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Ses taîens pour l’éloquence lui ont mérité le titre de
fophift? , qui, dans l’antiquité, ne fe prenoit point en
mauvaife part. Elle étoit dans les intérêts de Xerxès,
& fit ufege de fon efprit & de les charmes pour
attirer au parti de ce prince plufieurs villes Grecques.
Elle époufa le fouverain de la Theffalte, & vécut
trente ans fur le trône : elle vivoit quatre fiècles &
demi avant J. C.
THAUMAS DE LA THAUMASS1ÈRE , ( Gafjhird
) ( Hiß. litt. mod. ) avocat au parlement de
Paris, né à Bourges ; favant jurifconfulte , favant
hrftorien ; confulté comme un oracle fur tout ce qui
concerne le Berri. On a de lui une hißoire du Berri ;
dts notes fur la coutume de Berri & fur celle du
Beauvoifis ; un traité du franç-aleu du Berri. Mort en
1712,
t THÉANO. {Hiß. anc. ) Cette pcêtreffe d’Athènes
s efl acquis un nom immortel, par le courage qu elle
eut de s oppofer au decret qui, condamnant Alcibiade
a mort par contumace, & confifquant les biens,
enjoignoit à tous les prêtres & à toutes les prêtreffes de
le maudire. Elle répondit qu*elle étoit prêtrejfe pour bénir
, & non pas pour maudire. M. de Voltaire , qui fait
toujours fi bien employer tout ce qui eft bon, a fait
ufege de ce mot dans fa tragédie à'OEdipe ;
Un pretre , quel qu’il foit, quelque Dieu qui l’infpire,
Doit prier pour les rois, & non pas les maudire.
THÉER , f. m. ( terme de relation ) c’efl aifcfî qu’on
nomme aux Indes certains hommes de la plus baffe
efpece, qui ne fervent qu’à écurer les cloaques, les
privés j ou à écorcher les bêtes mprtes. Ils ne demeurent
point dans les villes, mais dans les extrémités
des fauxbourgs, parce que les Indiens les ont en abomination.
( D . J. )
THÉGAN, ( Hiß. de Fr. ) corévêque de Trèyes,
titre qui exiile encore dans quelques égîifes d’AlIe-
magne & des Pays-Bas, a écrit la vie de Louis-le-
Débonnaire, du temps duquel il vivoit. Les reproches
qu’il adreffe, dans fon hiftoire, à cet ingrat & perfide
Ebon , archevêque de Rheims, oppreffeur de Louis-
le-Débonnaire, fon bienfaiteur, ne font pas fans éloquence
, -& prouvent d’ailleurs que les vrais principes
fur la foumiffion due aux puiflances , n’étoient pas,
même alors, entièrement inconnus au clergé,
THÉIAS, ( Hiß. ) roi des Oftrogoths, élu
à la fin de l’an 532, tué en 553 dans un combat
contre Narsès, près du mont Véfuve.
THÉMINES, ( Pons de Laufières , marquis de)
{Hiß. de Fr.) chevalier des ordres du roi, maréchal
de Fi ance, d’une noble & ancienne famille, le diftin-
gua fous Henri III & ' fous Henri IV par fon fidèle
attachement à fes rois, & par fès exploits guerriers.
Il le fignala fur-tout au combat de ViUemur ; mais ce
ne fut qu’après avoir arrêté, dans le louvre, le prince
de Condé en 1616 ; & ce ne fut, dit-on, que pour
l’avoir arrêté, qu’il fut fait maréchal de France, 11 fe
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diftlngua encore dans la guerre contre les. proteftans
fous Louis XIII. Il leur prie plufieurs places ; if échoua
devant quelques-unes. Il eft difficile de dire quel étoiit
fon mérite comme général; les occafions de Te faire
connoître à ce titre lui ont manqué, mais ç’étoit un
brave &. intrépide foldat. Il mourut en 1727, âgé de
foixante-quatorze ans.
THÊMISEUL, ( Voye^ Saint-Hyacinthe. )
THEM1SON , ( Hijl. anc,') médecin de l’antiquité,
né à Laodicée; exerçant fon art à Rome Leu
de temps avant la naiffance de J. C. n’eft guères connu
que par ce vers de Juvénal, qui n’en donne pas une
idée avantageute :
Quot Themilon cegros autumno occident uno\
& que Boileau & Rouffeau ont ainfi rendu :
En un mot, qui voudroit épuifer ces matières’
Peignant de tant d’efprits les diverfes manières ;
11 compteroit plutôt combien dans un printemps
Guçnaud &L l’antimoine ont fait mourir de gens.
