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SPîTHà ME , f. f, ( Mc füre une.) nom é qui voeu
a qu’on avoit donné chez les Grecs à deux mesures
tï fié rentes , dont l’une , aflèz rare , faifoit
feulement U moitié de l'autre , & n étoit que la
quatrième partie de la coudée, compofée de fix doigts
grecs , qui revenoient à quatre doigts romains. La
grande fpitlume étoit la moitié de la coudée grecque,
& les trots quarts du pied , ti’cii vient qu’on y comp-
toit douze doigts-j comme en en comptoit -fix à la
petite, G’eft du moins là l’opinion de M. de la Barre
que nous ne prétendons pas garatitir ; mais on peut
le conftslter dans les mém. des Infcript. tom. X IX .
L D . ƒ..)
SPOH, ( HißJi'.t. ) Charles & Jacob, père & fils,
le premier, Médecin & Poste, à Lyon en 1609 ,
mort aufii à Lyon en 1684. On a de lui la Pharmacopée
de Lyon.
Le fécond, né à Lÿon en 1647 » beaucoup
plus connu que fou père , il l’çft fur-tout par fes voyages
cl Italie , de Dalmatie ,Je Grèce & du Levant , &
par fbn hiftoire de la vide 8c de l’état de Genève.
On a encore de lui des recherches curieufes d’antiquités;
des Mifcsllaned eruditiz anhqïât.uis , des recherches
des antiquités de Lyon. Bevanda Afiatica, feu k café,
8cc. Obligé en 1685 » % quitter la France à caufe de
la révocation de l’Edit de Nantes, il alloit fe fixer
à Zurich, il mourut en chemin à Vevaÿ»'
SPONDE , (Henri d e ) (H f i . l'ut, mod.) né
en 1568 , à Mauléon de Soûle fur les cohfius du
Béarn 8c de la Navarre, fut élevé dans la religion
Calvinifte; convaincu, dit-on, par les livres de con-
troverfe des Cardinaux du Perron .& de Bellarmin,
il abjura le Calvinifrae en 1595 , accompagna le
Cardinal de Sourdis à Roms, embraffa l’état ecclé-
fiaftique , 8c fut fait évêque de Pamiers en 1626.
Ses ouvrages ont été recueillis en fix volumes in-folio.
Les principaux font un traité de Coemeteriis facris ,
mais fur-tout fon abrégé des annales de Baronius. Il
y témoigne un grand zèle contre la religion qu’il a
quittée, 8c ce zèle lui diète quelquefois des jugements
peu ju.ftes ; il voudroit, par exemple, nous donner
pour une aSion louable une profanation bien info-
îente d’un bourgeois de Mauléon nommé Pierre-
Arnauld Maytia. Gérard Rouffel , que la reine de
Navarre, Marguerite de Valois, fccur de François I.,
avoit fait Evêque d’Oléron , 8c qui étoit fufpeét aux
Catholiques zélés, d’un peu de penchant pour le Cal-
vinifme, avoit. envoyé à Mauléon, patrie de S ponde,
dans le Diocèfe d’Oléron.,un moine qu’il avoit chargé,
dit $ ponde, de prêcher contre le culte des Saints &
contre les indulgences; Maytia d’abord chassa ce
Moine, l’Evêque vint à Mauléon prêcher lui-même ,
Maytia va l’entendre , & a /ec une hache qu’il tenoit
icachée fous fon manteau , il brife la chaire , fait
tomber l’Evêque, qu’on remporte demi - mort, &
qui mourut peu de temps après ; Maytia eft cité
pour cet attentat au Parlement de Bordeaux , qui
auroit dû le punir avec rigueur , quelque tort que
pût avoir J’Évêque , & qui ne le punit point.
S T A
Sponde obferve que la famille de ce Pierre Arnautd
Maytia, donna depuis deux Evêques à 1’ 'glife d’Oléron,
la Providence , dit-il,, élevant ainfi un trône
d’honneur, à une maifon qui avoit renverfé fi généreusement
une chaire de peftilence. loue beaucoup
l’aâion de Maytia ,' il l’appelle pium & exi
mlum ficinUs, une pieus'e & excellente aélion ; Spotule
eIVpourtant d’ailleurs un écrivain allez judicieux. Il
mourut à Touloufe en 1643.
Il avoit un frère ( Jean ) , qui abjura aufii le
Calvinifme, &c mourut en ï 593'. On a de lui des
commentaires fur Homère 8c quelques écrits de con-
trqyerfe.
, SPOTSWOOD, ( Jean ) ( Hiß. litt. mod. ) Archevêque
de Glafcou, puis de Saint André , Primat
d’Eccfie , 8c Lord-Chancelier fous Charles I ,
eft auteur d’une hiftoïre eecléfiaftique d’Ecoffe en
Anglois; mort en 1639.
