
Les fupplîccS , les cruautés, les proscriptions fë multiplièrent
: Tibère devint plus cruel encore, lorsque
perlbnne n’ayant plus fa confiance,il n’eut plus pour
guide que les aveugles foupçons; le fang ne cefla
de couler poyr le crime d’avoir paru aimer S'jàn,
-jul pi'à ce qu’un chevalier Romain , Marcus Teren-
tius, accufq de ce crime, déclara qu’il en étoit coupable
, & que tout le monde Pavoit été, mais qu’il
n’y avoit eu proprement qu’un coupable , & que
c’étoit l’empereur; qu’on révèroit toujours nécefe
Étirement fon choix , fans fe permettre de l’examiner
; enfin il ofà dire ce que tout le monde
penfoit , & on n’ofa le condamner ; il fit rougir
le fér.at de la baflèffe avec laquelle il confentoit
à le rendre le'mînîftre des barbaries & des vengeantes
ablùrdes d’un tyran qui puniffoit ce qu’il avoit
lui - même prefcrit 6c rendu néceffaire. La difgra-
ce de Séjan, leçon fi,, forte pour les favoris, mais
toujours oubliée par eux , efl de l’an de Rome 782 ,
de J. C. 31.
Tacite a peint comme fl favoit peindre, la force
& de corps 6c d’efprit de Séjan,(on audace effrénée
& fa profonde difiimulation , là bafièffe & fon orgueil
; cet extérieur de modération , qui cachoit Pam-
bition fans bornes dont il étoit dévoré.
Corpus ilii ■ labonun tolérons , animas trndax, fui
ebtegens , in altos crirfûnator : juxtà adulatio & fu -
ptrbia : pâlàm compofitus pudor, inths fumma adipif-
cendi libido : ejufque caufa modo largitio & luxus,
fetpius mdujïr-ia ac vigilantia, haud minks no xi ce, quoties
parando regno finguntur*
Juvénal peint avec plus de force encore1 ce moment
fi inftruélif de la-chute de Séjan, la haffeflé
& fin confiante des Romains-, leur lâche empreffement
d’outrager le cadavre de celui qu’ils venoient d’adorer
vivant ; il tire de cet événement les plus grandes
leçons fur la témérité de nos veeux ,. & fur les
dangers de l'élévation.
Jam firident ignés y jam follibus atque caminir
. Ardet adoratum populo caput & crcpat ingens
. Séjanus ; dcindè ex fade, tato orbe fecundâ
Fiant urcëolï ypêlves, firtago., patelLz.
Pont demi lauros , duc in capitolia magnum
Gre'alitmque bevem , Séjanus duciturunco
Spcftandus- ; gaudent omnes qucc lahm, qui s illï
Vultus erat. Nunquam , f i quid mihi c redis, atnàvï
Hune hominem. Std quo■ cecidlt fuir cri mine ? qui[nam.
Delator ? qui bus indiciis , quo tefie proBavit b
Nil horumverbofa & grandis epifiala venir
■ A Gap rds? Béni habet ynilplus interroge. Sed quid-
Turba Remi ïèfequitur Fortunam ut femper, &- odit
Damnâtes. Idem populus, f i Nurtia i Thufco
Favïffet yfi oppreffa- foret fecura fenelhisi
Principis, hdc, ipfd Sejanum diczret horâ: n
Auguftum. . .. .. . d . - , ... I Z-
, Perituros audio multos r
Nil dubium mu tna ejl fomacula : pallidùlus mi.
Brutidias meus ad Marùs füit obvias: aram :
Qttàm timeo vi&us- ne qcenas exigât AjaXy.
Z/t malè de fin fus ! currsmus pmcipites\ &
Dnm j'acct in ripa ., calce/nus Cotfaris hofiem,
Sed videant fervi, ne quis negef, & pavïdum in jify
Ceryice obfirï&â Dominum trakat. Hi firmoneti
Tune de Scjano , fecreta htzç murmura vulgi.
V if ne falutari ficut Sc.anusl habere
Tantumdem, atque Uli feil r s don are curules
Ilium exercitibus pratponere ; tutor haberi
Principis Augufld Gap rearum in rupe f i dentis
Cum grege G h al dato ? vis ce rtc pila, cohortes
Egregios équités & cafira dornefiica ? quidnî
Hcec cupias ? & qui nolur.t occidere qucmquam
Paffe volant. Sed quee prtzclara & profpera tant\\
Ut refais lattis par fit menfura malorum ? _ • . ' |
Ergb quid optanduri. foret ignoraffé fateris
Scjaniirn : nam qui nimios opta bat honores,
Et nirnias pofcc bat opes , numéro fa parabal
Excdfiz turris tabulata, unie altior. effet
Cafus & impulfie prateeps imtnane ruinât,. •
Quid Craffos n quid Pompeios evertit ,& illuin
Jtd f ia gui domïtos deduxit flagfj quirites ?
Summis nempe locus rutila non arte petitus
Mrgnaquc Numitûbüs vo;a exdudita malignes#-
Evertcre domos tatas optantibus ipfis.
