
33 S Ë G
a paru , & fi jamais la traduélloti cîe l’Enéide, par le
même abbé de Lille , eft publiée , il ne faudra plus
parler non plus de celle de Segrais, dont même ïàns
cela on ne parle déjà plus gu ères. -On ne fait pas
& vraifèmblablement, on ns laura pas jufqua quel
point il a eu'part à ces romans., célèbres de Madame
de la Fayette ,'Zaide, ïi Princefc deClcves, la Pnn-
cejfe de Montpenjicr. Segrais éîoit né à Caën en 1624
d’une famille noble. Le comte ds Fîeique. éloigné pour
quelque temps de la cour, s’étoit retiré à Caën ; il
avoit connu Segrais, l’avoit goûte, 1 avoir amené a
Paris, l’avoit préfenté.à Mademoifelle de Montpellier.
Cette princeffe le goûta atifti, & fs l’attacha
d’abord à .titre d’aumônier, puis à titre de gentilhomme
ord nalre. Il lui déplut dans la fuite, pour n’avoir
point approuvé le mariage de Mademoifelle avèc
M- de Lanzun. Il fe retira d’abord chez Madame de
la Fayette, puis il revint dans fa patrie où il fe maria ;
il recueillit l’académie de Caën, qui S’étoit difperfée
après la mort de MJ de Matignon, fon protecteur.
Il étoit de l’académie françoife. Il mourut en 1701.
Quoiqu’il- eût pâlie la plus-grande partie de fa vie à
la cour, & dans la meilleure compagnie de Paris,
il. n’avoit jamais pu perdre l’accent de fon pays :
Mademoifelle de Moiitpenficr dit à un gentilhomme
qui alloit faire avec Segrais le voyage.deNormandie:
Vous av.ea^ là un fort bon guide, il fait fort bien la
langue'du pays. On a de Segrais , 'outre les ouvrages
dont il vient d’être parlé, des Nouvelles Françoijes,
$C le Segrefana, ou mélange d’hifloire 8c de- littérature.
SEGUENOT, ( Claude) ( ffifl. lin . M o l ) ora-
torien, traduifit le livre de Saint-Auguftin de la Virginité.
Le P. Jofsph, capucin, crut y voir la fatyre
de là conduite , 8c fit mettre le. traducteur a la^ bastille
ne . Douva.it pas y faire mettre i’atifeur. Tout
lipmme pif fiant ; qui fs conduit m:!, croit toujours
qu’on parle de lui , & ce capucin etoit alors un hom-
pie pu’ffant. Seguénot avoir encore un autre titre
pour être- perfeçiué; il étoit ami de Port-Royal. Né
à Avaion en 1596, mort à Paris en 1676.
SEGUI, (Jofeph ) f i l fi. Lin. mod. ) prédicateur
& poëte, abbé de Geniîs 8c chanoine de Meaux. Il
avoit remporté en 1732 le prix de poefie à lacademie
françoife. Il fut dans la-fuite de cette académie.
On a fes fermons & fes- panégyriques ; fon oraifon
funèbre du maréçhal de Viliars a été vantée dans le
temps. L’abbé. $egui mourut en Ï/-61 ; il çioit de
Rhcdez, '
•V t IGÇIZR AHifl-, i: Fr.) ancienne famille origînnure
au Bourbonnois a ;îroduit plufieurs perfonnages.
célèbres, principalement dans la robe , un chancelier
, ciiici préhdens a morner , deux avocats généraux.,
treize confe llers at> pjr!ement de Paris, fept
m.a-îtres des- requêtes 5 trois lieutenants civils. Les phis
jliufti■ es font s
. pierre Seguier, pi'éfident à mortier au parle?
ment de Paris 4 que Scévcde de Sainte-Marthe appelle
$vne les plus b f ixantes lumièrçi; du temple des loix, Il
S E G
fut-fait avocat en 1550, &■ il brilla dans cet emploi;
Préfident à mortier en 15 5 4 , le parlement employoit
avec fruit fes talens 8c fes lumières dans lés affaires
importantes, La cour de Henri II avoit formé le
projet d’établir en France l’inquifition ; elle vouloit
faire à l’édit de Château-Briant deux additions équivalentes
à l’établiffement de ce tribunal. L’une étoit
de biffer aux jugés d’églife le droit de prononcer
fans appel fur l’héréfie & fur les hérétiques, ayec la
feule obligation dé renvoyer la procédure aux juges
royaux les plus prochains, qui n’auro.ent d’autre fonction
que celle d’exécuter la première fentence ; l’autre
étoit de déclarer confifqùés les biens de tous les
proteflans qui fuiroient la perfécution, 8c de faifir
ces biens au profit du roi, en quelque main qu’ils fé
trouvaient, quand même il feroit prouvé qu’il n’y
auroit point eu de collüfion entre l’acquéreur & le
vendeur. Le parlement 'refiîfa d’enregiflrer cette loi
barbare, 8c arrêta des remontrances. Le prefident
Séguier fut chargé de les rédiger 8c de les porter
au roi. En arrivant à la cour, les députés du parlement
apprirent que le roi étoit dans une grande colère
contre cette compagnie ; qu’il la regardoit comme
un corps d’hérétiques, ou au moins de fauteurs dhe-
ré fie. Les gens de la cour avertirent les députés Ravoir
}oreille baffe, & de s’attendre \ un mauvais accueil.