ST A AL , ( Madame de ) Hiß. litt. mod.) fes
Mémoires sont connus, 8c par conféquent fon hH-
toire. Sous une plume ordinaire, cette hiftoire n’au-
roit point de faits, elle eft du plus grand intérêt,
fous la 'plume enchante reffe de madame de Staal i elle
contient d’ailleurs des particularités curieufes fur la
Cour de madame la Ducheffe du Maine, fur fa prifon,
fur celle de M, le Duc du Maine. On a de madame de
Staal , deux jolies comédies , ! Enjouement 8c la
mode. Ses Mémoires la mettent au rang de nos
meilleurs écrivains. Il eft ïmpofiïb'e de répandre plus
de philofophie 8c de fentiment fur ces légers détails
de la vie , 011 le commun des homme ne voit rien
8c ne fent rien : madame de Staal eft cette même ma-
demoifelle de Launai , que la lettre à M. de Fontanelle
, fur l’aventure de mademolfeUe Teftard ,
fit connoître fi avantageufement dans le monde, 8c
à qui l’abbé de Chaulieu ( voyeç fon article ) adref^e
fa fameufe epitre :
Launai, qui fouverainement
Pofsèdes le. talent de plaire, 8cc.
On a prétend« que madame de Staal n’avoit pas
tout dit dans fes Mémoires, & qu’une dame de fes
amies lui ayant demandé comment elle parîeroit de
fes intrigues galantes , elle avoit répondu : je me
peindrai en büße. Elle ne fe ménage point dans le
portrait qu’elle fait d’elle même; une femme qui l’avoit
bien connue , 8c qui n’étoit pas plus portée qu’une
autre à l’indulgence, madame du Défiant, la peint
bien plus avantageufement. Le portrait que madame
de Staal fait de madame la ducheffe du Maine dans
fes Mémoires , laiffe appercevoir des défauts qui
fönt rendus encore plus fenfibles dans un portrait
manuferit de cètte princeffe, fait avec plus de préci-
fion encore, hors des mémoires, par la même madame
de Stadl, mais elle y rend juftice auffi aux
bonnes qualités de cette princeffe. Madame de Staal,
qui, par un concours fingulier de conjonctures, après
avoir été noblement élevée, s’étoit vue forcée d’tn
S T A
frer en qualité de femme de chambre chez madame
la duclieffe du: Maine , 8c qui à force d’efprit étoit
parvenue à être de la Cour de cette princeffe 8c
dans fon intimité., avoit été mise à la Baftilie pour
fes intérêts, 8c y étoit reftée deux ans , difoit
qu’elle n’avoit connu la liberté que dans ce féjour
de l’efclavage. Qu’on juge par ce m;>t de Tcfcla-
vage des Cours, pour ceux mêmes qui ont le
malheur d’y être en faveur. Madame de Staal
mourut en 175:0.
STAGE , ( P. Papiniui Statius j ( Hiß. litt, rom.)
vivoit fous Domitien. On a remarqué que Martial
ne- parle jamais de lui, quoiqu’ils vécuffent à
Rome en même temps. Ce fifonce peut ne rien
lignifier ; on a./voulu, qu’il fignifiâc quelque chofe,
8c on l’a expliqué par la-' jaloufie que les fuccès de
Stace auprès de Domitien infpiraient , dit-on , à
Martial ; jaloufie qui, à la vérité , eft toujours une
chose fort Vraifemblable. Nous avons de Siace deux
Poëmes Epiques ; la Thébaïde en douze livres , qui
a de la réputation ; l’Achiiléide qui eft moins connue
parce qu’elle n’a que deux livres , 8c qu’elle eft
reftée imparfaite. Ces deux poëmes font adreffés à
Domitien, après la guerre contre les Daces 8c Dé-
cébale, leur R o i l ’an 86 de J. G , guerre dont
il ne felloitpas parler pour l’honneur de Domitien ,
qui. fut réduit à marchander la paix , 8c qui n’en
revint pas moins triompher à Rome de ces mêmes
Daces. Stace flat.e encore Domitien .en plu-
fieurs endroits de fes Sylves , efpèce de Bucoliques.
Domitien étoit l’Augufte de ce Virgile ; 8c
il y a entre les deux princes à-peu-près la même
diftance qu’entre les deux Poe ces.
