
difcours de réception de M. d’Alembert à l’Académie
Françoife , &. la réponfe de M. Greffe; ; il en réfuite
-en effet le plus bel élo*e de M. de Sur;an, que M.
d’Alcmbert remplaçoit a l’Académie Françoife,
” M. l’évêque de Vence, dit M. d’Alcmbert, ne
»> fut redevable qu’à lui-même de la réputation 6c
b dès honneurs dont il a joui ; il ignora la foupleffe
j> du manège j la brffeffe de l’intrigue , & ces autres
iy moyens vils qui mène-;.t aux dignités par le mépsis :
» il fut éloquent & vertueux , 6c mérita par ces
v deux qualités l’épîfoopat & l’académie............Il
» refpeétoit allez la Religion pour vouloir la faire
« aimer aux autres; il favoit, . . . . .que iamodéra-
» tion , la douceur & le temps détruifent tout j
excepté la vérité. 11 fut fur-tout bien éloigné de
» ce zèle aveugle & barbare , qui cherche l’impiété
» ou elle n’eft pas, & qui moins ami de la religion
» qu’ennemi des -fciences & des lettres , outrage &
» noircit des hommes irréprochables dans leur con-
99 duiîe & dans 5leurs écrits. » M. Greffet, drns fon
abondance toujours animée , loue auffi M. de Surïan
par de beaux mouvements & de grands traits d’éloquence.
« Qui nous rappellera , dit-il, ces orateurs
* puiflans, ces modérateurs de l’efprit humain, ces
» maîtres des paffions elles-mêmes , ces miniffres
99 vraiment dignes d’annoncer aux hommes la vérité
s> éternelle, l’unique vérité devant qui la terre doit
99 reffer en fiience avec fes maîtres & fes fagës ?;...
99 Le génie lui-même n’eft point encore affez pour
» un miniftre de la parole fainte ; il n’a rien , il
to n’arrive à rien , s’il ne joint aux taîens & au génie
99 l’autorité de l’exemple 6c l’éloquence des moeurs. . .
w On eft bien foible contre les paffions d’autrui ,
b quand on eff foupçonné de les partager........M. 1
» l’évêque de Yen ce ne toit point de ces prédicateurs
frivoles 6c méprifables * qui, à la face des autels
mêmes \ cherchant moins les palmes du fanéfuaire
» que les lauriers des fpe&acles, viennent montrer
» qu’ils ne favent que le langage, du monde. . . . ..
b & n’emportent de nos temples , aux yeux du
99 chriffianifme & de la ràifon , qu’une gloire facrilége
» & des fuccès ridicules - . • . . attendu par un peuple
» nombreux » fans avoir mendié d’auditeurs , du
w fond de fa retraite j il venoit apporter la lumière,
9) dévoiler les chimères du monde, les illufions de
b l’amour propre , les petiteffes de la grandeur, la
iy foibleffe des efprits forts, le néant de la fàgefle
» humaine; il venoit confoler l’infortuné, attendrir
iy la profperité» apprendre aux impies à trembler,
yy aux incrédules à adorer » aux grands à mourir^
» aux hommes à s’aimer ; il étoit pénétré , il tou-
iy choi t . • . . bien différent de ces Pontifes agréables
iy 6c profanes , crayonnés autrefois par Defpréaux,
3> & qui, regardant le devoir comme uft ennui,
»> l’oiffveté comme un droit » la réfidence comme un
M exil, venoient promener leur inutilité parmi les
» écueils, le luxe & la molle de de la capitale»ou
» venoient ramper à la cour & y traîner de l’am?
*» bd ion fans talens, de l’intrigue fans affaires 6c de
» i’importance fans crédita
On fe rappelle les applaudiffemens que cette dernière
phrafe fur-tout reçut à l’académie, les nom-
breufes éditions qui le font faites coup fur coup de
ces difoours , fur-tout à caufè de cette même phrafe *
. qui parût alors de la plus grande hardieffe, & la
foandale qu’elle excita au contraire à la cour , où
prêcher la. réfidence aux prélats de cour , parut le
comble de l’impiété.
