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Les brochures du jour, & mille autres pancartes,
Des vers , des lettres. & des cartes........
Il faut y répondre à la fois :.
Bien-tôt il faut fortir, l’heure eft évanouie.
Mufes , remportez vos crayons.
Dans l ’hiftoire d’un jour voilà toute la vie ;.......
Jufqu’en nos changemens tout eft monotonie ,
Comment donc rimer à Paris ?
M. le comte de Trefian donna,en 1 7 8 1 , en 4
volumes i t i - 1 i° . un corps d’extrait de romans de
chevalerie. Ces extraits font , à quelques changeo
n s près, ceux qu’on avoit déjà Jus avec beau-
* coup de plaifir dans la bibliothèque des romans ,
& qui avoient le plus contribué au fuccès de cette
bibliothèque $ ils joignent à l ’agrément d’un livre
a ululant, le mérite folide d’un livre utile j en
effet ils peignent avec fidélité les moeurs & les
coutumes de la chevalerie , & par-là ils rentrent
dans rirftoire de nos antiquités, dont l ’auteur fe
montre-fort înfiru't. II. ne perd pas une occafion
d’ajouter l'inftruâion au p'aifir de fes leâcurs ,
foit dans des difeours préliminaires, tels que celui
qu’on trouve à !a tête du premier volume, & qui
roule fur les romans françois, & un autre placé à
la tête du quatrième volume , fous ce titre : Recherches
fur T origine des romans inventés avant l'ère
chrétienne 3 & avant que l'Europe fû t policée ; foit
dans les préambules des divers extraits, foit enfin
dans les notes qui les accompagnent quelquefois.
-Chacun de ces extraits a fon agrément particulier,
indépendamment de l'utilité générale. Un des plus
piquant eft le petit Jékan de Saintré ; on fe fouvient
encore de tout le plaifir qu’ont fait & dans la bibliothèque
des romans & dans ce. corps d’extraits, la
dame des belles coujines Sc D amp-Abbé. L 'Amadis
fut auffi fort célèbre,
Il y a dans le quatr ème volume, de ce recueil »
un Ouvrage aflez confidérable & entièrement nouveau
, qui a pour titre : Zélie ou Vingénue 3 & qui
eft juftement dédié à madame la comtefle de Genlis-
Siilery. Plufîeurs contes ingénieux , tels qu'‘Aline ,
& ceux de M. de Marmontel, plufigurs romans
avoient fourni des fujets de comédies, il étoit
réfervé à la comédie de Z é lie , de madame de
Genlis, de faire faite un roman. La comédie de
Zélie fuppofe dès événemens antérieurs à l’adion
de la pièce, événemens qui ne font qu’indiqués ,
& que l’imagination fupplée d’une manière vague
& fuffifante f.ulement pour l ’intelligence de la
pièce. Ce font ces événemens que M. le comte
de Trefian ïupplce d'une manière plus précife ,
en entrant dans l'efprit de la pièce & en y aiïpr-
tiîfant, autant qu’il eft poflibje, les faits & les
couleurs. Ces événemens antérieurs forment la
première partie du roman de M. de Trefian. La
féconde eft compofée des fcènes mêmes de Z é lie ,
liées feulement par le sécir.
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On a aufîi de M, de Trefian, une traduÂion
nouvelle de l ’Ariofte, La plupart de les ouvrages
qui- ont le^ mieux réufii, ont été faits dans fa
vieillefie ; il ne fut reçu que très - âgé à l ’académie
£ ançoife, le 27 janvier 178t. L.e poète
brillant & aimable qui le recevoit ( ll’abbé de
Lille) lui difoit alors , dans une profe auffi aimable
que fes vers :
cc L e talent le plus jeune vous envierait la
fécondité de votre plume élégante, & ce que
vous appeliez votre vieillefie (-car ce mot femble
ne devoir jamais être fait pour vous ) refîemble
a ces beaux jours d’hiver fî brillans, mais fi rares ,
donc les plus belles faifons fer oient jaloufes »,
M. le comte de> Treffan mourut en 1783. Ce
fut M. Bailly qui le remplaça dans l ’académie
françoife. cc L’amour dont M. de Trefian traça
la peinture, dit-il, tenoit encore aux moeurs
antiques ; c’étoit l’amour afiocié à la gloire , an-
nobli par e lle , & réunifiant les deux cultes de
1 honneur & de la beauté. ... M. de Trefian joignit
les moyens de plaire des cours de Louis X IV &
de Stanifias , aux agrémens d’un efprit formé par
les leçons de Voltaire & de Fontenelle».
