
ment alors féafit à Poitiers. Il y mourut le premier
avril 1481. C ’eft par fa prévôté qu’il eft
furçout célèbre.
Dans le teins qu’il étoit avocat-général ou
comme on difoit alors, avocat du toi au parlement,
il étoit le feul homme que notre malheureux
roi Charles V I , dans fes accès de démence
parut^ reconnoitre. Quand il paroifloit devant lu i,
le roi le regardoit fixement, & lui difoit: Juvé-
n a l, regarde£ bien que nous ne perdions rien de
notre tems ; comme on difoit à Rome dans les
tems difficiles : viderim con fuies ne quid refpublica
dctrimenti capiat. Que les confuls veillent à ce
que la. république n éprouvé aucun dommage. Il y
avoit dans ce propos d’un bon & maffieureux
prince un trifte fentimenc de fon état & un fou-
venir confus de l ’idée principale qui l’occapoit
dar-s fes intervalles de raifbn; il y avoit auffi une
grande efiime peur la vertu de Jean Juvénal.
Dans les troubles dont la fin du règne de
Chai les VI fut agitée par les violences des deux
fadions des .Armagnacs & des Bourguignons ,
Jean Juve'nal fut mis dans la prifon du châtelet
par la fa& on de Bourgogne alors triomphante.
Jean Jouvenel eut feize enfans dont deux ,
Jean & Jacques, furent archevêques de Rhcims.
Le premier a écrit l’hiffoire de fon tems. Gu:l-
laume Jouvenel des Urfins , un de leurs frères,
né le 15 mars 1400, fs-t fait confeiller au parlement
i’an 14^3 , & chancelier de France le
16 juin 1445. Au commencement du règne.^de
Louis XI en 1461 , il fut difg'acié ; en 1404
il fur même arrêté & retenu quelque tems pri-
fonnier a Moulins, vraifemblabiement pour quelque
foupçon d’avoir favorifé la ligue du bien public ;
mais Coït que fon innocente air été reconrue, foit
que la ligue n’ ait pu è re ffiffipée qu’à ce prix, il fut
Tetab i Je 9 novembre 146 $ d_ns fa charge qu?il
exerça jufqu’à fa mon, anivee le 23 juin 1472.
. U r.si.ns , ( Marie-Féli ité des ) femme du duc
de Mortmorenci , décapi é à Touloufe en 1632,
( V ? y e ç Montmorenci. )
U rsins, (Anne Marie de ’a TrémoUle) ( Voyez
T remoille , ) ( la ) ( Voyeç suffi l’article À l-
béront, ) avoit époufé en premières noces Aduen-
Biaffie de Taleyran , prince de Chalâïs , & m
fécondés FJayio des Urfins , duc de Brsccianq. Née
pour l ’intrigue & pour le commandement , elle
joua un rôle a Rome ; elle connibua .beaucoup
à la difgrace du cardinal de Bou lion. Devenue
veuve m e fécondé fois, elle fut nommée cama-
réra-nj-ayor ou dame d’honneur de la jeune reine
d’tfpagrre , Marie - Louifc Gabrie Je de Savo e ,
mariée le 11 feptembre 1701 au roi Philippe V
& foeur de la duçhefTe de Bou-gognc, Cet'e reine
avoit un courage au-delfus ds f n sexe & un
erprit au-deflus de fon âge, mais elle n’avoit que
douze ans ; la princeffe des Urfins fa gouvemoit &
gouvernoit par elie Philippe V , prince de dix-huit
ans , qui félon l’expreffion du marquis de Lou-
vi le , chef de fa maifi-n françoife , avoic reçu
de la nature un efprit fubjugué. Tout étoit en com-
buftion dans cette jeune cour; le chaos des interets
& des intrigues fubalternes étoit piefque
impoffible à débrouiller. Les haines nationales que
la fagelle du marquis d Harcourt femblo t avoir
éteintes , fe ranimoient avec plus de fureur ; la
lenteur efpagnole , la légèreté françoife étoient
toujours en contra lie : le choc du parti d’Autriche
& du parti de Bourbon devenoit tou ours plus
fort ; les françols même étoient divifés eut e eux.
