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dire«. & ce qu’il dit fait regretter les temps dont il
parle.
Tache avoit auffi fait quelques vers. Si ces vers n’a-
voient pas les grâces de ceux d’Ovide, ils n’en àvoient
pas à coup iûr les défauts ; tels que la diffufion 8c la
rédor. dance.
On cro't que c’eft Tacite que Quintilien défigne par
ce célèbre hiftorien.de fon temps qu’il ne nomme pas;
mais qui eft la gloire de fon iiècle, qui a des admirateurs
, 6c point d’imitateurs ; à qui l’amour de la vérité
a nui, en faifant fupprimer une partie de fes écrits ;
ma’s qui, dans ce qui en refte, montre un génie élevé
,8c des penfées hardies & généreufes ijuptrefi adhuc &
exornat ectatis no f i a gloriam, vir fæculorum memoriâ
digr.us^ qui ohm nçmïnabhur, nunc ïntelhghur. Habet
amaiores, nec imitât ores, ut Ubcrtas-, quanquàm cir-
cumclfis ou<r dixiffet ei nocucrh ; fed elatum abunde
fpirhum & audaces Jententias depre/iendas etiam in iis
quai mà/ient.
Ce pafîage nous expliqueront, à l’avantage de Tacite’
les nerr.breufes &. fréouentes lacunes de fes annales ôc
dé fes hifioircs. D ’ailleurs , quel écrivain ! quel philo-
iephe ! quel peintre 1 quel tableau récoltant de tyrannie
& d’cfclavage fous Tibère I quel intérêt augufte ôc
tendre l’auteur répand fur Germanicus! quelle indignation
il excite contrePifon 6c Piancine ! quelle fermentation,
lorfque les vaifleaux qui ramenoient en Italie
fe veuve & les cendres de Germanicus, rencontrent
les vaifteaux de Pilon 1 quelle trille &- confolante
affluence d’amis éperdus fur le rivage d’Italie où aborde
Agrippine ! quel éloquent filence , quelle douleur profonde
6c muette à l’afpeél de la veuve, des enfans 6c
-»de l’urne de Germanicus !
Oue peut vous importer Meflaline, après avoir
épuifé toutes les horreurs du vice & toutes les fureurs
du crime ? Eh bien î le pinceau magique de Tacite va
vous forcer de la plaindre. Ce n’eft plus cette impératrice
toute puiftante, terrible 6c criminelle : l’orage
s’eft élevé du cô:é d’Oftie , tempe fiat cm. ab Qfiid
«trocem ; c\ft une infortunée fans appui, fins défenfe ,
que l’infléxible Narcifle repoufle loin du char de l’em- ,
p'ereur ; eiie lui préfente en vain feg enfans, en criant :
necond&mnc{ point, fans T entendre, la mère de B rit an-
r.icus & dOflayie! §a voix eftitouffée par les cris barbares
de Narcifle, qui commandé à l’empereur le meurtre
& la vengeance.. Cependant l’imbéeille Claude s’attendrit
, ôc le k éleur avec lui. Claude veut entendre fa femme
; il valui pardonner d’avoir époufé publiquement Si-
liusjlui vivant • de lui ayoir fait ligner à lui,fon mari,fon
empereur, fon contrat de mariage avec ceSilius ; mais
Narcifle, qui fei« le danger, fe hâte de la faire égorger
au nom de Claude même. On la trouve dans les jardins
de Lucullus renverfée par terre, abymée dans le
fléfefpoir 6c dans la terreur , mourante fur le fein de fa
mère,-qui, long-temps éloignée d’elle par.1 éclat de fa
fortune, mais -ramenée auprès d’elle par fon malheur,
la ccnfoloit, l’encourageoit, pleüroit avec elle. Le
tribun préfente le fer à Meflaline, elle veut fe percer ;
mais fon ame, affaiblie par un long ufage des volup-
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tés, eft incapable de ce dernier trait de courage. Elle
. pleure, elle héftte ; le tribun aide fa main tremblante :
elle expire dans les bras de fa mère. Quand ce tableau,
tracé par Tacite, eft fous vos yeux, vous avez oublié
tous les crimes de cette femme , vous ne voyez que fes
malheurs.
La mort d’Agrippine , mère de Néron , feroit, d’après
le même Tacite, un beau fujet de tragédie , s’il
n’étoit trop horrible. Racine n’a oie le montrer qu’en
paflant, ôc dans le lointain :
Je prévois que tes coups iront jufqu’à ta mère.
Je ne fais s’il y a dans aucune tragédie un trait comparable
à ce cri terrible 6c déchirant d’Agrippine au
centurion qui alloit la percer ou l’aflommer ï ventrenz
feri. Frappe les entrailles qui ont pu produire ce monfire.
Tacite a eu en France 6c en Italie une foule de traducteurs.
La traduélion italienne de Davazanti a été fort célébrée.
