
?> ouverture, je n’y . trouverois rien d’pù je ,puifTè
:»• rirer quelque confolatibn, $£ ij’eû -eus une ; très--
M grande -de ce verfet, que lehafer.d me.pyéfenta : I l les
v fit 'marcher avec ejpêrance &,fans crainte , pendant
v que la mer enveloppait leurs ennemis. En effet ,
ajoute-t-il, » L'eudafte n’cfa rien entreprendre contre
v ma perfonne çar ce comte çtant parti de Tours
» le jour,,'& ;la, barque fur laquelle il étoit
jj monté ayant fait, naufrage ^ i l adroit été noyé s’il
a n’a voit pas lu nager, p
■ Ce qud rapporte dë Meroüée fils de Chilpéric ,
mérite de trouver place ic i , parce qu’on' y voit quelles
étpient les pratiques de religion auxquelles on
avoit recours pour fe rendre le ciel favorable, avant
que de consulter les forts des [oints, & pour mieux
s’affqrer de la vérité-de la réppnlè qu’on y cher-
choit.
f » Mérpüée; ,! dit .Grégoire de Tours, étant dif-
» gracié de Chilpéric/on , pèrq, fe réfugia dans la
» baûlique de faint M a r t i n n é fe fiant pointa
» une, pythoniffequi lui. avoit. prédit que le roi
» mourroit- cette meme annéë & qu’il lui fuccède-
» rpit.pil mit féparément fur. le tombeau du faint ,
jj lgsdrvres des pfeaurnes,, des rois, & des évents
gileV; il .veilla .toute la nuit auprès du'.tombeau,
» & pria faint Martin ae lui faire connoître ce qui
» ; devoitlui arriver \ &! î’iïrègneroit ou non. Ce prince. j
a> pafia les trois' jours ’ fuiyants dans le '■ jeûné , les
*j veilles . & les- prières ; puis s’étant approché du
w tombeau,‘il ouvrit d’ abord le livre1 des rois; &
» le premier, verfet portoitees mots : Comme vous
ej avs[ abandonné le Seigneur votre Dieu , pour courir
n-après ' des'dïèpx étrangers, & qup vous ii ave^ pas
v fait *c$. qui étoit ■agréable à [es y eux a il vous a livré
» entre les [nains de vos ennemis. Les paffages qui
»' s’offrirent a lui ‘dans; le livre dës'plcàumes, & dans
» celui des évangiles ( paffages qu’il feroit inutile de
0 rapporter ) , ne lui ' annonçànt de même rien que
v dé fùnefte, iWeftà longtemps aux pieds du tom-
1 beau fondant en larmes , ôc fe^retira en Auftrafie ,
“? ou il périt malhëureulèment, tro;$}ans après j, par
" [ les artifices de la reine Frédegonde , fa belle
- mère. »
Dans cet exemple , on voit que c’eft Mérdiiée qui,
fans recourir au miniftère dés clercs de faint Martin
de Tours, pofe lui-même les livres faints , & les
ouvre. Dans celui que l’on va citer toujours d’après le
même auteur, on fait intervenir les clercs de l’églife ,
'qui: joignent leurs prières à celles du fuppliant; voici
xomrne le même auteur e^pofe ce fait.
» Chramne s’étant révolté contre Clotaire I. & fe
>»j trouvant à Dijon, les clercs de l’églife fe mirent
a? en prières pour demander à Dieu fi le jeune
» prince réuffiroit dans fes: deffeins, & s’il parvien-
j> droit un jour à la couronne. Ils confultèrent, comme
» dans le fait précédant, trois différens livres de
> rEcriture-fàinte., avec cette différence , qu’à, la
/.place du livre des,rois & des pfeaumes, ils. joiT
j, gnirent ç$ux du prophète^ïe, & les épîtres de feint |
» , Paul,, au livre des Evangiles A l’ouverture d’Ifaîe,
», ils lurent ces mots : T arracherai Ici haie de ma
jj vigne , & elle fera expofêe au pillage ; parce qu’au
h lieu de porter de bons rai fins, elle en a produit de
jj mauvais. Les paffages des épîtrès de faint Paul, &
» ceux dë l’évangile qui Te préfentoient enfùite, ne
jj parurent pas moins rrenaçans , ôi furent regardés
» comme une prédiélîon de: la mort tragique de ce
» prince infortuné. »
- Non-feulement on employoit les forts des faints
pour' fe déterminer dans les occafions ordinaires de
là vie, mais même dans les éludions des évêques ,
lorfqu’;! y avoit partage. La vie de faint Aignan fait
foi, que c’eff de cette manière qu’il fut nommé évêque
d’Orléans. Saint Euverte qui occupoit le fiège
de cette ville fur la fin du iv. fiècle,, fe trouvant
accable de yiëÜleûe , & voulant le défigner pour fon
fuccefîeùr, le clergé & le peuplé s’opposèrent vivement
à ce choix. Saint Euvèrte prit la parole, & leur
dit : « Si vous voulez un évêque agréable à Dieu ,
» lâchez que vous devez mettre Aignan à ma place.»
