
» qui l'enveloppe , fe déchire 6c fc diffipe dans
» les airs.
L N!fus ah : D'une hune ardorem mentibus addunt ,
- Euryale ? an fia cuique Dais fit dira cupïdo ?
t Aut pugnam a t alîquidjam dudùm invadere magnum
Mens agitat mihi, me placidâ contenta quitte efi.
Bv.ona pegga è Jîgnor, che in fe raggira,
Un non Jo che a*infolito e d'audace
La rnia mente inquiéta : o Dio tinfpira,
O L'uom del fuo voler fuo Dio f i face.
» Il y a bien longtemps, feigneur , que mon
» efprit inquiet roule un projet hardi , extraordi-
" ”a*re * 011 c*e^ Uîl Dieu qui me l’infpire , ou
»» l’homme fe fait un D en de Ton deftr.
Le refie de i’épifode de Nifos 8c dEuryale a
fourni, piufieurs traits au Tajfe.
Mcn i igitur fociurn fiunmis adjungere rebus
Nife , fugis ? folum te in tanta pericula mittam ?
Tu là nandrai, rifpofi , e me- negletto
Qui lafeierai tra la volgare gente !
» Tu iras là, lui dît-il , & moi, tu me laififeras
« ici , méprifé , confondu daus la foule dés Guerriers
»» vulgaires !
Efi hic, efi animus lucis centemptor, & ifium
Qui vitâ bene credat emi9 quo tendis, honorem.
Ho cote ançKio çhe morte fpre^g i , e crede
Che ben f i cambi çon, tonor la vita.
» J’ai comme toi un coeur qui méprife la mort,
b je crois .comme toi, qu’il efi beau de changer la vie
, » contre l’honneur.
D i Pcitrii y quorum femper fub numine Troja efi ,
Non tarnen omnino feuçros delcre paratis, '
' Ciim taies animos juvenum & tam certa tulifiis
ptclora.
Ne già f i tofio cadefà-, fe tait
Arÿmï forti in f ia difija or fond.
» Non, il ne tombera pas, puifqu il lui refie pour i
o, appui des coeurs fi magnanimes.
Difce9puer, virtutem ex me verumque laborem ,
Fottunam - ex 'alits.
Viva e fo l .d'onefiaie a me fomiglï ;
L’efempie di fortuna altronde pigli,
» Qu’elle vive , ma fille , qu’elle me rçfïemble :
s> feulement par fon honnêteté ! mais qu’elle ap-
» prenne d’une autre à-, être plus heureufe.
Te y dulcis conjrtx, tefoloin .littore, fecutni9
Te ventente die , te dècedentt cane bat,, i , , M , •
Qu ali s poputeâ marins Philonu la fi b umbrâ
Amijfos quetitur foetus, quos duras arator
Obfervans nido implumes detraxit, at ilia
Flet noElem, ramoque fedens miferabïle edrmert
Intégrât y & moefiis lat'e loca quejàhus ïrnplet,
Lei nel partir , là nel tornar del foie
Chiama con voce fiança e prega, e ploral
Corne ufignuol cui'l villan dura invoie
Dal nido ifigli non penna i anccra ;
Che in miferabil canto, affiitie e f i e
Piange le notti, e riempie i bofchi e l'or a*
» D ’une voix mourante il appelle Clorindè quand
» le jour finit, il l’appelle quand le jour commence,
y>- il l’invoque,, il la pleure : ainfi, un roffignol, à
» qui un barbare Villageois a .-enlevé fes petits, fait
” entendre pendant les nuits un chant trille, folitaire
» & douloureux ; de fe* plaintes il remplit l’air
» & les bois.
L’épifode de Polydore fe retrouve anfîi dans le
treizième livre de la Jcrufalem délivrée , & .1 efi très-
bien placé parmi tous les prodiges de la forêt enchantée.
En cet endroit, Virgile efi encore traduit
prefque littéralement. Dans plusieurs autres il n’tfl
qu’imité, dans quelques-uns il efi embelli, il l’efl par.
exemple dans le panage fuivant:
Labitur infelix fiudiorum arque immemor herbtz
Liber equus, font fque avertitur , & pëde terrain.
