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lettres dans les conciles du P. Labbe. t)oih. ftuî-
nart a écrit fa vie 'en latin. On là trouve parmi
les oeuvres pofthumes de dom. Mabillon.
3 e; Urbain III , ( Hubert- 'C rivieil! Y n’a' de mémorable'
que la ‘crrconHance dè fa mort , arrivée
à Ferrare , le ïj? o<3oBréTi8V ; & qülfbt kdcê^érééy
dit-on, par la nouvelle/Te îa.prife dè? Jéfufàlem par
Saladin.
4e* U r b a in IV , ..( Jaçqjics Panilàléoiï; dit. de
Court-Palais, ) fils d;’mv favetiec :do. Tr-oyçfc. en
.Champagne -, élu pape- le -i^ aout^ j 2^ L , publia
une, croilade contre Mainfroi ., lUfurpaHeur. de- la
Sicile en 1 2 £3 , & inftituà la fête du plaint, fa-,
crément qu’il célébra'' la première* fdis’le' jéudi
d’après Pôaave de la pèfiîecôre j'ip4. Il fitcom-
pofèr l'office de cette fête par faint Thomas dî’Aquin,
c’eft le même qu’on récite’encore'aujourd’hui-1 Urbain
IV mourut cette même année 1164. On a
de lui 6 1 lettres dans le tréfor des ane'cdotes'de !
dom Manèiie. f
£e.- Urbain- -V-, i( Gîtillaume de Gçimoàld ou ,
.Gri.moard , ).- fils-, quj baron du Roure . &, id’Erti;-
phelife de Sabran,.. él.u-en 1 % 6 i , transféra le faint
fiège d’Avignon où il étoit alors, depuis. 1304 à ,
Rome en 1367. Il le repoita en 1470 à Avignon , ,
foù il mourut iè 1 9 décembie. Il avoit fpridé à
Montpellier un ' collège pour douze étùdian's en
medécineL
- 6 e, U r b a in VI » aprèsi/pixlntf douze ans ou
du moins 6 9 ( l’article précédent , U r b a i n 1
V . ) de féjour dans Avignon, les papes étoient
retournés à Rome , pour s’y - fixer., Ce fut Grégoire
XI , qui , en 1377 , reporta le faint
liège dans cette capitale de la chrétienté ; les
François virent ce changement avec indifférence , '
les romains lé virent avec dés trânfpbrts de '
joie. La coùr pontificale raménoic. chez ces
derniers l'abondance, dont ils étoient privés depuis :
fi long téms. Mais la mort de Grégoire arrivée en
' 1375», excita leurs alla-mes, ils cràignoient fous un
pape nouveau une translation nouvelle ; le conclave
étoV rempli de cardinaux ' François , dont le' nom-
bré avoit été coiifîdérablement augmenté par le
long' féjout des papes ' en France, Le peuple in-
vefiit le conclave , & menaça d’y mettre lé feu ,
fi Ton nommoit un étranger pour pape. On n’en-
t en doi t que ce cri féditieux.’ Ro'maho lo volemo.
Nous voulons u n r om a in . On ne leur, donna,
pas un romain , mais jdu moins ce fut un Italien,
Barthélemi Prignano, archevêque de Bari. Quand
le fchifme' fut formé , 011 prétendit que les cardinaux
effrayés des menaces^ du - peuple , & cédant
a la violence , n’avoient fait qu ûr-é feinte ’ élecr- j
tion , qu’ils eroient convenus que 'dans un tems
& dans un lieu plus libres, ils procéderoient à une
éle&ion plus régulière.
Quoi qu il en foie, il paroît que Barthélemi fe
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crut légitimement élu , il prit le nom Urbain
VI ; il ignoroit le prétendu fiecret des cardinaux,
qui pendant trois mois parurent toujours le re-
conno|Ke. Peut-être fut-cç le caradère farouche
& cruel d’ Urbain qui lès fit fouvenir d’exectiter
leur projet. ffe pape outragea imprudemment èn
’plt-ln1 confîfioite fe cardinal de la ‘Grailge,-principal
miniffre de France & chef de la brigue françoife
dans le/acre college; celui-ci donna un démenti
«iu PaPe y & lui dilznt: adieu archevêque de Bari y
monta fur le champ à cheval & fortit de l ’état
<eccléfîaffique. Il fut fuîvi des autres cardinaux
'François ; las du joug déjà' iiifbpportâble d'Urbain ,
Jlsfç retirèrent dans Je royaume de Naples 3 où
ils^elurenc le cardinal de, Grnève , qui prit le nom
de. Clément VII ., & vint fiéger à Avignon-, Alors
toute l’Europe fe partagea en deux obédiences ,
.celle d’ Urbain V I refta la plus forte , & la fuc-
cellïon de Rome a prévalu.
