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infolcnce un langage aurorifê par la eîigion, fit
une réponfè auffi .bel'e qu’elle pouvoit l’être: Je
fais , dit-il, que je parle a Ifabelle , qui nejl, comme
moi, que poujfîère & que cendre. La réforme eut
lieu , & Ximénèi n’en fut pas moins cardinal en
1507. Cet homme avoit de la grandeur dans le
caraélère ; il voulut étendre, jufques dans l ’Afrique
les conquêtes que 1 Efpagne fàifo’t fur les maho-
metans ; il entreprit, & entreprit à fes dépens , le
fiégè d’Or'an. D’abord on refufe de s’embarquer
fous un général moine 8c cardinal ; une partie de
l'armée le révolte pour quelque folle retardée,
X i nié nés court aux rebelles , & , par de fages ex-
hoitarions, v ut les Dire rentrer dans Je devoir;
une voix s’élève : De Vargent, point de harangue.
X i mènes démêle dans la foule le foidat qui a
parlé, le fait arrêter & pendre fur le-champ ; &
cette violence hardie, qui ne réuffiroic pas à tout
le monde, ni en tout tems , lui réuffit; la fédi-
tion cefle , il fort du port de Carthagène le 16
mai 150c? , avec une flotte de 80 vaitfeaux, dé-
barqueen Afrique; il marche en habits pontificaux;
des prêtres & des moines aimés forment fon cortège;
an cordeüer, l’épée au côté, porte devant
lui îa; croix àrchiépifcopalè; il forme le fiégè d’Oran.
Fendant une bataille qui fe liy.a fous les murs de
Ha place , comme un autre Moyfe, il laifle combattre
JoCué -s’enferme , avec fon cierge, dans
une chapelle, oit il r.fle proftemé pendant tout
le tems de l’a â on Cette conduite moins vigou-
jeufe lui réuffit encore ; la bataille eft gagnée ;
Or an eft forcé, tout y eft paffié au fil de Uépée.
Après cette expédition glorieufe & barbare, il
rentre tr’ompliant en Efpagne, Ferdinand le catholique
vint à fa rencontre jufqu’à quatre lieues de
Séville, & mit pied à terre pour l’embrafler; mais
pendant l’expédit on , il avoit écrit à Pierre de
Navarre , qui commandoit fous Ximénès , & qui
apparemment avoit la confiance de Ferdinand :
Empêcher le bonhomme de repajfer Jîtôt eri Efpcgnej
i l faut ufer autant ,qu on le pourra faperfonne & fon
argent. On voit par-là que Ferdinand le catholique,
comme depuis notre Louis X I I I , haïfïoit fon mi-
ïf-ftre y dont il ne-pouvoit d ailleurs fe pafler. Ferdinand
laiffa en mourant à Ximénès l’adrrifniftration
de PEfpagne. Ce Ximénès n et oit un boilhomme en
aucun tèns. Dans différentes tentatives que la mai-
fon d’Albret avoit faites pour rentrer dans la Na.
rrarre , dont Ferdinand l’avoit dépouillée, on avoit
Vu que les navarrois étoient toujours attachés à leurs
anciens maîtres, on voulut effrayer leur amour par
un châtiment terrible. Le cardinal Ximénès donna
ordre au générai Vilalva de rafer les châteaux, de
démanteler les places, de ruiner les bourgades.
Vilalva, qui avoitfollicité cet ordre barbare, prit
plaifîr à l’exécuter avec- barbarie ; plus de deux
mille bourgs & villages furent réduits en cendre ;
de Pampelune à Sarragoffe , tout le pays ne fut
plus qu’une vafte & effrayante folitude ; cependant
ks navarrois, plus irrités qu’épouvantés de ce ravage,
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écrivoient encore à Henri d’Albret : Sire, paroijfefy
feulement ; aujji- tôt vous verre^jujqu'aux pierres,
aux montagnes & aux arbres s'armer pour votre
feryiee.