Crebra ferit, denàjfoe aures. . . . . . . . .
Langue il corfier già f i firocé, e l'erba
Chè f i fuo car o cibo a fehifo prende ;
Vacilla il pi.de infermo, e la fupc ba
Cervice dianfi, or giîi dimeffa pende.
” Le courfier , jadis fi fier , languit auprès d’uné
» herbe aride & devenue pour lui fans faveur ; fes
” pieds, chancellent, fa tête, auparavant fi fuperbe ,
” tombe négligemment penchéé.
Jufques-là , tout efi à peu près égal entre le
modèle & l’imitateur, mais ce dernier ajoute au tableau
d’autres ' traits qui l’embeiliflént , Ôc que nous'ne
rapporterons- point, parce qu’ils deviennent étrangers
a l’imitation de Virgile , que nous confidérons feule
ici.
Ter cdnatus ibi coll'o dare brachia cirèum ,
Ter frufirà comprenfa ma^us ejfugit imago ,
Par levibus vends volucrique fetnillima Jomnoi
Gli flended pdi con dblcè arnica ajfctto'
. Tre fiate le brdccia al collo intorno ;
E tre* fiate in Van cinta Vimago
Euggia, quai levé fogno od aer vago.
» Et alufîi-tot lui tendant les bras avec une douce
” âffeétion , trois fois il. effaye de le ferrer contre
» fon fein ; mais, tel qu’un fonee ou une vapeur
» légère , trois fois l’ombre échappe à fes vains
» embraflèmensj
T A S
Armide, #au moment oîi Renaud la quitte ", lui
tient le même dilcours que Didon àÉnée; le Tafie
ne fait que traduire en cet endroit ce mouvement
éloquent & pafïionné.
Nec tibi Divaparens, generis nec Dardanus auElor, &c.
Les amours d’Antoine & de Cléopâtre , & la
bataille d’Aclum font repréfentés dans le palais
d’Annide comme fur le bouclier d'Enée, ce qui donne
encore oce.ifion au Tafiede traduire Virgile; mais
ce beau, mouvement fur la fuite d'Antoine, appartient
en propre au Tajfe.
E fugge Antonio î e hfci or pub la fpeme
DeV impe>io cL l mondo , ov'egli afpira !
Non fugge no , jion terne il fier, non terne,
Ma figue là che fugée , e Jeco il iira.
La ceinture d’Armide efi à peu près celle de Venus
dans Homère.
Le bouclier dé Renaud èft celui d’Achille & celui
d’Enée, mas bien plutôt le fécond que le premier,
en quoi le Tajfe a montré fan bon goût ; en effet
les objets, gravés fur le bouclier d’Aehihe'manquent
de convenance ; ilsTont tous étrangers & indiftérens
à ce héro : Virgile a corrigé cette faüte; tout in-
téreffe Enée dans les objets que repréfente fon bouclier
, ce font tous les héros de fa race ,. tous les
faits de Ftiifloire romaine.
I l lie res hatas Romanorumque triomphas
.............. Illic géius omne futu ce
Sdrpis ab Ajc.mio pugnetaque in ordine bet!a. . . .
Attollens humero famamque & J ata nepotumi
Il en efi de même du bouclier de Renaud, Ce
gu; rrier èfl un des ancêtres du duc de Ferrare,
proteéleur du Tajfe ; tous les ancêtres de Renaud ,
dont les exploits font gravés fur fon bouclier , font
les auteurs de la maifon d’Efl.
