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’J“ * '■ épcïuJre nie , s'il fcmflt «êmable-
wer.t la juflrce, .1 r.e nu foit pas ls ta liberté ; car
6efoln d'^'™ K » » que pour être
ît cîétendoit cjoelrruerois aller; noblement les imérê's
des peuples contre ceux du fit- ; un préfet d’Egypte ,
pour taire fa cour , ayant envoyé an tréfor impérial
une ion-,me plus forte que celte que la province avoir
coutume * fournir. Tibère lui écrivit r qu’il fallait
tondre les brebis & non pas les écorcher p boni
f f ? . t o r d c r e pecus, non dcglult'r. li étoit
hberal & plaçoit bien fes 1 béralùés ; c’éioit une de
Ks bonnes quatre! , dit Tacite, & il confetva cette
vertu fois meme qu’il eut renoncé-a toutes les autres.
ï ogancæ per honefia premia copions : quumvirntem
<liu minuit y cum caleras exilent.
II af&âoir quelquefois, des manières populaires
Siais cétoit de mauvaife grâce , elles répugnaient
f araaè,e dur & fer j: il fe fouvenoit
OAugLlfe, dont la. popularité avoit été fi naturelle,
li brillante & fi aimable, & il eraig. oit le parailè'e.
aune parallèle J’inquiétoit encore davantage ,
c ,et0iî ce!ui de Germanicusion neveu & ion fis
adoptif, en. qui. !a popularité avoir un caraâère plus
uo ant, parce quelle tenait aux vertus plus encore
qu au iimple defir de plaire..
Quant à celles dont Tibère ni on. récit quelquefois
I apparence , elle ne touchoient ni ne plaifoient, elles
« oient toujours infpirées par la politique, & fouvenr
eincntics par le caraâère.. Un hoaune de lettres lui
appliqua a ce fujet ce vers d’Horace
pei
. rdfluta ingeuiuim vulpes. imïtata, Iconerm
fi ne s’aftreignit même à, feindre des vertus que
■■ nçant la vie dé Germanicus, objet de fs ialoufie
continuelle la piédileffion des- Romains pour cet
aimable prnee le faifoit toujours trembler.;, e’eft à
fes infouétions fecrettes qu’on attribue la mort de
G e rm a n icu s voye^ cet article qui eft de M. T urpin
dont le nom a été omis par inadvertence.. ) Vovcr
aufii les articles Pison & Plancike. Il; pai0^
que ces deux perfonnages étoient chargés de con-
Vaner Germanicus & de le perfécuter dans fon
commandement de l’Orient, 8c de lui precurér- là.
niort s’ils le pouvoientil paroît qu’ils y réufirent ;
r don fut depuis facrifié à la haine publique ; mais
rlancine > chofe étrange 1; trouva toujours un sûr
appui dans Livie.,, dans l’aïeule du prince ,. que, de
concert avec .fon mari , elle avoir empoifonné ; on
s’égare dùns ces ténèbres d’une politique fombre &
criminelle il eftvrai queLivie avoit toujours détefié
J^SrjPP’ns j- veuve de Germanicus, qui accufoit hautement
Plapcine, & que ne croyant peut-être pas Plancine
coupable,, par la raifon meme qu’elle avoit commis
le crime de plus d’abandonner: fon mari }. elle fe fit
un plafîr dé là défendre "contre Agrippine; mais en j
general il .parôît que Livie & Tibère qui éteiènt
pi£n éloignés d’èire d’ae.coid çn tout > furent affez |
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Jatéfilgence dans le projet dé perdre Germamcu*.
f e d horatlier la fièrd & fenfibk Agrippine.
, premières & ttos plus .indignes cruautés,
de Tibere, fut de faire périr de f iV l a célèbre 6c.
malheureufe Juue , fa femme, fille d’Augufte. Son
pere * dont elledéshonorait-la maifon par f i mauvaife-
conduite „ 1 avoit exilée;.
Pour fes débordemens j’en ail chafle Julie,
De, l’IflePandata;re,QÛ elle étoit d’abord reléguée.’,
ec qu u. jugea un féjour trop txifte & trop Iblitaire ,
il 1 avoit transférée à Rhège, oh elle avoit la ville
pour pnfon, Augufte avoit lenti; qu’il devoit lui la'fler
de quoi vivre puifqu’il lui laifloir la: vie , & ce n’était
pbs lut faire grâce ; car on a beau dire, les faute*,
de ee genre, allez punies par la honte, ne doivent
ea aucun cas entraîner des, peines capitales..