Mais c’eft aux fermons mêmes de M. de Surian
a le louer dignement ; ces fermons font au nombre
de-neuf, dont un feulement avoit été imprimé avant 177^’ Les huit autres avoient été prêchésen 1 7 1 9 ,
devant Louis X V , alors enfant. M. de Surïan parut
le plus digne rival de Maffillon ; il n’a ni les orne-,
mens, ni la grâce, ni cette profonde connoiffance
du coeur humain , qui affurent à Maffillon la fu-
periorité, mais le caractère dominant de fon éloquence
nous paroît être l’or.élion 5 on font qu’il aime l’aû-
gufte enfant qu’il eft chargé d’înftruire ; qu’il s’attendrit
fur lui comme Joad fur Joas ; qu’il redoute
pour lui les dangers de la royauté, comme un père
tendre craint pour fon fils les périls de l’enfance &
lés erreurs de la jeuneffe. « Mon Dieu I s’écrie-t il ,
» qu’un jeune roi, ainfi livré aux dateurs, fait de
» pitié à ceux qui l’aiment ! Non, les tigres , les
yy lions, les bêtes les plus féroces font moins à
yy craindre pour lui & le dévoreroieht avec moins de
y> rage; De tous les fléaux dont Dieu punit Roboam,
” le plus terrible fans doute, fut celui de le livrer
yy à ces jeunes dateurs, qui l’endormirent dans fes
yy vrces , qui, maîtres de fon coeur, y entretinrent
yy la hauteur » la dureté, l’injuftice , & firent, comme
yy il arrive, d’un roi daté, un roi cruel, un roi
» malheureux , un roi haï de Dieu 6c des hommes.
yy Trifte condition des grands 4 Le monde envie
” leur, fort : aux yeux de la foi, qu’ils font à plaindre !
» qu’on fe font preffé , quand on les aime j de pleurer
yy fur eux, comme Samuel pleuroit fur Saiil ! . . . «
» L’innocence dans les particuliers eft un mérite %
yy mais dans les rois elle eft un miracle... . . . .
yy Qui ne fait pas maîtrifer fon coeur, gouverne
yi mal fes peuples , & le premier de tous les empires
» eft celui qu’on a fur fe6 dëfirs. . . . . .
iy Ils abuferont, pour vous furprendre , de la
w vertu même. Ils feindront de la piété , fi c’eft par
»> la p:été qu’on peut vous prendre , & pour fe
a mieux jouer de vous » ils fe joueront de Dieu
» même*
yy Pour Vous mieux défendre des dateurs» coin*
» mencez par ne vous pas dater vous-même. Le
yy plus dangereux de nos fédu&eurs , c*eft notre
» amour propre ; on ne nous trompe jamais qu’en
iy fécond*
b A qüoi, grands du monde , devez-v&us afpirer
yy davantage qu’à vous gagner les coeurs ? Dans cette
iy abondance infinie de toutes chofes où vous met
a la grandeur, c’eft l’unique bien qui vous manque.
» N’oubliez jamais que vouç êtes hommes 6c que
n vous régnez for des hommes ! Ne fortez jamais
n de la bienféance , mais fortez quelquefois de la
» grandeur. . . Avec un peuple comme le vôtre,
yy vous ne perdrez rien à être bon ; il y a dans le
» coeur des François un affez gr(and fonds de vénéra-
»> tion pour leur maître, pour fobfifter au milieu
yy des marques les^plus fenfibles de vos bontés.
V Choififfez pour mini lires, des hommes qui ofent
» vous dire , s\l venoit des temps de calamité &
yy de difette: maître, les pauvres n’ont pas de pain:
yy non habent .quid manducent. S’ils ne font foulages,
» ils périront de mifére : déficient.
yy Les grands , pour la plûpart, font lûmes têtes
yy comme ces nuées plus hautes 6c plus brillantes ,
» mais qu’une pluie ialuraire ne fuit jamais » & qui
99 belles feulement par le fpeétacle > ne font à la terre
» aucun bien , nubcs fine aquâ. Si le fcuverain bonheur
w eft de faire tout le bien qu’on veut , la vertu
yy foprême eft de vouloir faire tout le bien qu’on
» peut. Nihil habet nec fortuna tua majus quàm ut
yy pojjîs , nec natura tua melius quàm ut relis con-
» ferrure quàm plurimos , dit Cicéron à Céfar ,
»> pro Ligarïo.
M. Guérin, avocat au parlement d’Aix , a fait
un éloge de M. de Surian , où il remarque qu’en
vingt-lept ans d’épifeopat , il n’a jamais demandé
une feufe lettre de cachet. On fait quel abus les
évêques, fes confrères, en faifoient alors.
On lui offrit d’autres fièges que le fien : je ne
quhte point , dit-il &une femme pauvre pour en prendre
une riche.
