
He fallpit pis commencer par être pendu i Penift, Par
cette plaifanterie, il écartoit, en les prévenant, les
fcupçons qu’on aurok pu concevoir de fon ambition.
On fait que, pour obtenir la Papauté, il s’en fit croire
incapable , ôc que chacun des cardinaux, en lui
donnant fon fuffrage , efpéra de régner fous un vieillard
imbécille ôc mourant, en gagnant d’ailleurs du tems
pour mieux former fa brigue au prochain conclave.
On fait commei au moment où il fè vit élu , il
changea de ton , de maintien" , de manières , dépouilla
toute cette foibleffe apparente de corps ôc
d’efprit, dont il n’avoit plus befoin , ÔC-ne fut plus
qu’un grand Prince. Il exprimoit, difoit-on, lui-même
dans la fuite ce ftratagême, esu difant qu’ il sitott
baijfé pour chercher les clefs de faint Pierre 6» qu il
%:s avoit trouvées ;.c’eft ainfi que Brutus avoit autrefois
contrefait l’infenfé, pour parvenir un pur à la gloire
d’affranchir ôc peut-être de gouverner la patrie.- Sïxte-
quint, comme Brutus , changea les moeurs de Rome
& les rendit auftères , il effraya le vice par des châti—
me is rigoureux , mais il pafla les bornes ; il fut cruel
JÔC mfléxiblecet excès étoit peut-être néceffaire ;
'mais quiconque excède donne lieu de penfer qu’il
«e fait pas s’arrêter, que la jufte mefure , fexaéle
proportion lui échappent, qu’il lui manque le degré
de talent avec lequel on produit les mêmes effrts
.& de plus grands encore fans ces moyens extrêmes.
S'ixre-quim n’eut pas dû fouiller fes regards paternels 4k pontificaux du fuoplice des- miférables qu’il fâifoit
Æxéoiter fouvenr pour des fautes allez, légères^
Fatnos fadafii funere yultus..
Il eut du précipiter moins ces exécutions, pour
y affurer davantage1 de' leur juftfce.. 11 étoit indécent 4k barbare,, de- dire au gouverneur de Rome au
lùjet d’un meurtre commis-dans un premier mouvement
: je veux que. jufiiee en foit faite avant. mon
dînèr y & qu’on fe prejfe, car j’aigrande faim. Il étoit
dur 6c amer, d,- dire à l’Ambaffadeur d’Efpagne &
à des Cardinaux qui repréfentoierit que l’e coupable
«toit un gentilhomme Espagnol, & que s’il falloir lui
vter la- vie il falloir, qu’il fut décapité & non pendu ::
m fera pendu y mais j* ennoblirai. fon fupplice en Phonotant
de ma préfence. Il étot abominable enfin, de
dire après le fupplice , dont il n’avoit pa* perdu la
moindre circonftance qu’on me ftrve à- prèfent,. car
see Spectacle rtùa mis en goût & en appétit. Je fais que
famour de la- juftice eft le principe ou- le prétexte
de ces indécences, mais il s’y mêle aufli; de la férocité
perfonnelle. Le lendemain on fit une pafqui-
aiader où un- homme portant un- bafïfo rempli' de .
chaînes,.de haches, de potences,,de roues, difbit:.
que c’étoit un petit ragcûj pour reveUkr l’appétit- du
-Saint Père.. Il méritoit ce reproche. En e ffe ton né
Toyoiî dans les fêtes & les-di vertiffemens du carnaval,
que des- potences dfeffées pour punir le moindre délit
que le libertinage ou l’ivreffe pourraient produire y
-on ne voyait que des têtes expofées. en public, &
ülaffant- les- regards plus qu’elles ne contenaient les
malfaiteurs. Les peines étolent fans proportion avéf
les foutes ; non-feulement l’adultère étoit puni de mort,
mais la même peine étoit infligée au mari qui ne^
denonçoit pas fa femme. Il recommandoit lui-même
aüx juges la févérité, & un vifage févère étoit un
titre de récommandatiôn auprès de lui. Ün jeune-
homme de feizeans ayant été condamné à mort pour
avoir relifte à des Sbirres qui avoient voulu l’arrêter ,
les juges eux-mêmes l’avertirent qu’il étoit contraire
a la loi de faire mourir un homme à cet âge y
eh bien ! dit ce cruel, je lui donne dix de mes années
pour le rendre fujet à la loi. Il eut auftï à fe reprocher
quelques loix inutiles ou bizares, il défendit, l’aftrolo-
gié judiciaire,. & fit condamner quelques délinquans-
aux. galères. 11^défendit, mais ce ne fut du moins-
que fous peine d’excommunication, aux Cordeliers-
de fe foire Capuçins. Il fixa.le nombre des Cardinaux-
a foixante-dix, par une bulle du 3 décembre 1586 ;.