Le cardinal Ximénès parcît avoir été p'cfquc
en tout le modèle du cardna! c’e Richelieu,; comme
ce dernier il avoit régne par 'a remue & la violence,
erreur funefte en politique; comme Richelieu
il avoit voulu abaitîer l’orgueil des grands; il fe
vantoit de les ranger à leur devoir avec fon cordon,
Sc d’écrafer toute leur fierté fous fes fandales.
À la mort de Ferdinand , on fe crut délivré
du joug de Ximénès, & on vit av-ec peine fon
empire prolongé par le tellamcnt de Ferdinand ;
mais celui-ci n’étoit roi qu’en Arragon, Sc ne gou-
vernoic la Caftlle, royaume d Ifabelle, fa femme,
que comme adminiflrateur du bien de. Charles-
QuiriÉ & d: Ferdinand, fes petits-fils. Les grands
de Caftiile f: foujevè ent contre Ximénès, 8c lui
demandèrent de quel droit il prétendoit gouverner?
Il allégua le teft tment de Ferd nand le catholique ;
on lui répondit qu’un fimple adminiûrateut ne poti-
voiç- pas difpofer ainft de l’aucorité ; il montra
des canons , ratio ultima regujn. Ehgéien J leur
dit i l , voila le titre en vertu duquel je gouverne
& je gouvernerai. Charles-Quint étoit encore dans
les Pays-Bas, les grandsHui firent une députation
pour fe plandre de Ximénès y celui-ci, fans daigner
fè juftifiec, lui en fîtu >e pour demander des pleins
pouvoirs, & il les obtint. Son autorité alors fut
à l’abri de toute contradift o«; il faut avouer d’ail-
j leurs qu’il gouverna bien ; que siil fut févère, il
; fut jufte, qu’il St régner l’économie , qu’il fit rendre
gorge aux financier , qu'il acquitta les dettes de
l’érat, exemple que Richelieu ne fuivit pas. Il
donna un au re exemple que Richelieu fuivit, celui
de protéger les lettres; il fondai'univerfité d’Alcala,
♦ 1 fit imprimçr dans çetre ville une bible polyglotte
qui a fervi de modèle aux autres ; il en fie lui-même
la dépenfe ; il acquit beaucoup de manuferits- de
differentes langues ; il donna auffi à Louis X IV
l’exemple de iâ fondation de Sainr-Cyr, par une
femblable qu’il fit à Tolède ; 1 donna de plus au
„cardinal Macarin l ’exemple de cette indifférence &
de cette indulgence que le miniftre italien eut
toujours pour les difeours desimécontens.. Il eut
encore un dernier trait de conformité avec Richelieu
, ce fut une mélancolie profonde qui s’allie
naturellement avec l ’ambition , & fur tout avec la
févérité. Mazarin étoit plus g a i, parce qu’il étoit
plus doux. On a rapporté des caufes phyfiques de
la mélancolie de Ximénès 3 8c on fait quelle eft
l’influenee réciproque du phyfique & du moral l ’ua .
fur l ’autre.
Ximénès mourut en 1 5 1 7 , à quatre-vingt-un
ans. Ce grand âge n’empêcha pas qu’on n'accusât
les auniftrçs flamands de l’avoir empoifonné» Q »
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défîgne même le mets , c’ écoit un pâté de truite.
Fléchi er & Marfolier ont écrit fa vie.
L e jurifconfulte f ( Sébaftien Ximénès ) mort
en 1600 , eft auteur d’un livre eftiraé, qui a pour
Vitre : Concordant;s. utriufquejuris.
XIPHARÈS. ( Voye-^ Mithridate. )
XODOXINS. {Hifi. moi. fuperfiit.) Ce font
des bonzes ou moines japonois de la feéte de Budsdo
ou de Siaka , qui fuivent littéralement les.préceptes
de Siaka , 8c qui ont en horreur la morale relâchée
des Xenxus; ils rendent-un culte' particulier au
dieu Amida. ( À , R. )
XUTHUS, ( Hiß. anc.) Hellen , fils de Deu-
calion , eut trois fils, Eolus, Dorus & Xuthus.
