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Je lui & Je Tes travaux. « Ge ne font ptefqiie
» jamais des morceaux détâchés les, üns des autres ;
» mais de grandes théories complexes fur les loix
» du mouvement , fur les forces centrales , fur
la réfiftance des milieux aü mouvement &c. »
En 170? , Tafliduité & la contention du travail
lui causèrent une grande maladie. Il fut fix
mois en danger & trois ans dans une langueur*,
fuite de l épuifement des efprits. Dans des accès'
Je fièvre il fie croyoit au milieu d’une forêt, où
il voyoit toutes les feuilles des arbres couvertes de
calculs algébriques. Condamné à fe priver de
tout travail, il ne lailfoit pas , dès qu’il étoit
feul dans fa chambre de prendre un livre de
mathématiques qu’il cachoit bien vite, s’il entendo t
venir quelqu’un.
Revenu de fa maladie, il ne profita point du
palfé , & recommença de fe livrer avec excès au
travail. Malgré un grand amour pour la paix, il
fe tiouva engagé dans quelques difputes géométriques,
& ce fut même par là qu’il termina fa
carrière. Après avoir fait fa clafle au collège
Mazarin, le 22 décembre 1722, il mousut fubi-
tement la nuit fui van te. Il r.e connoiffoit point la
' jaïoufîe, il poOedoît la vertu de la reçonnoiffance'
àu plus haut dégré ; il ne fe croyoit jamais quitte
envers un bienfaiteur; je n'ai jamais vu , dit M. de
Fontenelle, f erfcnre qui eût plus de ce qu’on
appelle confcience. Il légua les papiers à M. de
Fcntenelle , qui en a rendu bon compte.
Dans les dernières années de fa vie , les fréquentes
vifites des curieux, foit rationaux, foit
étrangers , les ouvrages qu’on foumettoit à fpn
examen , un commerce de lettres avec tous les
favans de »’univers , lui laifToient peu de têms pour
fes travaux particuliers ; c’eft air.fi , comme i ’ob-
ferve M. de Fontendle, qu’on devient célèbre
parce qu’on a été maître de difpofer d’un grand
loifîr , & qu'on perd ce loifir précieux , parce
qu’on eft devenu célèbre.
V A R I L L A S , ( Antoine ) ( h i f l . l i t t . mod. )
h i jio r z e n , dit M. le préfident Hcmruh , d o n t i l
■ ne f a u t p a s t o u jo u r s r e je t t e r l e tém o ig n a g e . Il à
laiton , & c’eft là le mot qu’il falloir dire’ fur
V a r i lla s y car il eft fi décrié pour l’infidélité, qu’on
poulfe peut être un peu trop loin la défiance a fen
égard. Il eft vrai qu’il l ’a méritée en fe permettant
de citer quelquefois des mémoires & des manuf-
crits qui n’exfttrient pas , & en facrifiant trop
fouvent la vérité au plaifir de furpren ’re ou d*arta-
cfier le ledcur. Il eft certain que V a r i l ta s n'eft
pas une autorité fuffifante pour les fairs d-ont il
eft le feul garant, for-tout quand ces faits tiennent
un p-u du merveilleux; il eft fur que la fauf-
fe;é de plufteurs de fos hiilo:res a été démontrée,
nommément celle Ce U mort tragique & rom.mefquê
de la comteife de Chateau-Briant ; mais les faits for
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lefquels on a d’autres autorités que la lîéfine, font
communément mieux .expofés, mieux liés, mieux
circonftantiés, mieux développés dans fon récit
que dans celui des autres hiftoriens, ils y font
plus d effet & fe gravent mieux dans la mémoire ,
mérite important ; il a même p a fie long-tems pour
un conteur très-agréable : aujourd’hui un hiftorien
qui n eciiroit pas mieux que lu i , ne feroit pas
mis au rang dés bons écrivains. Une choie a fiez
remarquable, c’eft que Bayle, critique diftmguc,
cire prefque par-tout V-îrilias comme une autorité,
fans montrer le. moindre doute fur la valeur de cette
autorité, & comme il cite M. de Thou. V arillas
a écrit lhiftoire de nos rois, depuis Louis XI ,
jufques & compris Henri I I I , & fhilloire des
révolutions arrivées en Europe, en matière de religion
On a encore de lui la pratique de l’éducation
des princes, ou lhiftoire de Guillaume de
Crouy , c’eft le tableau de l'éducation de Charles-
Qu n t , la politique de Ferdinand le catliolique ,
la politique de la maifon d’Auniche, les anecdotes
de Florence. V.arillas étoit né à Guérec,
dans la Marche , en 1624. Il fut hiftoriographe
du duc d’Orléans, Gafton. Il avoit une peir-
fîon. du cle.rgé qui jugeoic apparemment utile 3 fon
ouvrage fur les he'réfies. Il mourut en 1696, Un
de fes legs pieux a fervi- à fonder le( collège des
Barnabites à Guéret. On dit qu’il déshérita un de
fes neveux, parce qu’il ne favoit pas l’orthographe.