Mais pour leur faire connoître clairement que telle
étoit la volonté du Seigneur, après que ce prélat eut
indiquéfélon la coutume, un jeûne de trois jours,
il fit mettre d’un côté fur l’autel des billets ( brévia ) ,
& dé l’autre, les pfeaumes? les épîtres de laint Paul,,
& les évangiles. Ce que l’hiftorien qu’on vient de
-citer , appelle ici brévia, étoient, comme je l’ai traduit
, des billets fur chacun defquels on écrivoit le-
nom d’un des candidats. igj
Saint Euverte fit enfuite amener un enfant qui
n’avoit point encore Image de la parole, & lui commanda
de prendre au hàfard un de ces billets ; l’enfant
ayant obéi, il tira celui qui portoit le nom de
faint Aignan, & fe mit à lire à haute voix : Aignan
éfi le pontife que Dieu vous a choifi: Mais faint Euverte
, continue l’hiftorien, pour fatisfairé tout le monde
voulut encore interroger les livres faints ; le
premier verfet qui fe préfenta dans les pfe'aumes , fut 2
Heureux celui que vous ave^ choifi 3 il demeurera dans
votre temple. On trouva dans feint Paul’ ces mots r
Pçrfonne ne peut meure un autre fondement que celui
qui a étépàjé & enfin dans l’évangile ces paroles1:
Défi fur cetïë' pierre que je bâtirai mon églife. Ces
témoignages parurent fi décififs en faveur de feint
Aignan, qu’ils réunirent pour lui tous les fuffrag'es,
& qu’il fut placé aux acclamations de tout le peuple
fur le fiège d’Orléans.
Les Grecs, auffi-bien que les Latins-, confultoîent
les forts des faints dans lés conjoo&ures critiques ;
Cedrenus rapporte , comme nous l’avons dit en parlant
des forts en général, que l’empereur Héraçlius,
après avoir eu de grands avantages fur Cofroez roi
des Perfes, fe trouvant incertain fur le lieu où il
prendroit fes quartiers d’hiver, purifia fon armée
pendant trois jours ; ce font îes termes de l’hiftorien
j qu’enfuite il ouvrit les évangiles, & qu’il trouva
qu’ils' lui ordormoient d’aller ffivgrnef en Albanie
«
Depuis le huitième fiècle , les exemples de cette
bratique deviennent un peu plus .rares ; cependant
il eft certain que cet ufage lubfifta jufque dans le
quatorzième fiècle, avec cette feule différence, qu’on
ne fe préparoit plus à cette confultation par des jeunes
& des prières, & qu’on n’y .joignoit plus cet
appareil religieux, que jufqu’alors on avoit cru necef
faire pour engager le ciel a manifefter ainfi fes volontés.
L’églife tant grecque que latine , conferva fans
çeffe quelques traces de cet ufage, La Coutume
étoit encore dans le xv. & xvj. fiècle , quand un eve-
que étoit élu, que dans la cérémonie de fon faere,
immédiatement après qu’on lui avoit mis fur la tête
le livre des évangiles, on l’ouvroit au hafard, &
le premier verfet qui, fe préfentoit, etoit regarde
çomme un pronoftic de ce qu’on avoit a efperer ou
à craindre de fon caractère, de fes moeurs, de fe conduite,
& du bonheur ou du malheur qui lui étoit ré-
fervé durant le cours de fon épifeopat ; les exemples
çn font fréquens, dans l’hiftoire eceléfiaftique.
Si l’on en croit un de fes écrivains qui a fait la
Vie des évêques de Liège,,la mort funefte d’Albert,
évêque de cette ville, lui fut annoncée par cés paroles ,
que l’archevêque-qui le facroit trouva à l’ouverture
du livre des évangiles ; I l envoya un de fes gardes
avec ordre de lui apporter la tête de Jean ; & c: garde
étant entré dans la prifon lui coupa la tête, L ’hiftorien
ajoute que ce prélat en fut_ fi frappé, qu’il adreffa
la parole au nouvel évêque, & lui dit en le regardant
avec les yeux baignés de larmes : Mon fils,
en vous donnant au fervice de Dieu, conduife^-vous
avec crainte & avec juflice, <S? prépare^ votre ame à
la tentation ; car vous ferez un jour martyr. 11 fut en
effet affafliné „ par des émiffaires de l’empereur Henri
^ 1 . & l’églife l’honore comme martyr.
