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utiles Se funeftes querelles ! Cet ordre détruit pbf-
toit de mer en mer fes refpeâables débris, l ’admiration
& la douleur publique illuftroient leur fuite
glorieufe, iis débarquèrent à Civita Vecchia , ils
obtinrent du pape la ville de Viterbe pour leur
réfîdence, en attendant qu’ils euiïent trouvé quelque
autre afyle plus conforme à leur inftitution &
à leurs projets. Enfin, en 1530, Charles-Quinte
par des vues d’ intérêt 3 le fit l’honneur de les recueillir
dans l ’ifle de Malthe * dont ils portent
aujourd’hui le nom ; il la leur donna , ainji que
l’ifle de Goze 8c la petite ifle du. Cuming, afin
qu’ ils réprimaient les brigandages des corfaires
de barbarie , & qu'ils miflent à couvert de leurs
inçurfîons toutes les ifles voifines de la S ic ile»
la Sicile elle-même & les côtes du royaume de
Naples. Les lettres de Donation de l*iflc de Malthe
aux chevaliers de Saint-Jean de Jérufalem, font du
IQ janvier 152,9, vieux; fly le , c’eft-à-dire, 1530.
Le grand-maître Villitrs de VIfie-Adam eut la
confolation de voir fon ordre foüdement établi
daps ce nouvel afyle. IL mourut le 21 août 1534,
âge dç foixante & dix ans,
V IL L 1ERS, (Georges) ( kijl, d*Anglet.) favori
de Jacques I & de Charles I , fut créé duc de
Buckingham pendapt le voyage qu’il fit à Madrid
avec Charles, alors prince de Galles. Charles alloit
faire fa cour à l’infante 5c mériter par fes foins la
main de cette princeflè. C e mariage étoit devenu
la grapde affaire & l’objet de tous les voeux de
Jacques I , qui croyoit, par l’eatremife de l’Ef-
pagne, faire rétablir Télefteur Palatin , fon gendre,
dans fes états , dont il avoit été dépouillé par l’empereur.
La nation angloife voyou d’aftez mauvais
çeil l ’alliance d’ un prince anglois 6c proteflaut avec
une princefîe catholique , 5c fur-tout efpagnole ;
la galanterie romanefque de Charles réuffit fore
bien à la cour d’Efpagne & parut affez ridicule
au refte de l ’Europe ; mais çe qui eft véritablement
ridicule , c’eft la terreur pufilîanîme doDt le -prince
de Galles & le duc de Buckingham parurent fubite-
ment faifis 8c qu’ils communiquèrent aifément à
Jacques I. Ils prirent ombrage de tout ce qui devoit
leur infpirer la confiance , plus on les accueilloit
à Mad rid, plus ils crurent qu’on avoit réfolu de
les y retenir malgré eux ; Jacques 3 au départ de
fon fils, qu’ il aimoit avec une cendrefTe exceffive,
avoit pleuré amèrement & avoit montré beaucoup
d’inquiétude fur ce voyage ; Buckingham lui manda
qu’il reconnoifloit trop tard que les preff'entiniens
des rois & des pères font des avis du ciel ; le prince
tie Galles lui écrivit d’un ton encore plus finiftre
qu’il n’avoit plus de fils , qu’il falloit qu’il regardât
déformais l’éledrice Palatine comme fa feule héri-r
tière. Jacques épouvanté envoya précipitamment des
vaifleaux pour ramener fon fils : le duc de Buckingham
n’eut qu’ on mqt à dire à Philippe IV , 8c tous
les ports de I’Efpagne furent ouverts pour le retour,
Q | i prît feulement les dernières mefureç pour ter-*
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miner 1 affaire du mariage auftitôt que les difpenfes
feroient arrivées : les diJpenfes arrivèrent & le
mariage ne fe fit point ; les efpagnols en accu-
ferent les anglois , & les anglois les efpagnols ; il
paroit que 1 orgueil du duc de Buckingham n’a voie
pu s’accorder avec l’orgueil du comte duc d’Oli-
vares , mini lire d’Efpagne , 8c que Buckingham ,
qui gouvernoît Jacques I & fon fils, avoit infpiré
au jeune prince de l’éloignement pour cette
alliance, 5c parvint même à en dégoûter le roi
Jacques. Cette crainte chimérique d’étre retenus
prifonniers en Efpagne, n’étoit peut-être qu’un des
reiTorts de cette intrigue.
