
ffjtf f I T
lande, pays des fe&cs & de la liberté ; il y travailla
pailibîemenc à l'édition de la Bibliothèque des f eres
polonais , qu il publia en 9 volumes in-folio. On a
encore de lu i, parmi beaucoup d’autres ouvra gts
théologiques & polémiques, un traité in itule : Re-
ligio rationalis Jeu derationis judicio in controverjus
etiatn theologicis de religiofs adhibendo tradiatus.
Ce tirre annonce une queftion délicate & importante
, fur laquelle tous les partis femblent être
d’accord & fur laquelle tous les partis diffèrent. Tous
conviennent que la raifon do:t être employée dans
l examèn des difficultés théologiques*, mais quel eft
le point où elle doit s’arrêter & céder fa place à l ’auto
tite ? C ’eft ici que tous le divifent & accoident plus
ou moins, foie à l’une, foit à l’autre. Wijfowatius
mourut en Hollande en r 668.
' W IT ou W IT T , ( Jean & Corneille de) (Hift.
de Hollande. ) martyrs illuftres de la liberté de leur
paysi étoient fils de Jacob de W itt, bourgmefire de
Dordrecht. Jean de Witt qui, api es s’être livré à
l ’étude des plus importantes fciences, & avoir beaucoup
voyagé pour s’y perfectionner, s’etoit élevé de
grade en grade, jufqu’à l’emploi de perfîonnaire de
Hollande, fut pour le prince d’Orange, Guillaume
III j ce que le vertueux Barnevelt avoit été
pour le prince Maurice'. Il avoit en quelque forte
prélîdé à fon éducation, & avoit pris un foin particulier
de le faire inftruire dans la politique, croyant,
dit Burnet, que l’intérêt public demandoit qu’on
rendît ce prince propre à gouverner ; mais en le
rendant pro'pre à gouverner, ne lui infpiroit on pas ,
le defir de gouverner, & l’étude de la politique
n’eft-elle pas aufli l’école de l’ambition \ Il y avoit
alors deux partis dans la républiques celui de la
monarchie, favorable à la maifon d’Orange, & celui
de la liberté, contraire aux vues ambitieufes de cette
maifon ; les de Witt étoient à la tête du parti de la
liberté & Jean de Witt , en cultivant dan^ le
prince d’Orange les taîens propres au gouvernement,
ne defiro:t pas fans doute qu’il pût un jour en faire
ufage; mais, prévoyant tous les cas, & en particulier
celui où ce qu’il regardoit comme le malheur delà
république, mettroit le prince d'Orange à la
tête des affaires, comme fés prédéceffieurs, il vouloir
qu'alors le prince d'Orange, par un gouvernement
fage & doux , pût confoler la république de la
perte de fa liberté. C'étoit dans cette vue feulement
qu’il le faifoitinftruire avec tant de foin; il en reçut,
de Guillaume III la même récompense que Barne-
Welt avoit reçue des foins qu’il s’étoit donnés poür
l ’éducation de Maurice, c’eft-à-dire que Maurice &
Guillaume firent périr leurs bienfaiteurs. Le parti;
d’Orange fe donnoit de grands mouvemens pour élever
au flathouderat le prince d’Orange, encore dans l’enfance;
le parti républicain avoit fait abroger folemnel-
lemnet le ffathou dérat, avec défenfes de le rétablir ja-
mais; en conféquence les de Witt s’oppofoient de
tout leur pouvoir au rétebliffement de cette dignité.