Boileau.
Bref, qui voudroit nombrer lès privilèges,’
Auroit plutôt calculé tous lès morts
Que dans Paris Finot & fes conforts,
Dont, par refpeél, je tais ici l’éloge
Gn inféré dans leur martyrologe.
Rouffçau,'1
THEMISTIUS, ( Hijl. litt. ) eft au nombre des
fophiftes ou déclama.eurs du quatrième fiècle ; mais il
eft très-fopérieur à ceux qu’on défigne par ce titré
dans le temps dont il s’agit : il Date moins les princes
de fon temps , & leur donne plus de leçons utiles. Il
étoit payen, & n’en étoit pas moins l’ami de faint
Grégoire de Nazianxe ; il paroft qu’il* étoit fort tolérant.
Il y a de lui un dilcouis à l’empereur Valens, où
il l’exhortç à faire ceffer fa perfçcution Arienne contre
les Catholiques ; & , chofe étonnante de la part d’un
perfécuteur, l’empereur fe rendit à fes remontrances.
Il refte de Themijlius trente-trois difeours, dont le
P. Pétau & le P. Hardouin ont donné des éditions:
cette dernière a été faite au louvre, & ell.e eft eo
grec & en latin. On a aulîi de lui des notes fur
Ariftote ; celles qu’il avoit faites fur Platon font per-*
dues. Il avoit fait encore un tiaité de l’irpmortalité de
l’ame, dont Stobée cite un paffage. Themijlius étoit
originaire de Paphlagonie, L’empereur Conftançe l’a-;
voit fait fénateur ; Théodofe le fit , en 384, préfet de
Conftantinople. Le temps de fa mort eft ignoré.
T H E M I S T O C L E , ( Voyeç les articles M i l t i a .d e
& A ristide.) général Athénien, rival d’Àriftide;
égal au moins en talens, mais inférieur en vertus à
cet homme jufte, étoit à la bataille de Marathon ; &
les lauriers de Miltiade tourmentoient déjà, d’une
utile 'émulation, cette ante ardente & avide de gloire^
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.'îpe fut lui qui tourna, le premier, toutes les forcés
d’Athènes du côté de la mer. Dans l’irrupion que
Xercès fit en Grèce, Thémijlocle n’avoit pas befoin ,
fans doute , de motifs particuliers pour -défirer le
commandement.; il en eut un '.cependant, & ce motif
-étoit digne d’un bon .citoyen. Il voyoit la république
prête là nommer pour .général un certain Epicyde ,
. nomme à qui, par. une erreur affez commune dans
les démocraties, on croyoit du talent, parce qu’il
avoit quelque facilité à parler-; mais qui , dans .la vérité,
étoit non-feulement fans talent, du moins pour
la guerre , mais encore dangereux par là vénale avidité.
T/iemljlocle tira parti de ce vice de fon compé-
. titeur; il fut l’écarter .à force de préfens., & fe faire
. élire en fa place.
Il avoit fait exiler Ariftide par l’o'ftracifme ; mais
Tentant que ce grand homme feroit aulîi utile à la
Grèce, qu’Epycide auroit pu lui être funefte ., il le
fit rappeller de fon exil.
Son grand objet fut toujours de procureraux .Athéniens
le commandement général de la Grèce , qui étoit
..alors entre les mains de Lacédémone ; mais il marcha
■ toujours vers ce but avec une prudente modération.
Lôrfqu’il eut engagé les Athéniens à employer leurs
fonds à la conftru&ion. de cent galères, comme cet
. armement formort à lui féal Les deux tiers de la flotte
Grecque., Athènes prétendit quec’étoit à elle à nommer
le généralilfime , & cet honneur deyoit naturellement
regarder Thémijlocle ; mais les fuffrages des
.alliés s’étant réunis en faveur du Lacédémonien Eury-
biade, & ces alliés menaçant de le féparer, ;fi leur
choix n’étoi-t pas .fuivi, Thémijlocle, qui fentit toutes
.les conféquences d’une pareille féparation devant un
ennemi formidable* donna le confeil & l’exemple
d’ohéir à Eurybiade. Cette fupériorité,, q,iiül étoit fi
. jaloux de procurer à fa pairie fur les diverfes républiques
de la Grèce, il vouloit fur-tout la conquérir
dans les combats par. les fer vices, & les fuccès. Il
battit les Perles à Artemife, à Salamine. Ce fut avant
cette dernière bataille que Thémijlocle donna ce grand
exemple de modération qu’on a tant cité , pour prouver
que les Grecs ne conaoiffoient pas notre point :
d’honneur Européen moderne , mais qui eft fur-tout :
recommandable par le généreux mépris des injures
particulières , & par le làcrifice de toutes les confidé-
rations perfonnelles fait à la patrie & au bien public,
C ’eft le fameux : frappe, .mais écoute , de Thémijlocle à
Eurybiade, qui, dans la chaleur de la contradiéîion,
avoit levé fur lui la canne. On juge bien qu’après un
pareil mot, ce fut l’avis de Thémijlocle qui l’emporta. 11 s’agiffoit d’attirer les Pertes au combat dans le détroit
de Salamine, où l’avantage du nombre feroit 1
perdu pour eux ; ce qui arriva en effet. Ariftide
partage avec Thémijlocle la gloire de cette illuftre !
