
T O X C O A L T , f.f. ( Hiß. mod. fuperfihion ) c’efl
une tête ou.une eipèce de jubilé, que les Méxicains
célébroient tous les ans au printems, & qui duroit
pendant neuf jours. Un prêtre jouant de la flûte,
lortoic du temple, & le tournoit fucceffiveraent vers
les quatre parties du monde; enfuite il s’inclinoit
devant l’idcle , & prenant de la terre, il la mangeoit ;
le peuple fiuvoit fon exemple, de demandoit au dieu
la rémiffion de fes péchés , les guerriers demandoient
la viâoire ; mais le principal objet de la fête étoit
d’obtenir de l’eau. Le neuvième jour on promenait
l’ idole par les rues ; le peuple la fuivoit en gémif*
fant amèrement, & en fe donnant des coups de fouet
ihr les épaul s. La cérémonie fe terminoit par le facriflce
d’un captif qu’on immoloit pour fe rendre le ciel propice.
TRAJAN ( Marcus Ulpius ) Hiß. Rom. espagnol
de naiiîance, fur le premier étranger qui
monta fur le trône des Romains., l’an 98 de fera vùl-
ga re. Quoique fa famille lût une des plus anciennes
& des plus opulentes de Séville , fon père fut le premier
dè fes ancêtres qui fat admis dans le fénat Romain.
Ses exploits militaires lui méritèrent les honneurs
du triomphe fous Vefpffien, & fa capacité
dans les affaires lui fit déférer le confalat. La fageffe
de fon admin-flration ouvrit le chemin des honneurs
à fan fils qui fat l’héritier de fes talens & de fes vertus.
Nerva, pour perpétuer le bonheur de l’empire,
exut devoir l’adopter, & en mourant', il le défigna
pour fon fucceflèur. Trajan fat proclamé empereur
par les légions de la Germanie &. de la Mcefie. Il
revint à Rome pour y faire confirmer fon éleâion
par le fénat : il y fit fon entrée à pied pour montrer
qu’il étoit plus" jaloux de mériter les diitinéfior.s que
de les recevoir ; les largeffes qu’il fit au peuple lui
en méritèrent l’amour. Le crime de leze-majefté
avoit fervi dé prétexte à fes prédéceffeurs pour immoler
les plus vertueux ^citoyens ; ce crime fut
aboli, les délateurs ne furent plus écoutés, & après .
avoir iirfeâé Rome , ils furent-éxüés dans des déferts.
Trajan affable & populaire, ne voyoit dans le dernier
de fes fojets qu’un frère ou un fils ; le plus malheureux
lu- paroiffoit le plus digne d’égards. Quelqu’un
lui représenta que fa familiarité diminuoit le
r-jfaeâ dû à fon rang: « je veux, répondit-il, me
„ comporter envers les particuliers comme je vou-
„ drois «rue les empereurs en agiffant avec moi, fi
» y k d s réduit à mener une vie privée ». Importuné
de l’éîiouctte de la grandeur , il fe confoîoit des ennuis
de fan rarg dans lé' commerce de quelques amis
qu’il alioit v,fiter comme s’ils euffent été fe égaux,
lies peuples charmés de la douceur de fou adminif-
f radon , folf rataient la per million de lui ériger des
monumens de leur reconnoiffance . rarement il con— f émit à leurs voeux. Il ne pouvoit comprendre quelle
relation un prince avoit avec des flatues de marore,
de bronze ou d’airain, ni quelle influence des arcs
de triomphe pou voient avoir fur fan bonite ur. Il
ailoit à pied & fans efeorte dans les rues de Rome ,
& d aùaoit à fa voir confondu dans la foule qui, dans
ces embarras, lui donnoit ae nouveaux témoignages
de fon amour ; jouiffance délicieufe pour un prince
citoyen, &. toujours ignorée des tyrans. Il n’étoit pas
indifférent aux plaifirs de la table, mais le vin ne
faifoit qu’égayer fa raifon, fon imagination alors s’al-
lumoit & fa converfatîon vive & polie affaifonnoit
tous les mets fèrvis fur fa table. Il entretenoit fa vigueur
naturelle par des exercices fréquens, fur-tout
par le plaifir de la chaffe ou de la rame dont il fe fai-
fait un amufement. Rome fat embellie de plu fi surs
édifices fomptueux ; il fit rétablir à grands frais le cirque
à qui il donna une plus vafle étendue, il y fit graver
cette infeription : c'ejl pour le rendre plus digne du
peuple Rojiain. Des villes nouvelles furent bâties
dans des lieux où la commodité publique l’éxigeoit :
les grands chemins devinrent plusfûrs & plus faciles ;
On leva des chauffées pour faciliter les rapports
de commerce ; on applanit unj montagne de cent
quarante pieds de haut, pour en faire une place où
l’on éleva la fameuie colonne Trajane qu’on admire
encore aujourd’hui ; fa conflruélion fut confiée a 1 architecte
Appollidore qui a immortalifé fon nom par
ce monument. Rome, qui avoit çffuyé les ravages
des incendies & des tremblemens de terre, fut plus
magnifique que dans les jours brillans de fa gloire;