6c cette loi du moins n’étoit qu’indifférente. Il donna,
une nouvelle forme à la congrégation du faint Office,.
qu-’il eût dû abolir mais elle étoit trop, félon fon-
coeur.. Son grand mérite eft d’avoir purgé Rome de
brigands & d’affaflins paf la feule force des loix, toujours
févèr.ement exécutées,. & fans-le feeours-des»
gens de guerre qu’il licencia , & des gardes dont ils
borna le nombre; il établit da; s Rome , une police
depuis- long-temps inconnue. Sa- conduite à l’égard,
des fouverains, fembla n’annoncer d’abord; qu’un Pape-
ordinaire ; il excommunia les princes hérétiques ou:
réputés fauteurs de l’héréfie, Elifabeth,. Henri III y
Henri IV , le Prince de Condé, 6c ces Princes re—
pouffèrent cette injure avec beaucoup de hauteur y
mais lorfqu’il connut Elifabeth 6c Henri IV ,. 6c que
^ces Princes le connurent, une eftime mutuelle fuc—
céda aux orages qui s’etoient d’abord élevés entre euxs-
lë due de Nevers rapporte ce que .Sme-quint lui dit
-au fujet des projets 6c des efpéranc-es de la. lieue , ifi
condamna la conduite des ligueurs r ôc prévit qu’ifos
forceroient Henri- III à-fo jetter entre les bras des-
proteftans-; il prévit aufli qu’Henri IV triompheroit:
de la ligue > 6c il étoit. d fpofé à-le fervir. Henri JV, de
fon1 coté,. coanoiflant fes difpofitions , difbit y c'efi:
un grand Pape, il m’infpirc le defir â& me faire
Catholique- pour être fils d’un tel Père. Et quand il'
apprit fa m o r t il dit y je perds un Pape qui étoit tout:
à moi. $lxte-quint refpeéfoit beaucoup aufli le caractère
d’Elifabeih , il Tappelloit un gran cervello drt'
Principeffar, il lui envioit ( 6c on retrouve ici l’homme-
. injufte oc cruel ) le plhifir qiPclle avoit dû avoir ,,
difbit—il ,* de faire fauter une tête couronnée ;:il regrettoit'
de n’àvoir pas été dans lë cas de l’époufer ,-perfuadé'
que de lui & de cette reine ,. il n’aurort pu naître-
que de grands-princes. On prétend'que quand-il reçut
l’hommage du- royaume de Naples avec la Haquenée ,
au* nom- de Philippe* I I , i l tint un difeours qui fit
connoître qu’il n’avoit pas réfolu de-s-en-tenir toujours•
à un {impie hommage ; c’étoit cependant annoncer de-
grandes guerres-, & Sixte-qumt- n’eft pas* an nombre-
des Papes belliqueux»
Il eft-au- rang, des papes magnifiques v il embeJfil*
f i enrichit Romè, il releva 6c déterra différons obé-
ïisques, 6c les fit placer devant les principales églifes,
'd conftruifit des édifices , des tombeaux , des mo-
numens fuperbes, il bâtit une ville à Montalte,
lieu de fa naiflance , 6c 1 erigja en évêché , répara,
enrichit, augmenta la, bibliothèque du Vatican, fit
Conftruire ôc ôrner l’édifice qui la renferme, bâtit
une imprimerie près de cètte bibliothèque. 11 fit
travailler à une verfion lat:no de la b'ble, enfin il
xenouyella Rome en tout genre, ôc laifla le trésor
pontifical très riche; mais les peupl/s qui payoient
ces magnificences, naïffoient fon gouvernement d’ailleurs
trifte 6c dur. A fa mort arrivée en 1590 ,
ils brisèrent la ftatue qui lui avoit été érigée. Gré-
gorio Léti a écrit fa vie qui a été traduite en fran-
çoîs, par Jean le Pelletier. ■
S IX T E e e S i e n n e ( Hiß. Lut. moi, )
tf abord Juif, puis Chrétien 6c Cordelier, fit'
. Ce qu’on appelle des héréfies, 6c ne voulant pas
fe rétrader, _ il fut condamné au feu. Mais l’Inqui-
fîteur, qui fot dans Ta fuite'le pape Fie V. n’ayant
pas apparemment l’efprit d’inquifuion, prit p:tie de
fui, 6c le fit paffer de l’ordre de S. Franco-s,- dans
l’ordre de S. Dominique. Devenu ainfi lui-même
miniftre de l’Inquifition , il rifqua moins d’en être la
vi&'me, 6c fon fauveur devenu pape, fut pour lui
un pro'te&eur utile. Sixte mourut à Gènes en 1659-
Son principal ouvrage eft fa bibliothèque fainte.
SLABODE ou SLOBODE , f. f. ( Biß. mod. ) ,
c’est ainfi qu’on nomme à Mofcou,, Pétersbourg 6c
da"S l?s autres villes de l’empire ruffien , un fauxbourg
deftiné aux étrangers. On dit la fiabode des allemands,
la fiabode des fartares, &e. ce mot qui eft efclavon
fignifie une franchise, à caufe des privilèges accordes
aux étrangers qui viendront y deméurer. En
Sibérie- & aux environs de Tobolskoy', on nomme
fiabode', une enceinte environnée d’une muraille de
bois qui eft presque la Jeule fortification que l’on
connoiffe dans ce pays , pour fe mettre à couvert
des tartares non' fournis à la Ruffie.
