
590 V O I
d’etat en 1694 > nüniflte & fécrétaire d’éràt de la
guerre en 1709 , enfin chancelier & garde des
fceaux en 1714 , mort fubitemsnt la nuit au Ier.
au zd. février 1717. Ce Fut Madame Voifin ,-Màde-
moifclle Truda'ne , qui fut l'artifan de toute fa
fortune , elle avoir plu à Madame de Maintenon.
M. deTorcy rapporte dans-fes mémoires que Voi-
fin Tefufa formellement la commîllion qui lui fut J
propofée & qui fut remplie à fon refus par le ;
préfident Rouillé , d'aller traiter fecretement en
Hollande pour la paix en 1709 avec des pouvoir-.
& toute la confiance de Louis XIV ; cette com-
miffion paroiHoit alors aflez défagréable pour qu’on
craignît d’en être honoré. Voifin , fi l’on en croit
Torcy j répondit avec humeur qu'il étoit bien las
de s’entendre nommer dans le publie à toutes les
places & de- ne parvenir à aucune ; il parvint
bientôt aux plus grandes , quoique ce refus ’ne
dytt pas naturellement l'y conduire. M. le duc de
Saint-Simon rapporte que , quand M. Voifin fut
fait miniftre de la guerre , à fon premier travail
avec le roi il parut s’excufer de toute la peine qu’il
donnoit à fa Majefté, en lui rapportant pour cette
première fois feulement toutes les affaires de ce
département encore nouveau pour lui & prenant
fes ordres fur tout , Sc qu’il infirma que dans la
fuite il épargneroit au roi une grande partie de ce
travail, en prenant fur lui la décifîon de beaucoup
de chofes. Le roi, furpris de ce propos, lui dit :
« je ne vous prends que pour faire tous les jours
» ce que vous vous exeufez d’avoir fait aujourd’hui ;
>3 ayez grand foin de prendre toujours mes ordres
33 fur toute ehofe , « car il croyoit véritablement
ordonner de tout & il ne favoic pas qu'il ne faifoit
prefque jamais que confirmer les ordres de lès
jainiftres»
S ic ité r â t voçes & ver-ba cadentia to ll ii
U tp u e rum J avo credas d icta ta magifiro
R ed d e re , v e l p a r te s mimum tracharz fécondas.
L'imprudence de Voifin penfa lui révéler ce fecret
des roinifires.
VOITURE, ( Vincent ) ( H iß . l i t t . mod. ) eut
de fon tems l’empire de la littérature , & fa réputation
lui a furvécu près d’un fiècle. Boileau ,
qui a flétri la gloire de l'hôtel de Rambouillet,
dont Voiture étoit l’oracle, a refpeâé celle de V o i-
■ tu re . Il fait dire à un campagnard ridicule qui
trouve Corneille joli quelquefois ;
Mais je ne trouve rien de beau dans ce Voiture.
Il met de lui-même V o itu re fur la même ligne
qu’Horace :
Et qu’à moins d’être au rang d’Horace ou de Voiture >
Qn rampe dans la fange avec Vabbé dp Pure.
v o 1
R ouffèau eft plein auffi d’éloges de V o i tu r e , 8c il
met cet auteur fur la même ligne que la Fontaine:
Apprends de moi, fourcilleux écolier,
Que ce qu’on pâlie, ericore qu’avec peine,
Dans un Voiture ou dans un la Fontaine,
Ne peut palier, malgré tes beaux difeours.
Dans les effais d’un rimeur de deux jours.
L'afféterie de Vo itu re pafîoït de fon tems pour
de la délieatefle & elle n’en eft pas toujours dépourvue
, on le regard oit- comme le meilleur mo-
■ dèle du ftyle épiftolaire > avant que Madame de
Sévigné eût montré combien un naturel heureux,
un abandon aimable- eft préférable à la recherche
& à l’affeétation de Vo itu re , à qui chacune de fê-s
lettres coûtoic quinze jours de travail. Il en étoit
de même de Balzac, & c’eft ce qui fait qu’on ne
les lit plus guères. Voiture étoit auffi de fon tems,
avec Benférade, un des meilleurs modèles de ce
ton leger, galant , aimable, aifé , noblement familier
, plaifant avec mefure & avec refpedt, flatteur
fans baffeffe, qui plaît aux grands & qui met
leur vanité à fon aife, en paroiffant fe mettre à
l’aife avec elle. On n’avoit point encore Voltaire.
