
.'ujets.' LeS gcfts de qualité les méprirent, & offrent
eux-mêmes leurs prières & leurs facrifices. (y i .R. )
SBIRRE , f. m.nom qu’on donne aux archers en
Italie , 8c fur-tout a Rome où ils font un corps
considérable.
SCÆVA , ( Hiß Rem. ) Horace, adrefle à Scava
la dix-feptième épitre du premier livre:
Quamvis , Scava ,fatis mi? te tibi confiais & fois
Quo tandem pallo deceat Majoribus uti, 8cc.
. Çe fùrnom de Scava étoit celui de plusieurs familles
confidérabies de Rome , & ne fignifioit qu’un
gaucher , ainii que Scævola, Scoevïnus & Lccvinus.
jL’hiftoire rapporte les exploits d’un ou de deux
Scceva, vraiment dignes de mémoire. Céfar faifaut la
guerre en Efpagne, des Efpagnols vaincus fe retirèrent
dans une î' ï allez voifine du continent, mais
où Céfar ne put les luivre faute de vaiffeaux ; il y
üt cependant palier quelques foldats fur des bateaux
légers conftruits à la hâte. Les premiers foldats étant
débarqués, le commandant ailoit chercher les .autres
pour appuyer ceux-là ; mais il fut emporté par le
reflux, & les premiers foldats débarqués n’eurent
d’autre reflource que de vesdre cher leur vie ; ils
furent tous tués, excepté un feul, ç’étoit P . Scoevius
.ou Scava celui- c i , percé de coups , ne pouvant plus
refjßer , fe jette a la mer, 8c repafte à la nage dans
Je continent. Céfar voyoit du rivage toute cette action
, & s’attendoit que ce foldat ailoit lui demander
le jufte prix de fon courage. Il fut bien étonné de le
■ voir fe jetter à fes pieds, & lui demander pardon
d’être revenu fans fon bouclier, tant cet homme-porto
« gravé dans fon coeur le refpeâ de la difdpline
militaire I Céfar , pénétré d’admiration , l’éleva pour
toute réponfe , au grade de centurion.
- Ce Scava feroit-û le même qu’un centurion du même
710m,_dont.il eft parié dans Valère-Maxime & dans
Lucain, 8c qui ayant eu dans un combat près de
Dyrrachium.en Epire, un oeil crevé d’une flèche,
6c ayant arraché l’oeil avec la flèche, ayant d’ailleurs
une épaule & -une cuifl'e percées de deux javelots.
, & ayant reçu cent trente coups, tant d’épée
que de traits clans fon bouclier, appelle deux des
ennemis, cornms pour fe rendre, 8ç lorfqu ils fe
font approchés , trouve encore allez de forces peur
abattre à l’un l’épaule d’un coup de fahre , pour
xenverfer l’autre en le frappant de fon bouclier au
jrifage, 8c pour échapper à tous les deux.
Solvat, ait, panas ySccevam qukumque fubaftum
Speravit. !' - - Lucain.
M- Crevier obferve que Valère-Maxime l’appelle
M- C fins, & Lucain Scava; il rfy a pas cependant
^ntre ces deux auteurs l’oppofliion que M. Creviér
■ femble annoncer, puifque Valére-Maxime appelle ce
centurion M. O.finis,' Scceva ; mais fi le prénom eft
js&aéi, le Scava de . l’Epire ne peut être le même
que celui de l’Efpagne, qui s’appelloit P M u s & nerf
Marcus.
SCÆ VO LA , ( Hiß. Rom. ) ( Voya^ Mütius. }
SCALDES, f. m. pl. ( Hiß. anc. ) c’eft ainfi que
les anciens peuples du nord nommoient leurs poètes.
Les vers etoient le feul genre de littérature qui fût
cultivé chez eux ; c’étoit la feule façon de tranfmettre
à la poflérité les hauts faits des rois, les vißoires
des peuples, & la mythologie des dieux. On ren-r
doit Jes plus grands honneurs aux fcaldes ou poètes,
ils étoient fouvent de la naiflar.ee la plus illuflre,
& pluffeurs fouverainsfe glorifioient de ce titre. Lçs
rois avoient toujours quelques fcaldes à leur cour,
&. ces derniers en étoient chéris & honorés ; ils leur
donnoient place dans les feftins parmi les premiers
officiers de la couronne, 8c les chargeoient fouvent
des commiflions les plus importantes. Lorfque ces
rois marchoient à quelque expédition, ils fe faifoient
accompagner des fcaldes, qui étoient témoins oculaires
de leurs exploits, les chantoîent fur lé champ
de bataille, 8c excitoient les guerriers au combat.