L’air dont le roi les reçut ne démentoit point
cet avis. Le préfident Seguier , qui portoit la parole,
n’en fut point intimidé ; il en prit un ton plus ferme
pour dire des chofes très-fermes en elles-mêmes. Il
fè plaignit en préfence des miniflres. 8c des çôurti-
fans, des préventions que le-s miniflres & les courti-
fans infpiroient au roi contre le parlement, & des
violences qu’ils lui confeilloient contre fes fujets ; mais
c’eff fur-tout par des principes dé tolérance peu répandus
alors , 8c par des maximes prefque .hardies
fur les devoirs mutins du fouverain 8c des fujets que
ces remontrances font recommandables : « La reli-
» gion | lire, que vous voulez maintenir dans vos étatsr
dit le parlement' ,,n’y a point-été établie par le glaive
»» & par le feu;au contraire, elle a réfifté pendant
37 troi-s.:fièeles ail feu 8c au glaive, & s’ell accrue par
3> les moyens qù on employoit pour la détruire;.. »
77 Nous abhorrons l’établiffemeut d’un tribunal de fang,
» cù la délation tient lieu de preuves, ou l'on Qte
|| à faccufé tous les moyens naturels de défenfe., 8c
77 où i’on ne refpef.e aucune .forme jud ciairê.. .Lhifi»
37-toire nous apprend que les empereurs romains l’em-
77 ployèrent contre le chrifhanifme naiflant; mais elle
w nous apprend auffi que les plus Ages d’entr’eux -,
-3? les Trajan 8c les Marc-Aureîe, quoique zélés pour
„ leur fauffe religion, le rejettèrent avec horreur, en
» déclarant qu’il yaloit infiniment mieux attendre que
?? les chrétiens fe dénonçaffent eux-mêmes par quelque
» aélion d’éclat, que de faire pulluler la.pernia.etifo
» engeance dès délateurs, 8c de femer la terreur &
>3 la défiance dans le fein des familles ».
Le parlement repréfente a« to i, qu’en privant les
fujets du bénéfice de l’appel, & en donnant au clergé
une jurifdiéVion (ouyeraipe ep matière dp crimes, U
s E G
Abandonne fes fùjets-j 8c renonce à fa fouverainete. j
:« Mais, fîre, quand vous y pourriez confentir, en 1
5, avez-vous le droit ? Les mêmes liens qui les unifient '
»7 à vous, vous unifient, à eux ; s’ils vous doivent
:S7. la taille , les aides; 8c les gabelles, vous leur devez
-» fureté 8c protection , & il n’y en a-aucun qui n ait
» le droitjdconteftible d’appel!er a vous , lorîqu il fe
->7 croirbpprîmé.. . Que vous confeiilent donc les pro- ?7 oioteurs du nouvel éditr Oe rnéconnoitre votre
» peuple, d’aliéner vos fujets , 8c de rompre le cun-
~n trat par lequel vous, régnez. "
- « Quant à vous, M -fli utrs, dit le préfident Séguier,
•» en ïe tournant vers les miniflres 6c les conieihers
77 d’état, vous qui m’écoutezti tranquillement, & qui
»7 croyez apparemment que la chofe ne vous regarde
>7 pas, il eft: bon que vous perdiez cette idee. lant
>7 que vous jouiffez de la faveur , vous mettez fage-
-»7 ment; le temps 1 à piotit ; les biens & les grâces
w pîeuvent fur votre tête4; tout le monde vous honore,
i»; ôc:il ne prend envie à perfonne de s’attaquer a
iw vous; mais plus vous êtes élevés, plus vous avoi-
»> finez la foudre, & il faut être étranger dans l’hif-
■>7 toire pour ignorer à quoi tient fouvent une difgrace.
» Quand ce malheur vôus arriVoit, v<.us vous retiriez
du moins avec une fortune qui vous confolck en partie
» de votre chûte, & que vous tranfmettiez à vos.héri-
.»> tiers. A dater de l’enregiftrcment de l’édit, votre
» condition ceffera d’être la même ; vous aurez,
»7 comme auparavant, pour fùcceffeurs ; des hommes
*7 affamés, qui, ne fâchant combien de temps ilsref-
»? teront en place, brûleront de s’enrichir, 8c y troü-
veyont une merveilleufe facilité : bien fûrs d’obtenir
m du foi votre confifcation , il ne s’agira plus que de
ws’affûrer d’un inquifiteur & de déux témoins, 8c
. ?* fuftîez-vous des l'aints, vous ferez brûlés comme
.»hérétiques». A ces mots, le connétable de Mont-
aiorenci fe rappellar.t la difgrace où il étoit tombé
• jfous le régné précédent, fronça le fburcil 8c changea
(de couleur ; les autres miniflres reculèrent d’épouvante.