victoire; mais tous les capitaines Grecs rendirent à !
Thémijlocle un témoignage plus glorieux qu’ils ne y ou- :
loient. C’étoit une coutume, d’une bonne politique,
dans la Grèce , qu’après un combat les capitaines
adjugeoient le prix de la valeur à çeijx qui s’y étoierçt
H'ijloire, Tome
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le plus dlftlngués. Chacun écrivott fur un billet le nom
de celui qu’il vouloit couronner : c’étoît le contraire de
i’ciftracjfme; on écrivoit auffi fur ce billet le nom de
celui qui avoit mérité le .fécond prix;, ou Xdcçejjh. Il
arriva que chacun fe donna le premier rang ; mats
que tous donnèrent le fécond à 'Thémijlocle, qui, parla
, eut le premier fans contraàiélion.
Avant -.cette bataille., les Athéniens , par le confeil
-de Thémijlocle , avoient abandonné leur capitale, leur
. patrie, la terre-ferme , pour cherher leur là!ut for la
mer. Cette réfolution , qui parut à plufieurs un acie de
défefopir , fut., dit-on, preferite par l’oracle de Delphes
, qui répondit qu’Àthènes ne pou voit trouver fon
falut que dans des murs de bois; car dans l’hiftoirft
ancienne, fur-tout dans l’hiftoire Grecque, tout fe
mit en vertu d’oracles:
Qtiidquid Gracia mendax
Audet in hijlonâ.
S’il,y eut un pareil oracle, Thémijlocle pouvoit bien
l’avoir fait rendre, & il fe rendit maître de l’interprétation.
Les murs de bois furent des vaiffeaux ; parce
que Thémijlocle vciulàit des vaiffeaux, & ramenok
tout à la marine.
Les Ioniens qui fervoient dans Parmée du roi .de
Perte., & que Thémijlocle, foit pour les attirer à lui*
foit du moins pour les rendre fufpeéls aux Perfes 9
avoit avertis, par des caractères gravés fur des pierre*
le long des côtes de PEubée, ae fe fouvenir qu’ils
tiroient leur origine de la Grèce, furent en effet 9
félon fes voeux & fes efpérances, les premiers de
l’armée Perfane qui prirent là fuite.
Thénûjlocle-, qui aimoit à joindre l’artifice à la
valeur, & dont la devife auroit pu être 6* dolus &
virtus, après avoir, par de feux avis & des machinations
fecrettes , attiré les Perfes dans le piège qu’il leu*
tendoit à Salamine, employa les mêmes moyens après la
bataille pour délivrer entièrement la Grèce, & de la
préfence de Xercès, & de la plus grande partie de fon
innombrable armée ; il lui fit parvenir des avis fecrets
de la réfolution que les Grecs, difoit-il, avoient prite de
rompre le fameux pont que Xercès avoit fait conftru re
à fi grands frais fur l’HsllefjDont pour le tranfport de fes
troupes. A cette nouvelle Xercès, faifi d’effroi, s’enfuit
de nuit précipitamment ; fon armée de terre le. fuit
à grandes jçurnées ; fe. flotte fe retire vers la côte de
l’Afie : des forces qui, malgré fe défaite, foffifoient
encore pour .inonder & conquérir toute la Grèce, fi
elles avoient eu un chef , n’ofent plus confier leur feint
qu’à la fuite. Xercès arrive à fon pont, qu’il trouve en
effet renverfé, non par les Grecs, qui n’auroient pu
parvenir juiques-là, & qui n’avoientpas même fongé
à le tenter » mais par une tempête que la mer, malgré
le châtiment ridicule qu’il lui avoit précédemment
impofé pour une pareille faute/, avoit encore ole
exciter. Cette fois il ne s’arrêta pas à la châtier ; il fut
trop heureux de la paffer, prefque feul, à petit bruit,
dans une chéri vp barque de pêcheur ; lui , ce grand