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motieI
K a i l
du féminahe il difparut , Tes parens ignorèrent
'lông-tems ce qu’il étoit devenu j ce ne fut :nfin
qu’après fix mois de recherches qu’on parvint à
découvrir qu’il étoit allé fe jettet dans un couvent
dç capucins à Argentan, Son père y accourut & fit
tous fes efforts pour le ramener dans Ta maifon
paternel'©, le novice perfîfta & fît fes voeux. Un
mal cbnfîd érable qu’il a voit eu autrefois„ à .une
- jambe , s’envenima par les auftérites de Ton état
& fur-tout par lufage fîc le frottement continuel
de cett*é. robe de laine rude & groffièrc fans ccffe
appliquée fur fa jambe nue. Le mal fit de tels
progrès-qu’il fut jugé incurable-. La. famille efpéra
cependant contre toute efpérance. D’ap ès les
rapports des chirurgiens, les confultations des médecins*
& des docteurs de Sorbonne , elle obtint dos'
brefs du pape , lé confentement des tupérieuis &
celui du jeune profès , le plus difficile de tous ,
dit l'auteur de fon éloge dans le recueil de l’académie
des belles-lettres ) pour le faire palier fous
une règle plus douce. Il entra dans l’ordre de
Prémontré. L’abbé- Colbert, qui en étoit général,
-connut fon mérite & voulut 1’employer j mais cette
tranflarion d’un ordre plus auftère dans un ordre
plus doux, ayant pour caufe ou pour prétexte Ja
xoiblefle de la fan té , rendoit' incapable, de poflé-
der des bénéfices pu des- dignités dans l’ordre où
on étoit transféré. Un nouveau bref de Rome le
rétablit dans- tous fes droits , & il fut prieur de
Joyenval. Il fe démit de cet emploi , & fe réduifît
à une cure dépendante de Pordre , il eut celle de
Çroify-la-Garenne., près la machine de Marly ;
cè fut là qu’il compofa fon premier & fon meilleur
ouvrage peut-être , fon nijloire de la conjuration
ou révolution de Portugal , qui parut en
1689. Il eut enfuite une autre cure dans lç pays
de Gaux-, puis une troifième aux portes de Rouen ,
celle-ci étoit purement féculière' , il eut encore
befoin de difpenfes pour la poffëder ; elle étoit
d’un revenu aff.z confidérable , & contribua beaucoup
à fon bonheur , en le replaçant dans fon
pays, en le rapprochant de fa familié , en le mettant
à portée des fiecours littéraires que Rouen
pouvoir lui fournir , & fur-tout en lui procurant les
moyens - d’acheter des livres > il en eut beaucoup
& en fit un digne üfage. Il écrivit l'hifioire des
révolutions de Suède , qu’il publia en 1696 , & qui
eut un prodigieux fuccès ; elle fut traduite en di-
verfes langues, & on en rut fi content à Stockholm,
qu’un envoyé de Suède fut chargé de l’engager
par un préfent de deux mille écus à entreprendre
une hiftoire générale de Suède. Cet envoyé croyait
Je trouver à Paris, répandu dans la plus brillante
fociété ; quand il fut que c’étoit un prêtre normand
, un fîmple' curé de ‘campagne , le compte
qu’il rendit de fa commiflion fit échouer le projet j
f»n crut apparemment s2être- trompé en Suède fut
Jç mérité de fon ouvrage,
L e P . Bouhpurs étoit plus sur de fon iugemçnç
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Séy cenoit davantage, il nevoyoît en rien dans notre
langue -, difoit-il , qui fut au-dellus des révolutions
dç Portugal & de Suède. M. Boffuec difoit un joue
au Cardinal dé Bouillon , que c était une plumé
taillée pour la vie de M. de Turenne j & en effet,
malgré les travaux de Ramfay & de quelques autres
, puifque l'abbé de Vertot n’a point écrit cette
Vie ,; elle eff encore à écrire.
Dans le temps du réglement de 1701 , le roi
nomma l’abbé de V e r to t à l’académie des. inferip-
tions & belles-lettréshonneur qui le jetta dans uii
grand embarras* Tous les brefs , toutes lès difpenfes
qu'il avoit obtenues ou qu’on avoit obtenues
pour lui ne lui rendoient pas fon patrimoine auquel
il avoit renoncé en encrant Hans le cloître.
