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On fit deux fois le procès au duc de Sommerfet;
la première fois il fut condamné à une amende ;
mais Dudley, duc de Northumberland, qni s’étoit
éleve fur fes ruines , jugea que la qualité d’oncle du
roi rendort ^ Sommerfet un rival de crédit toujours
- redoutable; il refolut de le perdre entièrement, &
il y parvint. Il accufa Sommerfet d’avoir voulu le
faire affafliner & quoiqu’accufateur il le jugea lui-
meme avec jes autres pairs : Sommerfet ne pouvoit
manquer d’être condamné, le peuple entoura fon
échafaud & parut vouloir le fàuver ; Sommerfet harangua
& protefta de fon innocence, le peuple lui
rendit témoignage , & s’écria : rien neß plus vrai.
Quelques gardes chargés d’affifter- à l’exécution, s'apercevant
qu ils arrivoient tard, 6c que Sommerfet
etoit déjà fur l’echafaud, fe dirent les uns aux autres:
avançons, avançons ; le peuple crut qu’ils apportoient
la grâce du duc, & fe mit à crier grâce. Le duc
affura lui-même lé peuple qu’il n’y avoit point de
grâce a efpérer , & le pria de ne pas troubler fes derniers
moments par l’intérêt même qu’il paroiffoit
prendre a fon fort ; l’execution fe fit allez tranquillement
( 1 5 52 )*
Édouard Seymour, duc de Sommerfet, lailfa trois
filles ; Anne, Marguerite & Jeanne, célèbres par le
talent de la poëfie. Elles firent, for la mort de la
reine de Navarre, Marguerite de Valois, cette aimable
foeur de François I. un ouvrage intitulé : le
Tombeau de Marguerite, en 104 diftiques latins qui
ont été traduits en grec, en italien , en françois, foit
à caufe de l’intérêt du fujet, foit à caufe. du mérite
qu’on trouvoit alors à l’ouvrage,
SEYSSEL , ( Claude de ) ( Hiß. litt. mod. ) natif
tfun lieu nommé Seyffel en Bugey , fait Evêque de
Marseiile, fous Louis XII en 1 ç 10 , & Archevêque de
Turin, fous François 1, en 15 1 7 , efl principalement
connu par fon hiftoire de Louis XII. Il obferve un
privilège affez remarquable de la Nation Françoife. «Les
tf François^ , dit-il, ont toujours eu licence & liberté de
*> parler a leur volonté de tdutes fortes de gens
» meme de leurs Princes, non pas après leur mort
» tant feulement, mais encore en leur vivant & en leur
*> préfence. Seyffel mourut en i/ao.
SEYTA , f. m. ( Hiß. mod. fuperfl. ) idole fàmeufe
adoree par les Lapons. Ce dieu eft une. pierre qui
na aucune forme déterminée, non plus que fa femme
& fes en fans qui ne font autre chofe que des maffes
de pierres informes, auxquelles les Lapons font des
facrifices , 6c qu’ils'frottent avec le fang & la gra-ffe
des vi «Simes , qui font communément des rennes. Le
halard ou l’art a donné à la partie fopérieure de. i
quelques-unes de ces pierres une forme dans laquelle
on a cru trouver la reffemblance de chapeaux. Le
lieu ou font placées les idoles eft à l’endroit oh le
lac de Tornotrefeh forme une rivière & une
cataraâe.
SFGNJDRATI, ( Sfondrate. ) ( Hiß. d it al. ) famille
MRanoife , qui a produit un Pape, (Grégoire XIV)
& trois Cardinaux : François , père de G.égoire XIV.
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lequel François étoit entré dans l’état Eccléfiaftiquë
après la mort de fa femme , & mourut en 1750;
Paul Emile, neveu de Grégoire X IV , né en 1561,
mort en 1618 ; Celeftin, petit neveu de Paul Emile ,
fait cardinal en 1695 , mort le 4 feptembre 1606,
Celui-ci eft connu ■ par fon zèle pour les opinions
ultramontaines ,* il compofa fon Gallia vindicata contre
les quatre fameux articles de l'affemblée du Clergé
ûe , qui bornoient l’autorité du Pape ; en 1688-,
il écrivit contre les franchifes des quartiers des Am-
bafladeurs, au fojet de l’affaire du marquis de Lavardm;
mais fon ouvrage qui a fait le plus de bruit , eft
celui q\it a pour titre: Nodus protdcjlinationis diffolutus,
& il n £^fait de bruit qu’après fa mort ; l’auteur y
traitoit toutes ces matières de la prédeftination & de
la grâce , qui, ^ dans divers temps, mais fur-tout dans
celui-là ,.ont ete en poffeffion d’exciter de grandes
difputes. M. Boffuet & le cardinal de Noailles, écrivirent
a Rome pour faire condamner ce livre , mais
ils prenoient ^ mal leur temps ; le Pape Clément X I ,
putre ^ qu il etoït plus favorable au tnolinifme qu’au
janfenifme, avoit eu pour maître, le cardinal Sfondt ate,
& étoit plus difpcfe à honorer fa mémoire qu’à la
flétrir.