En France celle de d’Ablancourt a joui quelque
temps de quelque eftlme: onl’appelloit du moins la belle
infidelle.Celle d’Amelot de la Houflaye 6c de M. Guérin
font oubliées. Quelquès parties de celle de l’abbé de la
Bletterie fönt encore eftimées, malgré la bafltfle recherchée
du ftyle. Celle du P. Dotteville fe fait lire
celle de M. d’Alembert laifleroitpeu de chofes à deftrer,
fi elle n’étoit pas bornée à des fragmens. Le P. Dotte-
ville, dans la préface des hiftoires de Tacite f eflaie >
comme avoit déjà, fait M. l’Abbé de la Bletterie, de
détruire le reproche de mifanthropie , fi foulent fait à
Tacite. Il trouve dans Suétone , dans Xiphilin, dans
Plutarque, dans Juvénal ( poète à la vérité, poète faty-
rique même , ôc non hiftorkn ) des portraits plus
chargés que ceux de Tacite ; il tâche de" prouver que
cet écrivain rend juftke à ceux qu’il diffame, 6c que
fi quelque vertu , quelque bonne qualité s’eft mêlée à
leurs vices, il ne la diffimule jamais. Pourquoi donc
ce préjugé s’eft-il particulièrement élevé contre Tacite ?
C’eft que les temps dont il écrivoit l’hiftoire fourniffent
plus de crimes que d’aélions vertuéufes ; mais c’eft fur-
tout parce que fes peintures affeélent fortement famé,
et laiffent de longs fouvenirs; c’eft parce qu’il met les
faits fous les yeux du leéleur , tandis que la foule des
hiftoriens ne fait que les raconter.
T acite, ( Hifi. Rom. ) empereur Romain, foccefe
feur d’Aurélieq. Autant le fénat ôc l’armée, ou plutôt
les diverfes armées, s’étoient difputé jufqu’alors de .
droit d?élire les empereurs, autant un efprit de modération
, une vertueufe émulation de déférences 6c d’égards
mutuels s’empara tout-à-coup.des Romains ; c’é-
toit l’effet de la difeipline qu’Aurélien avoit introduite
parmi les troupes, & de l’ordre qu’il avoit établi dans
le gouvernement. L’ambition étoit affoupie , perfonne
n’afpiroit à l’empire ; perfonne ne vou!oit y nommer.
L’armée renvoyoit cet honneur au fénat ; le fénat le
renvoyoit à l’armée : ce combat de générofiré fut allez
long, pour donner lieu à un interrègne de huit mois. Le
Sénat céda enfin , il élut Tacite ; mais Tacite étoit auffi
peu emprefl’é de régner , que le Sénat i’ayoit été peu de
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difpofer de Vempire : il refufa. Il fe retira dans une de
fes maifons en Campanie ; on alla Iy chercher. Il
avoit une- exeufè dan* fon âge avancé ; il la fie valoir,
Ôc ne fut point écouté. On lui fit violence, il fallut
qu’ il régnât; mais .en l’élifant pour fon mérité perfbn-
nel, on prit des précautions pour qu’à l’avenir ce prix
de la vertu ôc des talens ne fût donné qu’à la vertu 6c
aux talens, ôc qu’il ne devînt pas héréditaire ; oh pria
Tacite de ne pas nommer fes enfans auguftes, ôc de
nommer pour fon fuccefîèur celui qu’il en jugeroit le
plus digne, comme on l’avoit nommé lui-même, parce
qu’on l’avoiî jugé le plus, digne. Tacite avoit alors
foixante-quinze ans , ( l’an de Rome 2.75- ) On ne fait
rien de fon extraélion, finon que, comme nous l’avons
dit, il fe prétendoit parent de Tacite l’hiftorien, dont
il voulut que les ouvrages fùflent mis dans toutes les bibliothèques.
Le Sénat ne s’étoit point mépris dans fon choix»
Tacite fit régner la fageffe 6c la juftice; il donna fes
biens à l’état, il diftribua aux foldats l’argent qui fe
trouva dans fes coffres, il fit des loix fages, il rétablit
les moeurs, les lieux de proftitution furent fupprimés,
les bains publics furent fermés après le coucher du fo-
leil. Jamais empereur ne fe régla tant^ par les conföils
du Sénat, ÔC ne lui laifla tant d’autorité; cQtte compagnie
lui refula impunément le confulat qu’il de-
mandoit pour Florien fon frère : il efiâ croire, d:f-il en
apprenant cé refus , que le fénat a un meilleur choix a
faire. Econome , 6c ennemi du luxe, il défendit l’u-
fage de l’or Ôc des broderies dans les habits ; mais
comme il favoit que l’exemple de l’économie 6c de la
modefîie, pour être efficace, de voit toujours partir
du tr.Ôrie, il crut devoir interdire abfolument à 1 impératrice
l’ufage des pierreries.
Malgré fon grand âge il entreprit de porter la guerre
chez les Perfes 6c les Scythes afiatiques ; il entreprit de
la faire lui-même, Il fe mit en marche, 6c il s’avança
jufcjua Tarie en Çilicie. La fatigue du chemin, les
foins de la royauté le confuinoient ; la fièvre le prit, 6c
il mourut en peu de jours, l’an de J. C. 276 : il n’avoil
régné que fix mois. Quelques auteurs dîfent que ce
furent fes propres foldars .qui lui ôtèrent la vie: il fe
nommoit Marcus Claudius Tacitus.