Ce dernier , contraint par fes frètes de quitter la
Theffalîe , fe retira dans l ’Attique, où il époufa la
fille d’Erechtée', roi des athéniens, fi tous ces faits
JBc tous ces perlonnages n’appartiennent pas plus à
la fable qu’à l hiftoire.
XYCHUS. ( Hiß. anc. ) C ’eft le nom de l’homme
qui découvrit au dernier Philippe, roi de Macédoine
,. l’innocence de Démétrîus , fon fils , qu’il
avoit faer f i é fi.r les .accufations & les plaintes de
Perfée, frère de Démétrius. Ce Xychus avoit été
fecrétaire d’ambafTade fous Apelle & Philocle ,
.ambriffadeu’S macédoniens , envoyés par Philippe
à Rome , pour favoir quels difeours Démetrius avoit
pu y tenir dans le tems qu’il y étoit en otage, rela
tivement à la fucceffion au trône, qu’on^ l ’accu-
foit de vouloir envahir à la mort de Philippe, au
préjudice de Perfée, fon frère aîné. Les deux am-
baffadeurs & le fecrétaire d’ambaffade étoienc vendus
à Perfée ; ils fabriquèrent une prétendue lettre de
Quintius Flaminius à Philippe , dans laquelle ce
romain demandoit grâce pour Démétrius 3 qu’il
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avouoit avoir tenu des difeours imprude ns fur l’objet
en queftion , mais il répondoit pour Démétrius qu'il
auroit une conduire plus mefurée & plus fâge à
l’avenir. Les fauflaires contrefirent le fceau de Quintius
, & ce fut fur cette fauffe lettre que Démétrius
fut condamné. Cependant Philippe regrettoit
trop tard ce fils immolé, & craigncït quelquefois
de l’avoir facrifié à d’injuftes foupçons. Un courtr-
fàn, qui recueilloit en fecret les foupirs paternels,
fit arrêter Xychus, & dit à Philippe, voulez-vous
favoir la vérité ? voulez-vous pénétrer dans Je fond
de cet affreux myftère ? L ’homme qui ferai peut
vous en inftruire eft ici. On interrogea Xychus ,
il parut vouloir nier , 011 le menaça de 1a queftion,
il avoua tout. Apelle ayant appris que Xychus avoit
tout avoué, s’enfuit en Tralie. Philocle, confronté
à Xychus , ne put, félon les un«, feutenir fa pré-
fence ; félon d’autres , il fouffrit la torture avec
confiance & fans rien avouer. Philippe voulut déshériter
Perfée, & lui fubftituer un Antigone, neveu
d’un autre Antigone, qui , en qualité de tuteur de
Philippe, avoit gouverné la Macédoine avec gloire;
mais à la mort de Philippe, Perfée s’empara de la
couronne. ( L ’an 17$ avant J. C .)
X Y L A N D E R , ( Guillaume ) ( Hifi. litt.mod. y
né à Ausbourg en 155.1, profeffeur en' grec à
Heidelberg# a traduit en latin Dion-Caftîus, Marc-
Aurele, & d’autres auteurs grecs ; mort à Heidelberg
en IJ7 6,
XYPHILIN ou XIPHILIN. ( Hifl. lit:, moi. )
Il y a eu deux hommes de ce nom , connus par
leur favoir; ils*étoient oncle & neveu. L’oncle
,( Jean) étoit de Trébîfonde ; fon favoir même 1#
fit élever au patriarchat de Conftantinople en ro
mars on n’a de lui qu’un fermon dans la bibliothèque
des pères. Il mourut en 1075. On a de fon neveu
un abrégé de l ’hiftoire de Dion-Caftîus, qui a été
traduit en franqois par le préfident Coufin,