SLEIDAN ( J e a n ) , ( Hifi. Lin. mod.), ainfi
nommé parce qu’il étort du village de S'éideyprés
de'Cologne,- vivoit du temps de nos Rois François
I 6c Henri îl ; il fé diftingua par fes vertus,
par fes taleris, 6c par fes connoiftances ; il s’étoh acquis
tant de confiaération parmi les proteftants, que
•fon églîfe le choifit pour ambaffacleur à la cour d-Anf
leterre ; il fignala dans cette amb iffade des talens pour
1 négociation,- 'qui engagèrent la ville de Strasbourg,
a le choisir pour son député au concile de Trente ;
il y soutint la- réputation qui 1 y a?voit acquife. Âufii
bon hiftorien que politique’ habile, il fit l’hiftoire
de l’empire d’Allemagne ôc de la Rel’.g'on,. depuis
Luther jusqu’au temps où if vivoit ; c’eft fon fameux
ouvrage de fia:u Religionis & rcip ibUc.v. Gmnahorum
fub Carola V, traduit & commenté par le P. Le
Courayèr f voyez cet article )., Il paroît que Siéidan
a-imoit- la vérité ? qu’il- n’ëpargnoit ni travaux ni recherches
pouf la découvrir, ôc qu’il avoit le cçm--
wgp de la- dire ; cependant Charles - Quint apgelloit
Paul Jove 6c Siéidan fes deux menteurs ; il reprochoif
au premier trop de flaterie au fécond une aigreur
trop injufte., Siéidan éiok d’une feéle perfécu ée par’
Charles-Quint, on ne s’étonnera point que ses récits
foient quelquefois, peu favorables à cet empereur. ^
Siéidan mourut à Strasbourg d’une maladie épidémique
en 1556. Il étoit né en 15-06.
Son abrégé de l’hiftoire des quatre grands empires^
de qùatujr fumi is ïmperïis, eft-nn modèle de la brièveté
inftruétive, qui convient aux abrégé^ hiftori-
que; 011 ne peut trop eflimer l’art avec- lequel l’auteur
raffemb’e dans un très petit volume, tant d’événemens
fi cor.fidérables, fans confufion, sans obfcurité', sans
aucuné omifiioir effentielle. Toutes les époques importantes
font fixées, tous les faits mémorables font
rapportés, tous les personnages illustres,- fort dans la
guerre foit dans les arts , font peints,-toutes les révolutions
font retracées-,' toutes les d-ynaftæs diftin-
guées ; chaque fiècle, chaqué; règne eft caraélerifé.
Les ignorans peuvent y apprendre’, &. les favans fe
rappeller les principaux faits de l’ir.ftoire de ces-
quatre'grands empires annoncés à -Nabuchodonofor
& à 'Daniel dans des viftons myftérieufes & prophétiques.
.
Qn a encore de lui un abrégé de l’hiftoire de
France',- ôc des' traductions latines de _ quelques-uns
de nos hiftoriens françors, tels que Philipe de Co--
mines’ & Claude- de Seyffel.-
SLOANE (.le chevalier HANS),- ( Hifl. Litt.
mod. \ de la- fociété royale de Londres, 6c de l’académie
des fciences de Paris . remplaça Newton-
. dans la p;éfidence de la première de ces compagnies.
Le roi Georges le nomma en 17 16 , chevalier
baronnet & médecin de ùs armées - Georges II le
choifit en 1727 pour fon premier médecin. Le chevalier
Sloane étoit élève de Sydenham,, ôc fut un
' des hommes de l’Angleterre les plus utiles. Médecin
de l’hôpitaj de Chrift',. place importante,, il re-
cevoit ses appointemens, en donnoit quittance, ÔC
les rendoif fur le champ’ , pour être employés aux
besoins des pauvres;, il établit à Londres le difpen*
fatoire où les pauvres trouvent toute forte de remèdes,
sans payer autre chofe que la valeur intrinfèque desdrogues
qui les compofent.- Les apothicaires durent'
à- fa générofité, le terrein du jardin de Chelfea-, ôc
il contribua beaucoup par fes dons à- cet établi (Te-?
ment. Tous les livres doubles de médecine qu’il avoit,,
if les envoyait au collège de médecine , tous ceux-
des> autres genres, il les envoyoit à la bibliothèque'
du chevalier Bodiey ; la fienne- étoit de cinquante'
mille volumes. L’attention,: l’é t u d e 1 expérience lui
avoient donné un coup d’oeil fi sur dans l’exercice',
delà médecine,• qu’on a trouvé que l’buÿerture descadavres
avoir- prefque toujours jüftifié fes pronoftics
fur la caufe des maladies. On lui doit une poudre'
contre la rage,, connue fous le nom de Pulv'u An-
ti-Lyssiis. Il étendit l’ufage’ dù- quinquina,- des fië>
Vres réglées, a beaucoup d’autres maladies, nommément
aux hémorragies , aux douleurs de nerfo ? &c.
, En 174,0-y âgé de quatre-vingt- ans«# U fe retira;