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de France, abregee dans le même goût, êto:t pro-
cùreur-gé.teral du Senat de'Chambéry. Il eut de
grands procès contre Raymond Peliffon, Premier
rrelrdent de cette compagnie , & il s’en tira n i
Raymond -Pelifion lui avoit fa it , par ordre de cette
meme compagnie , une févère mercuriale: Tabouet,
pour s’en venger, l’accufa de malverfations , &
retiiton fut condamné par le Parlement de Dijon,
a une peine infamante en 15 5a. Il obtint la révifion
du procès., fut renvoyé abfous en 1 y 56 , & 7 abouti 1
condamne comme calomniateur. Tabouet fut encore
depuis mis au pilori & banni ; ainfi fon nom n’honore
pas les lettres. Mort en 1562,.
TABOUROT , ( Etienne ) fieur des Accords
( voyez A ccords ) [ des ) Il étoit neveu de Jean
labourot, chanoine 8c official de Langres , auteur
eu Calendrier des bergers & d une méthode pour apprendre
toutes fortes de dan(es , ouvrages affez finguliers
pour un official; auffine les publia-t-il pasfôus fon
nom, mais fous celui de Thoinot Arbeau. Jean
labouTct mourut en 1595.
TABULCHANA, C m. ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi
qu ori nonyne chez les Turcs l’accompagnement ou lé
cortège militaire que le fultan accorde aux grands officiers
qui font a fon fèrvice. Le t ab nichana du grand
vifir eft compofé de neuf tambours, de neuf fifres,
£pt trompettes, quatre fils , ou baffins de cuivre
qu’on heurte les uns contre les autres, 8c qui rendent un
fon aigu & perçant. On porte devant lui trois queues
c e cheval treffées avec art ; un étendard de couleur
yerte, nommé além, & deux autres étendards fort
larges, qu’on nomme bairak. Les auttes bachas n’ont
point un tabulchana fi considérable ; ils ne font porter
devant eux que deux queues de cheval avec les trois
étendards. Un beg n’a qu’une feule queue de cheval
avec les etendaids. Les officiers inférieurs n’ont,
quun fanjak, ou étendard, & ils ne font point porter
la queue de cheval devant eux. Voyez Cantemir
hiß. ottomane. (A. R.)
| TA CFARIN AS, ( Hiß. Rom. ) général Numide,
èffaya plufieurs fois d’affranchir fon pays de la tyrannie
des Romains du temps de Tibère ; fa première
tentative eft de la vingtième année de l’ère chétienne.
Ce ne fut qu’une entreprife étouffée dès fa naiffance;
mais Taofarinas ne perdit jamais de vue ce projet, de
procurer la liberté aux Numides. Deux ans après,
( l ’an 2,2 ) il fe révolte encore ; Junius Bléfùs marcha
promptement contre lui, le prévint avant qu’il eût eu
le temps de fortifier fon parti, 8c remporta une pleine
viéloire, qui rendit le calme à la Nùmidie , ou plutôt
aux Romains, pour deux ans encore.- Tacfarinas avoit
infpiré tant d’alarmes, & l’expédition de Biéfus parut fi importante , que les légions, félon l’ancien ufage, le
fàluèrent imperaior, beft-à-dire , feulement général 8c
vainqueur, & que Tibère le trouva bon. Tacfarinas fe
révolta enfin pour la troifième fois l’an 24 ; il fut vaincu
par Publias Dolabella , & mourut les armes à la main.
Il avoit fatigué plufieurs proconfùls d’Afrique, Furius
^asiilHis ? Apronius, Julius Biéfus, Doj^bella y il
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avo t remporté divers avantages ; il avoit affiégé dans
un fort le vaillant Décrius; il avoit repouffé lagarni-
fon dans une fortie qui valoit une bataille. Décrius,
après y avoir reçu plufieurs blcffures, 6c y avoir perdu
: un oeiJ j finit par être vaincu 8c tué par Tacfarinas•
Enfin, ce Numide eft au nombre des ennemis que
Rome a redoutés, 8c dont elle n’a triomphé qu’avec
peine.
Biéfus ayant eu l’honneur du triomphe pour avoir
vaincu Tacfarinas, Dolabella qui, plus heureux encore
, avoit entièrement terminé cette guerre , demanda
le même honneur , & ne put l’obtenir.
T A CH A R t ) , ( -Guy ) [H iß. litt. mod. ) jéfuite,'
connu par fes deux voyages à Siam , où il avoit accompagné
, en qualité de millionnaire, le chevalier de
Chaumo'nt 8c l’abbé de Choify. 11 mourut au Bengale
d une maladie contagieufe dans l’exercice de fes travaux
apoftoliques, vers l’an 1694. On le trouve flatteur
6c crédule dans la relation 8c la defcription des
merveilles qu’il a vues à Siam.
