
7 H Z E N
s'emporta iufqu’à menacer Odénat, qui le fît mettre
dans les fers. Méonius ne fongea plus qu’à la vengeance
; mais comme pour favoir le venger il faut
favoir fouffrir & diflimuler, il s’humilia, il implora
le fecôur's d’Hérode pour obtenir fa grâce.
Aufîvtot qu’il fe vit en liberté , il ccnfpira contre
foif oncle , qui la lui avoit rendue , & contre
Hérode qui la lui avoit procurée, & il les afiaf-
fîna tous les deux dans un feftiri, vers l’an de
J. C. 1 6 j . Il fc fit en fui te proclamer empereur,
mais fa vie mol£6t voluptueufe le f.niant méprifer,
les foldats mêmes qui rayaient élu: ne tardèrent pas
à le tuer. Ce fut Xénobit qui recueillit le fruit du
crime de Meoifus par la mort d’Hérode ; ce qui la
fit foupçonntr d’avoir eu part à l’àttentst qui avoit
fait- périr fon mari & fon besu-fi?s. Si ce foupcon
eft fondé, elle me peut obtenir de place que parmi
les Sémiramis, les Jeanne de Naples, &c., qui ont
acheté par un gramT.crime le droit d’acquérir de
là gloire & de mettre leurs ralens en adivité : mais
quel chemin que le crime pour parvenir à la gloire !
Z c n o b î e , après la mort d’Odénat , d’Héiodë %
de Meonitis , fe mit en pofieflion de là louveraine
puilfance dans l’Orient. G ai lie h , qui avoit cru
devoir conférer le titre d’Augufte à (on mari, crut
né rien devoir à la veuve, & ne voulut point re-
sonnoître la fouverameté d’une femme. Cette femme
lui prouva Bientôt que fon alliance' méritoit d’être
recherchée. Héraclien , à qui Gallien confia le ]
fdin des'affaires de l’Orient,_ ayant, cru devoir ac- i
taquer ZenôJjie , fut complettement vaincu , & :
put à peine fauverles débris de fon armée. Pendant
le règne heureux, mais court, de Claude II; pendant
qu’Âurélien , fori illuftre fiiccefieur , repouf-
foît les goths, qui, malgré le carnage horrible que
Claude en avoit fait, a voient. pa/Ié le Danube ,
pendant qu ,il reniportoît aufli de grande avantages
for divers' peuples germains , Zm o b ie continuoit
de troubler L’OrUnt & d’accroître fa puiffance Cette
re'ine altière , qui fè vantoit ;sd’être iffiie des rois
d’Egypte, avoit ajouté cet état à ceite qu’Odénac,
fon mari , avoit pofïedés ; fes armées fc répandaent
déjà dans la Cappad-yie & dans la Cilicië ; fa vafte
ambition ne fé pioppfdit pas un moindre objet que
la réunion de touVes ks parties de l’empire romain
fous fes lois. Aüreïien fe hata d’ârfeter ce torrent;
qui fembloir devoir tout inonder ; il vola en Çap-
. pàdoce , où les o^tlacles que la ville de Tyané lui
oppofa enflammèrent fa colère à tel point , qu il
Jura de n’ÿ pas laiffer un: chien vivant, ce fuient
fés termes;' mois U modération*' revînt avec la
viftoire, & Tyàne lui ayant été livrée-par un dè
fè's citoyens, il dofina un exemple finguliérde jül-
ticê en lai anr périr ce traître fes foldats , avides
de pillage, lui rappelèrent le ferment, cjui lui étoit
'• éèhappé , il. f éluda par uAe plaifanterie : « Tuez
» tous les qhierts » dit-il je vous les' abandonne ,.
» mais refpedez. le fâng^humain. » Vopifcus n’a
ça? manque d’attribuer lmdulgçnce d’Aurélien à
«ne apparition de l’ombre d’Apollonius de Tyaûe*
Z E N
qui, du fèin de la gloire, protégeant fes concitoyens,
avertit Aurélien de les épargner, & lui
prom't la vidoire à ce prix. Cependant Zénobie ,
vaincue dans deux grands combats, & dépouillée dé
prefqtic toutes fes conquêtes , n’avoit encore rien
perdu de fon courage ni jîe fa fierté, elle s enferma
daiîs: fa ville de Palmyre , fondée par Salomon
, & fî célèbre jufques dans' fes ruines. On
connoit la réponfe noble & hardie que Zénobie fit
à Aurélien, qui lui. offrait la vie & une letraitc
fi elle vouloit fe rendre. Boileau l’a traduite dans-
la préface du traité du fubiime.