Ses ledures lui avoient fort affoibli la vue ; aufli
fermoit-il fes livres dès que le foleil baiffoit , &
alors il Te Hvroit au travail de la compofition ,
qui lui repoloic les yeux. 11 difoit que fur dix
ckofes quil favoit, i l en avoit appris neuf par
la converfatwn, bien différent de tant de péri on nés
qui, ne pouvant s’aftreindre à écouter , ne peuvent
rien apprendse que par les livres. On a remarqué
cependant que Varillas vivoiç afiez folitaire , il
fe vantoit d’avoir été trente-quatre ans fans manger
une feule fois hors de chez lui.
VARIUS , ( hifl. litt. mod. ) célèbre poète
romain, ami de Vigile & d’Horace.
forte epos acer
Ut nemo Varias dueit,
dit Horace , dans;ùn te ms où 1*Enéide n’avoit point
encore paru. C ’èft à Varius , rival d’Homère ,
q1 -’il renvoyé l’éloge d Agrippa qu’il cramdroit
d’affoiblir.
Scriberis vario fortis & hàfiium
Victor, Mceonïi carminïs alite.
Varius avoit fàit anft1 des tragédies, mais ni
épopée, ni tragédies, rien n’eft parvenu jufqu’à
nous, il ne nous refte que quilqües fragmens de
| Varius dans le corpus po'ètarum de Maitcaire.
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. C ’eft à Varius, api es Virgile, qu’Hotace recon-
Sioît avoir eu l’obligation d'être connu de Mécène:
Virgilius , pojl hune Varius , dixere quid ejfem,
I l appelle Virgile & Varius
animas quales neque candidiores
Roma tulit, neque quels me fit devinctïor aller.
O qui complexus Cf. gaudia quanta fuerunt l
ffil ego contulerim jucundo fatius amico..
La réparation d’avec Varias, afflige & Varius,
U les aucres voyageurs.
Flentibus hinc Varius difeedit mtefius amicis.
Sur la diftindon d"s Varus & des Variusy ( voye%
l'article A lfenus-V arus ).
V A R O L I , ( Confiance ) ( hift. des ar's > médecin
& Chirurgien habiie de Bologne , mort à trente-
deux ans , s’ell inmiortalife par la découverte des
nerfs optiques. Il vivoit veis le milieu du feizième
fiècle.
VA R R O N , ( hifi. rom. j C f lus Terentius Varro.
C ’eft ce conlui fi m.üheureufêmcnt célèbre par fa
préemption, & par la pe»te de la batadle de
Cannes, qui en fut lâ fuite. C ’écoit 1 idole des
plébéiens, qui le préféroient à tous, unquement
parce qu'il étoit de baffe nailfance, & qu’on étoit
alots au fort de la quere le des- patriciens & des
p’ ébeïens. Varron étoit fils d’un boucher, & avoit
lui -même exercé cette proFeffion, fous fon père;
fe trouvant dans la fuite un bien allez confidérable .
ou gagné dans cet état ou venu d'aillems , il
voulue s'élever , il eut l’ambirion des p’aces ; il
s’attacha an barreau & aux aflemblées du peuple ; il pla-a un grand nombre de caufts dans le chorrç
& ladéfenf.-defquefesil parutun peu fuivre d'avance
leconfe 1 qu'Horace donne, fous le nom deTirefias,
dans la fatire cinqu ème du fécond livre . c’eft-à djre,
]ç confoil d'y mertre peu de délicateflè.