SFORCE,( Hijlufltal. ) Attendulo ou Jacomuzzo,
fils d'un cordier félon les uns , d’un cordonn:er félon
les autres , eft le premier Chef connu de cette famille ;
quelques auteurs lui donnent une origine noble, &
Paul Joye dit exprefîèment, qu’il étoit d’une honnête
famille ; c eft peut-être l’amour du merveilleux, qui
a fait prévaloir l’opinion qu’il étoit dune baffe Origine
; quoi qu’il en foit, cet homme , félon l’opinion
la plus générale , étoit un fimple payfan , il labouroit
en paix les champs de Cotignole ; des foldats paffarit
fous fes yeux , cet afped lui fit éprouver un fentiment
fobit qui l'avertit qu’itétoit né pour les armes & pou r
la gloire. La fuperftit’on fe mêloit alors à tous les
fentimens pour les confirmer ou pour les combattre.
Attendulo confolta le fort à (à manière ; il jetta le
coûtre de la charrue fui* un arbre , réfolude s’enrôler
fi le contre y reftoit, & de s’en .tenir à fon état
de laboureur s’il retômboit. Le coûtre refta fur l’arbre
, Attendulo partit, il devint bientôt le plus fameux
capitaine de l’Italie; il eut une petite armée
de volontaires qu’il vendoit à tous ces petits fouve-
rains d’Italie , qui faifoient toujours la guerre & qui
ne favoient pas là faire. Il eut la gloire de délivrer
Jeanne féconde, reine de Naples, afliégée dans un
des châteaux de fa Capitale , par Alphonfe Roi
d’Arragon. Attendulo portoit alors le nom de S force ,
quil rendit le plus illuftre de fon, temps. Unç mort
malheureufe termina cette giorieufe carrière ; fon
cheval le jetta dans une fondrière, où il fut noyé
en 1424.
Il laiflà des- fils légitimes, que leur médiocrité a
replongés dans le néant.
.Mais François S force, fon bâtard , marcha fur
fes traces, éga’a fa gloire & furpaffa fon . bonheur.
Proteéfour ôc conquérant du Milanès il'le défendit
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I'Contre tous les voifins avides qui chêfenô'ôfii; à Teft-
^ vahir, ôc le prit pour lui-mcme. Il avoit époute i la bâtarde du dernier die de Milan , du nom de
K Vifconti ; ce titre appuyé de fon épée, lui pareil-
i foit fufEfant ; il n’en avoit pas eu d’autre pour fuc-
I céder aux biens de fon Père , qui confiftoient dans
Æ l’armée qu’il commandoit. On fait d’ailleurs qu en 1 Italie , la bâtardife n’eft point un titre d’exclufion.
ï II ne demanda d’inveftïture ni au Pape ni à l’Em-
; pereur, parce qu’il n’étoit ni Guelphe ni Gibelin , 1 mais il étoit un grand Prince. Il gouverna bien,
I il fortifia 6c embellit fon état ; ce fut lui qui fie
R conftruire le château de Mil an , qu’on regarda long-
R, temps comme une fortereffe imprenable. C ’étoit
• l’ami ôc le confeil de Louis XI. Il mourut en 1465.
L’exemple qu’il avoit donné de ne point-prendre
d’inveftïture , fut fuivi par Galéas-Marie S force fon
â fils , affaffiaéen 1476 , &. Jean-Galéas-Marie S for ce,
II fon petit-fils.
Ce dernier fut empoifonné en, 1494, par Ludovic-
m Marie S force fon grand oncle , qui voulut régner à
l fa place.
Ludovic n’avoit ni le courage ni la politique des
f aventuriers célèbres dont il étoit né : il irritoit, par
■ fes crimes ôc par fes violences , des peuples qai
| i s’étoient donnés à la valeur & à la fageffe de fon
% père; il crut avoir pourvu à tout en prenantl’ in-
veftiture de l’empereur Maximilien ; il défàvoua
•f. bafièment les titres de fouveraineté de fon père, de
fon frère & de fes neveux ; il affe&a de les retrancher
du nombre des ducs de Miian , de faire com-
: mencerà lui fa Dynaftie, & de s’intituler quatrième
au lieu defeptième duc, en comptant feulement avant
lui, les trois ducs du nom de Vifconti. Cependant,
malgré les crimes qui le rendoient odieux à fà Na-
tion, & la baffeffe qui le rendoit méprifàble à
M toute l’Europe, il fé glorifioit avec quelque rafon
d’avoir fait le dgftin de l’Italie, parce que Charles VIII,
qu’il y avoit appellé, fut heureux, tant que Ludovic
t le feconda, & tomba dans le malheur lorfque Ludovic
entra dans la ligue ennemie. Il fe piquoit de prudence
& fut furnommé le More , non, comme l’ont dit tant
d’hiftoriens, à caufe de la couleur de fon vilage ,
fymbole de la noirceur de fon ame , mais parce qu’il
. avoit pris pour emblème le Mûrier , qui s'appelle
en italien , Moro , & qu’il regardoit cet arbre,
' comme le fymbole de la prudence.