Ces poètes ignoroient la flatterie , 3c ils rie louoient
les rois qiie fur des faits bien confiâtes. Un roi de
Norvège nommé Olaüs Trigguefon, dans un jour de
bataille, plaça plufieurs fcaldes autour de fa perf
o r e , en leur, difant avec fierté, vous ne raconterez
pas ce que vous aureç entendu x mais ce que vous
aure^ vu. Les poëfies des fcaldes étoient les feuls mo-
numens hiftoriqües des nations du nord ; & c’efi
chez elles que l’on a puifé tout ce qui nous refle de
l’hiftoire ancienne de ces peuples. Voyeç iïntroduttiom
à Ihifkirede Danemarck par M. Mallet, (fil.R.')
SCALIGER, ( Jules-Céfar 8c Jofeph.-Jufte. ) ( Hiß*
Liu. Mod.r) Pere & fils, tous deux célébrés.
Jules-Céfar Scaliger , ou de lEfcale,. né en 1484 a
Vérone , ou dans le territoire ,.fe difoit defeendu des
anciens feigneurs de l’Efcale, princes de Vérone *
prétention que beaucoup d’auteurs traitent de chimère
ridicule* ce qu’il y a de certain , c’eft que
lorfqu’en 1528, Scaliger obtint en France des lettres
de naturalité, il n’y prit point d’autres titres que
ceux-ei : Jules-Céfar de l’Efcale de Bordoms } doRour
en médecine, natif de la ville de Vérone.
Il fe v&nto't d’avoir été militaire-, & ne difoit
pas qu’il avoit été cordé!ier ; il avoit jufqu’à la, prétention
d’être un guerrier illuftrç. Ses présentions-
tièi-vaftes aufli aux talens & à l’érudition font moins
conteftées ; il fe diflingua par la critique & même
par la poëfle ; mais fes amis exagéraient évidemment
, lorfqu’ils difoient qu’il n’y avoit eu ni un plus
grand phi lofophe depuis Ariftote, ni un plus grand:
poète depuis, Virgile, ni un plus grand médecin depuis
Hippocrate. Jufte-L:pfe paffe toutes les bornes ,
lorfqu’après avoir dit que les quatre plus grands hommes
qui aient paru dans le monde,font Homère,
Hippocrate, Ariftote & Scaliger ,. il paraît préférer
fe dernier aux trois autres. Scaliger lui-même donnoit
le fon à fes panégyriftes, il difoit que les idées de:-
Xénophpu & çfe Maflùullâ réunies y n’exprinx)fe^
Hu’împarfaîtement ce qui fe trouvoit en lui feul.
Cardan 8c Scioppius au contraire , l’ont trop ra-
baifle lui- même il a trop combattu Erafme, mais
du moins il s’en eft repenti, cjuoique trop tard, &
il a fait une efpèce de réparation à la mémoire de
ce favarir. En général, Scaliger fut, comme tous les
favans du feizième fiécle, trop aigre 8c trop emporté.
Scaliger avoit vu naître la réforme, ÔC y étoit
plutôt favorable que contraire ; il attirait trop les
regards dans la petite ville d’A g en p ou r riêtre pas
obférvé ;.0,11 crut le trouver en- défaut' fur fe jeûne
du carême 8c fur labftmence des viandes; cette irrégularité
étoit le figne le plus apparent dp la réforme;
•on recueillit aufli de fa bouche quelques termes 'peu
orthodoxes fur la transfubfiantiation ; l’orage grofilf-
foit, fes amis parvinrent pourtant à le dimper, 8c
Scaliger mourut catholique à Agen en 1558.
Ses trois principaux ouvrages font fa Poétique,
fon livre des Principes de la Langue Latine -8c fes
tjExercitations centre Cardan.
Il avoit de l’enthoufîafme ; il difoit qu’il aimerait
kniéux avoir fait les deux odes d’Horace: /
Quem tu Melpomene, femel, &c,
Donec gratus eram , tibi, ÔCc.
que d’être roi d’Arragon. Il ne fut ni roi d’Arragon,
jni auteur d’aufli beaux morceaux de poëfie.
Il eut un grand nombre d’enfans : l’aîné , nommé
Confiant, 8c furnommé le Diables fut afîkfliné en
Pologne ; Léoriard, le fécond , fut aufli aflafîiné à
Laon en Picardie ; le troifième , nommé Sylvio,
exerça la profeflion de fori pere', e’eft-à-dire, qu’il
fut médecin; le quatrième, nommé Jofeph-Jufte, eft
le plus célèbre, Ceft lui qui par fon livre fameux
De emendatione tempomm, a créé la chronologie 8c
frayé la route auxPetaux, aux Ufférins ,;aux Marf-
hams, aux Newtons. Il brilla fous fes derniers Valois
& fois Henri IV. Calvinifte déclaré, il fe retira en-
Hollande', 8c Henri IV ne fit aucun effort pour le
rétenir. On lit dans le Menagiana, que , lorfqu’ap-
pèllé par les Hollandois pour être profeffeur àLeyde,
il alla prendre congé de Henri IV , ce prince lui
dit 1E/1 bien 3 M. de. i*Efcale , les Hollandois vous
veulent avoir, & vous font une groffe penfion? J'en
fuis bien ai fe. Puis, changeant de difoours, efl-il vrai,
hii dit-il, que vous ave[ été de Paris à Dijon, fans
aller à ta folle ? Jofeph-Jufte. Scaliger n’étoit pas
moins vain que fon père | mais il toumoit principalement
fa vanité du c< té des foccès littéraires ; i l fe
glorifioit de parler treize langues-, mais cette variété
de langues lui fourniftbit feulement une plus grande
Variété d’injures, toutes plus, grofîîères 8c pius fa-
vantes les . unes que les autres,, à vom:r contre fes
adverfàires. Il ne traitoit guères mieux les faints 8c
les per.es. de l’églife les plus éloignés de fon fiécle ;
il appelle- Origine un rêveur ; Saint-Juftin un imbé-
cille ; Saint-Jérôme, un ignorant y Rufin un vil an
giaraud ; Sarot-Chryfoftoine , un orgueilleux vilain \
Saint-Baffls, un fuperbî ; & Saint-Thoma« lin pédant.
