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t«nans fe turent par refpeéh La difpute dufa pendant
trois-jouts; ils fe traitèrent de f u r i e u x , d*enrage
s , d efclaves de S a t a n t p lu s ennemis de J . C,
que le pap e même•
Z u in g le plus ignorant & moins véhément que
Luther, fut obligé de céder fur beaucoup d'arcJclesj
il ne conleWa ion opiniâtreté que fur la préfence
reelle , qu’il ne voulut-jamais accorder. O11 le convainquit
réciproquement de ne difputer que pour
»ne figure de rhétorique. En eifet . aucun de ces
deux partis n’entendqit dans le. fèns littéral ces
mots : ceci efc mon corps ; ils fîgnifîoient félon les
Luthériens: ceci co ntient mon corps , ceci eft u n i a
mon corps , c etoit donc la figure appelée lÿnecdoche
qui met le contenant pour le contenu ou la partie
lout* L.es niêmes mots félon les Zuingliens
fignifioienc : ceci eft la figure de mon corps ^ c’étoit
donc le trope appelé métonymie,, qui met le ligne
pour la chofe lignifiée. Pendant iong-tems il 11e fut
quelîion parmi les proteftans que de la Synecdoche
de Luther & de la métonymie de Z u in g le ; c’étoit
pourcette métonymie que les facranjentaires avoient
été profcrits dans la leconde diète de Spire tenue
en iy 2^.
A Marbourg, Z u in g le fe montra Te plus ami de
la paix, il s’humilia devant fon ancien maître, il
s’attendrit julqu’aux larmes.*» Ne motez point, lui
? vôtre tendrelfe paternelle; confervons l’u-
daignez nous admettre à votre communion juf-
JÉÊn, a*c P^u a d’éclairer davantage
l ’eglife réformée fur cet article delà cène. Eh quelle ,
communion, répondoit fièrement Luther, peut-il ;
refler entre les fils de Bélial & les enfans de Dieu?
Quelle fraternité me demandez-vous lî vous per-
fiftez dans une opinion qne je condamne ? Vous •
doutez donc de votre foi, puifque vous voulez être
frères de ceux qui la rejettent, »a
L accomodcment n’ayant pu le faire par vole de
Communion, l’on propo'a d’en faire un par voie de
charité fraternelle. Luther y confenrit, en interprétant
ceite charité de celle qu’on doit à des ennemis
même, & non de celle qu’on doit aux gens
de fa communion.
On convint de ne plus écrire les uns contre les
autres ; Luther y consentit encore, mais feulement
pour donner aux Zuingliens le tems-de fe reconnoî-
tre; il ne vpyoit que de l’artifice dans leurs loumif
fions: S a t a n y diloit-il, rég n o it tellement en e u x ,
qu i l n 'é to it p lu s en leu r p o u v o ir de dire au tre chofe
que des n}enfoTiges.
Partaient-ils de paix ? M a u d ite éternellement, s’é-
crioit Luther , la p a ix q u i f e f a i t au préju d ice de la
v é r ité . U n y a p o in t de m ilie u , ils f o n t des y niniftre s
de S a t a n ou nous en fommes*.
Puis s’enflammant par la difpute & par le fuccès,
z u r
& fo n O r g u e i l s 'a p p l a u d i l fa n t d ’ a v o i r à c om b a t t r e
t a n t d ’ e n n em is : J'ai le pape en tête, d i f o i t - i l , y ’ a r n
dos les facramentaires & les anabapti/tes f je marcherai
moi feul contre tous, je Us défierai au combat,
je les foulerai aux pieds. . . . Je dirai fans vanité que
depuis mille ans l'écriture n a jamais été ni fi repur-
gee j ni f i bien expliquée qu elle l'eft maintenant par
moi. . . . Les papiftes eux. mêmes font foncés de mi
donner cette louange.
Tel fut le réfultat de l’aflemblée de Marbourg ;
on s’attribua de part & d’autre la vi&oire; le filence
promis ne fut point obfervé , on continua d écrire &
avec plus d’aigreur qu’aupai avant. Luther demanda
hautement raiion a toute l’églife réformée de l’info-
lence de ce Zuingle qui ofoit-lui difputer la .gloire
d’avoir le p emier prêché J. C. Il ne cefla de combattre
, de haïr, d’excooemurier Zuingle.& les fcc-'
tateurs. Ceux-ci, en reprochant à Luther fes em-
portemens, s’étoientTervis du mot dëmalhe reux.