M. le comte de Trefian , dit M. le marquis de
Condorcet qui recevoit M. Bailly à l ’académie
françoife, u niffoit comme vous, les fcicnces & les
lettres il eut le courage de les cultiver au milieu
de toutes les illufions de la jeunefle , de l’agitation
de la cour, de la diflipat'on du monde, du
tourbillon des plaifîrs. Tandis qu’il imroortalifoit
dans fes vers , les charme« de l’àélrice célèbre à
qui les ennemis d’un grand homme ont ofé attribuer
une parde du fuccès de Z a ïre , il é cri voit
a Voltaire, à Fontenelle, à Haller, à Bonnet,'
aux Bernoulli, au vainqueur de Molwitz, au
philofophe qui a chanté les faifons ; il médirait
les ouvrages des favans ; il jet toit, fur la nature,
un regard obfervateur. Chaque jour quelques heures
enlevées au plaifir, étoient confacrées a l’étude ,
& il en a reçu la récompenfe, les lettres,, ont
é t é la confolation de fa vieillefie ».
VERHEYEN ( Philippe) ( h iß . l i t t , m o d , ) , célèbre
médecin flamand, auteur d’un traité d e c o r p o r is
h um a n i a n a tom iâ , & d’un traité d e f e b r ib u s . Fils d’un
laboureur, il avoit travaillé à la terre jufqu’à vingt-
deux ans, alors fon curé lui trouvant de l’efprit,
avoir commencé à lui apprendre ce qu’il favoic de
latin, S i le difciple devint un favant. Il étoit né en
1648. Il mourut à Louvain, en 17.10. Son épitaphe
porte une proteftaton folemnelle contre l ’abus
d’enterrer dans les églifos. 11 voulut être enterré
dans le cimetière, n e tem p lum d e h o n e f ia r e t , a u t
n o c i v i s h a l i t ib u s in fic e r e t .
VERI DE MIGLIAU. { H i ß - m o d .') Lorfqu’en
15 1 7 , le pape Clément VII étoit retenu prifonniet
à
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à Rome pat l’gvifléçfintpérfefe,>8Cj?$uç •La^cse, jf*Ia
tète d’une armée françoife , s’avançoit ,po\ir fe
vrer , l’empçreur,, youlant fe donner tout l’honneur
de cette déliWance j ciivoyà en Italie le' général4de
l’ordre d’e Saint-Francoii St un aucrè né^ociaÉéùr
nommé Vcri de Miglîau , avefc ‘ dés ordres;, des
inftruétions &■ des pouvoirs' âdreffés au vice-roi de*
Naples, Hugues de Moncade. liégénérat-'Sc MigRiÿu-
^ant conféré av.çç!le.tyicç-rojj,i ^tir^nqpo^v^LQme.
Le-général des çoidelters wqqj ypulpiç. êtj:,ç,1çapdi}i^l£
fe montra triès-fayoçaijji.ç 0au, ] pape./]\^igliap ;,nq,^-.
n’avoit point; d’intérêt . pçjffçmoel:.» qui. o’.envifagçoiq
que celui de. fon maîtarc, qui f e , .d.énoit de la vertu
des traités , en . voyant lur-tput- l ’inexécution dp
traité de Madrid , 8c qui craignoit la vengeance
que le pape voudrait peut-être tirer de fa captivité
lorfqu’il .ferait libre , inclinoit aflez a rendre cette
captivité éternelle. Cependant i l ’ étoit temps éjuc
l’empereur.relâchât le pape, s’il ne vouloit pas qii-ih
lui ,rut arraché. Lautrec -avançait toujours fatjs çob-
ftacle. L ’empereur envoya de nouveaux ordres
faire mettre , le pape en liberté , aux condiiiôns ,
difoit-il, les plus agréables à ce pontife. Miglîau ,
voyant que le traité ailoit être conclu , & le jugeant
contraire aux intérêts de l’empereur, ne voulut point
y prendre part, 8c_crut devoir fe retirer à Naples. Il
fut tué l’année fuivante ( i j z 8 ) dans une des efear-
mouches qui fe livrèrent près de Naples. Moncade
( voye% fon,article ):Tut. tué auifi dans un combat
naval livré ..ifevfpt cette ville/, ’ fuperftjtion,
remarqua quç .dçs trois négociateurs qui avofeqt
traité avéc le pape (car Moncade. en étoit un auffi),
les deux qui s’étoient oppofés à fa délivrance , Mi-
gliau & Moncade, périrent à ce fiége de Naples.
VERIN { Hugolin & Michel) ( H i f i . l i t t . m o d . )
pere & 'fils, poètes florentins. Le perê , auteur , entre
autres,ouyrage^, d’un poème .fur les expéditions de
Çharlen^gne d’nn autre à la louange de Florence
, fa patrie. Le fils , connu par fes Diftiqu.es
moraux, qui ont été traduits en françois, en profe Sc
envers. Le père né en 1441', mort versl’àn l ‘f o j j le
fils mort avant fon perg^, à dix-neuf ans , en 1487.
