
homme vulgaire par fes partions & par fes foibleffes;
la vraie philofophie avoit pénétré jûfqu’à fon coeur,
& y a voit établi cette délicieufè tranquillité, qui
eil le plus grand & le moins recherché de tous les
biens.
TSIN-SE ( H i f i , mod. ) c’eft ainfî que l’on
nomme à la Chine les lettres du troifième ordre ;
grade qui répond au dodeur de nos univerfîtés ;
on n y parvient qu’après un examen qui Ce fait
à Pékin, dans le palais de lcmpereur, qui préfîde
en perfonne à l'aflèmblée , & qui donne fouvent
lui-même le fujet fur lequel les candidats doivent
compofer. Cet examen ne fe fait que tous les
trois ans , & l’on n’admet au doctorat- qu’un petit
nombre de kiu-gins , ou lettrés du fécond ordre.
La réception fe fait a-vec une pompe extraordinaire
; chacun de ceux qui ont été reçus doc7
teurs , reçoit de l’empereur une coupe d’argent,
up paralol de foie bleue , i& une chaife très-
oraée pour fe faire porter. Les noms des nouveaux
doéteurs font inferits fur de grands rableaüx
qu’on expofe dans, la place publique. Dès qu’ils I
font admis , on s’emprëlTe d’aller - inftruire Jeurs
familles de l’honneur qu’elles ont reçu ; ces cou-
riers font, très-bien récompenfés ; les vides où les
doéteurs font nés , prennent part à la g'oire de
leurs citoyens , & célebrect cet événement par de
très^grandes réjouffances. Les noms des doéteurs
s’inferivent dans un regiftre particulier , & c’eft
parmi eux que l’on choilït les perfonnes qui doi- 1
vent, occuper, les premières charges de l’empire ;
il n’cft point furprenant qu’un état admrniftxé-par
des hommes qui ont confacré leur tems à l’étude
de la morale, des leix & de la philofophie, fur-
palfe tous les autres par la fagefls de fon gouvernement.
{ A . R . )
T SO N G -TU , ( H i ß . mod. ) ce mot eß chinois,
en le donne aux vice-rois qui commandent à deux
ou. trois provinces , au lieu que les vice^rois.
ordinaires , qui n’ont qu’une feule province dans
leur diflriéb, fe nomm< ni R u - y e n , l es Européens
diCentJom-toift-, o.u fom-tock par corruption. (A .R .)
TUBERON ( H iß . r om . ) . Quintus Æ l i i S .T u
h é r o n , gendre de Paul Emile & conful romain,
fut recommandable , ainfique toute fa famille par
fa .noble, & vertueafe pauvreté. Diverfes branches
de.qstte relpeétable famille Æ lia , s’étoient réunies
au nombre de feize chefs de branches particulières,
qui vivaient tous enfemble avec leurs femmes
& leurs eqlsns , n’ayant pour tous qu’une
petite maifon à la ville & un petit bien. de cam-
p?gne qu’ils faifoient valoir par leur induftrie commune.
Ce fut cette union dans la pauyrtté qui
engagea Paul Emile à choirtr T u b e r o n pour fon
gehöre. Emilie qu’il lui donna en mariage , penfa
en-tcA-t comme Ton mari &, comme fon père „ elle
refo étA toujours, & fit toujours refpeder dans le
premier fon honorable indigence. Fille d’un père,
deux fois conful & deux fois triomphateur, femme
d un conful, elle prit avec plaifir, au milieu d’un
fîeele déjà corrompu, les moeurs de la vertu ôc de
la pauvreté antique. Paul Emile, après avoir vaincu
Perféq & réduit- la Macédoine en province , distribuant
les prix de la valeur à ceux qui s’étoient
le plus rtgnalçs dan,s çette guerre, t^onna une coupe
du poids dq çinq livres à Tuberon, fon gendre; ce
fut la première pièce de vaillellc d’argent qui entra
dans la famille Ælia; encore, die M . Rollin ,
33 fallut-il que çeT fuflent la vertu êfc l’honneur qui
» l ’introduiliflent, dans cette petite &; pauvre mai-
**- f°,n » digne véritablement d’êire appellée le pa-
33 lais & le temple de la pauvreté. »
Cette pièce de vairtelle fut la feule que polTéda
jamais Tuberon devenu conful , il mangeoit dans
de la vairtelle de terre. Des ambafïadeuçs d’Italie,
témoins de cette extrême fîmplictté, lui ayant of*
fert de l’argenterie , il la refufa comme autrefois
Curius avoir refufe For des Sam-nites.