On peut juger fi Luther relève ce mot & s’il eu
triomphe. Ils mont fait plaifir , dit-il ; moi donc le
plus malheureux de tous les hommes, je m'eftime heureux
d une feule chofe , & ne veux que cette béatitude
du p f lmifte : h e u r e u x l ’h o m m e q u i n ’ a p o i n t
■ É T É DANS LE CONSEIL DES SACRA MENT A 1RES ,
E T Q U I NE S’ EST POIN T A SSIS DANS LÀ CH AIR E
P E c e u x d e Z u r i c h .
Si les Zuingliens fe plaignoient aux luthériens
modérés des violences & des faicafmes de Luther ,
ceux-ci repondoienc que leur maître , lorfqu'il étoit
échauffé, difoit plus qu il ne vouloit dire, & que
c étoit un mal fans remède.
^Cependant les facramentaîres ou zuingliens fèn-
toient la nécelfité de fe réunir avec les luthériens,
& d’avoiçpour eux le nom de Luther. II y eut entre
les deux feftes un projet de traniàaion fur l'article
de la cène ; on y exige des zuingliens certaines ex-
preflions en faveur defquelles on promet de leur en
accorder d’autres ; en effet leurs idées & leurs mots
étoient leur bien, ils pouvoient en difpofer à leur
gré.^ Accordez nous, difoit Luther, que J. C. eft
vraiment préfent, & nous vous accorderons qu’il
n y a que le pain qui fort mangé. Un moment après
Luther fe jétraâe : I l vaut mieux , dit-il, laijfer les
deux opinions comme elles font, & il le borne à demander
qu’on foit réputé de part & d’autre agir de
bonne foi ; puis il finit par s’en tenir à -la charité
fraternelle.
Cette charité fraternelle ayant un peu plus éloigné
les efprits qu’on avoir voulu rapprocher, les proteftans
ne portèrent que des forces divifées à la
diete d Ausbaurg tenue en 1530 , époque mémorable
dans l’hiftoire de la réforme. Ce fut là que les
luthériens préfenrèrent à 1’ empereur, le 25 Juin ,
cette fameufe confeflîon d’Ausbourg, ouvrage dç
Melauchton, adopté par Luther* Zuingle nç la reçut
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point. Il envoya au nom de la Suifle dont il étoit
J'apotre,une confeflîon particulière. Les zuingliens
appeloient la confeflîon luthérienne, la boète de
P a n d o re , la pomme de Difcordey une chaujfure a to u t
p ied s y un g ra n d & v a f t t manteau, ou S a t a n f e p o u -
v o i t cacher auffi bien que J . C.
Martin Bucer drefla auflî une confeflîon particulière
pour les quatre villes de Strasbourg, Memin-
gue . Landau & Confiance dont il étoit l’apôtrc particulier.
" Lès deux confeflîons de Z u in g le & de Bucer ne
diffêroient bien efient'eilement'de celle des luthériens
gue fur l’article de la cène j les luthériens ad-
mettoient la préfence réelle . quoique fans tranfubf-
■ tantiaiion ; Z u in g le da proferivoit nettement & fans
détour j Bucer biaifoit & ne vouloit choquer ni
lune ni l’autre de ces deux opinions.'Cependant
les quatre villes proteflantes , dont il étoir l’organe,
n admettoient point la préfence réelle, elles étoient
facramentaires , auffi bien que les fuifles.
L’empereur ayant, par un décret du 22 août 1530,
réprouvé la confeflîon d Ausbourg, & .fornaé avec
les princes catholiques, la ligue d’Ausbourg pour
la aéfenfe de la foi, les princes proteftans d’Allemagne
de concert avec François I. conclurent la
ligue de Smalcaldp, & réfoiurent là guerre , au
moins pour leur defenfe. Alors on feiitit plus que
jamais la nécelfité de terminer la querelle facra-
mentaire, de réunir les zuingliens avec les luthériens
pour fortifier le parti proteftanr. Martin Bucer
entreprit cet ouvrage. Cet homme né avec plus de
goût pour l’intrigue que pour la domination, aimoit
mieux négocier que dogmatifer. Organe des quatre
vil'es à la diète d’Ausbourg, il s’étoit moins piqué
d’être fidèle que d'être conciliant, & quoique-ces
villes fuflent facramentaires , il avoit tourné leur
profeflîon dé foi de manière qu’il fe rapprochait de
la préfence réelle de Luther fans trop s’éloigner de
Ja préfence par la foi te*Z u in g le . Après s’être ainfi
rapproché ’’de tous deux, il s’agifloit de les rapprocher
l’un de l’autre. Bucer , fécondé de Capiton fon
collègue, auffi fourbe que lui, alla négocier à Zurich
,: après avoir conféré avec Luther.