Florien; fon frère, difputa l’empire à Probus ; 6c
n’ayant point réuffi dans*ce projet, il fe fit ouvrir les
.veines, Ôc mourut la même année.
TADGIES, ( terme de relation ) nom qu’on donne
aux habitans des villes de la Tranfoxâne, Ôc du pays
d’Iran , c’eft-à dire, h.tous ceux qui ne font ni Tar-
tares, ni Mogols, ni Turcs ; mais qui font naturels
des villes ou aes pays conquis. (.A . R.)
TAGLIAGOCCI, ( Gafpard ) ( Hifi. ïut. mod. )
profefleur en médecine oc en chirurgie dans l’univêrfité
de Bologne, fa patrie , mort en 15 53., eft auteur d’un livre
fameux, intitulé : Dccurtorum chirurgia per infitio-
nern, qù il enfeigne ta manière de réparer les défauts des
narines , des oreilles 6c des lèvres, dans le cas de
mutilation ou de difformité de ces parties. Il rapporte!
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des exemples dé nez perdus, qui ont é«é rétablis par ,
fon art , 6c fa ftatue , placée dansja falle^d’anatomte ,
de Bologne , ie repréfênte un nez a la main*. On peut
bien penfer que ces cures merveillcufes ont trouve,
trouvent, 6c"trouveront des incrédules. Un nomme
Verdun , dans le fiècle foivant, a renouvellé l’idée de
Tagliacocci dans un livre, intitulé \ De nova artuant
decurtandorum ratione.'XJne fi utile decouverte ne paroit
pas avoir eu d’autres foites.
T AI Kl, f. m. ( Hifi. mod. ) c’eft ainfi qu on nomme
chez les Tartares monguls les chefs qui commandent
à chaque horde ou tribu de ces peuples- Ladigm.ede
taiki eft héréditaire , 6c pafle toujours a l’^ne des fi.s.
Il n’y a point de différence entre ces chefs, finon celle
qui réfulte du nombre des ,familles qu’ils ont fous leurs
ordres. Ces chefs font fournis à un kan, dont ils font les
vaffaux, les confcillers 6c les officiers generaux, (A.R»)
T aÎ-kï ; ( Hifi. mod. Phihfophle ) ce mot en chinois
fignifie le faite d’une maifon. Une feéle de pliilo-
fophes de la Chine, appellée la fciïc des ju-kiau, fe
fert de ce mot pour défigner l’Etre fuprême, ou la
caufe première de toutes les productions de la nature.
( A . R. )
TAILLE, (Jean 8c Jacques de la ) , ( i£ / 2. litTl
mod. ) freres , nés à Bondaroi, près de Pethiviers,
dans la .Beauoe, d’une noble ÔC ancienne famille,
poètes dramatiques français, mais du feizième fiècle ,
temps où il n’y avoit ni théâtre François, ni poëfie
françoife. Jacques , né en 1542- , mourut de la pdfte
en 1562, n’ayant pas encore vingt ans, Ôc ayant déjà
fait cinq tragédies, & d’autres poëfies. Jean a laifle
auffi des tragédies, des comédies , Ôc d’autres poëfies ;
un ouvrage inféré dans la fityre Mejrippée, intitulée :
les fmgerïes de la ligue. Il étoit fort ennemi de la ligue ,
ôc très-attaché dans tous les temps à Henri IV 6c à fo n
parti. Il avoit reçu auvifage une grande bleflùre au.combat
d’Arnay-le-Duc fous les yeux de ce prince, qui l’em-
brafla tout fanglant après le combat, & lui donna fes
chirurgiens pour le panfer : il mourut en 1608. On a de
lui encore uxvdlfcours des duels ; Ôc il a eu en tout beaucoup
"de réputation, ôc comme guerrier, 6c comme
homme de lettres.
TAILLEPIED, (Noël) (Hifi. lut. mod.) frah-
çifeain da feizième fiècle, auteur d’une hift’oire des
Druides, d’un traité de l’apparition des efgrits , d’u*
recueil fur les antiquités de Rouen, d’une traduélion
françoife des vies de Luther, de Car loft ad Ôc de Pierre
Màrtir, Mort en 1589.
TA IX ou T A IS , ( Jean, feigneur de) (Hifi. de
Fr. ) d’une famille noble de Touraine , fut le premier.,
colonel-général de l’infanterie Françoife , lorfque cette
charge fut inftituée en 1544, ôc il compaandoit cette
infanterie à la bataille de Cérifoles, Pans cejie même
année 1544 le dauphin, qui trois ans après fut le Roi
Henri II, ayant eflayé de furp rendre Boulogne, dont
les Ahglois venoient de s’emparer, envoya Fouquef-
foles & de Taix avec un corps:ccnfidérable pour exécuter
i’entreprife» Le défaut de certaines préçai^ons