On a de Scaliger le f i l s outre le livre de emên-
datiohe tctnporiirn , la chronique dEufebe avec dos
notes, un traité de Tribus feélis Jud&orum, des poefies,
des notes fur les tragédies de Séneque , fur Varron ,
fur Aufone, fur Pompeïus Feftus, &c. Le Scaliger m i
a été recueilli des conversations de Scaliger le f i ls ,
mais n’eft point de lui» Scaliger, lorti de France,
vécut à Leyde, 8c y mourut 'après feize ans de fé-
jour , le 21 janvier 1609. Gafferidi rapporte que M.
de Peirefo étant allé voir a Leyde Jofeph Scaliger, celui
ci lui témoigna quelque defir d’aller mourir à Agen ,
pour mêler fa cendre à celle de fon père. » Ce defir ,
lui dit M. de Peirefo, n’entraîne-t-il pas celui de mourir
comme lai dans la foi de vos ayeux ? Scaliger
ne répondit que par un torrent de larmes,
SCANDERBERG ou SCANDERBEG, ( Hifl.
des Turcs.} Georges Caftriot, roi d’Albanie, dit
Scandcrbegt c’eft-à-dire, Alexandre Seigneur, fut célèbre
au quinzième fiecle par fa force, fa valeur 8ç
fes exploits. Ce fut principalement contre les Turcs-
8c contre deux de leurs plus redoutables empereurs ,
Amurat II 6c Mahomet II , cfu’il fe fignala ; il fut
un véritable héros de roman ou de tragédie, 8c M.
de la Motte en a fait le héros d’un de fes opéras.
Scanderbcrg avoit été donné en otage par fon père-à
l’empereur Amurat I I , avec fes trois • freres Repofe,
Stonife 8c Conftantin. Le folrandit-on , fit périr ces
trois derniers par un poifon lent : il pi-it Scmderberg en
affeâion; la première marque qu’il lui en donna fut
de le faire circoncire, 8c enfuite de cultiver par l’é ducation
fes heureufes difpofitions qu’il trouva en lui^
Il 1e forma pour la guerre , lui donna par degrés
. divers commande mens , dont Scanderbcrg s’acquitta;
toujours d’une mari-ère brillante ; mais il ne perdo:t
point de vue le projet de remonter fur le trône de.
fon père , mort en 1 4 3 2 ,8c de venger fes-frères.-.
Amurat l’envoya faire la guerre en Hongrie ; c’étoit
l’envoyer reconquérir l’Albanié. Scanderbcrg fe lia.
d’intérêt 5* d’intrigue avec le fameux Hnniade Côrvin ^
( Voye^ HuniAde. )-généra! des H )ngrois, 8c 1e plus-,
formidable ennemi des Turcs; il trahit ceux-ci, fes-
livra aux Hongrois, dans une bataille oùs les T urcs -
eroyoient marcher fous lui à la viéloire. Il fe faifit
d’un fecréraire d’Amurat, le met aux fers le force-
decrire & de fceller un-ordre adreffé par Amurat,.
au " gouverneur de Croja., capitale de l’Albanie. Cet-
ordre ;étoit de remettre au porteur la ville 8c la.
citadelle ch Croja ; Scanderbcrg fut lè porteur. Il avoit-
eu la précaution de maflacrer le fecx’étaire. après lui
avoir fait expédier l’ordre,, afin qu’il ne,-pût ni détromper
le gouverneur ni ayertir Amurat. Par cette-
perfidie, qui eft une grande- extenflon d.i dolus a i'
virtus qitbs.in ho fie reqiXrat ? Scanderbcrg remonta fur
fe trône d’Albanie en 1443 ; il étoit né en 1404. IL
fut confèrver fa conquête. Amurat mit 'deux fois lf.
fiége devant Croja, & fut deux fois obligé de h
lever. Mahomet II lui fît onze ans la guerre par feæ
1. généraux j. il§ fureai .fouyen; battis 2l&.
f