■ ■ VÉRINE ( Ælia Verina) ( H i f i . r om . du B a s - em -
p i r e ) femme de l’empereur Léon. Après la 'mort
de Léon , elle fit élire empereur . en 474 , - Zénqn ,
fon gendie. Jufques:là elle avoit fort bien rempfi
fes devoirs de, femtne Sc de mère. L’amour & l’ambition
s’emparèrent d’elfe enfuite., Sc ffi viç ne fut
plus qu’un tiflu d’fiitrigues. Elfe ne régnoic pas affez
à fon gré fous fon gendre, elle voulut régner avec le
Patrice Léon , fon amant. -Elle réuffit à détrôner
Zenon, mais non pas à courqnnér Léon. Ce.fut
Bafilifque , frère de V é r in e , qui fut élu , Sc ïljfit
périr L é o n f ô n concurrent. S é r in e intrigua de
nouveau pour détrôner fon frère & rétablir fon
gendre, fous lequel du moins elle avoit eu queLque
part au gouvernement j cette ütrigiie réulfit. La
teconnoifiance de Zenon laifla encore quelque temps
H i f io i r ç 9 T om e V ,
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tfepouy^jir «entyç ries mains.-4? V é r i t é l ’ayant
ifu^prife-àî/P^bafer de uouyeay , 41 ( fe^fe i/feftS la
Thrajde , ,oçi çlfe mourut0en 48y ,r non ifa-jiiSf avoir •
{tenté de ,for-mer. quelques nouvelles cabales du fond,
jdç fo;n exi;i,o. •
; VERMANDOlÇ ( hifi. de Fr. '). Depuis la ihorf
■ de Ghadqs-le-grar. ou le gras-, empereur ; Sc roi de.
jiFrance, qui, à quelques démçmbrernens près , avoit.
jréuuL.çqure la :moha^hfedfSçii:iî}P'Qrut; dépouiliér doe.
|t9ut,,,qqi fa; dçnéçr'Bfer pritrçeir|§gitj^ne dq'la, racei
; Carfeyjngfennç qui qit pofTédé^ifernpire jd'a, maifofi;’
. CarlpjVingiennç iembtloit à dèqx-^egls, princ'es A
: Arnould bâtard de. Car-loniaurfelgermaniqué i Sti
Chdrles7lerfin^pfe , filspofthurne de Louferfe ■ 'bègue -4-
qae plufieurs affeéloienr .de, r^arder auffi comme,
bâtard. Cette; .race , difons-nous ,, fembloit réduite
; à ces deux princes ; mais e’ie ne' l’étoit .pas, Sc nous
i ne concevons pas comment , tandis que lç bâtard
j Atn'oM j'bübft ïè ?rpTè"’piinclï>âl f:paniii leis priïiéeç
; de ’çètte^ màifon’ •;. HeBBrt irôu Fîerb'èrf ^febiiue 'de
Vermâtidois, &> Pépin'ç comté de Senlïs, qui.tfefcen-
i doisnt de mâle'en mâle dé Cliârîeniagne par Ber-'
j nard , roi d’Italie; dont la bâtardife eft pour le .
! moins très-équivoque if étoient pas' au moins ‘ré—‘
piités'princes du fàrig , eux donc lès branchés avoicnç
» le droit - d’amefle fur toutes les branches iffees de
, Louis-le-dé.bonnaire. Mécontens du gouvernement'
‘ du roi Eudes, defeendude Gharlemagne par femmes
[ feulement. ou-; plutôt mpqonçeoSjde. fa ,fermeté à.
. maintenir 'les},droits jle ^l’autQxjté...feuyeraine.;.qu’il
avoit ufurpée les ^grands du itoyanme f nofnmér-
ment Hébert, 8c Pépin, placèrent fur, fe, itrône le-
jeune Charles f le fimple),, 8c ,1e firent façrer par
l’archevêque de Rheims j inaiV ils lui vendirent
bien cher la couronne qu’ils lui rendoient. Ils pair--,
tâgèrent entr’eux la fouveraineté j 8c de conceflionst
en concédions, d’ufurpaticns en ufurpations , d’inféodations
eu. inféodations , fe forma„ ce famçux
, régime féodàf qui laifla aux rois Càpérièh^ Tàu-
torité entière a conquérir lentement Sc1 par degrés'.*; *
Eudes 8c Robert fon frère étant morts , Charles«-
Ie-fimplè , qui leut avoit difputé- la Couronne , eut
à la difputer à Raoul qui leur avoit fuctéâéï Hébert ,
comte de Vermàndois, alla offrir les /fervices an
malheureux Charles. U lui prodigua les refpeâis ;
il frappa fon fils , parce que celui-ci recevoit debout
le baîier du prince \ Sc quand il eut 'gagné fa confiance
par ces démonftrations de-fcèlèV il le retint
prifonnier , 8c alla trafiquer de fon crime Sc de fa
proie à la côur de Raoul. Raoul ne lui ayant pas
| d’abord payé fe prix,qu’il délirait, il remit, pouf
■ s’en vengçr , fon prifonnier fur Je trône } puis Raoul
s’étant emprelTé de fatisfaire un [homme .qu’il étoit
fi dangereux de mécontenter , Hébert remit. fon
fantôme de roi, du trône dans les fers pd le maL-
heureux Charles-le-fimple mourut au bout de quel*
ques années^ le’ 7 oétôbre 9 1 9 ') ’.
Oginë , fa vèûve 3 feêur d’Àdelftan , roi d’Angle*;
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