TACHON, ( dom Chriftophe ) ( Hiß. litt* mod. )
bénédi&in de Saint:Sever, au diocèfe d’A ire, mort
en 1693 » a îai-fïe un livre de la fainteté & du devoir
d*un prédicateur évangélique, avec Cart de bien prêcher ,
& une courte méthode pour catéchïfer.
TACHOS ou TACHUS'. { Hiß. anc. ) L’Egypte :
foumife par Cambyfe, toi de Perfe, fils de Cyrus,
avoit depuis fecoué le j o u g & recommencé d’avoir
fes rois particuliers. L’an 377 , Artaxercès-Mnémon,
roi de Perfe, entreprit de la réduire.’ Il échoua dans
fon projet; mais il ne fe rebuta point, 8c. l’an 383 avant
J. C. il forma de nouveau la même entreprife : c’étoit
Tachos qui régnoit alors en Egypte. Il envoya en
j Grece demander des fécours; l’Athénien Çhabrias
I vint lui offrir fes firvices. Sparte lui fournit un corps
de troupes, commandé par Agéfilas, un de fes rois ,
j qui paffoit alors pour le, plus grand capitaine dû
monde, & que Tachos promettoit de faire généra-
hffirrie de fes armées. Sur le bruit de fon nom , les
Egyptiens s’emprefsèrent de venir à fa rencontre , 8c
j fe difpofo-.en: à lui rendre toutes fortes d’honneurs;
mais quand au lieu d’un grand roi, d’un prince magnifique
qu’ils attendotent ,• 8c dont ils s’étoient formé
l’idée fur le modèle d’un grand roi de Perfe ou d’E-
gypte, ils virent un vieillard foiblê, de mauvaife
mine , de petite taille , fans éclat, fans magnificence ,
vêtu d’une .étoffe geoffière, ils euren: peine à s’empêcher
de rire ; & on dit que Tachos , entraîné par les
fens comme fes fùjets , lui fit une application désobligeante
de la fable de la montagne en travail qui enfante
une fouris ; à quoi Agéfilas répondit ; Vous éprouverez
un jour que cette fouris cfl un lion.
Tachos commença par lui manquer de parole fur le
point le plus important. Au lieu de le nommer général
; de toute fon armée , comme il l’a voit promis, il ne
• lui donna que le commandement particulier des troupes
étrangères ; Çhabrias eut celui des troupes de mer ,
& Tachos retint pour lui le commandement en chef.
Çe ne fut pas tous, Tachos, en toute oçcaûon , négligea
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l^igea les avis d*Agéfilas, & ayant toujours le mal- ;
neur de ne pouvoir croire à un mérite que l’extérieur
fembloit démentir, il manqua tellement à tous les
égards qu’il de voit à ce grand homme, que celui-ci ne
put s’empêcher d'en avoir 8c d’en témoigner du reffen-
timenr. Agéfilas n’étoit pas le feiil que la conduite de
Tachos mécontentât ; il fè formoit alors parmi les
Egyptiens un parti puiffant qui vouloit mettre à la
place de ce roi peu fenfé Neélanébus fon fils, félon
Diodore de Sicile, fon coufin félon Plutarque. Agéfilas
appuya ce parti, 8c fe déclara pour Neéhnébus.
Tachos n’eut d’aulre reffour.ee que de fe retirer à la
cour de ce roi de Perfe contre lequel il armoit, & qui
le regardait comme un rebelle. Artaxerxès l’accueillit
cependant, parce que les Egyptiens, lui parolffoient
plus rebelles encore, & que c’étoient eux qu’il s’a-
gift'oit de dompter. Ces deux princes unirent leurs intérêts
& leurs haines. Artaxercès donna même à Tachos
ie commandement de fes troupes contre l’Egypte. Mais
ici finit l’hiftoire de Tachos : on ignore ce qu’il devint.
Neftanébus régna en Egypte, oc en eut principalement
l’obligation aux fecours & aux talens d’Agéfilas.
TA CITE , ( C. Cornélius Tacitus ) f Hifl. lit t. Rom. )
hiftorien Romain fi èélèbre, ôc que les hommes d’état
préfèrent à tout autre, parce qu’aucun ne dit autant
de chofes en fi peu de mots, & ne fait autant
penfèr.
On fait peu de chofes de fon hiftoire. On apprend de
lui-même que Vefpafiert, Tite & Dom’tien contribuèrent
tour-à-tour à fa fortune & à fon élévation:
Dignitatem noflram à Vejpajiano inchoatam, à Tito
aufitam , à Domiùano longitts proveêlam non abnuerim.
U fut préteur fous ce dernier empereur, & conful
fous Nerva. Il fut fubrogé dans le confulat à Verginius
Rüfus, & il fit fon panégyrique.