Il y a beaucoup d’autres imitations de Virgile dans
la JerufaUm délivrée, elles font toutes heureüfes & heu-
reufement placées ; nous n’avons voulu montrer ici
que quelques unes des principales , mais elles s’offrent
en foule. Ce n’efl pas cependant par befoin qu’il
imite, c’eft par goût, c’efl par choix , c’eft parce
qu’il juge qu’on a dit avant lui ce qu’il a voit de
fniëu< a dire dans les cliverfês ft.uations oirfon fujèî
le place; il imite toujours en maître en original,
il n’affoiblit jamais ce qu’il imite & fbuvent il l’em-
îbellit ■;•, d’ailleurs il n’efl pas moins heureux comme
créateur que comme imitateur» fon pcëme abonde
en . beautés de-'tous lès- genrés qui font uniquement a
lui. Nous citerons encore ,c deux moi ceaux,, parce
qiTils font peut-être les plus propres de tous à donner
h plus haute i-uèe de fon, talent.
Le premier efi celui qu’on cite toujours pour prouver
que le Tajfe ne le cède point aux anciens dans
T A S i s>9
le talent de l’harmonie pittorefque &. figurative ;
prouve encore, ami», que le fuivant & plufieurs autres,
ce qu’a dit M. de Voltaire, « que quand le fujet
»o demande de l’élévation , on efi étonné comment
» la molleffe delà langue Italienne prend un nouveau
» caraélère fous les mains du Tajfe, & fe change en
>r majeflé & en force.
Chiama gli abitator de IF ombre' eternt
I l rauco faon- delta tartarea tromba t _
Trernan le Jpafiofe atré caverne,
E t aer cieeo a quel romor rimbomba*
Ne f i Stridendo mai dalle fuperne
Regiohi del delà il folgor plomba
Ne Ji fcojfa giammai trema la terra i-
Quando vapori in fin gravida ferra.
»' D’un fon rauque la trompette du Tartare^p
». pelle les habitans dés omb; es éternelles. Les cavernes-
» noires & profondes de l’cni r en -font ébranlées ,
» l’air ténébreux, à ce bruit, ref .ntir» Jamais laFpudrëÿ
» qui tombe des régions fopérieures du Ciel , n’éclate
» avec tant de fracas , 8c de moins terribles fecoufT-S»
» ébranlent la terre , quand les vap urs qu’elles renr
» ferment dans fon fein s’agitent &. s’embrâfent.
Glacé tait a Cartago : appsna i fegnï
Dell*dite fue ruine il lido ferba.
Muojono te Città 3 muojono i rsgrîi :
Copre i fafii e h pompe arena ad erba r
E tuom etc [fer mort al pur che fi fdegni ?
O nofira mente cûpïda e Jîiperba !
» L’altière carthage n’eû plus r cette rive conférve
» à peine quelques lignes de fès débris. Les villes
» périffent , les royaume périffont , l’herbe & le
» fable couvrent les monumens du fafle f 8c l’homme
» femble s’indigner d’être mortel t - 6 folie f 6 chi-
» mère de Fambition 8i de l ’avarice K
Le P. Bouhours croit que cette belle idée de la
mort des Cités &. des Empires , & la- réfléxi n qur
la fuit , pourraient bien avoir été tour niés au
Tajfe y par ce paflàge dé la lettre de Suloicius à-
C'ieéron fur-la mort de fâ fille : h-:m f nos homunculï
indignarnur Ji quis nofirâm iritenii, quorum vita brevior
cjfe débet chm uno loco tôt oppidomm cadnvera pro-
fê la Jiccant. Ce paffage efi beau y mais fi 1. Tajfe
l’a imité T quelle eréat;©u foroit fiipérieurè à une-
pareille imi àtion ! BofTuet a dit r foit d'après
S. loic us r foit d’après ' le Tajfe , Toit d’après lui-
même : Les empires meurent comme leurs maîtres.
On a di: du vingtième I vre de It Jérufal'cm délivrée y
que fe r , # y avoit lair. d'un Dieu qui achève une
monde.
TÀSSîN , ( René Frofper ) ( IJiJt fm. mod.. y
Eênéd’élin de- la congrégation de Saint-M.uir . »
continué la nouvelle dipkrtr.adqué : Tdufla n^
fon confrèi'e 8c fon ami On a- aufli de lui , Ÿkijbitet
littéraire Je la congrêguïon. de Saint-Aidai:. Né. <m