» ,, . :-s# i
KeguLi peccatis quas- promis, irroget acquits „
Ne fcuticd dignum. harriüli. f , 3ere flagella„
. Tiiere, par ïbypocrifie qui préfidoitatoutesfes acs
dons, avoit a,ora intercédé pour elle auprès d’Aueuftec
aubitot qu il là vit le maître, il luiretrancKa.fa pen-
uon alimentaire,fous lè lâche prétexte qu’il n’en étoit
point par.e dans le teflament d’Augufte , comme ft
Augidte avoit pu prévoir nue l’homme qui avoit
folheite auprès de lui pour Julie cette penflon, voué
droit cefferdela payer, & deviendroit le bourreau,
de celle a laquelle if devait fon principal,, même
ion unique titre à l’empire..
mère fit auffi, périr un dès, anciens amans de
Wiie ,bempromus Gracchus, qui.n’étoit plus à, craindre
pour lui dans aucun fins;, ce fut encore une cruauté;
gratune. Augulie s’émit contenté de le reléguer dan»
1 ide de Cerane, & o’étoit encore beaucoup, pour
fon crime. Quel homme refuferoit les. faveurs dhjna
aimab e &puiffante princeflè, ou ne les folliciteroit.
pas s d 1 ofon ? A la cruauté qui lui étoit naturelle ,
Tibere joignit un artifice qui. lui étoit plus naturel'
encore p il n envoya pas direfiement de Rome le»
ioldats charges de tuer Sempronius Gracchus, il les
ht envoyér d Afrique: par L. Afprenas , proconful de
cette province ,ahn que celui-ci ffit chargé delà mort
de G.acchiis & qu’il, put le désavouer, comme if
aveu voufo defavouer. Sallufte après la mon d'Agrippa,
Pofihume. C eft amfi.qu’il juftifioit la définition,qu’avoit
faite de. foi un de fes inftituteurs , en difant que
Urne de Tibere était de la boue pétrie, aveu du-
l anë-
Tibère. , qui ne payoit point là penfion alimentaire
e ta femme , parce qu’Augufte n’en avoit pas parlé,
dans ton teflament, ne fe preffoit pas non plusd’ao.
quitter le legs qu’Augufte avoit fait expreffément
a»x cifoy^nsTlomains de trois cem féflerces. par.
i et,<)lt • ^an? doute oubli ou négligence, car
Tibère n étoit ni avare ni avide , & lui-même il
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lié recevoït point les legs que les Romains étoient
-dane l’üfage de faire aux empereurs , pour ailurer
l ’éxecution de leurs tefîamens. Il n en recevoit^ que
•dé fes vrais amis ,|qui lui en euflent fait s il n eut été
que fimple particulier, mais enfin Tibere etoit ici
en retard. Ün plaifant,qui pourroit bien avoir donne
à la Fontaine, l’idée afiez infipide de fa fâble du
Rieur 6* des Poijfons , s’approcha dun mort qi*il
yqyoit porter à travers la place, & parut lui parler
■à l’oreille ; on voulut favoir ce qu’il lui avoit d.t,
il fe vanta de l’avoir chargé d’avertir Augufte que
le peuple n’avoit pas encore reçu la gratifica.ion portée
dans fon teftament. A la place de Tibere, un honnete
homme des plus ordinaires , fe feron contenté de dire:
voilà un mauvais plaifant , mais il m avertit de mort
devoir que je négligeas ; un honnête homme plus délicat
ou feulement plus habile , auroit ^ ete jufqu a
donner au plaifant une gratification particulière pour
l’avoir averti de fes torts : Tibère fit venir ce Rieur ,
lui conta fes trois cent fefterces 6c l’envoya au fup-
plice 9 en lui difant d'aller s acquitter Iji-même de
fou méfia ge auprès d’Augufte; car, prendre un empereur
pour objet d’une plaifanterie, étoit une irrévérence
qui tenoit à fes yeux du crime de le/e-
majefté , & Tibère commençoit à goûter cette accufa-
tion vague 8c inévitable, le plus monftrueux attentat
que la tyrannie , foit monarchique, foit républicaine,
fe foit jamais permis contre la liberté 6c la surete
des citoyens. Il s’y etoit d’abord montre contraire ,
.& toujours par hypocrifie , il vouloit du moins que
les difeoiirs en fu fient exceptes, il repetoit fou vent
que dans une ville libre, les langues 6c les penfées
dévoient être libres: in civitate liberû. linguam men-
temque libéras effe debere. G eft pour le dire en paf-
f in t , une maxime qui importe effentiellement a la
liberté, que l’indifcrétion des difeoujs ne foit jamais
réputée un crime , 6c ne foit foumife a aucune
peine, ne fut-ce que parce qu ils font fi fojets a
être mal entendus 6c mal répe.es. Si quelqu un, di-
foit Tibère en plein fénat, fi quelqu’un cenfLire ma
conduite , je rendrai compte de mes principes ; f i ,
après avoir entendu ma juftification , il continue, a
m’attaquer. , eh bien ! nous ferons ennemis.