C’eft lui qui a détruit la réputation de V o itu re ,
il l’a détruite de deux manières : i°. en l’attaquant
par une critique directe & motivée dans le
temple du goût. z°. En fourniffant enfin un modèle
vraiment parfait de ce genre, que V o itu re avoit
cherché 8c qu'il n’avoit pas trouvé. Mais c’étoit
déjà quelque chofc que de le chercher, il ne faut
pas croire que Voiture ne fut qu’ufurpatenr de (k
renommée , il lui en étoit dû beaucoup , au moins
par comparaifon ; il avoit de la grâce, &, comme
nous l’avons dit, de la délicateflè, il y en a cei>
tainement dans ce portrait :
Enfin elle avoit une grâce,
Un je ne fais quoi qui furpafle
De l’amour les plus doux appas ;
' Un ris qui ne le peut décrire ,
Un air^que les autres n’ont pas,
Que l’on fent & qu’on ne peut dire,
Cps tournures ont été fouvent employées depuis jr
mais elles font originales dans V o itu re .
Cet auteur étoit fils d’un marchand de vin, &
comme il fe piquoit de vivre en bonne compagnie
& d'y vivre avec agrément, il avoit la foibfcfie
d'e rougir de fa nalliance , ce qui faifoit qu’on la
lui rappelloit fouvent. Madame Defloges lui dit
un jour en jouant aux proverbes : celui-ci ne v a u t
i rien 3 percez-nous en d ’un a u tre . Il ne buvoit que
de l’eau, ce qui étoit peut-être encore chez luij
\
tfiv air de bonne compagnie j on fit une thanlbn où
on lui difoit : 1
Tu 11e vaudras jamais ton père,
Tune vends du vin ni n’en bois.
Defpréaux ciroit l’exemple de Balzâc & de V o itu
re pour prouver qu’il ne faut pas toujours juger
du carédère des auteurs par leurs écrits : « La
fociété de Balzac , difôit-il , loin d’être épine
ufe & guindée comme fes lettres, étoit remplie-
de douceur & d agrémens. V o itu re au contraire , >
dont les lettres annoncent une fociété fi aimable ,
faifoit le p e ti t fo u v e ra in avec fes égaux, & ne fe
contraignoit qu’avec les grands. Il aimoit à parler
des Alccfles qu'il fréquentoit, il fe vantoit d’avoir
promené fes amours & fes galanteries depuis le
feeptre j u f q u a la houlette. 33
M.odo Reges atque tetfarchas '
Omnia magna loquens.
S’il lui arrivoit quelquefois de blefler quelqu’un
par ûn-trait piquant & de s’attirer par-là quelques
affaires, il s’en tiroit par un trait d’efprit. Un
homme de la cour mécontent de quelque mot qui I
lui étoit échappé , voulut lui faire meure l’épée j
à la main :;><■Monfîeur, lui dit V o itu re , la partie
» n’eft pas égaie, vous êtes grand , je fuis petit ;
» vous êtes brave, je fuis poltron j vous voulez
33 me tuer., eh bien ! je me tiens pour mort. Il
» fit rire fon adveifaire & il l’appaila. »
On cite de lui quelques traits fort nobles ; Balzac
lui -envoya demander , avec la confiance de
l’amitié , quatre cent écus à emprunter ; le porteur
de la demande l’étoit auffi d’un billet de
Balzac portant reccnnoifiar.ee d’avoir reçu cette
fomme & promefïe de la rendre. Voiture fournit
la fomme & remet le billet, après avoir écrit au
bas : ce Je reconnois devoir. à M. Balzac la
33 fomme de huit cents écus pour le plaifir qu’il
»'m’a fait de m’en emprunter quatre cents. 33
Vo itu re % toit attaché à Gafton d’Orléans, frère
de Louis XIII , en qualité .d'introdufîeur des am-
baffadeurs & de maître des cérémonies. U fut envoyé
en Efpagne pour differentes affaires 5 il fit
à la cour de Madrid des vers efpagnols qui furent
attribués à Lopès de Véga. Il paflà d'Efpagne en
.. Afrique par la feule curioiîtc de connoître les moeurs
de cette partie du monde. Il alla auffi à Rome où
il fut fort accueilli ; car il excelloit auffi dans la
pcefie italienne. A fon retour de fes voyages, il
lut fait maître d’hôtel du roi & obtint beaucoup de
pendons. Il éroit né à Amiens en 1 598. Il fut admis
dans l'académie françoife au tems dé fon inf-
liiution. Son goût pour le jeu l’empêcha de s’en-
r chir , fon goût pour les femmes l’empêcha de
vieillir. Il mourut à cinquante ans eu’ 1648, 11
appartient à peine, ou plutôt, il n’appartient point
au beau regne littéraire de Louis XIV, ma'is il %
rempli avec éclat le regne de Louis XIII.
