANDRE. ( Vaye{ Therpandre. ) '
TERRASSON. ( Hiß. litt-. mod.) Plufieurs perfon-
nages de ce nom.; tous de la même famille , 6c ayant -
tous Lyon pour patrie , fe font fait connoîtré avanta-
geufement dans les lettres. Diftingucns d’abord troià -''
frères, André, Jean 6c Gafpàrd. André ôc Gafpard '
forent tous deux orateriens ; tous:: deux prédicateurs •<
célèbres.: on a de tous deux des fermons e Aimés-. Gaspard
fut pérfécuté' peur le janfénrftne, ÔC obligé de
auittei fofatoirt 6cvia chaye. On -a de lui des latries- -