En 1499 , Louis X I I , héritier de la maifon de
Vifconti par Valentine de Milan , fon ayeule , réclame
le Milanés, attaque Ludovic, & celui-ci eft aban-
M donné de tout le monde. Ludovic comptoit lui l’Em-
I pereur qu’ il croycit intereffé à défendre l’honneur de
| Ton inveftiture ; l’Empereur fut défarmé par une
É trêve, & ceffa de vendre à Ludovic fes foibles
i fecours. Quinze jours fuffirent aux François & aux
| Vénitiens réunis , pour envahir tout le Milanés.
i Ludovic S force fe retira auprès de l'empereur Ma- 1 ximilien, avec fes enfaus & fes tréfors , après avoir
vjQuni le château de MilaQ » dont il confia fe défeufe
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à Bernardin de Corté, qu’il croyoit fon plus fidèle
fujet, &. qui rendit lâchement aux François cette"
fortereffe. Trivulce , nommé gouverneur du Milarès
par Louis X I I , révolta les efprits par une admir.iftra-
tion dure; Ludovic fut rappelle en 150b, il revint
avec une armée de fu ffes, & rentra dans prefoue
toutes fes places; mais, la Tremoii le , un des grands
capitaines de ce temps, arrêta bientôt les progrès de
Ludovic ; il le joignit près de Novare ; les Suiffes
qui fervoient dans fon armée , gagnèrent ceux de
Ludovic, qui livrèrent celui-ci aux François ; il fut
enfermé à Loches , & languit dans la captivité jufqu’en
1510 qu’il mourut.
Le Cardinal Afeag e Marie fon frère, tomba entre
les mains des Vénitiens , qui le livrèrent auffi aux
François ; il fut enfermé dans la tour de Bourges.
Maximilien S force , fils de Ludovic, fut rétabli en
1512 dans le Milanés , par ces mêmes Suiffes qui
avoient trahi fon père. En 1513 , Louis XII renvoie
ën Italie la Tremoille, & pour la troifième fois le
Milanès eft reconquis par les François. Maxim lien
s’enferme dans Novare , la Tremoille mande au Roi
qu’il va lui envoyer le fils prifonnier comme il lui avoit
envoyé le père , & que le même lieu aura été fu-
nefte à tous les deux; mais , les Suiffes fe piquèrent
d’expier leur infidélité dans le même lieu où ils l’a-
voient commife ; ils remportèrent une viâoire complexe
fur la Tremoille, qui, forcé d’évacuer le Mi-
lanCs, fut encore repouffé jufqu’aù milieu de ’a Bourgogne.
Les Suiffes demeurèrent les véritables maîtres
du Milanés , & permirent à Maximilien S for ce d’y
rogner fous leur prote&ion : Louis XII laiffa cet
affront à venger à François I , qui, en I) 15 , gagi a
lur les Suiffes la bataille de Marignan , & afiiégea
dans Milan Maximilien S force , qui, après vingt jours
de liège, remit aux- François les châteaux de Milan
& de Crémone, les deux feules places qui lui reftaf-
fent dans le Milanès ; il renonça irrévocablement à
tous fes droits fur le Duché, en favesr du Roi, qui
lui donna un afyie en France, pa/a fes dettes &
fe chargea de Tui foire une penfion de mille écus,
ou de lui fournir lar même valeur en bénéfices, en
lui procurant, s’il pouvoit, le chapeau dé cardinal.
S force fut conduit en France ; il foititde fes états fans
témoigner ni honte ni douleur; charmé, diloit-il,
d’échapper à i’infolente proteâion des Suiffes , aux
exactions de l’Empereur , aux artifices des Efpagnoîs ,
à l’alliance frauduleufe du Pape, 6c parciflunt en effet
fentir qu’ il alloit être plus libre 6c plus heureux dans
1 obfcurite paifible de fa retraite., qu’ il ne l’avoit été
fur ce trône où il avoit plu à fes maîtres cfe le faire
affeoir. Les hifforiens, qui en général aiment qu’on
foit ambitieux, s’indignent de 1a lâcheté, 6c chargent
beaucoup le tableau de fes vices. A juger d«
lu; par fa conduite, il paroît que c’étoit un Prince-
foible, fait pour être gouverné. Ni politique ni belliqueux
, il n’avoit ni préparé là déftnle par les intrigues
du cabinet, Ui commandé les armées qui corri-
bati oient pour lui ; il fembioit que la querelle du
Milanès lui fût étrangère ; ff eut dû moins fe