Ii étoit l’ami particulier de Pline le jeune. On fait
qu’il étoit plus âgé que Pline, qui étoit né l’an de
I. C 61.
Tacite ne s’attacha, dit-on, à écrire l’hiftoire , qu’a-
près y avoir inutilement engagé Pline fon ami, &.,
pour ainfi dire, qu’à fon refus. Pline, de fon côté, fut
un des premiers admirateurs de Tacite, & toute fon
ambition étoit de mériter que fa vie fût écrite par un
hiftorien tel que Tacite. Ce font les lettres de Pline qui
fourniiTent le plus de particularités fur Tacite. On aime
à voir cette union des grands talens, cette amitié de
deux hommes illuftres. On aime à voir Horace .s’applaudir
de l’amitié de Virgile 8c de Varias. On aime à
Voir Tacite célébré par le panégyrifte de Trajan.
Tacite plaida même après avoir été conful ; & il pa-
roît qu’il avoit donné au public fes plaidoyers : ce fait
fembte indifférent, 8c ne l’eft point du tout. Tacite fe-
sToit le feul exemple d’un avocat qui n’eût pas pris au
barreau l’ufâge d’employer un peu plus de mots qu’il
n’en faut pour chaque chofe. Cicéron même n’eft pas à
Tabri de tout reproche à cet égard ; il donne beaucoup
tu développement des idées, 8c à l’harmonie des mots ;
îl parle à l’oreille, Tacite ne parle qu’à l’ame. il n’y a
H î(loirs. Tome V*
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point d'autre exemple auffi remarquable , mémo
hors du barreaa , de ce laconifme énergi tue :
Qni prodigue le fens &. compte les paroles.
Ses mots ont plus de valeur que ceux des autres ; chacune
de fes idées eft le réfultat 8c la fiibftance de mille
idées profondes-
Il avoit époufé la fille deCnexus Julius Agricoîa,
célèbre par la conquête de l’Angleterre plus célèbre
par l’ouvrage de Tacite, qui contient l’hiftoire de (a
vie. On croit que Tacite laiffa des enfans de la fille
d’Agricoîa ; car l’empereur Tacite le difoit defcendu
de lui : on croit au moins qu’il ctoit de la même famille.
La defcription de la Germanie par Tacite, eft encore
l’ouvrage le plus fubftantiel 6c 1« plus profond dans fon
admirable brièveté.
Tacite avoit écrit t’hiftoire Romaine dans le même
ordre où M. Hume a depuis écrit l’hiftoire d’Angleterre
, c’eft-à-dire, dans un ordre inverfe 8c rétrograde.
En effet, fes hijloires qui commencent à 1a
mort de Galba, 8c qui niiffoient à la mort de Domi*
tien, a voient été comuofées avant les annales qui con-.
tenoient les règnes de Tibère, de Galigula, de Claude
8c de Néron ; car dans un endroit des annales il renvoie,
à l’hiftoire de Domitieu, qu’il avoit écrite aupa-1
rayant : ces deux beaux 8c grands ouvrages ne nous
font parvenus qu’avec d’énormes lacunes. Des quatre
empereurs, objet des annales, il n’y a que Tibère 8c
Néron dont nous ayons l’hiftoire prefqu’entière ; encore
nous manque-t-il trois années de Tibère 8c les
dernières années de Néron. Nous n’avons que la fin de
Claude ; nous n’avons rien de Galigula.
Quant aux hijloires, des vingt-huit ans qu’elles con-
teuoient depuis l’an de J. C. 69 , époque de la mort de
Galba, jufqu’è l’an 96 , époque de la mort de Donatien
, il ne nous refte que l’année 6 9 ,8c qu’une partie
de l'année 70. Les lettres de Pline le jeune, où il raconte
les particularités de la mort de fon oncle , enfe-
veli dans les cendres du Véfuve , étoîent des mémoires
qu ;i fourniffoit à Tache pour le régné de Titus dans la
partie qui l’intéreffoit. Parmi les lettres de Pline, il nous
en eft refté une de Tache, monument de leur amitié*
( Voyez les articles Pline. )
Tacite avoit deffein d’écrire auffi l’hiftoire de Nerva
8c de Trajan. Il n’a pu que rendre témoignage en un
feul mot à la félicité de ces temps, où l’on pouvoit
penfer ce qu’on vouloit, 8c dre ce qu’on penfoit :
rara tempomm félicitais , ubi fendre quez velis, 6* qtiat
fondas dictre licet. Dans une certaine rigueur méta-
phyfique , penfer ce qu on veut, ( lêntire quæ velis )
n’eft pas une expremon parfaitement exaae ; on ne
penfe ni on ne croit ee qu’on veut ; on penfe & on
croit ce qu’on eft obligé de penfer 8c de croire, d’après
les événeoens, d’après fes notions ou fes préjugés
, d’après mille circonftances indépendantes de notre
, volonté ; mais on entend bien ce que l’auteuî veat