Le fils de ce Tuberon , nommé comme lui
Quintius Ælius Tuberon, eut comme lui cet amour
de la pauvreté , ce faint> refped pour l’économie;
mais, il faut de la mefure dans la vertu même»
Infani fapiens notnen ferat , es quus i ni qui,
Ultra quàrnfaüs eji, virtutem ji petatipfam.
Et Cicéron , qui fq- connoifiôit. en. vertus
puifqu’il. cqnnoiflpit fi bien les vrais devoirs ,
n’approuve, pas un. trait de. ce fécond Tuberon ,
ÿÛ: Pa.rut d-une économie fordide , parce qu elle
étoit déplacée, Quintus fabius Maximus > neveu
du fécond Scip ion 1 africain,. & qui fit fon 01 ai-
fon- funebre , donnant félon; la; coutume, aux obr
fèques de fon oncle, ün repas au peuple, pria Quin-,
tus,Ælius Tuberon,, qui étoit auffi neveu de Scipion
l'africain, de fe charger d’une table, il s’en chargea.
Mais ne diflinguant pas aflez ce. qui peut convenir
a la fîmpliçite domeftique & ce qu’exige la
décence publique ,
Privatus illis cetifus erat b revis ,
Commune magnum.
il fembla vouloir faire parade de cette pauvreté
qui honoroit particuliérement fa maifon , il contenta
des lirs de. table les plus fimples & les plus
grortiers , qu’ il couvrit de peaux de boucs , &
au lieu de vairtelle d’argent, devenue néceflaïre
au moins dans les cérémonies publiques il fit
fervir dans des plats de terre ; ces peaux de boucs -
& ces plars de terre lui furent bien reprochés dans
la fuite, malgré fon mérite perfonnel &. l’éclat
de fa nairtance & de fes alliances , lui attire-ent
un refus, lorfqu’il demanda la prêt ure. Itaque,
dit Cicéron , horno integ^rrirpus , civis optimus
ciint effet Lucii Pauli nepos, Publii africani fororis
Mus , his hoedinis pelliculis præturâ dejettus eïl.
Odit populus romanus privatam luxuriam , publi-
cam magnificentiam diligit. Non a mat profufas
tpulas , fordes & inhumanitatem multo minus.
Dijlinguit rationem officiorum ac temporum.
De cette même maifon étoit fans doute un Tu-
ieron-y qui dans les guerres civiles entre Pompée
& Céfar, parut conftamment attaché au parti du
fén.at & de la république. Le fénat lui donna .même
le département de l’afrique, mais lorfqu’il alloit
en prendre pofTefiion , s’attendant de n’y trouver
à combattre que le parti de Céfar, à la tête duquel
étoit Curion , il y tiouva d’abord un autre
ennemi fur lequel il n’avoit pas compté ^ qui étoit
comme lui du parti du fénat, mais qui, comme dans
les guerres civiles tous les droits font confondus,
brava en cette occafion l’autorité de ce grand corps.