il fut défendu de donner plus de foixante pieds de
hauteur aux édifices pojur donner plus de clarté aux
rues & pour éviter la dépenfe de la conftruéÜon. Sa
vigilance s’étendoit fur toutes les provinces^ de l’empire
, & dès qu’il en eut réglé l’intérieur, il marcha
contre Decebale, roi des Daces , qui depuis long-
tems ravageoit les frontières. Ge roi barbare vaincu
& dégradé, fe donna la mort de défefpojr. Trajan
acheta fa victoire par l’effufion de beaucoup, de fang ;
le carnage fat fi'grand, qu’on manqua de linge pour
panfer les bleffés. La Daeie fubjaguée devint province
Romaine. Trajan, après avoir fait conflruir©
j un pont de pierre fur le Danube', tourna fes armes
contre les Parthes qui n’opposèrent qu'une foible
réfiftence. Séleucie & Ctefiphon , capitale du royaume
, furent obligées de lui ouvrir leurs portes. Gofa
roés, qui- cccupoit alors le trône , fut chercher un
afyle chez les peuples voifins. Trajan donna aux
Parthes un nouveau roi; plufieurs provinces^ fituées
au-delà du Tigre pafïèrent fous la domination 1 des
Romains qui pouffèrent leurs conquêtes jufquaux
Indes. L’Arménie & la Mefopotamie trop faibles
pour réfifler à une armée triomphante, fe fournirent
fans tenter le fort de la guerre. Trajan envoya une
flotte fur la mer R.ougs, pour protéger les opérations
de fon armée de terre qui pénetroit dans 1 Arabie,
dont les peuples étoient plus faciles a vaincre
qu’à fùbjuguer : ils furent fouvent battus & jamais
on n’en put faire des fujets. Les Juifs établis dans la
Cyrénaïque. exercèrent les plus horribles cruautés
contre les Romains. Tous ceux qui tomboient en
leur pouvoir étoient maffacrés. Ces hommes barbares
dévoro’ent la chair & les entrailles de leurs captif*:,
ils lesfaifoient écorcher pour fe p’arer de leurs peaux.
Tant d’atrocités ne relièrent point impunies; 00 p**
blia plufieurs édits pour les exterminer. Tons les Juifs
que la. tempête jettoit fur les côtes.y étoient égorgés
comme des bêtes féroces. Trajan n’ayant plusd’enne- :
mis à combattre, s’occupa des moyens de faire renaître
l’abondance: il parcourut les provinces , & n’eut
plus de féjour que dans les pays qui avoient befoin
de fa préfence. Les exactions furent réprimées &
punies, il fe glorifioit d’être pauvre, pourvu que les
peuples fuffent riches: il diloit que le tréfor royal
reffemblpit à la rate qui, à mefure qu’elle enfle , fait
fécher les autres parties du corps. Ce prince épuifé
par les“ fatigues de fes voyages, mourut à Seliriunte ,
d’où fes cendres furent portées à Rome : on les plaça
fous la colonne Trajane. Il n’ambitionna d’autre titre
que celui de père de la patrie. 11 mourut en n y , a
l’âge de foixante-deux ans, après un règne de vingt.
Les peuples le révéreient comme une intelligence
fupérienre defeendue fur la terre pour en régler, l'es'
deftinées. Il ne fut point exempt de foibleffes, mais,
il prit foin de les cacher. ( T —~N. )
TRAIN-BANDS ou TR A 1NES-BANDS , f. m.
( Hiß. d’Angl. ) c’eft le nom des milices du royaume
d’Angleterre , oc qu’on leur donne à caufe des marches
qu’on leur fait faire en les envoyant d’un lieu à
un autre félon le befoirr. La milice d’Angleterre monte
à plus de vingt-mille hommes , infanterie & cavalerie
; mais elle peut être augmentée , fuivant la vo^.
lonté du roi. Il établit pour commander cette milice ,
des lor’ds-'.ieutenans de chaque province, avec pouvoir
d’armer & de former fes troupes en compagnies,
& régimens, les conduire où befoin e û , en cas de
rébellion & d’Invafion : donner des çommiffions aux
colonels & aux autres officiers; mais perfonne ne
peut obtenir d’emploi dans la cavalerie, a moins
d’avoir cinq cent liv. fterlings de revenu, & dans
l’infanterie, s’il ne pofféde cinquante livres fterlings
de rente. ( D. J. )
" TR A N ST AM ARE , ( voir Pierre le Cruel)
&. Henri I I , roi de Léon & de Caftille. )
TRASYBULE, THRASYBULE 0* THRA-
SÏBULE , ( Hiß. anc.. j eff le nom de divers per-
fonnages célèbres de l’antiquité :1§ uns tyrans , félon
l ’ancienne figmfication de ce mot, qui n’avoit rien
d’odieux, les autres ennemis des tyrans :
Vers-l’an 619 avant Jefus-Chrifl, du temps
qu’Âlyatte règnoit en Lydie , un Trafybule étoit
tyran de Milet. Ce Trafybule avoit été fix ans en
guerre avec Sadyatte , père & prédéceffeur d’Alyatte,
& cette guerre continua fous ce dernier. Le fiège
de Mil et, plus long que celui de T roye, dura douze
ans fous ces deux princes, & finit par être levé.'