L e parti contraire employa contre les de Whi juf-
W I T
qu’à î’affafFnat. Le grand penfionnairc fe v^t tout a
coup attaqué par quatre afîalïins, dont un feulement
fut piis & puni. Jean de W i t t , pour n’être
plus expofé à de pareilles fureurs, demanda fa retraite,
& l’obtint. La guerre que la France fit à la
Hollande en 1672, fervit les’ defleins des partifans
de la maifon d’Orange, on demanda plus hautement
que jamais un fia houder ; -le rétablilfement de cet e
dignité parut alors la feule reffource qui reliât à cette
république , accablée par les armes de Louis XIV;
Guillaume fut élu, & ce même parti d'Orange qui
avoit fait affaffiner Jean de W i t t , accufa Corneille
de W i n y fon frire, d’avoir voulu faire affaffiner le
prince d’Orange; Comci le fut emprifenné a la
. Haye, on lui fit fon procès, on ne put le convaincre
de rien , on le condamna cependant au baniffie-
ment ; mais ceux qui avoient aflaffiné Jean de W i t t t
& qui vraifemblabiement calomniaient alors Corneille,
avoient à leur difpofîtion toutes les reffourcts
du crime; ils connoiffoient & favoient manier les
re(Torts fecrets qui font mouvoir la populace aveugle
& effrénée ; celle ci fe jetta for h s deux frères de
W i t t y au moment où l’on faifoit fortir Cornedle de
’ ptifon pour exécuter la fentence de baniffement,
elle les,, maffia cra, & exerça fur leurs corps déchirés
. cotfs ces outrages, toutes ces horreurs qui lui ont été
familières dans tous les tems , dans tous les pays,
Jean de Witt avoit gouverné l’état pendant dix»
neuf ans avec fageffie & avec vertu ; Corneille avoit
fervi avec valeur & avec fidélité. Le grand penfîon-
naire , magiftrat vraiment populaire , vivoit de la
manière la plus conforme à la frugalité, à la mo-
deftie de fa nation. Pourquoi, en effet, dans une
république, qui doit prendre les moeurs de la pauvreté,
le magiftrat affèfteroit-ii un fafte *oyal ? Sa
rbpréfentation eft dans fon autorité, non dans fon
luxe, & la plupart des républiques devant leur éta-
bliffiement à la haine du luxe des monarchies & des
défordres que ce liixé entraîne , c’eft une grande
inconféquence d’environner de falîe & de luxe un
. magiftrat populaire , & de lui permettre ou de lui
preferire ce que l’on condamnoit dans les miiuftres
des rois :
C’eft agir en tyrans , nous qui les punifl’ons.
Jean de Witt n’avoit qu’un laquais & une fer-
vante; il marchoit à pied dans les rues de la Haye,
mais il faifoit rcfpeder & craindre fa nation, & dans
les négociations de l’Europe, fon nom étoit compté
parmi ceux des plus puiffans rois. Homme infatigable
dans] le travail, plein d’ordre, de fageffie,
d’induftrie dans les affaires-; excellent citoyen,
igrand politique, fur-tout grand ami delà paix, &
c’eft ce qui le perdit , lorfque le prince d’Orange,
qui vouloit s’illiiftrer par la guerre, l’eut emporte
fur lui,
G e m êm e d e Witt-, q u a n d l a g u e r r e a v o i r é t é , ou
l u i a v o i t p a r u n é c è f f ia i r e , l ’ a v o i t fo u te n u e a v e c courage
W 1 T
rage & a&ivité. Sa promptitude à réparer des flattes
ruinées dans les combats , avoir fouyent été admirée
, & ne redoutant pas plus les dangers que les
travaux, on f avoit vu plufieurs fois, fur ces menus
flottes, s’expofer aux coups, donner l’exemple aux
chefs & aux foldats, & les animer à la défenfe de la
république.
C’étoit d’ailleurs le plus grand calculateur de
fon temps. « Perfonne, dit Burnet, n’employa jamais
» mieux que lui l’algèbre à toutes les affaires du
m commerce. Ignorai t dans l'hiftoire moderne &
>3 dans le cérémonial des cours , il faifoit des fautes
33 dans ce genre, mais il n’etifaifoit guères que de
» ce genre. ^ Les fe rets & les projets de tous les
princes, difoit il , me font révélés / car leurs intérêts
me font connus. Cette règle- n’eft cependant pas infaillible
, car les princes peuvent ignorer ou mécon-
noîire -leurs vrais intérêts, & la république de
Venife p nfa être perdue, en 1 5©^ , pour avoir trop
bien raifonné, & pour n’avoir pas voulu croire à la
ligue de Cambra yjj| parce qu’elle étoit ablbîuinent
Contraire aux intérêts de toutes les puiffiances qui
l’a voie ne formée.
On a de Jean de Vitt, des négociations & des
mémoir s. Sa vie, en deux volumes i n - n , a été pu
bliée à Utrecht en 170.9.
WIT ASS E, ( Charles ) ( H i f t . l i t t . m o d .J ) né à
Chauny dans. .le. diocèfe de Noyon en 1 6 6 0 , fut pro-
fefleur royal; en théologie à -Paris,paffia pour un
théologien diftingué. Il rempliffoit fa chaire avec
honneur & avec un grand concours de difciples ,
depuis Tannée 16 9 6 3 lorfque la bulle u n ig e n itu s
vint allumer la guerre dans Tunivex/îté, fur-tout dans
la faculté de théologie ; fon opposition à cette bulle
le fit exiler à Noyon, il prit la fuite, & ne reparut
qu’après la mort de Louis XIV. Çe .ne fut pas
pour long-temps, il mourut d’apoplexie, en 1716,
peu après fon rferour. Il avoit la confiance du çar-
drnaLde Nqailles, 61 on croit qu’il ne contribua
pas peu a la réfiftance que ce prélat oppofa longtemps
à la bulle u n ig e n i t u s , qui, dans l’origine &
dans l’intention de fes ennemis, étoit un a<fted’hoftilité
con*re lui. C’eft au même w i t a j f e qu’eft dû l’éta-
bliffement de la maifon ou hofpice, des prêtres de
Saint-François de Sales', où les pauvres curés &.
