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tarde dans (à courle par ces diverfes aventures, il
regagna le temps perdu, & fe: remit promptement à
la place par fes exploits & fes fervices. A la bataille de
Cèrifoles il comma: doit la cavalerie légère, qui
foutenoit 1 infanterie Françoife, commandée par de
Ta;x. Il contribua beaucoup au gain de cette mémorable
affaire; mais comme il failoit prefque toujours
que le malheur vint affaiblir les fuccès dus à fà
bonne conduite, fou cheval ayant été tué fous lui ,
il fut fait prifbnnier ; & il en coûta, pour le racheter,
trot.- des plus îlh.fh es prifonniers ennemis. Dans les
mtet valles de pax il fut employé en différentes am-
baludës, & en général il y tut heureux. Sous le règi.e
' ^ iî commanda en Italie avec beaucoup de
0 u él on, & mérita d’être fait maréchal de France
en 15 Cette même année il vint fervir en Flandre.
Il y prit Dunkerque d affaut ; mais il y perdit, contre
- |e comts d’Egmont, la bataille de°Gravelines , où
il fut bielle, & où il eut encore le malheur d être
fait prifonnier. La paix de-Cateau-Cambrcfis, conclue
l’année fuivante, lui procura la liber/é, aL.fi quku
connétable de Montmorenci, comme lui général habile
& malheureux , & qui avoit été fait prifonnier,
un an avant d- 7 fermes, à la bataille de Saint-Quentin.
Ce qui d flingue le plus de Thermes, Si parmi les
généraux, & parmi les courtfans, c’cft la fageffe.
La fageffe du maréchal de Thè mes étoit paffée en
.proverbe, & cette fageffe né; oit pas ce qu’entre militaires
on appelle ironiquement de la prudence; c’é-
; toit en lui une qualité impofante & glorieufe, utile à
fes amis, redoutable à fe$ ennem s : Dieu nous garde
la fageffe de Thermes, difoient ceux-ci. Ce général
mourut a Paris en 1 ^62., à quatre-vingts ans.
Il etoit rlé a Conferans' d’une famille noble & pauvre :
il ne laifla point de poftérité,
THERPANDRE oaTERP ANDRE, {Hijlcanc. ) ;
poëte, muficien célébré dans l’antiquité; mais dont
il ne nous refte aucun ouvrage. On croit qu’ il étoit 1
<le Lesbos ; mais on ne fait-rien de certain ni fur fa
patrie, ni fur le temps où il vivoit. On croit qu’il
remporta le premier le prix aux jeux Carniens, infti-
tues a Lacédémone dans la vingt fixième olympiade.
Il remporta auffi quatre fois de. fuite le prix aux
•jeux Pythiques. On dit qu’à Lacédémone il appaifa
une fedition par (es chants me.odieux , accompagnés
ties fons de fa ci:hare. 11 perfeéVonna la lyre , & y
fit entrer jufouà fèpt cordes; mais les innovations,
.dans la mofiqué, dépîaiioient aux Lacédémoniens,
qui croyoient même que la politique y éteit inté-
reffée. Les Ephores, loin d accueillir l’invention de
Therpandre, la punirent, & condamnèrent l’inverv-
teur^ a ^amende. Therpandre, poëte & muficien,
faifbic, a la fois, *ies paroles & les airs de lès odes
ou chanfons.
THFSPlS, ( Hijl, anc.') inventeur de la tragédie
ch tz les Grecs. Tout fon article eft renfermé dans
ces trois vers d’Horace: 1
1 -Jghotum tragica genus inveniffe camæncx
¥ Dïcitur fr flaujiris vwffe poërnathe/pis, |
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Qui canerent agerentque perun&i Jtzcihus ora•
Voilà le tombereau , les poëmes, les aéleurs bar-
bou.Més de lie ; veilà l’enfance du théâtre. Brutus clic
dans la mort de Çéfar :
Vo.ïà vos fucceffeurs, Horace, Décius, &c.
On peut dire, dans un fens contraire : voilà vos
prédédejfeurs , Sophocle, Corneille, Racine, &c.
j Tfefpis vivoit près de cinq fiècles & demi avant
THEVENOT, ( Jean & Melchifedech} (Hijl. ïittl
m°d ) tous deux voyageurs. Le premier , mort en
1667, apporta , dit-on , le café en France en ; 656:
- - on a de lui un voyage en Afie. On a du fécond , plus
connu encore que le premier , des voyages , &. un
Art de nager. 11 fut garde de la.bibliothèque du roi ; il
l’augmenta d’un nombre confidérables de volumes &
de manuferits quM avoit rapportés de fes voyages. Il
mourut en 1692,
THEVET, ( André} ( Hifl. litt. mod.') connu
aufïi par beaucoup de voyages , hîftoriographe de
France, & cofmographe du roi, eft auteur d’une
Cofmographie , d’une Hijloire des hommes illuflres, des
Jïngulantés de la France autarcique, & de que’ques
autres ouvrages au-deffons du médiocre. 11 étoit or.de-
lier-, & aumônier de la reine Catherine de Médicis.
