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romaine. Il fut toujours très-zélé pour -cette réunion
& ce zèle le fîffent élever, l’année fui van te ,
fur Je liège patriarchal de Conftantinople , après
la mort du patriarche Jofeph, grand oartifan du
fchifme. En 1179 il donna (a démiffion , 8c fe
retira dans un monaftère ; mais Michel le rappeila.
Androntc, fucceffcur de Michel, aufli contraire
à la réunion que Michel y avoit été favorable ,
perfécuta Cartophilax, le fît dépofer 8c enfermer
dans une prifon où il mourut de mifèrp , 1298.
II avoit écrit en faveur de la réunion & conformément
à la loi de l’égiife romaine , fur les articles
controverfés.
V ED AM , f. m. ( H i ß . fu p e r ß . ) c’eft un livre
pour qui les Brames ou nations idolâtres de Tlr.-
doftan ont la plus grande vénération , dans la
perfuafîon où il font que Brama , leur iégiflateur ,
l ’a reçu des mains de Dieu même. Cet ouvrage
eft divifé en quatre parties à qui l’on donne des
noms différens. La première que l ’on nomme r o g o ,
r o u k o u ou ou rou kou V e d am , traite de la première
caufe & de la matière première, des anges, de
famé , des récompenfes deftinées aux bons , des
peines réfervées aux médians ; de la produdion
des êtres & de leur deftrudion , des péchés , &
de ce qu’il faut faire pour en obtenir le pardon , & c .
La fécondé partie fe nomme ja d a r a ou ijfu r e v e d am ,
c’eft un traité du gouvernement ou du pouvoir des
fouverains. La troifième partie fe nomme f am a -
v e d am , c’eft un traité de morale fait pour in-
fpirer l’amour de la vertu & la haine du vice.
Enfin la quatrième partie appellée a d d e ra -v ed am ,
b ram a v e d a m , ou la th a r v a n a -v e d am a pour objet
le'culte extérieur , les facrifices , les cérémonies qui
doivent s’obferver dans les temples , les fêtes qu’il
faut célébrer, & c . On a/Ture que cette dernière
partie s’eft perdue depuis long-tems , au grand
regret des bramines ou prêtres, qui fe plaignent
d’avoir perdu par-là une grande partie de leur
confîdération, vu que., fî elle exiftoit, ils auroient
glus de pouvoir que les rois mêmes 5 peut-être
ioht-ce de ces derniers q u i, jaloux de leur autorité 3
ont eu foin de fouflraire les titres- fiacres fur lef-
quels celle des prêtres pouvoir; être établie aux
dépens de la leur.
On voit par-là que le v e d am eft le fondement
de là théologie des Brames , le recueil de leurs
opinions fur Dieu, Tarne & le monde 3 on ajoute
qu’il contient les pratiques fuperftitieufes des anciens
pénitens & anachorètes de finde. Quoi qu’il en
îbit, la lcdurc du v e d am n e fl permife qu’aux
braT.ines ou prêtres, aux rajahs ou nobles ; le
peuple ne peut pas même le nommer ni faireufage
des prières qui y (ont contenues , non-feulement
parce -que ce livre contient des myftëres incom-
préhenubles pour le vulgaire , mais encore parce
qij’il eft écrit dans'une langue qui- n’eft entendue
qqe des prêtres 3 on prétend même que tous, ne
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l ’efitéhdent point, & que ceft tout ce que
peuvent faire les plus habiles dodeurs d’enti’eux.
En effet, on affure que le vedam eft écrit dans
une langue beaucoup plus ancienne que le fanskrit
qui eft la langue favante connue des bramines.
.Le mot vedam fïgnifie fcitncc. Les indiens idolâtres
ont encore d’autles livres fur qui la religion eft
fondée , tels font le shaßer & le pourah.
Le re’fped que les bramines ont pour le vedam
eft caufe qu’ils n’en veulent communiquer de
copies à perfonne 3 malgré ces obftacles , les
jéfuites millionnaires font parvenus à obtenir
une copie du vedam , par le moyen d’un
bramine converti ; le célèbre dom Calmet en a
enrichi la bibliothèque du ro i, en 173 5. Voyer
l'kißoire universelle d'une Société de Su vans d'Angleterre
9 hiß, mod. tom. VI. in-8° ( A. R . )
V EG A , ( Lopez de ) ( hiß. litt. mod. ) poëte
comique ^efpagnol, très-célèbre & très-fécond, né
à Madrid en 1561, a fer vide modèle à quelques-
uns de nos premiers auteurs dramatiques. On dit
qu'il avoit faitjufqu’à 1800 pièces toutes envers.