On ajontoit tant de foi à ces fortes de pronoftics ;
ils formoient un préjugé fi favorable ou fi défevan-
tageux aux évêquesqu’on les alléguôit dans les occafions
les plus importantes , & même dans celles ou
il étoit queftion de prononcer fur la canonicité d e '
leur éîeaion.
La même chofe fe pratiquoit à Finftallation des
abbés, & même à la réception des chanoines \ cette
coutume fubfifte encore aujourd’hui dans la cathédrale
de Boulogne , dont le diocèfe auftî-bien que.
ceux d’Ypres & de Saint - Omsr , a été formé des
débris de cette ancienne églife, après que la ville de
Térouanne eut été détruite par Charles-Quir.t. Toute
la différence qui s’y trouve préfentement, c’cft ciua
Boulogne , le nouveau .chanoine tire les fous dans
le livre des pfeaumes, & non dans celui des évangiles;
Feu M. de Langle évêque de Boulogne, peu
, d’années avant fa mort qui arriva eff 172,2., rendit
line ordonnance qui tendoit à abroger cet ufage ;
il craignoit avec raifon qu’il n’eût quelque chofe de
fuperftitieux. Il avoit d’ailleurs remarqué, qu’il arri-
voit quelquefois que le verfet du pfe'aume. que le hafard
offroit au nouveau chanoine, contenoitdes im
pré cations , des’reproches ^ ou des traitsodieux, qui
devenoient pour lui une efpéce de note de ridicule:,
ou même d’infamie. Mais le chapitre qui fe prétend
exempt de la jurifdi&ion épifeopale , ffèut point
égard à cette ordonnance ; & comme, fuivant la coutume,
on iiiféroit dans les lettres de prife de pollef*-
fton de chaque chanoine le yerfet du pfeaume qui-
lui étoit ttombe : à fa réceptipff , le chapitre refolut
feulement, qu’a, l’avenir on ajouter oit à ces lettres,
qu’on né. faifoic en' cela que fièvre l’ancierins coutume
de l’égîife, de Térouanne*
Quant à la fécondé manière de confulter les forts
des^ faints, elle étoit , comme on l’a dit , beaucoup
plus fimple, Si également connue dans les deux égl:-
fes grecque &. latme. Cette manière conftftoit-à regarder
comme un bon ou un mauvais auguré , ou
comme une déclaration de la volonté du ciel , les-
premières paroles de la ifainte-Ecriture , qù’on chantoit
à l’églife dans le moment qufon y entroit s cette
intention : les exemples en font très-nombreux.
Saint Cyprien étoit fi perfoadé que Dieu maniief-
toit quelquefois fes volontés par cette voie, qu’il y
avoit fouvent recours ; c’étoit pour ce père de
l’églife un heureux préfege loriqu-il trou voit que' lés
premières paroles qu’il entendait .en mettant le pied
dans l’églife , avoient quelque relation avec les cho-
fes qui l’occupoient.
Il faut cependant convenir que dans le temps 01a
cet ufage de confulter des forts à venir par l’Ecriture,
étoit le plus en vogue > & fouvent même accompagné
d’un grave appareil d’acles de religion ;
on trouve différens conciles qui condamnent en particulier
les forts des faints, en général toute divination
faîte par rinfpeélion des livres facrés. Le concile
de Vannes., par exemple , tenu fous -Léon I ,
dans le v. fiècle ; fe concile d’Agde affemblé l’an
506 ; lès conciles d’Orléans & d’Auxerre , l’un de l’ali
511 , & l’autre de l'an 595 , proferivent lés forts des
faints ; & l’on trouve un capitulaire de Charlemagne
publié en l’an 789, qui contient aufii la même dé-
fenfe. Mais les termes dans lefquels ces défenfes
font conçues, donnent lieu- de croire que la fuperfti-
tion avoit mêlé une infinité de pratiques magiques
dans les forts des faints, & qu’il- ne faut peut-être
pas confondre la manière de les confulter condamnée
par ces canons , avec celle qui étoit fouvent
employée ; dans les premiers fiëçles de l’Eglife par
des perfonnes éminentes en piété.
Ce qu’il y a de sûr, ç’eft que quelques théologiens
conviennent en général qu’on ne peut: pas
exçufer les forts des faints de fuperftition ; qije.c’éioît
tenter Dieu que de l’interroger ainfi; que les Ecritu,
res ne contiennent rien dont on, pniüe conclurè
• que Dieu ait pris là-deffus aucun engagement avec
les hommes, & que cette cou.trmebien ,îqimd\être
autojâfée par. "aucune, loi eceléfiaftique , a été abrogée
dansées stemps éclairés ; cependant ces -mêmes
théologiens, oubliant enfuite la ToUdite des principes
qu’ils vendent d’établir , fe font perfeadés que dans