Mort en 1 f 90.
THIARD ou T YARD DE BISSY. ( Hijl. de Fr. )
On remarque principalement dans la famille des
Thiard de Biffy deux prélats célèbres.
Pontus de Thiard de Biffy , né à B f ïy , dans le
diocefo.de Mâcon, en 1521 ; moins connu cependant
pour avoir été nommé à l’évêché de Ghajons ,
en 157g, par 1 e roi Henri III,. qtie, comme poëte.
Nous avons fes poëfies & fes homé ies; les poëfies,
fur-tout, firent du bruit dans le temps. Ronfard, fon
contemporain, dit qu’il fut l’introduâeur du fohnet
en France. Il mourut en 1605..
2°. Henri de Thiard de Biffy ( c’efl le" cardinal de
Biffy ) fe fignala , fur-tout par un zèle pour la bulle
Unigenitus, qui ne lui fut pas iï.fru&ueux. 11 fut
eveque de T oui en 68v, de Meaux en ; 704, où il
fut le fucceffeur de Boffuet, cardinal en 1 7 ,
enfin commandeur des ord> es du roi : ii mourut en
!737 On a prétendu que le P. Germon, jéfuite ,
avoit eu beaucoup de part à fes ouvrages théol giques
en faveur de la bulle. M. le comte de Biffy, de l’aca-t
démie Françoife, & M. 'e marquis de Thiard, font
neveux de M le cardinal de Biffy.
THÏARUBEKESS1S , f. f. terme de relation, balayeur
des mofquées en Perfè ; cet emploi, parmi
nous méprifable, efl recherché en Perfe, & appartient
à un ordre inférieur du clergé mahométàn de
ce royaume. (A . /?.)
TH1BAUD ou THIBAUT. {Hijl. de Fr .) Il y
a eu.de ce nom plufieurs comtes de Champagne. Lü
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plus fameux efl Thibaud V I , qui fut depuis roi de
Navarre. Né poflhume en 1205, il hérira de la Navarre
en 12.34; il mourut à-Pampelune en 1253: il
eft fur-tout connu par fes chmfons, & par foa amour
pour Blanche de Cafti’le , mère de fâint Louis. On ne
le crut pas innocent de la mort de Louis VIÏI. On
remarqua qu’ayant fuivi ce prince à la croifade contre
les Albigeois, il l’a voit quitté- fans congé après fes
quarante jours, terme fixé par la loi féodale pour le
lervice d’un vaffal; mais dans les guerres ordinaires,
1’honneu:- & la chevalerie prévaloienr fouvent fur cette
loi, & dans une croifade, les motifs religieux avoient
plus de force encore. Ces motifs reunis ne purent
tenir , dit-on , contre l’amour qui rappelloit le comte
auprès de la reine Blanche. 11 demanda un congé;
n’ayant pu l’obtenir, il le prit. Le roi, foit qu’iL sût
ou qu’il foupçonnât ie principe de cette tléfobé.ffance,
foit que l’aftion feule fuffit pour l’irriter, avoit laiffé
échapper quelques menaces, qui déterminèrent le
comte de Champagne à fe défaire d’un rival, & a
prévenir un maître outragé. Tel eft à-peu-près le
fondement fur lequel Matthieu Paris appuie la^ con-
jeâure que Louis VIII fut empoifonné par Thibaud.