Le roi dit aux députés quil prenoit en bonne part
. leurs remontrances , 8c qu’il examineroit- de riou-
. yeau l’affaire dans fon confeil. Elle refta fuipendue
^quelque temps. Pierre Seguier mourut le 25 octobre
^ 580, a 76 ans. (
20. Antoine Séguier, fieigneur de Villiers 8c de
îourqueux, confèillér au parlement, puis maître des.
■ requêtes en 1577, lieutenant-civil, confeiller d’état
en 1586, avocat-général au parlement en 1587, préfident
à Mortier en 1597, ambaffadeur à Venifè eà
1598, mort en 1624, fondateur -de l’hôpital delà
Miléricorde, au fauxbourg Saint-Marcel à Paris,
pour l’éducation de cent pauvres filles orphelines,
fils de Pierre.,
3°. Pierre I I , auffi fils de Pierre I , & frère aîné-
d’Antoine^ confeiller au parlement en 1.5 ^ 8, maître
des requêtes a i 15.7.2 ,puis lieutenant-ci vil,, enfin président,
a mortier en 1576. 4°- Dans la branche d’Autry , Jean , tige de -cette
branche, frere de Pteire II 8c d’Antoine, confeiller
^ parlement, maître, .des requêtes . 8c ]iguieua|ic-
T m? L*
S E G Î ï
civil II rendît de grands férvices aux rois Henri IH
8c Henri IV ; il contribua beaucoup à ramener Paris
fous l’obéiffance du dernier de ces Princes. Il mourut
d une maladie contagieufe , viétime de fon zèle pour
le' foulagement du , peuple.-
5°.<I1 fut père du fameux chancelier Séguier . duc
de Villemor , pair de Fiance. Celui-ci naquit a Pans
le 29 mai 1588 , fut fucceflivemem confeiller au parlement,
maître des requêtes , 8c préfident au parler
ment. Il fut faitx garde des fceaux e n 1633 , a la dif-
gracè du garde des fceaux de Charoauneuf, 8c chance*
lier, en 163.5 » Ma fnoit dEtieiine d’A'igre I. Chateair*
neuf fe fit rendre les fceaux en 1650 , 86ils fiirent'donnés
en 1651 au préfidentMolé, après la mort duquel ils
revinrent au chancelier Séguier,, qui les garda jü-fqu at
fa mort, Le parlement de- Rouen ayant été interdit en
1639, pour nes’êire pas affez fortement oppofé à une
féditioaqui s’étoit élevée dans cette ville , le-chancelier
Seguier y fut envoyé en 1640 , pour déclarer l’in—
terdiélion. M.-le préfident Hénault, rapporte d’après
Aubery , le Vaffor & du Chefne^ que dans ce voyage
le clianeeîier Séguier avoit le commandement des
troupes , qu’on portoit tous les foirs le drapeau blanc
dans fa chambre , que M. de Gaffion étoit à fes
ordres a 8c prenoit le mot de lui ; que le cc-nfeil du
roi marchait à fà fuite; que M.- de la Vrillière, fecie-
taire d’état, eut ordre de fe rendre auprès de lui ,
pour figner les expéd.tions ; que les arrêts rendus
pendant ce temps à Paris, au cçnfeil de finance ,
auquels le grand fceâu devoit être appofé, étoient '
datés du. lieu où.fe trouvoit le chancelier.
On fait qu’après. la mort du cardinal de Richelieu,
le chancelier Séguier recueillit chez Ipi l’académie
françoife , 8c qu’elle. le regarde cçmme fon fécond
fondateur.
Solus enim trif.es hdc tempefate camxtnas
Refpexit.:
Ce fùtle chancelier Séguier, qui prononça au parlement
l’arrêt du 18 mai 1643 ?■ par lequel la régence
8c la tutelle furent déférées fans reftridion à la reine
Anne d’Autriche.
Il fut à la tête de la commiflion qui fit le procès
au furintendant Fouquet ; Madame de Sévigné ne le
peint pas à fon avantage dans cette affaire.
Il fut à Ja tête d’une commiflion plus utile , qui fie
l’ordonnance de 1667 , 8c les autres fameufes ordonnances
du règne de Louis XIV.
En 16-50 ,- la baronnie de Villemor fut érigée en
Duché-Fai rie, en faveur du chancelier 8c de fesfuc-
çeffeurs, tant, mâles que femelles ; mais les lettres ne
furent pas enregiftréea. Le Tellier, confulté par le roi
7for cette érection, répondit que ces fortes de dignités
ne convenoient pas aux familles de robe, mot quinuifit
; depuis au marquis de Louvois fon fils. Le Tellier ,
fans porter fes vues dans -l’avenir , ne penfa pour lors
qu' a dire, ce qu’il penfoit, ou peut-être , qu’à nuit®
au chancelier Séguier. Celui-ci mourut à Saint-:
Germain en Laye, le 2.8 janvier 1672. Il avoi|