VOLATERRAN , (Raphael Maffée , dit) en
latin V olaterramus ( H i f i . l i t t . m o d . ) ou de
Volterre , étoit ainfi nommé de la ville de Vole erre
enTofcane, où il étoit né en 1450 , & où il mourat
vers l’an 152.1. On diftingue parmi fes ouvrages
fes commentaria u rb an a . On lui doit diverfes
traduflions latines d’ouvrages 'grecs, tels que i’oeeo-
nomique de Xénophon , l’iuffüire de la guerre des
Perfes & celle des Vandales par Procope de Céfa-
rée , quelques -oraifons de faint Bafile , &c.
VOLCKAMER , ( H i f i . l i t t . mod. ) c’eft le nom
de deux fayans phyficiens ou botaniftes de Nurem-
berg.
L’un, Jean George, de l’académie des curieux
de la nature , mort en 165)3 , eft auteur de deux
ouvrages , l’un intitulé : Opobalfamï e x am e n ,
l’autre F lo ra Noribergenfis.
L’autre , Jean Chriftophe , l’eft d'un ouvrage
intitulé dans la traduélion latine : Nuremburgenfes
hefperides ; cet ouvrage avoit été publié en allemand
en 1708. La traduâion parut en 1713 en
deux volumes in -fo lio avec figures. L’auteur eft
mort en 1720.
VOLDER, (Burchel de ) .( H iß . l i t t , m od. ) n é
à Amfterdam le 1 6 juillet 1643 , mort en 1 7 0 p ,
eft le premier qui ait introduit la philofophie de
Defcavtes dans l’univerfité de Leyde , où il en-
feignoit les mathématiques. On a de lui des harangues
& des diffèrtatious.
VOLKELIUS , (Jean) (H i f i . l i t t . .m o d .) minif-
tre Iocin;en , né à Grimma dans la Mifiiie, ami ,
difciple & apôtre de So ein. Son traité de v e r à
religione renferme le fyftême complet de la doctrine
fociiiienne. Cet ouvrage a obtenu les honneurs
du bûcher, même,à Amfterdam. L’auteur eft mort
vers 1630.
VOÎ-SEY, (Thomas) (H i f i . d ‘A n g l e t.) Sous
le regne de Henri VIII en Angleterre , la guerre
& la paix dépendoient d’un miuifire avide & ambitieux,
toujours prêt à vendre l'une & l’autre à
celui qui lui offriroit le plus d’argent & d'honneurs,
c’étoit l’orgueilleux V oifey. 21 gouvernoit dcfpo-
tiquemenc l'Angleterre ; il d;foit : le ro i & moi
nous vo u lo n s. Cet homme , Jfiquel beaucoup d’iul-
toriens 11e donnent que des vices & rerufem toute
efpècc de mérite (ce qui eft finement exagéré),
étoit fils d’un boucher d’ipsvrdck , dans le duché
de Suffolck ; il avoit été profeffeur de grammaire
dans l’univerfîté d'Oxford : devenu fucceffivement
chapelain , puis aumônier du roi , archevêque
d’Yorck, grand-chancelier*dn royaume , ccrdinc.! ,