Les ieigneurs conjurés qui voulurent troubler la régence
de Blanche, comptoien: beaucoup fur lui. L’air
de dîfgrace qu’avoit jetté fur Thibaud fa querelle avec
Louis V III, fondoit apparemment leur confiance;
mais fi cette querelle avoit pour fondement l’amour
du comte de Champagne pour la reine Blanche, leur
confiance étoit imprudente ; auffi fut-elle trahie. Les
feigneurs confédérés s’apperçurent des trahifons du
comte de Champagne 6c s’en vengerent 1 Ils prirent
contre lui la prcteéliôn d’Alix , reine de Chypre,
qui redemandoit à Thibaud la Brie, & ta Champagne,
Henri I , comte de Champagne & de Brie,
avoit eu deux fils ; Henri II, & Thibaud V. Henri II,
ne laiffa que des filles , dont Alix étoit l’aînée. Thibaud
V , fuccëda donc à fon frère ; il fut pere de Thibaud
VI. Alix, fà coufine germaine, prétendoit qu’étant
fille -de l’aînée , elle avoit dû exclure Thibaud V ,
fon oncle. Ç ’étoit la grande querelle entre la pro-
' ximité & la masculinité , querelle fur laquelle en
France on devoit toujours décider en faveur de la
mafculinité. Les confédérés furent pour la proximité
en haine de Thibaud ; les foupçons qui s’étoient répandus
fur la mort de Louis V III, devinrent alors
un cri public répété par tous les partifans de la
Ligue. On n’appelloit plus Thibaud, que le; traître
& Vémpoifonneur. Philippe , comte de Boulogse,
frère naturel de Louis VIII , offrit de convaincre
Thibaud, & de venger fon frère par le due). On
fe jettâ fur les terres de Thibaud, il implora le fe-
cours de fa dame pour laquelle il s’eftimoit heureux
d’éprouver tant de haine , elle diffipa les rebelles &
devint feule arbitre de la conteftatiori entre Thibaud
& Alix, au fujet de lar fuccéflion de Champagne,
Toujours attentive à profiter des foibleffes de Thibaud,
elle lui adjugea cette fuccéflion , moyennant quarante
tn-Ule. marcs, qu’il payeroit à fa .coufine Alix. Elle
favoit que Thibaud n’avoit point d’argent ; le roi lui
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fournît cette fomme ; mais il la lui vendit cher : il
fallut que Thibaud lui remîc les comtés' de Blois,,
de Chartres, dî Chateaudun & de Sancerre. Cetoit
l’ouvrage de Blanche ; Thibaud adora la ma n qui,
le dépouilîoit en le protégeant. On l’appella Thibaud ■
le Grand & le Chanfbnnier. Il mourut à Pampeiune ,
en 1253 ; il étoit né en 1205.
THIERRY , ( Hijlî de Fr. ) c’eft le nom de plu-:
fieurs rois de France de la première race:
i°. Thierry I , fils aîné, de Clovis , quoique né
d’une concubine , hérita auffi bien que les fils de;^
Clotilde ; il fut roi de Metz.
Sous fon règne , vers les années 517 & 518, un
prince ou capitaine Danois , qui fe prétendait . ce-,
pendant iffu de Godion , Cochiliac, exerçait des’
pirateries fur les côtes de France ; il fit une. defeente ;
lur les terres de Thierry , qui envoya contre lui
Théodebert fon fi’s. ( Voycr^ l’article T héodebert I )
Celui-ci furprit le Danois au moment où il alloit.
fe rembarquer avec le butin qu’il avoit fait ; il l’attaqua,
le défit, ôi le tua de fa main.
A l’arcicle Hermsnfroy, voye^ la conduite de Thierry
à l’égard de cot Hermenfroy, de Baldéric & de Berthér,
trois frères, rois de Thuringe ; voye^ auffi l’ait.cle?
Childebert I.
Thierry demande à Clotaire, le plus jeune de fes
frères, lin entretien fecret pour traiter de quelques
affaires: Clotaire, en entrant dans le lieu indiqué j
apperçut des foldats, dont les pieds paffoient par-
deffous une tapifferie , derrière laquelle ils avoient
prétendu fe cacher ; il retint fon efeorte , tout fe paffa
tranquillement, & il ne fut parlé ni de l’efcorte ni
des foldats cachés. A l’article Munderic, voyc^ la
conduite de Thierry envers ce prince ou cet aventurier.
Ce Thierry , fi injufte envers Munderic , paffa
pour jufticier & Pour populaire , parce qu’il fit
trancher la tête à Sigivalde, un de fes parens, pour
quelques exaélions faites fur le peuple dans fon gouvernement
d’Auvergne. Thierry mourut en 5.38.
20. Thierry I I , fut le premier exemple d’un defeen-
dant de Clovis, qui n’eût eu aucune part à la fùc*
ceffion paternelle. Il étoit le troifième & dernier fils
de Clovis II. De fes deux frères, Clotaire III eut
la Neuftrie & la Bourgogne ;Childéric , l’Auftrafie ;
Thierry fut pleinement déshérité ; dans la fuite , il
réunit tout le royaume ; il eut tout & ne fut rien.
Son hiftoiré nhfft que celle d’Ebroin , Ion maire &
fon tyran. ’.( Voye^ l’article EbrOIN. ) Thierry I I
mourut en 69».
-- 3°, Tiiierry I I I , dit de Chelles , fils unique de
Dagobert I I I , fut d’abord rejette à la mort de foa
père, peut-être parce qu’il étoit alors au berceau,
il fut dans la fuite un de ces fantômes de rois que
Charles Martel étoit encore obligé de faire affeoir
fur \q trône , tandis que toute la puiffanee royale
étoit réellement entre fes mains. Thierry ds Chelleft