Il en relie 300 en vingt-cinq volumes contenant
chacun douze pièces. Il étoit né à Madrid en
1561 y d’une famille noble. Il fut fecrétaire de
pluficurs grands feigneurs. Après s’être marié deux
fois , il embraffa l'état ecclefiaftique, fut prêtre
& chevalier de Malthe. Morten 163 y.
V e g a , ( Garcilaffo de la ) Voyc[ G à r c il a s so .
V EG E CE , ( Flavius-Vegetius-Renatus ) ( hiß.
litt. mod. ) écrivain du quatrième lîëcle , connu
par fes inßitutions militaires déliées à l'empereur
Valentinien , traduites en françois par M. deSigrais,
de'l’académie des inferiptions & belles-lettres. On
a aufli de Vegece un art vétérinaire, dans le recueil
intitulé : Rei rußice fleriptores 3 ce traité formé le
fixième volume de l’oeconomie rurale de M . Sabou-
reux de la Bonnetrie.
VELLEIUS-P ATERCULUS , (hiß. litt, anc.)
niftorien romain, auteur de l’abrégé de l ’hiftoire
grecque & romaine , que M. le prélident Hénaulr*
qui Tavoit choifi pour fon modèle, appelle le
-modèle inimitable des abrégés 3 cependant Velleius-
Paterculus n’a pas réuni tous les fuffrages 5 Tefprit
d’adulation qui règne dans quelques endroits de
fon ouvrage , fur-tout dans les éloges prodigués
jufqu’à la proflitution à Tibère & à Séjan , lui a
fait tort auprès des amateurs de la vérité 3 mais
fes talcns lui affurent un rang dif^ngué parmi les
écrivains.
T! naquit vers Tan de Rome 73;ƒ , d’une famille
équeftre, originaire de Naples. II fut tribun de»
foîdats y comme Tavoit été Publius-Velleius , fon
père , il commanda enfuite la cavalerie , fous
Tibère., qu’il fuivit dans neuf campagnes, avant
que
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que ce prince parvînt à l’empire 3 le plus ,cou nu.,
de fes exploits eft celui qui , par la levée du blocus
de Philippopolis, paéifia la Thrace & affermit
Rhémétalcès fur le trône. P a t e r c u lu s ne fut pas
revêtu d’emplois militaires feulement. Devenu fuc-
ceffivement quefleur , tribun du peuple, préteur ,
il n'avoît plus qu’un pàs à faire pour arriver au
confulat 3^quelques-uns prétendent même qu’il y
parvint, mais fon nom ne fe trouve point dans
les fafles confulaires.
Son abrégé nous fait connoître avantageufement
plufieurs de fès parents, tels que Decius Magius,
fon quatrième ayeul , Minatius Magius , fon bis-
ayeul , Caïus V e l l e i u s , fon ayeul, Magius-Celer-
Velleianus , fon frère , le fénateur Capiton, fon
oncle 3 pour lui., les éloges outrés qu’il prodigue à
Séjan, ont fait conjeéltirer qu’il fut enveloppe,
dans la d fgrace de ce miniftre, & qu’il périt
avec lui. En tout , on fa t très-peu de chofes de
la vie de P a t e r c u l u s , il n'eft guères connu que
par fon ouvrage, & fe'on M. l ’abbé Paul , fon
tradudeur, le conful M. Vicinius, à qui Tibère
fie époufer Julie, fille de Germanicus, tire pourtant
Ion plus grand luftre de la dédicace que i
P a t e r c u lu s lui a faite de fon livre,
Les critiques fe font partagés fur. V e l l e ï u s - P a -
t e r c u lu s ; Beatus Rb en anus ne lui préféré aucun
des hiftoriens htins 3 N u l l i f lc cu n d u s e f l Velleius
in t e r la t in o s . Voffius dit qu'il refaire l'urbanité
romaine. D i t t i o e ju s p la n e u rb a tîa . Bodin ne con-
noit rien de plus pur ni de plus doux que fa
latinité ; q u o m k i l p a r la s a c S u a v iu s f lu e r e p o t e f i ,
il exalte fui-tou: la manière courte &lumineu(e dont
P a t e r c u lu s expofe les antiquités romaines , A n t i -
q u ita t e s r om a n o rum ta n ta b r e v i ta t e a c p e r f ip ic u ita te
c om p r e h e n d it . La Mothe-le-Vayer remarque qu’il
emploie l'épiphonëme avec une giace qui lui eft
particulière. Aldemanuce & le P. Poflevin lui
donnent ’ T éloge d’être à la fois concis , clair
& coulant , p r e j fu s , d e lu c id u s , f lu e n s . Le P .