Ce fut l’effet d’un ftratagême qui parut bien fin alors,
puifqu’il fut efficace, mais qui a été fi répété dans
tous les fièges un peu longs, que depuis long-temps
il ne trompe plus perfonne ; c’eft celui de paroître
vivre dans l’abondance , lorfqu’en effet on manque
de tout. Alyatte, fur la réponfe d’un oracle , dit-
on , ( mais qu’importe ici un oracle ? ) envoya pro-
pofer uce trêve de quelques mois. Trafybule averti
de l’arrivée du héraut ou de Pambaffadeur, fit étaler
fur fon paffage, dans la place publique , tour ce qu’il
pouvoit y avoir de bled &. d’autres provifions dans
la ville ; il ordonna aux particuliers de fe raffembler
dans les rues , d’y tenir des tables dreffées, d’y faire
des banquets public*. Sur le récit que l’envoyé fit à
fon maître, de ce qu’il avoit vu dans la ville , on
perdit l’efpérance dont on s’étoit flatté de la prendre
par famine, & te fiège fat levé.,
z °. Vers l’an 460 avant Jefus-Chrifl, règnoit à
Syracufe Trafybule , frère & fucceffeur do Géfon
&. d’Hiéron. 11 ne contribua pas peu, par fa mauvaiie
conduite, à rendre odieufè la tyrannie , qui avoit
paru douce fous Gélon., fupportable fous Hiéron.
Livré à des flateurs , & n’ayant pour confèillers
que de jeunes infenfés, il fe permit les banniffemens ,
les confifeations, toutes ces iniquités abfurdes, moyens
infaillibles d'être détrôné ; il le fut, les Syracufains
ne pouvant fouffrir plus long-temps une fa dure fer-
vitude , appellèrent à leur fecours les villes voifines,
qui, jouiflant de la liberté , avoïent intérêt d’en faire .
jouir leurs voifins, pour affurer davantage la leur.
Trafybule fe vit afliègé dans Syracufe, dont une
partie même , celle qu’on appelloit le Tyque, étoit
au pouvoir de fes ennemis , il ne poffedoic que la
partie, nommée l’À ch rad in e& l’Hle d’Oriygie ;
c’étoit à la vérité la.partie la mieux fortifiée, mais
Trafybule ne fut pas la défendre : après une foible
réfiftance , il capitula, quitta la ville , s’impofant un
exil qui parut volontaire , quoique réellement forcé,
il fe refit a chez les Locriens. C ’étoit dans l’efpaca
d’un an qu’ il étoit parvenu à mériter d’être déihrôné
& à l’être. Pour conferver à jamais la mémeke
du jour de l’expuifion des tyrans ôc du retour de
la liberté ,. Syracufe ordonna dans l’affemSlée générale
du. peuplé, qu’on érigeroit une ftatue coloffale à
Jupiter libérateur , que tous-Ies ans, à pareil jour ,
on célébreroit la fête de la liberté reflitüée, & qu’oa
feroit aux Dieux , en. aélion de grâces , un facrifice
folemnel de quatre cent cinquante taureaux, qui fer-
viroient aüffi à donner au peuple un banquet public*
30. L’Athénien. Trafybule eft celui qui a répandu
le plus d’édat fur ce nom. Celui-ci fut l’ennemi
confiant des tyrans , le défenfeur & le reflaurateur
de la libeité.
Lorfque les amis d’Alcibiade , alors exilé & retiré
en Perfe, travailloient à le rappeller dans Athènes ,
& d’après fes inflruélions & fes . infinuations , dé-
tru'foient dans cette ville le pouvoir démocratique ,
Trafybule fut mis à la tête de ceux qui s’oppofoieft
à ce changement, & qui regrettaient le gouverne«
ment populaire.
L’an 406 avant Jefus-Chrifl, Trafybute, fervant
dans l’armée Navale d’Athènes , qu Alcibiade com-
mandoit aux environs de Samos contre les Lacédémoniens
, vit avec peine l’indilcipline & le défordre
que caufoit dans cette armée i’indulgence politique
d’Aîc'.biade , qui, ne fongeant q»i’ à plaire , l'acrifioit
tout à cet objet, ôc s’embarrauott peu que La Ré