les prêt res invalides., fur-tout du diocèfe de Paris,
trouvent une ret>a te,5c une fubfiftanee honnête. Le
cardinal de No ai lies entra dans ces vues charitables
avec tout le zèle qu’elles dévoient, naturellement
infpirer à ce vertueux prélat. Lorfqu’il demanda
des letttres-patentes pour cette fondation
à Louis XIV » qui a voie fait alors ce noble éta-
bliffement des inva ides, “ il eft bien jufte, dit ce
prince, ce que mes foldats ayant une retraite , ceux
» de Jéfus-Chrift n'en manquent pas ».
Une partie des traités théologiques que WitaJJe
avoit- diètes en forbonne,.a été imprimée, & ces
Hifioire , Tome V,
W I T 657
' traités font cftimés comme de bons ouvrages de
'théologie foholaftique. On a de lui encore plufieurs
I lettres fur la pâque, &c il fit, à la follicitation du
parlement de Paris, un examen critique de l’édition
des conciles du père Plardouin.
WITIKîND , ( H i f t . <CA l l em . ) digne rival de
Ghailemagne par les taie ns , par. la valeur , par
les vertus, & .plus in t ère fiant que lui, puifqu’il com-
battoit pour la liberté', & qu’il fut malheureux.
Cet homme, auffi éloquent que brave, ne ceffô;t
' d’animer les faxons, fes compat îotes, à la défenfe
de leur pays ; fes difcoürs , toujours animés du feu
de la libertééehauflbient & tranfportoicnc aifément
des coeurs nés pour elle; il avoit pour les François,
parce que ceux - ci étoient eonquérans , parce qu’ils
vouloient être maîtres, la haîne qu’Annibal avoit
autrefois vouée aux romains. Non content d errer
' dans toutes les .peuplades des faxons pour les remplir
de fon cfp-i i t , fa politique" s’étendoit jufqu’aux
puiffiances étrangères , chofe peu commune alors :
il cherchoit par-touc à fu/citer .des ennemis à la
France.. Charlemagne ayant forcé les Taxons a fe
faire baptifer, 'affeéhoit de regarder la réunion des
deux peuples comme /confommce par l’unité de
foi & d,e culte ; en conféquence les faxons furent
appelés aux, délibérations communes , ils furent
invités à l’affembiée -du champ de Mai, de 777
qui devoir fe tenir pour/cette raifon a Paderooni,
dans leur propre pays; on efpéroir peu qu’ils s’y
trouvallent, & ce fut pour les frahçois une fur p ri le
agréable d’y voir arriver les d fférentès peup’ades.
. des faxons, conduites par leurs chefs , à la réferve
d’un feûl ; mais ce feul chef étoit tout, c'étoit
w i t i k i n d .-Incajole de toute feirire & de toute
foibleffe, incapable de mentir à Dieu & aux hommes,
il né vouloit ni être ni paroître chrétien ik françois.
Tandis que Charlemagne , à l’affiemblée de Paderborn,
îuipofoic des loix à'la Saxe. & faifoit donner
le baptême à ceux des faxons qui ne l’avoient pas
encore reçu w i t i k i i f d alla porter fa fcaîne &: fa
douleur à la cour de Sigéfroi fen ami , roi des danois
ou normands , démarche qui fut la premièré'époque
d’une grande révolution dans' FEurope : car ce
fut cette alliance de W i t i k i n d avec Sigcfroi, se
furent les continuelles inftigations qui attirèrent
fur les Cotes de la France , ces normands qui, pendant
plus d un fiècle, la fatiguèrent par tant de
rayages , qui fe firent céder la plus belle & la plus
riche de fies provinces , .à laquelle bientôt ils en
ajoutèrent d’autres,; qui conquirent l’Angleterre
fous Guillaume le bâtard, leur duc , & qui., depuis
ce temps, fous le nom d’anglois , n’ont celle que
par intervalle d’être nos ennemis & nos rivaux.
-En 778 , pendant que Charlemagne éteit occupé
en Efpagne à rétablir Ibinalarabi fur le trône de
Sanagoife, pendant qu’il effiuyoit à Rdncevaux le
feul échec qu’il ait jamais reçu en perfonne , pendant
qu’il s’en yengeoit glorieufement par la défaite
O 0 o o