Sa cure , qui lui va oit trois mille livres de rente,
étoit fon fçul revçnu , & il lui manquoit encore
deux ans pour pouvoir réfigner en fe refervant une
pênfion. Jl demanda qu'on voulût bien le laiffer
encore pendant deux ans dans fa cure , pour acquérir
le droit de la quitter avec une penfiôn , & promit
de remplir , en attendant , tous les autres devoirs
d’académicien , le feul devoir de là réfidcnce
excepté , jufqu’qu terme indiqué feulement. Ce
terme arrivé , il remplit fes engagemens , quitta
fa cure, vint à Paris, fe livra çntièremenc & uniquement
à l'hiftoire. Son traité de la mouvance dç
la Bretagne parut en 1710 &, il entraîna , dix ans
après, le traité 4e’ 1‘établifTement des bretons dan?
les Gaules,
L’hiftoire des révolutions de la république romaine
parut au commencementfde l’année 1719.
L’hiftoire de Malte eft le dernier des ouvrages
de M, l’abbé de V'ertot dans l’ordre des tems"j 8c
même aufli , félon quclqucsruns ^ dans llprdre - du
mérite t ce qui n’empçcne pas qu’il ne foit extrêT
memeritlu, & avec plus de fruit qu’aucun autre
ouvrage fur la même matière 5 c’eft par- ce livre
feul que les gens 4^ mondç çonnoiflent l’hiftoire
de Malthe.
Cet ouvrage valut à M. l’abbé de Vertpt un
bref du grand-maître , plein de marques flatteufes
d’eftime & de reconnoiflance avec la croix de l’ordre
& la commanderie de Santeny , que le grand-
prieur de France lui conféra.
M. le duc d’Orléans , fils du régent , s’attacha
l’abbé de Vertot , il lui donna dans fa maifon une
place d’interprête, il le logea gu palais royal , &
immédiatement après fon mariage il - le nomma
fecrétaire des commandemens de Madame la 4u-
cheffe d’Orléans.
L’abbé de Vertot a été l ’éditeur ou plutôt l’auteur
des ambaffadçs. de Meflîeurs de Noailles.- a
Antoine, François & Gilles , comme l’abbé Mil-
Jot a été depuis le rédacteur des nouveaux -mémoires
de Noailles. Les ambaflades de Noailles
ont été compofécs fur Jes mémoires origiqatuç
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confiés à l’auteur par cette maifon à laquelle il étoit ;
fort attaché.
L’abbé de Vertot avoit encore d’autres plans
d’ouvrages, il vouloir faire des révolutions dç Carthage
& une hiftoire de P o lo g n e i l a rempli le
recueil de l’acad-mie des Infcnptioni & Beiles-Lettres
de' mémoires précieux fur fhiltoirc , principalement
fur l’hiftoire de France, dont il étoit, dit le fecré- j
taire de cette académie, également inft nie & jaloux.
Les hommes font étrai ges avec leur intolérance
& leurs p-étendons exclufives. L’abbé de Vertot
aro t télement accaparé l’hiftoire de France , il en
avoit tellement fait fon domaine & fa propriété,
qu’il no pouvo^t pas fouffrir que , même dans F académie
des L.fcripdoris & Belles - Lettres , (es confrères
voùluffent s’en occuper, & c’eft ce que le
fecr taire veut faire entendre à mots couverts, en
difant que l’abbé de Vmot étoit également inftruit
& jaloux, de l’hiftoire de France. On dit même que
pour gêner & traverfer ;es travaux de les concurrens,
p ur rendre leurs opinions ou lufpeéècs ou odieufes ,
il fe permettoit d'employer quelquefois l’autorité &
d’exercer quelques tyran des. M. d’An ;i le n’allôit
pas jufques-làj mais il n’étoir pas permis de parler
de g-’ographie dévan--: lui , même incidemme .t à un
artr: lu jet , & il ne vouloir pas que ceux qui
âvoient été'fur les lieux & qui les avoient bbUrvcS ,
les c nnulTent m eux ou auffi bien que’ lui qui ne les
connoiffoit que par les livres.
L abbé de Vertot mou;ut au palais royal le 1 y juin
1735 , âgé de près de 8j ans. Depu s 17 x6, des attaques
réit rées d’apoplexie & de pardyfie le rete-
hoienc chez lui & le pvivoic t du bonheur de travailler.
Il pafia, les neuf dernières années de fa vie
dans une grande langueur & de corps & d’efprit.
' VERTUS , .( Philippe , comte de ) ( H'fi. de Fr.j
éroit*le lecond de trois, fils du düc d’Orléaus, frère
de Charles VI. Il mourut fans laiffer de poftérité
légitime.
V ertus ( Jean de ) eft a fli le nom d’un fecré-
taire du roi Charles V , c’eft un de ceux à qui on attribue
le Jonge du Vergier.
