
lès ruines dé la liberté , &> vint à bôut de la reridrë
fuppbrtable à’ d’an tiens républitairts. LeShiftorit-ns
qtil ont écrif prefqüé'tdus;dü téiris fbüsTemûiré
de- cé' prince , Font cdhibié dé lùüànge'T 8C d’àdü-
làtioüs ; m'a:s‘ c’eft für les'faits", c’eft für'i*s a'c-
lions'dé fa' vie qüil fàüt lé juger.' *
ûaraftïre d'Augufte. Augufte' ( puifjuela flatterie
a - coïifacré ce-nom à Odàve ) étoit d’un'e naifîahce
médiocre par-rapport à la'- grandeur ou- il eff-parvenu
; Ion père était à peine chevalier romain .
mais fa mère Accie , étant fille de Julie, foeur
dp Jules-Céfat , lui acquit l’adoption de ce- dictateur
*
Sa taille ét'oit aa-deffous de la- médièere-, &
pour réparer ce défaut naturel , il portoit des fou*
lp rs fort hauts. Il -a-voïc d’ail-leurs la figure agréable
, lés foùrçils joints , les dents peu ferrées &
rôùîilees , les yeux Vifs 8c difficiles à foutenir ,
quoiqu’il affecïât dans fés regards une douceur
concertée.
Il étoit incommodé' d une fovblefïè. à la- cuiff.
gauche,. qui le falloir tant-fois-peu boiter de ce
côté-là. Il pâliffoic & rougilïoic aifémenr , changeant
à-fà volonté de couleur & de maintien ; ce qui l'a
fait comparer ingénieulement par un de fes fuc-
ceffeurs ( l’ciûpereur Julien ) an caméléon , qui fi
reéd propres toutes les couleurs qui lui font prc-
femées.
Son génie étoit audacieux , capable des plus-
grandes entreprifes, & porté à les conduire avec
beaucoup d-'àdrelie & d’application. Pénétrant, toujours
attentif aux affaires, on voit dans fes delfcins
un efprit de fuite , •& q-ui fâvoit diftribüer dans dés
tems eonvenablés l’exécution de fes projets.. Fin
politique , il crut dès la jeunefle , que I p lip beau- 1
coup gagner , que de {avoir perdre à- propos. T an rôt
ami d Antoine , 8c tantôt fon ennemi, fon intérêt
fut cpnftamment la règle de fa conduite, attendant
toujours à fe déterminer d’après les conjônftures fa-
v érables ; If- tâchoit de couvrir fes vices & fes défauts
, ■ par l’art infini qu’il avoit de fe donner
les- vertus qui lui manquoiem.
Profond dans la connoifiance de fa nation , il eut
allez de fouplefie dans l ’efjprit , de manège dans
toutes fès démarches ,& de modération feinte dans
le cafadère pour fubjüguer les KomainS: Il y réuf-
fit en îèür pëjfuàdant'q'ifïfs étôicht libres, ou- dû
moins à la verlîè dé l'être; Il fit femblam de vouloir
fe démettre de l’empiré', demanda tous lé's-dix ans
qu’on le déch'afgéâè de ce poi'df, 8t le pôtfa teü-
jours. C ’eft pàr ces fortes de finéïïes qtï’il fe fai-
foit encore donnër- ce'qu’il ne crbÿoït pas allez avoir
acquis. Tous fes régîemèns vifoieftt à rétàMilfeiflçn’t
de la niotrârrhie, &- -tous ceux- d'é SyPa ^ir «TirJifeu
de fes violences , tefidoient à unè cétrainé"forme dé
république. Syllà , hoittnté emporté, meribit vio-
lerfimén't les' Romains" à la liberté ; Augufte , rtifé
tyràh , les condüiloit doucenreiit à la ferVicude.
Cependant la crainte qu’il avoit eue avec raifon-
d être regardé pour tel, l’empêcha de faire appeller
Romulus^Jk foigueux d’éviter qu’on ptensât qu’il
ütiiVpôit? ia: puiflance d’un rôi , ih nkn afK &à point
le-* ftiffe;
If choifît pour füccefleur, je ne fais par quel motif,
un d- des p■ us mcchans hbmm.s du monde; mai«
le regarJant comme- un magiftrat- qui feint d ê re-
en place rnalgréTui-même , il ne commanda point,
'1 pria-la nàfiôtV, il poftülà:, qu’au moins oh lui
dbnivât pour collègue , fuppofé qû-il- le-méritât, un
I fils- capable de foükger' f i vidlleflè , un* fils qui
fàifoic■ tou té la1 confolatioh. Travaii'ant toujou'rsàr
j faire' rèfpèdéf lès loix dont il étoit le- maître , il
j voulût que l ’ékdion de Tibère fût l’ouvrage dit
| peuple SC du fénat, comme la fienhe , difoit-il-,
| l’avoir été.- Tibère lui fut donc aflocié l’an- de Rome
• 76& 8c de-J. G. là douzième*
Il donna plufieurs loix bonnes, mauyaifes, dures,
j ■ hjufibs. Il oppo'a lés' loix civiles au:x‘ cérémonies
impures' de la religion. Il fût le premier q u i, par
j des rarfons particulières, aiitorifa les fîVléiconh'mi,s.