Rouillé le loue beaucoup ; le P. Cerutti dit qu’il
agrandit fa penfée à mefure qu’il reflerre fou
ftyle. Le Philamhe du P. Bouhours lui trouve
quelque chofé de plus piquant qu’à Tite-Live 3
obfervons cep ndart que dans l'intention du P. Bouhours
3 PhiJan.te eft l ’avocat du mauvais goût.
MM. de Tiüemont , Rollin , le chevalier Temp'e
font encore au nombre des panégyriftes de P a t e r c
u lu s . M. le préfîdent Hénault les a tous furpaftes.
« Je viens, dit-il, au modèle inimitable des
abrégés, c’eft V c l l e ïu s - P a t c r c u lu s , cet écrivam
trop peu vanté par des raifons étrangères à fon
talent5 cet écrivain, que jie ne me lallè |5oint de
lire , que par preffentiment j'ai admiré toute ma
^ie , qui réunit tous les genres,' qui eft hiftor en
quoique abréviareur, qui, dans le plus petit efpace ,
nous a confervé un grand nombre d’anecdotes qu’on
ne.trouve point ailleurs, q u id a m kabef. dit Voifius.
Hif io ire 9 Tome V .
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que fiaud alibi inverti as. ; qui défend fon leéljeur
de l ’ennui d’un abrégé , par des réflexions counies
qui font comme le torollaire de chaque événement,
dont les portraits, :néceflaires pour l ’inteilig n:e
des faits ,/ font tous en ornement, enfin l ’écrivain
le plus ; agréable qu’on puifle lir e , & pour tout
dire;, le grand admirateur, d’Homère , mais fur-
tout de Cicéron,, quoique, Cicérori fût républicain ,
8c que Velleiàs fût pafliûnné pour le parti1 monarchique
». ‘
L ’excufe générale des flatteries de Paterculus , eft
qu’il écrivoit fous Tibère, ( Voye1 l ’article C ordus)
" (C r e m u t i u s ) une exeufe plus honnête,' c’eft qu’i l
devoit fa fortune à Tibère & à Séjan.
Le grand talent de Paterculus. eft de peindre,
mais fes portraits font quelquefois trop uniformes
& comment fupporter qu’il n’ait qu’un feul coup
de pinceau pour. Caton & pour Livie , qu’il dife
également de l’un & de l’autre : per omnia ingenio
Diis quam hominibus propior ? A ne confîdérec
que le goût , quel mérite y a-t il à fe . répéter
ainfi dans un même ouvrage d’une G petite étendu^
Paterculus y comme Tacite, échappe de temps
en temps à la pénétration de fes rieàéms 3 mais
l ’obfcurité de Tacite vient de fa profondeur, celle
de Paterculus, de rafinement ‘r Tacite penft, Paterculus
affeéte un peu trop de vouloir penfer. Mais
M. Tabbé Paul, fradudeur de ce dernier, ne
pardonne point à Sigonius d’avoir qualifié Paterculus
, tenuis verbis, neque fiatis a 'ccuratas ; il relève
la contradi&ion de Jufte-Lipfe, qui après avoir
dit : compendium VelUii judicio & o ’rdine ficriptum ,
approuve lé filence offenfant que Quintilien obferve
à Ion' égard.
Perfonne ne fàifit plus heureufement que Paterculus
, les traits caradériftiques, quand .il veut
s’en donner la peine. Tout le inonde a pu dire &
a dit de Cicéron, omnia incrementa fiua f i ’oi débutt....
ut vitâ clarus , ith ingenio maximus ; mais Paterculus
feul a fù ajouter : qui ejfecit , ut quorum arma
viceramus , corum ingenio vinceremur. Nul. n’a fi
bien peint dans Mécène le mélange de vigilançe ,
d’adiviré , & de mollcffe. V i r , ubi res vigiliam
exigent, fiané exj&mnis , proyidens ataue agendi
ficiens , fimul verp aliquid ex negotio r.emitti p à f f e t ,
otio ac mollitiis , pené ultra fi&minam fluens.
Quel éloge que ce mot fur Paul Emile! virum
in tantum laudandum , in quantum intellig' vir tus
potefl. Homme qui remplit toute 1 idée qu’on peut
fe faire de la vçitu.
Et cet autre mot fur Scïpion Emilien, qui n’a
jamais rien fait ni dit que de bien, qyi nihil ist
vitâ nifl laudandum aut fe c it, au( dixitac Serifity
& ce trait fur l’ufage que'ce même Scipion fa-oit
faire de fes momens de loifîr , fî rares 8c fi courts.
( Neque enim quifiquam hoc Scipione elegantiùs inter-
yalla uegQtiorUm otio difiptinxh.
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