
famil'e rjobîe, originaire de Saint- Quentin en
Picard:©; M. de Valincour, ayant .de bonne heure
perdu Ton père., dut fa première éducation aux
foins de fa mere , femme d’un mérite diftingué.
H ne brilla point dans les piaffes & fit ce qu’on
appelle de -mauvaifes hu.man'tés , mais fe trouvant
ün jour feul, à la campagne ayec un Térence pour
amufement, >1 lé lut, d'abord avec allez d'indifférence
, &cnfuice ayec un goût qui lui fit bien
fentir , dit M. de Fontenelle , ce que c’étoitque
les belles-lettres.
11 fit quelques vers , fruits ordinaires de la jeu-
nefie de 1 efpnt , qui eft alors en fa fleur, s’il
en doit avoir une ; mais cet amufement n’eut
pour confidens que fes amis.
ha Princejfe de Cleves parut, ouvrage, dit le
même Fontenelle , d’une eTpèce qui ne peut naître
qu’en France, & te peut y naître que rarement,
(ajoutons , & qui ne peut plus -ynaître de longtems.)
M . de Valincour en donna une critique en 1^78
non pour sVppofer à la jt.ifte admiration du public,
mais pour^lui apprendre à ne pas admirer jufqu’aux
defauts ; c’efl en effet ce qu’on a toujours.le plus
de peine à lui apprendre , fe public & même ,
que dis-je , & furtoui lepub’ ic favant ne fait pas,
ne conçoit pas qu’il y ait des défauts dans les auteurs
conlàcrés , dans Homère & dans Virgi'e,
par exemple. Si M. de Valincour relevo't des défauts
, il Falloir auflî valoir les beautés, mais il
eue toit , puifqu’il alla quelquefois jufqu'à un
ton d’ironie , mo ris refpeéTUcux pour un livre d’un
fi rare mérite , que le ton -d’une critique férieufe
& bien placée. « On répondit avec autant d’aigreur
& d amertume , que fi on avoit eu à dé-
93 fendre une mauvaife caufe. M. de Valincour ne
93 répliqua point : les honnêtes gens n’aiment point
» à s’engager dans ces fortes de combats trop
» désavantageux pour ceux qui ont les ma*ins liées
« par de bonnes moeurs ». Que ceux qui ont la
foiblefle d’aimer & d’accueillir la fatire , pçfent-
b:en, s’il le peuvent, ce mot d’un fâge ; qu’ils
apprennent,-s’ ils ie peuvent , à méprifir les'fa-
tires & à refpeâer ceux qui non-feulement .ne
s’en' font jamais permis , mais qui fe font toujours
interdit d'y ré/oudre. Et ne foyons point lës ■
dupes de cettè difliniftion, fi chère.aux fatyr que?
entre la fa tire perfonnelle & -la critique purement
littéraire; cette diflin&ron eft réelle fans doure :
mais la diffé'eiice efl dans le ton & dans l’imerition
évidente du critique. Toutcs les fois qùë ririjufliçe efl
trop tnanifi-fle pour-n’etre pas volonr.ai:-e , tout es J es '
fois que. le -critique laifïe percer le deilr & le
deffein de. nu ire .à fauteur ou de lui do'nnéî du
ridicule, c’eft une fa tire perfonnelle , quoiqu’il ne ■
s’aigiifé que' d objets littéraires.
M. de Valincour'tlonna en 16S1 / la vie de Fran- :
çois de Lorraine, duc de Guife, héros dont on-a !
dit tant de bien ôc tant de mal & dont il y a
èn effet tant de t>i.en & tant de mal à dire , pour
lùi rendre complotremenr juflice.
M. Boffuet f it en rer en i68p, M. d e V a l in c o u r
chez M. le coirite de Touloufey amiral de France,
qui bientôt après le fit fecrétaire de fes comman-
demens & fëcréta ire-général de la marine. Quand
ce prince eut ie gouvernement de Bretagne , ce
fut encore un redoublement de travail pour le fe»
crétaine.
A la bataille de Malaga en 1704 , où la flotte
fiançoife , commandée par M. le comte de Touloufe
, eut combattre les flottes angloife & hol-
landoife réunies , M. de Valincour, quoique étranger
au fervice militaire de la marine , fut toujours
aux côtés du prince , & fut bielle à la jambe ,
d’un coup de canon qui tua un pa<»e.
Il fut reçu à l'académie françoife en 1 6 9 9 » & fut
fiait honoraire de l ’académie des fciences en 17 1 1 .