Il falloit combler tout l’intervalle qui féparoit la
préfence réelle de la préfence par la foi. Le corps
S' ie f a n g f o n t réellement & fubftantiellement repus,
difoient les luthériens. I l s fo n t repus p a r la f o i f e u lement
, difoient les facramentaires. Bucer, prétendu
facramentaire, parloit avec les fuiiïès de cette dernière
propofîtion : Le corps & le f a n g f o n t repus
p a r la f o i . Mais cependant, difoit-il, c’eft le vrai
corps, c’eft le vrai fang qui font reçus ; & on lui
accordoit cela, car J. C. n’a voit pas deux corps, 1 un vrai & 1 autre faux. Voilà donc le vrai corps de
J. C. reçu dans la cène. Eh bien ! au lieu du vrai
corps mettons ta p ro p re fu bftance du c o rp s , L’ex»
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prelfion eft à-peu-près fynonyme, & pu’fqu’on reçoit
la propre fubftance du corps, voilà donc le
corps fubftantiellement préfent.
P r é f e n t , fi vous voulez, lui difolt-on , mais par
la foi feulement.
Sans doute, repliquoit Bucer, mais eft-il bien
néceffaire d’exprimer ce mot ; ne luffit-il pas de
le fous-emendre f Ainfi Bucer parvint à dire.comme
Luther, que le corps & le fang de J. C. étoient
réellement & fubftantiellement préfens & reçus dans
la cène , & il fo'usentcndoit feulement que c’étoit
par la foi.
Mais les fuifies opiniâtres dans leur fîmpjicité ne
voulurent jamais fom-entendre, & il fallut que Bucer
fe bornât à traiter pour les quatre villes de fa communion.
Les fui (Tes n’avoient plus cependant Z u in g le pour
les guider & les animer ; mais ils étoient fideles à fa
doétrine& à fa mémoire ; quand Martin Bucer étoit
paiti pour Zurich, il avoitcompté y trouver Zu in g le
& traiter avec,lui ; mais Z u in g le toujours jaloux de
prévenir Luther,„,faifoit déjà la guerre lorfque
Luther, qui l’avoit !ong*tems défendue à fes difei-
ples, commençoit à' la leur permet-re. Xu in g le
avoit foulevé les cantons proteftans contre les cantons
catholiques , & non moins brave foldac que fa-»
natique dodeur , il fut tué dans une bataille livrée
le 11 odobre 1531. Les ennemis brûlèrent fon
corps, & félon M. de Thou 1. 1. le coeur ne put jamais
être brûlé, ce que les zurickois regardèrent
comme un miracle ; mais M. de Thou prétend qu’il
y a quelquefois des parties du corps humain qui ré-
fiftent aux flammes , & il rapporte un trait à-peu-
près femblable de Pyrrhus, roi d’Epire. Il refte à
favoir fi la phyfiqueeft bien d’accord avec toutes ceà
merveilles.
Z u in g le étoit né en Suifle dans un lieu nommé
Vildehaufen, le 1er Janvier 1487. Il avoit commencé
fes études à Berne, 8< les avoit continuées à
Rome, à Vienne, à Bâle. Il avoit été curé à Glaris,
puis dans un gros bourg nommé Notre Dame des
Hcrmites. C’éto t un lieu de dévotion & de pèlerinage,
& les abus, les erreurs, les faufles croyances
qu’il vit naître de ces pratiques dévotes excitèrent
en lui le même zèle pour la réforme, que
Luther fîgnaloit vers le même tems contre l’abus
des indulgences. Il eut auflî pour s’élever contre
les indulgences, à peu-prés le même motif & le
même intérêt que Luther. Leon X les faifoit prêcher
en Suifle par un Cordelier milanois, auquel
Z u in g le avoit cru devoir être préféré.
Ce -rival de Luther, quelquefois intolérant dans
fa conduite , 'étoit d’une tolérance bien fingulière
dans Tes écrits.*Il adrefla à François I. une c la ire
expofition de l a f o i chrétienne. Là, en expliquant l’ai