DU faciles„
Craignez-, Seigneur, cra’gnez que le clef rigoureux
Ne vous. hdffa affez pour exaucer vos voeux l-
Scuvent. dans fa colère il reçoit nos viéVmes ,
Ses préféras font fouvent la peine de nos crimes.
SEIGNELAY,. ( v&ye^ C ölbert )..
SEIVIA., {Hiß. mod. ) nom d’une foéle de bra°
mines ou de ri êtres des idelâtres de i’Indofian, qui
different des autres en ce qu’ils regardent Ruddiren-
ou lffuren comme le premier des trois grands dieiix
de linde;, ils le mettent au-deffus.deRam ouBramx
~&de Vifinou. Ceux, qui fönt pröfeflion de cette feéle ,
fe mai que it le front avec. de la cendre de fiente de
vache ,: b;û!ée;& quelques-uns portent le Ungam zw
col , & Iszfont porter à' leurs ertfiarts. ; 'en' 1 honneur
de le urdieu favori qui eft le Priape des îndiens.-
SEIZE , (lés-) f: m, plur. ( Hß..mod. ) nom'cPune-
faélion fàmeufe clans l’hiftoxre de France. Elle fe forma»
à Paris en 1579 pendant Ja ligue.. On les nomma
ainfi à.caufè des fii^e quai tiers de Paris y qu’ils gou-
vernoient par leurs intelligences-, & à- la tête def-
quels' ils- avoient mis d’abord fiiçe des plus faéfieux
de leur, corps. Les principaux étoient Bufïi-le-Clerc,.
^oirvcerneur eje la iBuflille , qui avoir été auparavant'
maître en fait d’armes :t la Bruyere,.. lieutenant parti-
eir-icr tdë commiffaire Louchard : Emmonot & Mo-
not y procureurs î Oudinet ;. PaiTart 6c Senaut „ commis
au griffe du parlement, . homme de beaucoup
d'efprit, qui développa le premier cette, queftion obi-
cure 6l dangereufo du- pouvoir qu’une- nation peut
avoir fur fon roi. Un bourgeois dé Paris, noramé-
la Roc heb fand:, commença cette ligue particulière
pour, s’opgofer. apx d^ffoias dTJçnri iU, qpi .fiiv^i^
difott-on, les Huguenots. . Cetfe . faélion accrue
& fomentée par. ceux _ que ‘nous;^ ayons nommés ». &
beaucoup d’autres ,,.fe Joignit.a la grands Jiguiscorn-,
tnéncée à Péronne. Aprèsi la foôrt d.es.Guifosi a ^lois.,
felie Touffla le' feu de la révolte dans Paris contre
Henri I I I , & eut, à ce qufon croit , bonne part au
parricide de ce prince. Également oppofee à Henri IV ,
elle fe porta aux plus étranges extrémités contre
ceux qu elle foupçonnoit être fes partifans ; elle affiéîà.
même d’être indépendante du duc: de Mayenne,, 6c.
fi’oublia rien> pour faire tranfporter la couronne a
Pinfante Claire Eugénie, .fille-''de Philippe . I I r o i
d’Efpagne, ôu à ce prince Jui-méme/M;iis;quand
Paris le fut fournis à fon légitimé fouverafo éii'1 %Æà
cettq. faélio.n fut entièrement difiîpée , foît par la.
retraite des principaux cfëntré les f i i f i , fo’.t par la,
clémence "que ce prince témoigna ehvèrs^les .autres'..’
SELAM , f. m- ): terme^ dt Relationfi ;l'on.. :appelle
ainfi dans l’Amérique fopt§ptfi©rv.il 2 - ; certain s poftes
dilpofés le long^dos cotes, cu-les,Espagnol*» mottent-
les Jndjons eq lentineile, Çe font comme çl-S; êfpeç. s
de guérites- qui (ont bâties, tant/ t à terre avec du
bois dç charpente, ^ tant; t for des troncs d’arbres ,
comme des cages, mais affez grandes pour recevoir
deux hommes, avec une échelle pour y monter
& en defçendre. ( D. J. )
SELDEN,: ( Jean) ( Hifi. Litt. mod,') (avant
Anglois, zélé partifan de la liberté, & qui avoit pris-
pour devife : La Liberté fur toutes çhofes : il; a' beaucoup
écrit for les loix 6c les ufages des Hébreux &
des Anglois.-Tous fes ouvrages, tant en latin qu’en
anglois, ont été recueillis en trois volumes in - fol.
On y diflingue fon traité intitulé r Mare claufurti ,
où il combat le mare liberum de Grotius. Ce dernier
prenoit la défenfe de Thumanké entière, en pro-
pofant la liberté générale des mers ySelâen empo té
par ce zèle patriotique aveugle , qui voüdroit aflervir
toutes les nations à la fienne,&qui ne.voit pas que
c’cfl les armer toutes contre elle ", trouvoit jufle que
l’Angleterre feule eût l’empire de toutes les mers. On
y diltingue encore une explication dès marbres d’A-
rondel. Soit qu’on le confidère comme jurifeonfolte
ou comme littérateur , c’cfl un des plus favans hommes
que l’Angleterre ait produits.