Jdagna minorve foro fi res certabitur olim,
Vivet uter locuples fine natis , improbus ultro.
Qui meliorem audax vocet in jus, illius efio
Defenfor ; caufd eivem famdqut priorem
Spcrrie, domi fi natus erit fecundave conjux.
L ’objet de Varron n’écoit pas de capter des
hérédités & d e’ re mis dans des teftamens ; mais
il fuivoit par goût & par principe, cette partie du
confeil de Tiréfias :
ca u fd eivem fam d q u t p riorem
S p e r n e .
C ’étoit toujours des plus méprifables citoyens
gu’il embralioit la défenfe , cétoit toujours des
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premiers de la république qu’il attaquoit la fortune
& la réputation, & toujours pour profiter de l ’a-
nimo.fité du peuple contre les patriciens, Ce fut
par cette route qu’il voulut parvenir, & qu’il parvint
aux charges de la république, à U queftuie,
aux deux édiiités & à la préture. Rome eut a
lui reprocher un changement bien contraire a la
diftipime & aux bonnes moeurs militaires. Minucius
KufoiS .étoit à l'égard du fage & prudent Fabius ,
ce que Varron fut depuis à l’égard de Paul Emile >
c ’elt-à-dire un homme préfomptueux & fans ralens ,
voulant tout commettre au hafard & ne concevant
que du mépris polir la prudence lenteur de ceux
qui, fachantTa:t de la guerre & connoif.ant les
ru fus d Aunibal , croy oient devoir prend e , avec
cet habiie capitaine, des' précautions particulières ^
8c fur-tout éviter les ba.ai.-es.
Ce Minucius étoit maître de la cavalerie, £bus
le didateur Fabius , & décradeur perpétuel de fon
lyftême de guerre , il ne longeo.t qu a s elever
fur fes ruines. Tout ce que Rome avoit de capitaines
fages & expérimentés| étoit favorab e à
Fabius , mais les forfanteries de M nurius fudui-
foient la jeunefte, & fur tout le peuple qui nafpi-
roit qu’au moment d’être délivré d’A nribal, & qui
croyoit l'être par une bataille. C étoit cette préii-
pi'ation qui-avoit lave perdre, l’annee precedente
( 534 de Rome ) les batail es du Tefin , de
Trébie , du lac de Thrafimêne. Un tribun info-
lent & fadieux ( & il ne s'en trouvôit que trop
de. ce caradère ) prbpofa , ou doter 11 didature
à Fabius, ou, fi on ri’ofoit al er jufques là , d^
partager également l’autorite entre le d dateur 8c
le maître de la. cavalerie ; Varron appuya fortement
ce dernie'r avis qui, par maiheur fut foivi 3”
Minucius, devenu indépendant de Fabius, ne mjt
plus de bornes à fa préfomption , crut quil alloit
chafler Annibal de l ’Italie , tomba dans tous les
pièges que ce général ne ceffa de lui tendie, jufqu’à
lui laifter remporter quelques légers avantages
pour l'aveugler entièrement; enfin Minucius s’étant
engagé témérairement dans un péril qu il n’avoit
pas prévu, fut trop heureux que ce Fabius dont
il avoit bravé l autorité & méconnu la fageffe ,
vînt le délivrer, & Anifbai dit dans ce ne occa-
fion : j ai vaincu Minucius , mais Fabius m a
vaincu. Minucius fa fit du moins la feule gloire
que fa faute lui lmffàt à recueillir , crile de re-
connoître f i faute, de s’humilierdevant fon général
& fon libérateur, de rendre un hommage éclatant
& public à cette prudente & favante lenteur que
fon ignorance avoit ofé décrier :
tu Maximus ille es
Unus qui nobis outdando refiïtuis rem,
Cependant Annibal étoit toujours en Italie, 1«
peuple s’iropatientoit toujours, & comme le oeal-
* M m m 2