c Mé-zerai -dit , qu’il y auroit de la témérité à
^traiter d’ahfi-papes'ceox de la fudeeffion d’Avigrion,
'il ÿ eh auroit davantage--à élëver des dôutes fut.
la légitimité d Urbain de-de fës fucceffeurs, puiP
que l ’églife les a reconnus ; mais la France, fié
dècla'ra d abord pouf " Clément. Les deux concur-
rëns joignirent - p'ôür foutenir leurs' -'droits 3 le*
armés temporelles aux armes fpirituellès. Ils in-
térefsèrent dans 'leür querelle’ prefqüe tou t'es' les
puïffanfces.: ZZr£rf//z' publia en Angleterre iinfe croilade
contre la France , digne 'emploi d-nn père
des fidèles , de les armer les uns contre les autres
pour (es intérêts- perfonhe's ! A la fête dé cëtte
croifade & de l’armée cro:fée , étoit pn piélat an-
gîoTS , Spenfer , évêque de Norwick , ( Voyez
l'article Spenser. ) '
Urbain étoit $ violent & fi cruel qiie dans fon
parti même on fe révoltôit.ou f’Wcôiirpiroit contre
lui.,, 1/ fit mettre fix. de fts .cardinaux à la question,
& les fit mourrir; comme, coupables de trahi-
fon , il ne.fit gçaee qu’à un cardinal évêque de
Londres en faveur du roi d’Angleterre qui étoit
urbaniffe. Infenfîblement la, crainte & la haine
détachèrent du parti d’ Urbain, jufqu’à fes meilleurs
amis : fa cour devint un. defert , il n’tn
fut que plus heureux & plus cruel. «Sa mort
arrivée en 1385); fut une fête ^pour la chrétienté,
.
Ce fut lui qui infficua la fête de la vifitation
de la Vierge.
Û 7 e. Urbain ,VII , ( Jean - Bgptifté Cafiagria )
fut élu après la mort, de Sixte-Quint, le 1 5 fip-
tembre 1^90. Ce pape l’avoit defigné ppur fon
fiiççeffeur par ce calernbburg qu’il tic un jour aux
cardinaux : les poires font pourries, il vous faut des
châtaignes , allufion aux poires qu'il portoit pour
armes , & aux châtaignes qui étoient celles de la
famille de Caftagna. Les châtaignes ne dévoient
pas durer beaucoup plus que les poires ; Urbain
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VII mourut douze jours après fon éle&ion , le-
4,7 du même mois : Dieu , dit-il en mourant,
fe hâte de rompre des liens qui m’auroient été
fuuelîes.
8e. Urbain V I I I , à cë que nous avons dit
de ce pape à l'article ..Ba r b e R in , il faut ajouter
ic i, qu’il fut élu le ë août .1723 , .après. .la' more
de Grégoire X V ; qu’il fe nommoit Maffeo Bar-
berino', qu’il rétinit«au fafnt - ■ fiê-ge) le duché
à'Urbin ; qii’il icnouvella & confirma la bulle
de Pie V contre B Vïus ; qu’on l’appélloit ''l'abeille
attique , parce qu’il pailo t pour fa voir & -aimer
le grec; le rapport • de ce mot abeille aux armes
de Barberin { Vpy% ranicle Barberin. .). contribue.
à réduire, à fa jufte. valeur ce titre d'abeille
attique , qûi fembieroit’ délîgnir un oiatêuf ' où.
un poe’te grec & qui ne déligne tout au plus1
qu’un amateur. Oa a dm moins du pape Urbain
VIII , des poéfies lacinës , imprmiée-: à - Pa is au*
louvrè , in-folio \ Muijfei B.arbcrini. po-ëmata. On a
aufli de lui des poéfî.-s Italiennes. 11 coirigea les.
hymnes de I’ëglife cjui ont eu befoin encore d’être
corrigées & refaite,s} depuis
URBANITE- romaine1, | Hift. rom. ) ce mot
défignoit la politeife de'langage', de l ’efprit &
des manières,, attachée fingulièrement à ;ia ville
de Rome.