SELEUCÜS , ( qui coule comme un fleuve.) {Hifi.
Sacrée ) for nommé Nicanor y capitaine- d? Alexandre ,
devint, après la. mort de ce héros roi de 'Sÿiie
& fut ,1e chef de la race des Séleucidesl Ce prince
n’eft connu dans l’hiffoire des Juifs qüe par la haute
confidération qu’il eut pour eux. Il leur accorda les
mêmes privilèges. & les mêmes immunités qu’aux
Grecs & aux Macédoniens; c’eft ce qui en attira
«n très-grand' nombre dans fes Etats, for-tout à Antioche
, qui ert étoit la capitaje. ( f -)-
( Sur ce Séleucus, fornommé Nicanor ou Ni eu ter,,
voye1 l’article Antioghus I. Nous obferverons foule-'
ment ici que l’empereur Julien, dans foa Mifqpogon,,
||ve en partie la difficulté qui réfulte de la- cofiion
faîfë .par fièle.ucus de; Stratonj.ee , fa femme ,* à; An-
tiochùs, fon fils , en <Ji|aht .au’Antiochus ne y,ou lut
époufer Stfatônicé qn’après la hicrt de Séleucus-.
S É LEU C ü S , ( Hifi. Sacrée, ) fils d’Antiochus M
Grand , foccéda à fon pè 1 , & fut fornommé Philo*
papof. C è prince , : par k 'qu’ il "eut . pour: le
grand-prêtre Ornas yifoûrniff )ir- toits. les- ans; ce. qu’ilf
lalfoit popr; les facrifices; cfo . temple ; ; mars comme
c’étoît^untiprince qui ayojt ,1’efpriï -foible^ 6c qui fo-
Uiffdit. aifémenr perfoader,' yilis.-fimül 6» itfdignmô.
décoré, regio, Danieî aà ,20v Comn|c l’appelle; Daniel
il céda aux folliçitations de; fes flatteurs , qui' l’engagèrent
à envoyer Héliodore piller le temple de Jé-
rufalem. Quelque temps après,, le même Héliodore?
l’empoifonna. ( t )
SELGIUÇIDES, {Hifi. orient,') nom' d'une dy-
nafoie puiffante, qui, a régné, eiàns> l’Orient, & dont
le chef, fe nqmmpit SAgtufe Get-te dynaffie a-été di-
vi'ée en trois branches ;. fo^premibce- ^eS fiSelgiucides.
de Perfè, ,dans. laquelle, onpqorrtpte; quinze empereurs-;
la fécondé: dès: Selgïuçid^f; du ^erjftan^.qui a eu onze
princes ; la trojuème xfes Selgificidesisfe Roum- 9 qui 'si
duré 220 ans fous -quinze fol tans.- {D. J.)
SELIM, ( Hifi. des Turcs '} il y a deux emperetfrÿ
Turcs célèbres de ce «cm : le’ premier fot un grand
homme 6c un grand monflre , il. emp’ojfonnâ fon père 9
égorgea fes. freres, fo& neveux -, fes bachas les- plus
fidèle^ , & qui l’avoiem levmieux .fervi. Affis for le
! trône, 'il fut un grand prince , co.urageux , infatigable,
fobre , . Libéral , . inflruit même ; il con-
noilfoit ' l’hift. ire y il cuîtivoit la/’poëfie i il fut conquérant
, c’eft-à-dire, qu apres avoir égorgé fa ,fa-
Âïiille 6c. fes fojets , il eut encore befoiri d’égorger
fes vôifms' ; mais dans- cet affreux métier de conquérant
y il déploya-' lès plus grands talëns , & euè
; les plus grands faecès ; il conquit l’Egypte & la ré-
dùifit en province , éteignit l’empire des Mamelus ^
& joignant toujours la cruauté à la valeury fit pendre
leur dernier ro i, défola l’Afie 6c l’Afrique, fob-
jugua là Syrie y remporta for les Perles une viéioire
fignalée â Ghalderon?, 6c leur enleva Tauris & Ker-
man. H menaçoit Rhodes, il alarmoit l’Italie , il in-
quiétoit toute l’Europe par les armemens formidables
qu-’iï faifoit à laVallone, vis- à -vis Ocrante, it
ne patloit que de rétablir dans fa fplendeur premier©
I l’empiré de Conflantin, dont il fe difoit foeceffeur,
: & de redonner à- cet empire fon ancienne étendue^
Il mourut au milieu de fes rafles projets, d’un char--
: bop peflilentiel, en 1310 : il ne portoit point de barbe-
: tomme fës prédëceûeiWs , ne voulant pas , difoit-il y
■ que fes minières le menafFent par. le menton. It
avoit' d’excellentes troupes | parce qu’il l'es foumettofe
à- une dlfcipline fèvère,
Soliman II y fon fils y qui ajouta* encore' a-f#
gloire & à la puiffance de l’empire Ottoman , fat
père de Selim II, Celui-ci ne fit la guerre que par'
res généraux ^ il enleva l’iffe de Otypre aux Véni-
; tiens en 1570,. mais' il perdit le 7 oéfobrç-
, la bataille de Lésante»