Stace avoit fait aufii des Tragédies , entr’autrès
une Agavé ,. c’eft Juvenal qui nous l’apprend , 8c il
nous apprend en mênîe temps que Stace , malgré
la faveur de Domitien, vivoit dans l’indigence, 8c
qu’il avoit befoin de vendre fos pièces aux comédiens
, pour fobfifter :
. Sed cûrn f régit fubfeUia ver fa
Efurit, intaElam Rufidi nifi vendat Agaven.
Stace mourut à Naples, vers l’an 100 de J C .,
fous l’empire de Trajan. En général ce Poë:e eft
plus célèbre que connu, plus eftimé que lu.
Et franchement , (Quoiqu’un peu cenfuré,.
J’aime encore mieux être lu qu’admirée
.difoit Rouffeau.
Stjce a plus de talent que dé charme ; fes vers
font bien faits , ils font même beaux,. 8c on ne les
retient point, leur couleur eft terne 8c monotone.
Son poëme de la Thébaïde a de l’intérêt, fon ftyle
»’en a point, il n’a que de la poëfie ; il fait fentir
toute l’utilité de ce précepte d’Horace :.
Nec faùs efl pulc/ira ejfe poemata, didcia funto,
E.t quoQumque volent animutn aud'uoris agunto.
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Voilà ce que Virgile fait fi bien faire ; c’eft ainfi
que par une variété toujours riche 8c heureufe, par
la jufteffe, la propriété précifo, la convenance toujours
parfaite de, Ion exprefffon , par un fentiment
exquis de l’harmonie dans tous les genres , il attache
toujours 8c remplace par le charme des détails
, ce qui manque quelquefois à l’intérêt du fond.
11 y a certainement beaucoup moins d’intérêt dans
ks fix derniers livres de l’EnéïJe , que dans quelque
livre de la Thébaïde' que l’on veuille '
choifir ; mais ’ clans ces livres même défectueux
de l’Enéïde , -on fera beaucoup plus attaché
par le mérite ii^erelT.-m: dis détailsque dans la-
Thébaïde -entière. Cette différence fe fait fentir dans
les endroits mêmes que Stace imite de Virgile', 8c
ces endroits font nombreux. Comparez, par exemple ,
dans le tro’fième livre de la Thébaïde , les regrets
d'idée, mère de deux guerriers tués par Tidce , & les,
regrets de la mère d’Euryale , dans fe neuvième livre de
l’Êtieïde ;. aux mouvements fi vrais , fi paffionnés de
celle-ci, à cet abandon , à cet épanchement du coeur
d’une mère, vous reconnoitrez la nature, 8c vous-
ne pourrez retenir vos larmes ; la douteur d’idée
quoiqu’exprimée avec efprit, & en beaux vers, vous
laiffera froidement obferver & çft mer l’art du Poète
imitateur ; encore trouverez-vou« cet art en défaut,
& bien inférieur à celui de Virgile ; car Virgile
, avant d’expofer à vos yeux , la mère cTEu-
ryale , vous a fait aimer fon fais , & - vous a -fait
comprendre combien une mère dev.oit l’aimer. Ce-
généreux enfant s’étoit dévoué peur fos concitoyens',,
il mouroit pour la cause la plus noble & la plus-
intéreffante ;. en partant , il a voit déjà- fait couler
vos larmes , par la piété tendre avec laquelle il'
avoit recommandé fi mère au jeune Afcagné;
Hanc ego nunc ignarain hiijits quvdcumcjue pericli ejt
lnque falutatam linquo ; nox & tua tiftis-
Dextern , quoi ncqusani lacrymas-.perferre parentÎSi
At tu, oro , folar. inopèm & succurre relie tôt ;
Hanc fine me spem ferre tub ,. audentior ibo-
Iri casus om.’ics.
Vous avez pleuré Euryale , avant que fa mère fût
inftiu’te de fon fort, vous avez preffenti avec douleur
8c avec effroi, le moment où la nouvelle delà
mort d'un tel fils parviendroit aux oreilles d’uns:
telle mère.
Mais les deux fils que pleure Idé%»jne font que
de vils affaftins, apoftés par un Tyran^^jour égorger
un ambaffadeur ; leur caufe eft odieuïe & infâme p
ils lüccombent dans un combat inégal oii ils font
cinquante contre un ; tout l’intérêt eft pour leur vaillant
ennemi Tidée qui en tue Quarante neuf,, êc
n’en laiffe vivre qu’un pour- porter à ThèlSes là.
nouvelle de ce combat. Idée eft mère , on fouffre
fà douleur , mais on ne la partage pas, parce que'
ceux qu’elle regrette ne font pas intéreffanSi, On*
pourroit même faire de cette obfervation une efpèce*
de règle , 8c mettre en principe que ,. pour que îaà
douleur en pareil cas foit. intéreffante. * il: fout*, 8c.