L ’ambaffadenr de France en Effagne étoit le
miniftre naturel de Philippe V : cependant aucun
ambafiadeur ne vouloir ou ne pouvoit relier en
Efpsgne, par-la difficulté de s’accorder, foit avec
les grands du royaume , foit fu;-tout avec !a
princeffe des U>fins. En moins de quatre ans >
depuis-1701 jufqu’en 1705 , le marquis, alois duc
& depuis maréchal d’Harcourt , le comte
depuis maréchal de Marlïn , le cardinal d’Érrées , 1 abbe d Etrees fon neveu , le duc de Gramment,
enfin Araelot de Gournay furent fuccellîveinent
ambafîadeurs de F rance en Efpagne ; le dernier fut le
feul qui fut plaire au roi & à la reine, c’elt à-dire à
la princeffe des Urfins. Ainfi au lieu de fuivre
un plan fixe pour la refiauration de 1 Efpagne „
on tournoit fans cefîè dans un cercle de projets
&_de fyftêmes contradiéfoires. Louis X IV & fon-
miniftre Torci ne recevoient, au lieu de mémoires
’nflruclifs, que des l belles réciproques. La prin-
cefïe des Urfins s’en procurait d’avance la communication
par un moyen bien coupable , mais
b’en commun chez ceux-mêmes qui le condamnent
hautement, elle ouvrait les lettres qui parl
e n t pour la Fiance ; elle trouva ^ans une de ces
letif es qu’on 1 accufôit d’un commerce (ecret avec un
; jeune “homme ^ on ajourait pour fa julirficat on
qu on les crayoit mariés ; elle écr.vt au bas de fa
main: pour maries, non ; avouant aiifî hautement
& la violat on du dépôt des lettres , & le commerce
qu’on lui imputoit. Louis X lV fu t in igné,
la princeffe des Urfins fut rappellée j on !a ren-
voyoit d abord .à Rome d’où on l’avoit tirée. O a
ne vouloir pas meme entendre fa juflification t
j la reine d Effiagne obt nt quelle fut entendue ,
elle v nt a Ver sifies , & on s’emprefïà de la renvoyer
triomphante en Elpagne où el e fut plus
puisante que jamais. Le roi & la reine d’£f-
pagne -, a fa follicitation s’occupèrent long-tems
du projet d eriger en fouveraineié pour elle un
territoire particulier qu on aurait réfervé dans les
Pays-Bas. Les événemi m firent évanouir cette am-
bitieufe chimèie. Elie en eut une .'Utre qui lui échappa
de même. La reine d Efpagne étant morte, eile
effiaya de prendre fa -pla'e , mais un propos très—
negstifdu roi lui ayant foit voir qu’il étoit prévenu
fur cet article , & lui ayant fait juger que les obfiacles
fero!ent trop forts & delà part de l’ Effiagne & de la
paît de la France , elle abandonna fon projet & fe
contenta de ’chercher à mettre fur le trône d’Ef-
pagne quelque enfant bien docile qu’elle put ?’af-..
sur er de gouverner , ainfi qu’elle avoit gouverné la
précédente r-ine. ( Voye^ à 1 article A lbéroni,)
la difgrace de la princeffe des Urfins ; voye^ fa
mort a la fin de l ’articleT rémOjlle. ( la )
URSINUS , ( Voye[ F ulvius. )
U ksinus eft auffi le nom de divers favans
Lu lié liens , connus particulièrement dans leur fede.
Tels que, i° . Zacharie Urfinus , mort en 1 j 8 3 ,
grand ami de Mélanchton.
2°. George Urfinus , théologien danois, auteur
des antiquités hébraïques.
30. Jean-Henri, fur-intendant des églifes de
Ratisbonue , mort le 14 mai 1667 , auretir du
livre intitulé : exercitationes de Zoroaftre , hermete
Jane ho niât o ne »
40. George-Henri, fils du précédent, mort le
10 feptembre 1707 , auteur des ouvrages fuivans.
Diatribe de taprohanâ cerne U Ogyride veterum. Dif-
putatio de locuftis. Obfervationes philologie a de
variis vocum etymologiis & fignificationibus. De
primo & proprio aofifiorum ufu. Grammatica gr&ca.
Dionyfiù terroe orbis deferiptio cum notis. Notes
fur 1 s églogues de Virgile & ‘ fur 1 a Troade de
Sénèque le tragique.