-Les Autrichiens ayant fait en 1747 , une irruption
dans la Provence , M. de Surian raffembla fon
peuple, fe mit à fa tête, alla trouver les généraux
ennemis , leur parla en évêque ôt en citoyen , avec
refpeâ 6c nobleffe , il fut traité par eux avec tous
les égards que les circonftances pouvoient permettre.
Un’ officier ennemi lui demanda le temps qu’il
faudroit à l’armée Autrichienne pour aller à Lyon:
je fais , lui répondit-îl , le temps que je mettrois à
ni y rendre , mais je ne puis vous dire le temps qu'il
faudroit à une armée qui auroït à combattre les troupes
fçançoifes.
CharîeS-Quint, prêt à paTtir pour fon expédition
de Provence en 1536, demandoir au brave Laroche
du Maine , combien il y avoit de journées du lieu
où il étoit alors près de Fc-ffan 6c de Com en
Piémont, jufqu a Paris. « Si par journées , dit la Roche
w du Maine -, vous entendez des batailles, il y en
» a au moins douze , à moins que vous ne foyèz
» battu dès la première.
L’Evêque de Vence ne corfentit de faire quelque
bien à fes parens que parce qu’ils étoient pauvres , 6c
qu’en proportion ae leur pauvreté. .
SURI, f. m. ( terme de relation. ) liqueur que
les Indiens tirent du palmier cocotier , & qui enivre
comme du vin ; elle eft agréable au goût dans la
nouveauté, mais à la longue , elle devient forte ,
6c propre à produire un efprit par la diftillation. On
en obtient encore un vinaigre & une efpèce de lucre
que les habitans appellent jagra. Pour avoir du furi ,
on fait une. incifion au fommet de l’arbre, on éleve
l’écorce en talus , & le furi qui diftiliefa recueille
dans des raiffeaüx ; celui au matin eft déjà acefcent,
& celui du troifième jour eft acide. Le vinaigre du
furi fe fait en mettant la liqueur -fermenter pendant
quinze, jours. ( D. J .)
SURINTENDANT , f. m. ( Hïfl.mod. ) titre ufité
en France en divers temps & pour differentes charges
dans lefquelles il marque la première fapériorité.
. Surintendant de la navigation & du commerce de
France , fut le titre que prit le cardinal de Richelieu ,
a qui n’auroit pas convenu, à caufe de fon état, celui
d’amiral dont la charge avoit toujours été remplie
par des militaires du premier ordre.
I Surintendant des Finances , officier qui avoit le
manîment 6c la direélion de toutes les finances ou
revenus du roi. Ce titre fut fupprimé en 16 6 1 ,
après la difgrace de M. Fouquet. Les fondions
l’autorité du fui intendant ont paffé au contrôleur
général des finances.
Surintendant des bâtimens de France » il y avoit
autrefois les furintendans particuliers pour les principales
ma.fons royales. Mais les furintendans des bâ?
timens royaux de Pans étant-les plus confidérables ,
ils ont eu enfaite le titre de furïntcndant général des
bâtimens, auquel on a joint le foin des arts & manufactures
qui fervent à la confiai élion & à rembelliffe-
ment des maifons royales , comme l’architeâure , la
peinture , la fculpture, les tapifferies. M. Colbert qui
eut le titre de furintendant des bâtimens du roi, y
ajouta lïnfpeâion for tous les ans & manufactures
du royaume. Après la mort de Manfart on fubftitua
au nom de furintendant celui de directeur général
des bâtimens du roi, c’eft ce qu’on appelle en Angleterre
in/peéîeur des travaux.
Surintendant général des pofies & relais de F rance ÿ
eft un miniftre chargé de Tinfpedtion des poftes. Ce
titre eft encore fabfiftant.
Surintendant de la maifon de la reine , premier
officier de la maifon de la reine qui en a la principale
aïmimftration, pour régler les dépenfes, payer les
officiers, entendre & arrêter les comptes. ( A.-R. )
SURITA , ( voye^ Zurita. )
SUR1US , ( Laurent ) ( Hiß. litt. moi. ) ré à
Lubeck en -152.2., chartreux à Cologne, principalement
connu par fes vies des faints. On a auffi de
lui un recueil des Conciles, 6c des mémoires de fon
temps qui ont été traduits en François, & quelques
autres ouvrages; mort en 1578.
SURMECH, f. m. ( terme de relation ) les Turcs
appellent furmech une poudre d’antimoine cru , de
laquelle, ils fe fervent pour noircir les fourc.i’s, ufagp
des plus anciens qui foit dans' le monde. Le meilleur