Quoi qu il en fo ît, cette rupture avec l’Elpagne
acquic à Buckingham la confiance 8c la faveur de
fa nation ; le parlement le regardoit comme le
fauveur de la religion ôc de l'état. Il montra bientôt
qu il ne meritoic pas ces titres dans le fens ou on
les lui donnoit, car il alla en France demander la
p rince fie Henriette pour le prince de Galles, & il
fit reuffir ce mariage d’une princefie catholique 5c d’un prince proteftant ; mais il ne s’accorda
pas mieux avec le cardinal de Richelieu qu’il ne
1 s etoit accorde avec le duc d’Olivarès ; il s’éleva
entre le cardinal 8c lui une double rivalité de poli-*
, tique & d amour. Il devint amoureux en France:
de la reine Anne d’Autriche, Rîchefieu l’avoit pré--
venu, mais n’ayant pas fû plaire, il s’en vengeoit
en perdant la reine dans l’efprit du roi fon mari 5
Buckingham fu t , dic-on , plus heureux. ( voyer
l’article Aune d'A utriche). De retour à Londres,
il brouilla l’Angleterre avec la France. Richelieu
efpéra du moins que fon rival ne verroit plus la
reine j mais il avoit affaire à un ennemi entre-»
prenant. Buckingham revint fecrettement en France
& ofa fe préfemer chez la reine : il voulut y rentrer
depuis en ennemi, .en vainqueur, pour déposer
enfuite fes lauriers aux pieds de la fouveraine
de fon ame. Cette enrreprife ne réuffit pas, les
anglois , obligés de tenter une defçente dans rifle
de Rhé , furent repoufies avec une perte confidé-
râble , 8c le duc de Buckingham par cette expé-*
duion mal concertée & mal exécutée perdit l’ef-
time & J a faveur de fa nation. Le parlement
d’Angleterre le traita en ennemi public 5c le pour-»
fuivit comme auteur de toutes les injuftices que
les anglois aimoient alors à reprocher au gouverne-*
ment. Pour toute réponfe, le duc de Buckingham
fe difpofoit à aller prendre fa revanche en France,
en portant auxRochelois le fecours dont ils avoient
befoin 8c qu’ils réclam oient alors , après l’avoir
refufé d’abord ; Buckingham étoit à Portsmouth f
ou il préparoit le nouvel armement; à une conférence
qu’il eut avec Soubife 5c quelques gentils-*
hommes françois protefians qui prefloient ce fe-r
cours, les fpedateurs qui ne les entendaient pas,
crurent appercevoir, qu’on mettoit de part & d'autre
un peu de chaleur dans la difpute, & que le$
françois fur-toqt gefticujoieqt enepre plps à r a
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l’ordinaire. Le due les quitte ; lorfqu’îl pafioit dans
line chambre voifine , un homme, qui fe cachoit
le vifage, lui donne un coup de couteau 8c Iaiffe
le couteau dans la p'aye , le duc l’arrache 5c le
jette , en s’écriant : te v i la in n i a tu é 3 il tombe
mort fur le plancher ; on crut d’abord que ce funefle
accident étoit une fuite de la conférence qu’il venoit
d’avoir avec les françois j mais on trouva par terre
un chapeau dans lequel étoient écrits , comme des
termes faciamentels, quelques mots d’une remontrance
du parlement, qui déclaroient Buckingham
ennemi public; un homme que fon maintien fufpeâ
fit arrêter , reconnut le . chapeau pour être le lien
& le coup pour être de lui ; c’étoit un gentilhomme
anglois , nommé Felton, homme atrabilaire 8c enflammé
de ce fanatifme parlementaire , qui deve-
noit alors la maladie angloife.
On accufa le cardinal de Richelieu de la mort
de Buckingham , parce qu’ils avoient été rivaux,
& parce qu’on atrribuoit à Richelieu tous les crimes
politiques qui fe commettoient dans l’Europe , &
même ceux qui ne fe commettoient pas.
Malgré la mort de Buckingham , l’armement
partit pour la Rochelle mais il trouva le port fermé
par cette fameufe digue que Richelieu avoit
fait conftruire 8c qui força enfin la Rochelle de fe
rendre à la vue des anglois en 1618. Buckingham
avoit été tué le 2 feptembre de la même année.