Z é n o b ie , reine de l’Orient , à l’empereur Au-
rélian :
; » Perfonne, jufques ici , n’a fait une demande
! *3 pareille à la tienne. C’eft la vertu, Aurelian, qui
» doit tout faire dans la guerre. Tu me commandes
! sa de me remettre entre tes mains, comme fi tu ne
» favois pas que Cléopâtre aima mieux mourir avec
33 le titre de reine ,' que de vivre dans toute autre
33 dignité. Nous attendons le fecours des^ perfes ;
33 les farrafins arment pour nous; les arméniens fe
m font déclarés en notre faveur ; une troupe de
»> voleurs dans la Syrie a défait ton armeè. Jfige
» ce que tu dois attendre, quand toutes oes forces
>3 feront jointes. Tu rabattras de cet orgueil avec
».lequel, comme maître abfolu de toutes, choies,.
» tu m’ordonnes de me rendre. »
Le fiège de Palmyre dura trèsflon^ tems
la difette des vivres put feule laflTer la refiftance de
l'a reine. Réduite enfin à la dernière extrémité, mais
jincapable dé fe foumettre volontairement au vainqueur,
elle réfolut de s’enfuir chez les perfes., &
d’implorer leur fecours , mais Aurélien, averti
'de fa fuite, envoya fur fes traces quelques eava-
l:ers, qui l’atteignirent au palfage .de l’F.uphrate-
Elle parut devant Aurélien, à qui elle fît un compliment
fier & flatteur :
Vs Je vous reconnois, lui dit-elle, pour empereur,
» puifque vous favez vaincre. Gallien & fis fem-
« b.’ables m’ont toujours paru indignes de ce nom
Aurélien fouilla fa vidoire par le fang de 1 illuftre
Longin , fecrétaire & confident de Z e n o b it : le
crime dont il le punit fut d’avoir, écrit la lettré
qu’on vient de voir. ( Voye^ l’article Lougiu. )
Cette mort fut déshonorante aufli pour Zenobie ^
•car, fi l’oîi en crôit Thiftorien Zô finie dans un paf-
i fage traduit encore par Boileau , Zénobie le*
' ; voyant arrêtée , rejet ta toute fa faute fur les mi-
■ niftres, vé qui avoient, dît-elle, abufé de la foi--
l» bfçfTe’de fon efprit. Elle nomma entr autres von—
! » gin , celui dont nous avons erieore plulieuts écrits-
i » fi utiles. Aurélian ordonna qu’on l’envoyât ans
» fupplicer Ce grand perfonnage fouffrit la mort
» avec une- confiance admirable, jufques- a cpn*-
Z E N
»> fo’er en mourant, ceu^ quefon malheur touchqit
»» de pitié & d’indignaiion*.**
Les fol'dàrs dëmàndoienf aufli la mort de Tttnobie, !
tant la guerre rend féroce, l Aurélien la r-éferva pour :
fon triomphe, peine doublement humiliante pour 1
une reine qui avoit cité Cléopâtre, & qui prêt en-
doit être de là'race. Si ce triomphe fut honteux pour
elle , il ne fut pas glorieux pour lç vainqueur, qui
fut blâmé d’avoir triomphé d’une femme avec tant
de fafte. Il replia ce tort'par la conduite pleine
de douceur & d’humanité qu’il tint dans la fuâte
à fon égar-d. Il lui donna 1 afile qu’il lui.avoit profilais;
ce fut une terre magnifique, voifîne de Rome,
& dans les environs de Tivoli. Zénobie y vécut honorée
, chérie & heureufe. On lui reprocha cependant
du fafte-, du penchant. »; la cruauté, & 'un
vice dégoûtant dans une femme -, la paflion pour le
vin. Qu-ehues âliceurs ont dit qu’elle avoit embraffé
le judaïfme ; Baronius dit meme qu’elle, embrafîa.
le chriftianifme; & les erreurs du fameux héréfiarque
Paul de Samofate, avec lequel, elle eut plüfieurs
entretiens fur la rel gon , eurent pour origine le
defir qu’il eut de l’attirer à la religion chrétienne,
& la condefcendance qu’il eut pour fes préjugés
& pou,r f i s répugnances. ( Voye\ l’article P a u l d e
Sämosate: V II a paru en i y y 8 une hiftoire de
Zénobie. par M. Eiivoi de Haute ville ; on y joint à
fon titre de reine de Palmyre celui d impératrice.
ZÉNODORE , c n;fi . romS) fculpteur du tems I
de Néron , fit une ftatue coloffale de Mercure &
une de Néron, qui fans doute étoit en regard avec
celle du Dieu. C’eft une des flatteries ordinaires
aux artiftes; la ftatue de Ne’ron étoit d’.environ cent
dix pieds de hauteur ; elle étoit çonfacrée au fo-
leil ; ainfi Néron étoit le foleîl, il étoit Apollon,
il étoit tout ce qu’on vouloit; il étoit fur-tout
le rival de Mercure : c é toient deux p u ijfa n s D ie ù x .
Vefpafien fit dans la fuite ôter la tête de Néron ,
& mettre à la place celle d’Apollon, ornée de
fept rayons.