;Ih at-acha aux- libelles la peine dü crime dé lèfè-
jmajefté. Il établit que les efelaves dé ceux qui àü-
i rôiént ço-fpifé , feroient,vendus1 an public , afin-
qu?ils pûïïènt dépofèr contre leurs maîtres. Vous
’ vôyez par-là , les foins attentifs qu’il prend pour
lui-menie.
Il fut remettre l ’abondance dans la capitale, & tâ-
* cha de gagner la populace par des jeux, des fpec-
tacles & des largenes , fouvent médiocres, mais
bien ménagées. Apprenant que certaines loix qü’il
avoic donné efiùrouchoient le peuple , il ne les
cafia- pas, màfs pour en détourner les réflèxbns,
il rappel la Pylade, que les faétionS avoient claffé.
H fit pafîlr fans fuccés Ælius Gallus d’Fgypte
en Arabie pour s’emparer du pays ; mais lès marches,
le- climat, la faim , là foif, lès maladies-,
perdirent l’armée; on négocia avec; les arabes,
comme' les autres peuples avoient fait; & Je temple
de Janus fut fermé de nouveau.
Mécénas fon favor i , content d’une vie défi-
xi êtifë . & défîraht faire goûter le gouvernement
d’Augufte , s’attacha tous ceux qui pou voient fervir
à fa gloire; poètes, oratèurs , hiftoriens ; il les
combTôît de carefies & de bienfaits , 8t les pro-^
du'Ifoit à fon maître ; on exaltoit chez lui , lés
louanges du prince?; Horace & Virgile les répan-
doient'par les charmés de la pôéfie.
D ’un autre côté , ôugufte dilpofatit de tous
les revenus de l ’état -, bâtit des temples dans
Rome , & l’embellit de beautés fi magnifiques,
cju-iL méri’bit par - là d’en être l ’édile. Màis
c’cft le maître du monde que je dois ici caraco
tarifer.
cça'gnoit J^ur révolte,.& les ménageoif. |
Lorfiju’il étoit en pa’X, il crajgnoit.les conjurat.ons, j
8c toutes les enireprifis lui parurent fufpede^. |
Ayant toujours devant Jcs.yeux le delhn de Cefar, j
il s’éloigna de fit .conduite pour éviter fon fort ,
il rtfufa le nom de diélateur, ne parla que de la
dignité du fénat, & de fon.refpcét pour la république;
mais en même tems il pprtoit une cu falle
fous fa robe , & ne permettoie à aucun féqateur *
de s’approcher de lui quefeul> & apres avo.r été |
fouillé.
Incapable de foutenir de lang-froi,d la vue .du
-moindre,péril, îl ne montra,du courage que dans les
confei st8c par-tout où il ne falloit point payer, de fà J
perfonne.
Toutes les vidoîres qui l’élevèrent à l’empire du 1
monde, furent l ’ouvrage d’autrui. Celle de Philipp^s j
cft due au feul Antoine. Celle d ’Aétium, aülh-
bic'n que la défaite*.de Sextus Pompée, font l’ouvrage
d’Agrippa. Augufte fe lpry:t de cet officier,
par.;e qu’il étoit incapable de lui donner de l-’om-j
brage, & de Ce faire chef de parti.
Pendant un combat naval, il n’o(a jamais voir
les flottes, en bataille. Couché.dans fon va;ffca.u , j
& les yeux tournés vers le iit.1, comme un homme 1
éperdu, il ne monta fur le ti la c , qu’après qu’on 1
lui eut anuoncé .que les ennemis avofint pris la ,
fu'te.