. Il paroît d’abord étrange que le mot urbanité ait
eu tant de peine à s’établir dans notre langue; car
quoique d’ex celle ns écrivains s’en foient feivis,&que
le dictionnaire de l’Académie Frànçoife l ’atitorife ;
on ne peut pas dire qu’il foit fort en ufage , même
aujourd'hui. £n examinant quelle pourroit en être
la raifon, il eft vraifemblable que les français
qui examinent rarement les chofes à fond, n’ont
pas jugé, ce mot fore néceffaire ; ils ont cru que
leurs termespolitejfe & galanterie renfermoil nt tout
ce que l’on entend par urbanité ; en quoi ils fe font
fort trompés , le terme d'urbanité défignant non-
feulement beaucoup plus , mais quelquefois autre
chofe. 'D’ailleurs urbanitas chez les romains étoit
un mot propre qui fignifioit , comme nous l ’a-vons
d it, cette politejfe d'efprit, de langage & de manières
, attachée fpérialement à la ville de Rome';
& parmi nous , là politelfe n’eft le privilège d’au-
cunè ville en ' particulier, pasimêrne1 de la capitale,
mas : uniquement de la cour. Enfin l’idée
que le mot urbanité préfente à l ’efprit y n’étant
pas bien nette, c’efl une raifon ■ de fon peu
d’ufage.
Cicéron faifoit confifter /’urbanité romaine dans
la pureté du langage , jointe à la , douceur & à
l ’agrément', de la prononciation ; Domitiiis Mar us
donne à l ‘urbanité beaucoup plus d’étendue &
lui affigne pour objet non-lèulement les mots comme
fait Cicéron, mais encore les perfonnes & les chofes.
Quintiben & Horace en donnent l ’idée jufle ,
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lqrfqü’ ils ,Ia définifTeot un goût délicat pris dans
le,commerce des gens de lettres , & qui 11’a rien
dans, le gefte, dans la prononciation , dans les
fermes dé choquant, d’affedé , de bas & de provincial.
A in fi le mot urbanité qui d’abord n’ étoit
a;ffedé qu’au langage poli, a pâlie au caradère de
poli.tefiè qui fe fait remarquer dans l’efprit, dans
l ’air & dans toutes les manières., d’une perfonneÿ
&’ il a répondu à ce que les. grecs iappelloient
mores. . -
■ Honièfe , Pindare , Euripide & Sophocle1., ont
mis tant' fie 'grâces & dé moeurs dans leurs ouvrages,
que Ton peut dire que l'urbanité leur
étbit naturelle y on peut ' 'fur- tout don'her eêtt e
Toùange au poëte Anacréon. N >us ne la refufe-
' rons ,çe-tainern'nt pas à Ifocrat-*., encore moins à
Bémofthéne , âpres le'témbignage que Quintili-. n
lui rend , Dèmojihenem ürbhnurn fuijfe d ic ü n td i -
cacetn'i legdiit, rndis1 il faut avoue b qne cé 'te qualité
fé fait particulièrement remarquer dans Platon.
Jamais homme n'a fi bien manié l’ironie , ' qui
n’a rien d’aimable , jufques-là qu’au fentiment
de Cicéron, il s’eff imniortalifé* pour avoir tranf*
mis à la poftérité le caradère de Socrate , qui en
cachant la vertu la.plus confiante fous les apparences
dune viê commune , & un efpiit orné de
toutes'foïtes de connôilTances 'Rus les dehors dè
la plus grande fimplicité , a joué en effet,
un rôle fingulier & digne d’admiration.
Les auteurs-latins étant plus connus, il ne fe-
roit prefque pas befoin d’en parler : car qui ne
fait , par exemple, que Térençe .eft fi rempli
d'urbanité , que de . fon temps fes pièces étoient
attribuées à . Scipiqn & à Lcelius'^ Ics deux plus
honnêtes hommes & les plus polis qu’il y eût à
Rome f & qui ne J eut que la beauté des poéfies
de Virgile , la fineffe d’efprit &, d’expreflîon
d'Horace , la rendrelfe de Tibuile , la merveilleufe
éloquence de Cicérpn , la douce abondance de Tite-
Live , l'heureufe brièveté de Sallufie, l'éléganre
fimplicité de Phèdre , le prodigieux . favojr de
Pline le naturalifie , le grand fens de Qùintilien ;
la profonde politique de Tacite : qui ne fient',
; dis-je , que ccs qualités qui font répandues dans
ces différens auteurs , & qui font le caradère particulier
de chacun d’eux , font toutes aflaiflonnées
de l ’urbanité romaine l
.,1 1 en eft de cette urbanité comme de toutes
les autres qualités. ; pour être éminentes , elles
veulent du naturel & de l’acquit. Cette .'qualité
ptife dans le fens de politeffe & de moeurs ,
d’efprit & de. manières, ne peut, de même que
celle du langage, être infpirée que par une bonne
éducation, &; dans le loin qui y fuccède. Horace la
reçut cefte éducation ; il la cultiva par l’ étude
Sc par les voyages» ; Enhardi par d’heureux ta-
lens(, il fréquenta les grands & ; fut leur plaire.
D’un côté, admis à la familiarité de Pollion, de