ZÉNON. ( H iß , arte. ) L’antiquité nous, offre ;
fous ce nom, trois phiiofophes de différentesfeâes : |
1°. Zenon d’Flée, difciple de Parménide, qui
l’avoit été de Xenophane, fut, dit-on, adopté
pour fils parce même Parménide. 'Zéhdn paffe pouf
l'inventeur de cette dia!ed’que fophiftique, qui ;
en feigne à difeourir fur; toutes fortéi de matières,
& à défendreindiffer. mnîent toutes Portés-d’6p:nion4 ';
Lin vent on n’eft pas h'éüreü ë , & n’a pusfait" de' I
bien au monde. Ce fut lui qui, pr.opofii contre
Lexiftence du mouvement des fopluTrö s embar- ;
raflans, que Diogène réfolut $ en marchant devant
lui : c’eft anfî ( qu’il faut réfuter »les. raifonneurs î
quand on eft bien fur d’avoir raifon. Des critiques
obfervent que cette çonteftatiou ne p#üt p a s avoir p
Z E N 7iy
feu lieu entre ce Zénon & le fameux Piogène ,
parce que le premier vîyoit io^ig-.tcms avant .le.
fécond. Le Diogène dont il s’agit n’étoit peut-être
pas Je cynique; il importe peu que ce fût Diogène,
. ou toîit. autre fhilofôphe, ce qui importe,, c’eft
que Ja ' fubtilité fophiftique , d’où naquit depuis
la fubt lité fcolaftique , ait été confon lue par l’action
la,plus fimple & par un argument fans réplique.
Z e n o n , quoique philofophe, étoit fujet à l’em-
portemtnt, & des injures qu’on croyoit qu’il auroit
dûThéprifer, trquvqient en lui beaucoup de fenfir
b;iicë/: f i 'j'é tois jnfetïjible a u x in ju re s , difoit-il , je
le f e r a is a u jji a u x lo u an g e s . Comment veut-on en
: effet que ceux qui recherchent la gloire & reftime
publique ne foient pas défagréablement affedés de
‘ tout témoignage de haîne ou de mépris? Mais $
Z énon eut le tort d’être un fopHifte, & la foiblefle,
fi ,1’bn veut, d’être un peu irafciBle, il montra un
grand.caradère.& un courage héioïquq dans toutes
lei clrcQnftances de /a moff. Un tyran , nommé
Néarèjue, opprimant fa patrie après l’avoir aflervie,
Z énon e'treprit de la remettre en liberté; fon
projet ayant été, découvert, ta Zen o n livré à la
torture en préfence du tyran, il fé coupa la langue
avec les dents , & la cracha .àu vif^ge de Néarque^
de reür que Ja violence; des tourrnen.s ne lui arra.-
chât les nom' de fes complices. On dit qu’il; fut
pilé vif dans un mortier. On^en dit autant'd’Àna-
xarqoe , & on ajoiîte que pendant qu’on piloit ce
dernier, il s’écrioit, en bravant les bourreaux :
P i le ^ l 'é tu i eC Anax a rq u e , vo u s ne p o u v e [ rien f u r
fo n ame. Zénon d’Elée vivoit environ cinq fiècles-
avant Jefus-Chrifl.
zQ. Le ’plus illuftre des- përfonnages du nom
de Z é n o n , eft le chef de la fede ftoïcienne. Gelui-
ci étoit de Cittie ou de Citrie, dans Ijlé de Cypre,
Il s’appliqua d’abord au commerce, & fit naufrage
au port Pyrce, en revenant d’acheter de la pôurprfe
de Phénicie, fur laquelle il âvoit efpéré de fsire
un goin honnête-. Au.pidieu de la douleur que lui
caufoit la perte de fes efpéfârices, retiré dans
Athènes, il'entre chez un libraire, ’tombe fur un
ouvrage de Xénonhon , & vpit avec la fatisfadion
la plus pure qu’il eft encore fufceprjble.,.non-feule-'
nn nt de coiifolation , mais d’un plaifir vif, & que
c’eft la philofbpbie qui lui procure ce plaifir. Il
demande où l’on trouve ces philofophes^lont parle
Xénophon : dans ce moment même on vit pafler
le philofoj hë cÿniqùé Cratès"; ( Voye f fon article)
Zéfion s’attache à lui , devient fpn difciple , fuit
fes leGons pendant d;x ans : il étoit âgé de trente
ans l 'rfqu’il avoit commencé à les fuivre. Cette
nouvv llë'carrière fe trouva êt?e celle pour laque le
il éc it né. Il comprit qu’il iuî feroit bien plus
doux & bien plus ai fié de mépri fer le4 richefies que
de les acquérir ; ce mépris des richefies lui plut
beaucoup dans hi tdiilofophie cynique mais comme
c’étoit un efprit fagç. & çr.nemi des excès, il n s
X x x x 2