Je crois , dit M. de Monrefquieu , qu’Augufte j
eft le feul de tous les capitaines romains qui ait ;
'gïgné l'affidlion des îoldats, en leur donnant fans ’
celle des marques d’une lâcheté naturelle. .Dans j
ce te ms-là, les (oldats faifeient plus.de. cas delà
libéralité de leur général , que de fin courage. ,
Peut-être même que çe fut un bonheur pour lu’,
de n’^voir poiiit eu cette va'eur qui peut donner j
l ’empire , & que cela même l'y porta t on le crai- i
gnît moins. Il n’eft pas impoftible que les chofes )
qui le déshonorèrent le plus, aient été celles qui
le fervirent le miçux. S il avoir d’abord montré une ;
grande ame, tout le mon le fe feroit méfié de ■
lu i ; & s’il eût-eû de la hardiefle, il n’auroît
pas donné à Antoinè , le tems de faire toutes les ;
extravagances qui le perdirent.
Les^gens lâches font ordina’rement cruels, c’étoît
aiï-fli Je caraél-ère d;Augufte. Sans parler dts horreurs
de la ptofeription où il.eut la plus grande
part, & dont même il prolongea le cours ,
je trouvé dans l’fiiftoire, qu'il exerça fêul cent
aéHons plus cruelles-,les unes que les autres , 8c
qui ne peuvent être exeufées par la néceflité des
tems, pu par l'exemple de fes collègues.
Après la * bataille de PhiU^pes, dans laquelle il
re pava pas de la perfisnne , il mit en ulage des
horreurs bien-étianges,-ea-vers de malheureux pri-
fonnicijs qui lui furont préfentés. L ’un deux qui
ne requerpit de lui que la fépulture, * en reçue
cette léppnfe çoiafolante : « que Jes oileaux le. rnec-
trxfint bientôt en état de n’eu avoir pas befoin ».
11 fit égorger un père & un fils ^ fur ce qu’ils
refufoienc dé combattre enfemble, & dans le tems
.quiis .lui demanioirnt la . grâce d’un de l'autre de
la manière du monde la plus touchante. Aüfli
quand on côtiduific les autres prîfonniers enchaînes
devant Antoine & lu t, ils faluèrent tous Antoine,
lui marquêrei t leur eftime, & l'appeilèrent empereur j
,an lieu qu’ils xhargèîe' t Augufte de reproches,
d injutes &. de railleries.amères.
Le faccagemert de Péri^ge prife fur fiucius An-
conius, fait frenjirThuman,të. Augufte abandonna
à fes foidats le pillage de cette v ille , quoiqu’elle
j eût çapitulé : les violences y furent ^grandes , q.ue
les hiftoriens les pl,us flatteurs ne pouvant les jé -
guiftr, en . ont iejetté la faute.fur la fureur .des
Toj-dacs viâorieux ; mais au moins ne font-ils pas
coupab'es de la moi t des trois cents qui'compo-
foient le finat de cette v ille , & qu’Augufte ^fit
égorger de lang foid. Comme ils lui eurent été
préfentés.enchaînés, ils lui d mandèrent leur grâce
pour être reftés dans le parti d’un homme auquel
ils avoient les plus grandes obligations , & qui
d’aill-urs avoit été long-tems fox ami & fon allié;
.il lèor répondit , ,vous mourrez tous : immédiatement
apres ce te ré-ponfe, au'ffi barbare que laconique,
ils furent exécutés.
tDn dit qu’ après le décès d’Antoine , i! fit tuer
fon fi!s Antyllus ,.qui s’étoit réfugié daus.k rnau-
folée que Cléopâtre avoit élevé à Dn père.
Dans les premières années de fon règne, Murena,
"Egnatius Rufus , M. Lcp'dus fils de fon ancien
coilègue , & tant d’autres , rfurent du nombre de
fes viftimes. Il fit exécuter Procillu? fon affianchi ,
qui avoit été très-avant dans fes fècrets, fous le
prétexte de fes liàifons avec des femmes de qualité.
Eîi.un m o t, on comptoit peu de jours qui
ne fulfent marqués.par 1 ordre de ce nronftre ,
de la moi tde quelque perfonne confi-Jérable. Gomme
les con'phat'.ons renaifloieut fans. ceffe, qu’on me
permette le terme , du fan.g 8c de la . cendre de
ceux qu'il immoloit , il < pouvoir b’en fe tenir
; à lui-même, ^e difeours.que Corneille mçt dans ta
bouche :
Rentre en»toirméme , Oâave. . . .
Quoi tu veux qu’on t’épargne,& n’as rien épargné !
Songe, .auxftèuves de lang où ton bras s’eft baigné !
De combien ont. rougi.les champs, de Macédoine ?
Combieiven a.verféla,défaite d’Antoine 1
; .Combien celle desSfixte? Screvois-tout d’un,fems
i Pérugoait-fien-,noyée ,* &tious fe& habitons.
Remets -dâ-ns< ton- efprit après tant, de carnages >
* De, tes-proferlpuions les fanglantes,images, •
B b- b a