Il avoir travaillé toute fa vie à fe faire dans
une maifon de campagne qu’il avoit à Saint-Cloud
une bibliothèque choifie. Elle fut entièrement con-
fumee à & vue par le feu, & avec elle périt eut
des recueils , fruits de toutes fes leéturcs , des
mémoires importans fur la marine , des ouvrages
ébauchés ou faits. Son courage ne fe démentit
point dans cette douloure.ufe conjoncture ; ce fut
lui qui dit a cette occafion : je ridurois guères
profite de mes livres , f i je ne J'avais pas les perdre ,
mot digne de l ’antiquité , mais la philofophie même
lui perrnettoit de fentir vivement la perte d’un
tel ti efor amaflé par elle-même & où elle fe corn-
plaifoit.
C efl dms.cet incendie qu’a péri , dit-on , ce
que Racine & Boileau avoienr écrit de i’h.floire
de Louis X IV , & qui écoit refté comme travail
commun entre les niaitfs de 'M. de Valincoiir,
fuccefll ur- de Racine & affocié de Boileau dans ce
travail.
Dans la fameufe querelle fur les anciens & les
modernes , M. de Valincour 3 partifan des anci-n?,
ne^fe brouilla point avec les modernes', i i efiaya
meme plùfieurs Fois de rapprocher les diffère 11s
partis., ii négocia des réconciliations & 'donna du
moins de grands,exemples de' modération.
Il mourut le 4 janvier 1739. il étoit f erétaire
du cabinet. IL avoit. fuccédé dans l’academie françoife
a fon, ami Racine, en qualité die chancelier,
il reçut dans cette comprgffe l ’abbç d’Ef->
treeSi , depuis arçhe?vêque de Çambray, qui fuc-
cedo:t à fon autre ami Boileau.
» Ami d ès mon enfance , dit-il, & ami intime
>v de deux des: plus grands perfonnages qui jamais
» ;aient étêparmi v0uf,'j_' le? ai perdus tous k * deux
3^dans uii petit -nombre d’années. Vos' fuffrages:
33 m!ont élevé à la place du premier, que j’aurois
» voulu ne voir jamais vacante. Par quelle fa-
♦ 1 talité faut-il que je fois encore, fleflifté à recè-
» voir aujourd hui en votre nom l ’homme illuflre
» qui va remplir la place de l’autre , & que dans
» deux occafions où ma douleur ne demandoic
»* que le filence & la (ôlitude pour pleurer des
43 amis d’un fi rare mérite, je me fois trouvé en-
»* gagé à paroître devant vous pour faire leur
93. éloge ? »3
Ce titre d’ami particulier de Racine Sc de Boileau
, paroît avoir contt tué principe Ornent i’exif-
tence littéraire de M. de Valincour ; il efl plus
connu par ce titre que par fes ouvrages ; le trop
plein de la globe de fes amis s’effc répandu fur lui
& lui a formé comme une gloire particulière. Il
leur étoic tellement dévoué., qu il ado.p'oit, finon
leurs pallions , du moins leurs opinion^. « Sa liaifon
» avec le grand fatiiique , dit M. de Fontenelle ,
.» lui fit adopter quelques-uns de les jugemens,
» tels que celui qu’il portoit contre le premier de
»> nos poètes lyriques , jugement infoutenabie fur
93 le parnaffe , & recevable feulement dans ^un tr -
93 bunal plus refpedable^où le fatyrique lui-même
»3 n’eût pas d’ailleurs trouvé fon compte. »
Pour entend e quel efl ce tribunal plus refpec-
table , il faut fa voir ce que M. de V alincour. dit
de Quinauit , en efTayant de juftificr le jugement
dft fon ami qui n’eft point juflifiable.
» Quoi ! difoit D fpreaux à fes amis , des mari
ximes qui feroienit horreur dans le langage or-
» dinarre , Te produifent impunément dès qu’ëlïés
» font mifes en vers ! Elles montent fur le theâ-
53 tre à la faveur de la mufique , & y parlent
ï> plus haut que nos loix. C'eft peu d’y étaler
93 ces exemples qu» inftruilcnt à pécher, & qui ont
93 été deteflés par le= payens mêmes, on en fait au-
» j^urd’hui des confeils & même des préceptes ;
» & loin de fohger à rendre utiles les divertifltmens
» publics , on affc<Se de les rendre criminels....
y> Enfin c’ efl un genre de poèfie où la religion lui
» paroiffoit paitku ièiement off-nfée ».