USPERG , C Conrad , abbé d’ ) ( H f i. litt,
mcd. ) mort vers l ’an 1240, a laiffé une chronique
qui finit à . l ’an l'iz ç . Efe a-depuis été
continuée par un écrivain anonyme & pouflee
depuis le règne de l ’empereur Frédéric T I , jufqu’à
celui de Charles-Quint.
USSERILTS ( Jacques ) ( Hifi. Utt. mod. ) en
anglois. Usher, né à Dublin en 1580, neveu d’un
archevêque d’Armach , fut fait archevêque d’Ar
mach 1 u:-même en 1626, par le roi Jacques I.
11 refia fidèl ment & tendrement attaché au
malheureux Charles I. I l s'évanouit en voyant
l ’appareil du fupplice de ce piince. 11 perdit
tous fes biens dans les guerres civiles qui amenèrent
cette affieufe exécution. Le cardinal de
Richelieu , l ’univerfité de Leyde lui offrirent des
afyles avantageux, il refia en Angleterre & ne
celfa de travailler au milieu des troubles qui
agiraient fa patrie. On fait que c’efi furtout par
fes travaux fur la chronologie qu'il eft célèbre.
Tout le monde n’adopte pas fes calculs , mais
tout le monde refpcâe fon autorité. 11 mourut
en i é f ï . Richard Parr a placé fa vie à la tête
de fes lettres.
USUARD , ( Hijl. litt. mod. ) bénédiâln du
neuvième fièc:e , auteur d’un martyrologe célébré
qu’il dédia au roi Charles le Chauve , &
dont nous avons diverfes éditions eftimées. On
ignore le* particularités de la vie d’ Ufuard.-
UXELLES ou HUXELLES , (Nicolas Châlon
du Blé, marquis d’ ) ( Hifii de Fr. ). maréchal
de France, homme "de p lai fié , fin courtifan , médiocrement
bon citoyen , dit l’abbé de S. Pierre»
en rapportant fa promotion à l ’année 1703 ; il
avoit d’abord embraflè l ’état éccléfiâftique ; ce ne
fut qu’après Ja mort de fon frère aîné, arrivée
en 1669 qu’il prit le parti des armes , & ce fut
principalement dans la guerre de 1688 , qu’il fe
fit connoître avantageufement. En .1688 , il prit
Notifiât. En i£8p , ii défendit Mayence , & .ne
rendit cette place au duc de Lorraine qu’âpres
Cînquante-fix jours de tranchée ouverte. « Le
marquis d’ U x e l l e s , dit M. le préfident Hé-
» nault, eût tenu encore plus long-rems , fi la
» Ville avoit été mieux approvifionnée ; mais
« comme cola regardoit M. de Louvois , il eut
;Ü la prudence de ne s’en point plaindre, & ce
minifire lui en fut gré.
C ’eft au moyen-de cette prudence qu’on fait
fa fortune particulière & que la fortune publique
fe perd , & c’efi là ce que l’abbé de Saint-
Pierre , moins indulgent que M. le préfident
Hénault, appelle être-fin comtifan & médiocrement
bon citoyen. On dit que le public , trompé
par la diferétion du marquis d’ U x e l l e s , n'imputa
qu’à lui la prife de Mayence & que l e . peuple lui
cria Mayence en plein théâtre de la-part d’un jufle
eftimareur c’eut été un cri d’applaudifTemenc, car
cette déferife de Mayence fut réellement un des
exploits de cette guerre, mais dans l’in tendon du
parterre trompé , c’étoit un cri d’animadverfîon &
un outrage, & c'étoit de cet outrage, dé ces torts
de l'opinion publique que le marquis d Uxelles
fe trouvoit dédommagé par la faveur du marquis
dé Louvois. C e fut à lui que Louis X IV die
au fujec de cetce défenfe de Mayence : » vous
» avez défendu la place en homme de coeur , &
m vous avez capitulé en homme d’efpric ».
Ce prince jugea le maréchal éC Uxelles propre
aux négociations comme à la guéri e. Il l’envoya
en 1710 avec l ’abbé de Polignac au trifie congrès
de Gërtruydemberg , & en 1712 avec le même
abbé de Polignac & Ménager au congiès plus heureux
d'Utrech en 1718 $ il fut du confeil de
régence, & il n’y donna jamais que de bons avis.
Il mourut en 1730 , fans avoir été marié.
U Z E D A , ( le duc d’ ) ( Voye% L erme. )
H h h 2.