Quelquesfénateurr, ou par adulation , ou peut-être
de concert avec lu i, ayant demande que le fénat
prît connoifiance des avions 8c des paroles contraires
au refpeâ dû à la majefté du prince: « nous n’avons
j, pas , dit-il, allez de loifir pour nous engager dans
»> ce nouveau genre d'affaires. Si une fois vous ouvrez
» la porte à ces délations , vous n aurez plus que
»>. ces matières à traiter. Quiconque aura un ennemi,
prendra cette voie pour le perdre. tantiwt où.
habemus , ut implicare nos plitribus negotiis debeaums.
Si banc fcneflram aperucritis , nihil aliud agi frnetis :
omnium inimtùtus, hoc preetextu ad. vos dsjerentur.
Ce n’étoit donc pas faute d’avoir vu tous les maux
que pouvoit produire l'abus des accufations^ de lèze-
majefté , qu’il le UùiTa porter jufqaà tin excès rifible-
ment affreux:
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Vir'to tr.eisra pratique ,
D deriora Jèquor.
Falan'iîs 8c Rubrius furent accufés devant le fenàt
comme Coupables d’irrévérence envers la divinité
d'Augufte. Le premier , dans des fêtes inftituées en
l’honneur de ce prince , avoit admis au nombre des
miniftres xle fon cslte > l’Riiirion Caffius , homme
d’une vie infâme ; en vendant des jardins, ou etoit
un ftaiue d’Àuoi.fte , il avoit vendu la ftatue avec
les jardins, il ^aveit donc fait delà ftatue d’un Dieu
un objet de commerce.
Le fécond avoit fait un faux ferment en atteftan*
le nom d’Augufte ; il ne faut jamais faire de feux
fermer t par quelque nom que l’on jure , mais ici le
crime de lèze-majefté n’ étoit pas le faux ferment*
c’étoit le manque de refpeéfc au nom du Dieo
Augufte.
Il falloit., d’après les principes mêmes de Tibère ’
rejetter ces frivoles accula tions , elles furent admifes-*
mais on confulta l’empereur , il répondit encore très»-
raifonnablement * qu’en plaçant Augufte dans le cieL,
on n’avoit pas voulu tendre un piege aux-citoyens»;
que fa mère même employoit , comme Falanius , lé
Pantomime Caftius, aux jeux qu’el'e faifoit célébrer
en l’honneur d’Augufte; que les ftatues des -Dieux
comme celles des hommes, pouvoient, fans que là
religion y fût intéreflée , fuivre le fort des mai-
fons vendues 8c des jardins ; qu’à l’égard du parjure,
il falloit laifter aux dieux le foin de venger leurs
injures : Deorum injurias dits curce.
Granius Marcellus , gouverneur de Bithynie, fut
accufé, par des délateurs de profeflion , métier devenu
lucratif, d’avtfr mal parlé de Tibère. L’énoncé
même du mal qu’on l’accufoit. d'avoir dit, fembfoit
porter conviction ; car c étoient toutes chofes vraies ,
ce-.oit ce que tout le monde penfoit de Tibère : dans 1s
code des tyrans, le plus gr^id crime eft d’ofer nommer
ce qu’ils ofent (aire., Tibère eut beaucoup à
foûft’rir en en endant les détails,fâcheux de cette accur-
fation ; il fe contint. Mais. Marcelius étant àufE accufe
d’avoir ôté d’une ftatue la tête d’Augufte, pour y
fubftiruer celle de Tibère, celui-ci, heureux d’avoir
une fi belle occafion de paroître généreux, en fè.
livrant à tout fon refîentvmeiit, éclata fans mefurô
contre Marcelius : préférer un empereur vivant à ua
empereur mort ; quelle profanation !
Manger l’herbe d'autrui ; quel crime abominable !
Il déclara , dans fa colère , qu’il pré-endoit. donnée
fon fuffrage dans cette caufe , 8c venger fon père
adoptif, c’eft-æ-dire, fe venger. « Il refteit encore j
dit Tacite , -des veftiges de la liberté mourante',
v manchatit ctiam tum vejligia moricnlis liberiatis*
Cneïus pifon ofa lui demander, en quel rang il pré-
tendoit opiner ? Si vous opinez le premier, dit-il,
» vous d éferez mon fufirage : fi vous opinez le.der-
» nier, je eçaindrai toujours de me trouver.^ fins«®
M m a