Ain fi la religion - étoit partie ul ère ment offenfée
& les divertiffemens étoient criminels , parce que
dans Roland pat exemple, une troupe de bergers
i& de ^bergères alloit chanianr:
' Quand on vient dans ce bocage
Peut-on s’empêcher d’aimer ?
Que l’amour fous cet ombrage ,
Sait bien-tôt nous défarmer 1 &c.
Quelle: pitié ! & ce font lés amis de Racine qui
fe déchainoient ainfi 'contre l’amoür ; quelle incon-
féquence 1
V A L LA ( Georges ) ( hift. lit, ïnod. ) médecin
de Venife , mort vers l’an 14/îo , auteur d un
livre intitulé ; De expetetidis étfugiendis rebus•
Laiife;flm? Vàlla ou La'ureiit1 Vcfile ^ beaucèup^
plus connu que ce premier Valld, fut un de ceux
qui contribuèrent le plus au renouvellement des
lettres, fur-rout des lettres latines en Italie. Le
roi de Naples, Alphonfej, apprit de lui le latin à
cinquante ans. Il eut avec le Pogge , ( W f ? f ec
article ) • de ces -querelles dë favans , qùî au quinzième
fièele où ils vivdiént & dont ils étoient la
lumière , ‘ étoient fi violentes & fi atroces ; ils
étoient fi acharnés l ’un contre l’autre , qu'ils ne
doivent être crus qu’avec refl-i'dion dans ce qu’ils
racontent l’un de l ’autre. Si l’on ên croit le Pogge ,
Lauren t Vallé fè fai (bit des affaires en tout pays
par fa caufticité ouJpar fes dogmes , il s’étoit fait
chaffer de Rome; à Naplès , il fë fit mettre à
l’inquifition, il y fut condamné à être brûîé v i f ,
mais le roi ' Alphonfc avant montré l ’intérêt'qu il
prenoit à l u i l ë s Jacobins inquifitcurs fe contentèrent
de le fouett-r à tous les ceins de leur
cloître. Cep ridant il revint à Rome où le pape
Nicolas V , lui permit d enfligner publiquement
& lui accorda des récompenfes qu’il- n’euc .poin't
prodiguées à un héritique condamné » c’eft un m c i f
de révoquer en doute lé fa t de l’inquifitiun de
Naples. Valla éroit né à Plaifance en I415. Il
mourut à R6me en I 4<>5• a de lui dès ouvrages
de divers genres, un itaké du. faux & du
v a i , facét es imprimées avec celles du Pogge ; des
fables qui: ont été tra luîtes en françois ; des tra-
dueflions -d’Héfèdbtè , de Thucydide, d’Homère;
un traité contre la faufFe rdonation dé Conftantin
au fa:nt fiège , ouvrage qui pouvoit fuffire alors
.pour exciter le zè'e de l’niqui':tior{.;: née hifio'ire
du.règne de Ferdinand , roi d’Arragon ; maïs
l'ouvrage par lequel il efl le plus avantageufement
connu, efl celui des élégances de la langue latine
; mais il a été accufé ( faufFement à ce qu’on
ci oit ) .; de l avoi r volé,
VAL LAIRE , adj. ( Hifi. nat* ) nom que. don a
noient les .romains à la couronne que l ’état ou
le général décernoit à tout officier ou foldat qui
dans; l ’attaque'd’un camp, avoit le premier franchi
les paiiiisdes ,5c pénétré dans-Les lignes ou rettan-
chemcns des ennemis. Cë moteft dérivé de vallum>
pieu garni de,, quelques branches qu’on plantoit
fur la crête du retranchement, pour former l ’enceinte
du camp que les anciehs nommoierit lorica.
Ils donnoiec-t aufli à cette couronne le nom de
cafirenjis , du mot cafira, camp.
Aulugelle afFure que cette couronne étoit d’o r ,
& néanmoins, au rapport de Pline,/. X X I I . c. iij.
s elle n’étoit pas tant eftimée que lît courçnne ob-
fidiorale qui n’étoit que d’herbe ou de gazon.
Les romains penfoient & avec raison qu’il étoit
plus glorieux & plus utile à l’état de délivrer &
de conferver des. citoyens , . que de vaincre des
e nemis. ( A. R ,)
V A L LE , ( Pierre delta ) ( kifi. l't. mod. )