V E R V IN S , (voyei C o u ç i) .
; V È R U L AM , (B a con ).
VERUS (Lucius C.ïonius Commodus) (Hiß.
rom, ):. Marcus Ànnius Verus , conful pour la fécondé
fois , fan de-Rome 17z , & pour la t oiûème
l’an 177 , fut l’a y eu 1 paternel de Marc-Au èle.
Lucius Ceïonius Commodus, plus connu-par le
fur-nom de Verus , étoit d’une aucre famille. Adrien
l’adopta, & fit un mauvais cho x qu’il répara depuis
par celui de Tice-Antonin. Le pè e de Verus avo t
été préteur.j.foaaye'd, fon biU.ye^l & pluficurs de J.
Hißvire, Tome V.
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j fes ancêtres du côté maternel avo:ent été confuls
Vcrûs fut Céfar ■ , mais fes moeurs le rerdoient in
digne du rang- fuprême, & fa farté l’en rendoit pn _
capab'e. Il étoit beau , bien fait, & tellement livt^
à la molleffe & aux voluptés , qu’on crut qu’Adrie
donc les moeurs étoient auffi fort déréglées, ; 1-
voit adopté ' que comme il auroit pu adopter An q
nous. Peu d’hommes paroiffent avoir mené un
vie auffi eff minée ; il n’eft prefque connu que par
dos recherches & des . inventions dans ce genre-..
G\.'toit un véritable Sybarite., il fut l’inveV.teur
d'un lit d’une forme particulière, Oii fa, molleffe
repofoit plus voliiptueufement, d’un ragoût qui
fut foit vanté par tous les gourmands de fon temps j
il (e piquoit de goût en tout parce qu’’l rafffnoit
fur tout. Ses jeunes efcîaves étoient des amours,
fes. coureurs étoient des vents : ils portoient des
ailes j l’un étoit B orée ,l’a une Zéphy:e, & comme
le luxe eft inhumain , il abtégeoit leurs jours par'
des courfcs exceffives & des fatigues continuelles.
Il abrégea hs£ens par la voie-pré, par l’ufage imvmodéré
des p.laifi s les.plus dcftiudeurs.j parvenu
au comble de la faveur & de la puiffa; ce , i l ne fit
que languir & mou-, ir. «Je ne me fuis pas donné
en fils , dit à ce fujet Adrien , je n’ai- fait que donr
ner à l’olvmpe un nouveau dieu, ego mihi divurn
adoptavi , non filium Dans une autre pccafion ,
il dit fur Te même fujet msins pompçufemcnt
« Nous nous fommes appuyés fur un mur qui s’é-
crouloit , in caducum _ parietem ihcubjiimus ». Il
iavoit f .it préteur & deux fois cor fu i, i) avoir
fait plus pour lu i, puifqu’il i.avoit norrymé Céfar. 5
il l’avoit envoyé commander dans. la Êanncnie,,
où l’on’ ne peut pas dire que Verus n’ait eu de
Céfar que la molleffe , car:iî montra quelque talent
pour la guerre 3 mais fa foiblcffe & les plaifirs
firent bientôt évanouir cette omb.e de. talent. On
croit qu’Ad:icn , convaincu enfin de l’indignitéi de
fon choix, fongtoit à le révpquer, & que la mort
de Verus ne fit que prévenir fa deftitution. II, avoiç
é-é adopté ve.s fan de J. C. 135-5 il mourut l’an
138.
Il eut un fnéritr, il aima les lettres, il avoit
l’efpric orné , il é-'rivoit bien en profe & en vers.;-, ;V
Adrien’, en adoptant à fa -plaee Tite-Arrtonin -,
voulut que celui-ci adoptât • le fils !dè Vèrks' ( ce
fils avoir alo s lept ans ;*) & Marcus Anriiuè , petite
fils du premier V i r i l s dont 'nous avons parié y & qui
fut dans l ï fuite i’cmper:ur M-rc-Aurèè.' Adrien
difoir que le nom de Verus exprimoic encore foiôlè-
ment le carabtere vrai & vertueux de celui-ci', il
i’r'.npe loir Veriffimus. Le fils ’de Verus mort- Céfar ,
s’appéllâ d’abord Commodus , qui avoit aufli éréTe
furn m de fon pèi:è. Tite-Anroniri', d mt toute là
pvé-TieÜion fut toujours" pour Marc-Aurèle , qui
s-appelia alors Verus '^ furnorn de fon père & de
fon -yeul , iaiffa , Commodus dans la condition
privée, il le trouvor trop difftpé , trop livré aux
niailirs, trop fembfable , en un ‘mót, à fon père,
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