Ceux qui aiment le merveilleux , peuvent voir
dans le préfident Hénault ce qu’il rapporte d’après
Clarendon , de la vifion d’un officier anglois ,
à qui V illie rs 3 père du duc de Buckingham & mort
depuis plufieurs années , apparut à plufieurs re-
prifes, lui recommandant d’avertir fon fils que,
s’il ne fe corrigeoit, il ne rarderoit pas à périr
miférablement.
V illiers, (Pierre de) (hiji. litt. mod.) l’abbé
de Villiers » né à Cope fur la Charente en 1648 ,
entra chez les jéfuites en 166.6, en fortit en 1689 ,
entra pour lors dans l’ordre de Cluni, 8c fut prieur
de Saint-Taurin , dans le diocèfe d’Amiens ; Boi-
Lean l’appelloit le Matamore de Cluni, ce qui avoit
plus de rapport à fon air 8c à fon ton qu’à fes
écrits, où l’on ne Trouve rien qui fente le Matamore.
Ses fermons 8c fes ouvrages moraux, en profe ,
font abfolument oubliés. Il n’étoit pas bon poète,
mais c’eft encore comme poète qu’il eft le plus connu.
On a fouvent cité des vers de fon art de prêcher,
moins comme de -bons vers , que comme des vers
contenant de bons préceptes , 8c propres à prévenir
ou à corriger de certains defauts. On a de lui
aufii un poème fur l’amitié, 8c un fur l ’éducation des
rois, on a encore des épitres & des pièces diverfes.
II y a de l’efprit 8c quelquefois de la fenfibilité dans
la plupart de fes ouvrages. L’abbé de Villie rs
mourut à Paris en 1728.
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VILLON. ( François Corbueil, dit ) ( h i ß . l i t .
m o d ;) On 11e peut oublier Villon parmi les poètes
du quinzième fiède, il a laifie une affez grande
réputation, 8c de poète , 8c de malhonnête homme.
On fait par lui-même qu’il fut, peut-être , pendu.
Je fuis françois, donc ce me poife,
Nommé Corbueil en mon furnom,
Natif d’Auvers, emprès Pontoife >
Et du commun nommé Villon ;
Or d’une corde d’une toife,
Sauroit mon col que mon cul poife ,
Si ne fût un joli appel.
Ce jeu ne me fembloic point bel.
On ignore quel fut le fiiccès de Pappel ; le s
uns difent que Louis XI lui donna fa grâce , les
aûtres, que la fentence qui le condamnoit à être
pendu fut caiïée, 8c que le parlement ne fit’que
lé bannir ; on ignore le refte de fon hiftoire. Si
l’on en croit Rabelais, il fe retira en Angleterre ,
fous la protection d’Edouard IV, dont il obtint
la faveur.
On fait le témoignage que Boileau lui a rendu.
Villon fut le premier, dans ces fiècîes greffiers,
Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers,
François I , qui faifoit cas de ce poète, chargea
Marot.d’en donner une édition correéte ; c’efi fuc
cette éditron que fut faite celle de Couftelier, in 8°*
en 172.3-
VlLLOUNA, f. m. ( h i ß . mod. c u lte ) c’eft le
nom que les péruviens , avant la conquête des
efpagnols, donnoient au chef des prêtres ou foriverain
pontife du foleil ; il étoit du fang royafl ,
ainfi que tous les prêtres qui lui étoient fubor-
donnés ; fon habillement étoit le même que celui
des grands du royaume. ( A . R . ' )
VINCENT. C’eft le nom de plufieurs perfonnages
connus , tels que :
i°. Saint Vincent 3 diacre de Sarragoffè , qui
fouffrit le martyre à Valence, en "305.
1°. Vincent de Lerins, religieux du monaftère
de ce nom , compofa , en 43 4 , fon commonito-
r i uni contre l’héréfie de Neftorius, & qui peut fer-
vir contre toutes les héréfies. Baluze l’a donnée
avec Salvien, dans une même édition, en 1684.
Le commonitorium a auffi été traduit en françois.
30,. Vincent de Beauvais, ainfi nommé parce
qu’il étoit de Beauvais , euf Tefliine de Saint-
Louis qui le fit fon leâeur', & lui donna une
infpcétion générale fur les études des princes fes