C ’étoic Altius Varus , qui ayant précédemment
gouverné pendant quelque tems l’Afrique en qualité
de propréteur , s’étoic enfui dans ce:te province
dès les premiers mouvemens de guerre, &
y trouvant les efpiits difpofés à recevoir les ordres
d’un homme a'contumé à leur en donner ,
prit fur lui de rendre à la caufe de la liberté des
fervices qu’on ne lui demandoit pas & qui ne furent
point heureux. Il ne réufïit e-n effet que contre
Tuberon, qu’il ne voulut jamais biffer aborder en
Afrique où çec Altius Varus étoit maître .des côtes
de la mer. Le fils de Tuberonm étoit malade , le
père pria du moins- Altius Varus comme un particulier
, comme un romain engagé dans la même
caufe , de permettre à fon fils malade de prendre
terre & de fe remettre des fatigues de la mer , ü
ne put jamais l’obtenir. Les Tubérons père & fils
furent obligés de repartir dans le même vairteau
qui les avoit amenés , & allèrent fe rendre auprès
de Pompée.
On eft aflez étonné de voir dans la fuite Tu-
léron devenir l’aceufateur de Ligarius , dont le
crime étoit d’avoir comme lui fuivi le parti de
Pompée contre Céfar ! Tuberon imputoit principalement
à Ligarius fa réjedion de l’Afrique &
îe traitement qu’il avoit reçu d’Altius Varus, mais
ce défit- d’aller en Afrique combartre Céfar, nepou-
voit être ni un titre pour Tuberon auprès de Céfar
, ni un droit d’accufer Ligarius, qui n’avoit
fait que ce que Tuberon lui-même avoit voulu
faire! On fait avec quelle éloquence Cicéron défendit
Ligarius & rendit fènfible cette vérité uti’e
au genre humain , que la clémence eft prefque
toujours la meilleure politique.
TLJCCA ( Plautius ) , ( Hift. Litt. Rom. ) Poète, •
ami d’Horâce & de Virgile, il eft du petit nombre
de ceux dont Horace dit qu’il ambitionne le
fuffrage, il revit l'Enéide avec Varius , par ordre
d’Auguftc.
TUDESQUE ( l a n g u e ) ; (Hift. des langues mod.)
langue que l’ on parloit à la cour après l ’établif-
fement des Francs dans les Gaules. Elle fe 11 om-
moit auffi Franùiheuck, Théotifte , Théo tique ou Thi-
'vil. Mais quoiqu’elle fût en règne fous les deux
premières races , elle prennoit de jour en jour quelque
chofe du latin & du roman, enfle tu- communiquant
auffi de fon côté quelques tours, ©u ex-
preffiens. Ces changemens même firent fentuvanx
Francs la ru de fie & la difette de leur langue ; leurs
rois entreprirent de la polir , ils l’enrichirent de
termes nouveaux ; ils s’apperçurent auffi qu’ils manquèrent
de caractères pour .écrire leur langue naturelle
, & pour rendre les fons nouveaux qui s’y
introduifoient. Grégoire de Tours & Aimoin parlent
d; plufieurs ordonnances de Clvlperic, touchant
la langue. Ce prince fit ajouter à l ’alphabet les
quatre lettres grecques O. <&. Z. N. c’eft’ ainfî
qu’on les trouve dans Grégoire de Tours. Aimo’n
dit que c’éroient ©,<f>, & F.auchet prétend
fur la foi de Pithou , & fur'celle d’ un manuferit
qui avoit alors plus de cinq cens ans , que les
caractères qui furent ajoutes à l’alphabet, étôieiit
l ’£2 des Grecs , le jq , le H) , & le *T des Hébreux,
c’eft ce qui pour 1 oit faire penfer que ces caràétères
furent introduits dans le Franétheuch pour des
fons qui lui étoient particuliers , & non pas
pour le latin à qui fes caractères fuffifoient. Il ne
feroit pas étonnant que Chilpérîc eût emprunté
des càraétèrés hébreux , fi l’on fait attention qu’il
y avoit beaucoup de Juifs à fa cour, & entr autres
un nommé Prifc qui jouiîfoit de la plus grande
faveur auprès de ce prince.
En effet, il étoit néceflaire que les Francs en
enrichiflant leur langue de termes de fons nouveaux
, empruntàrtent auffi les caractères qui en
étoient les fignes , ou qui manquoient à leur langue
propre , dans quelque alphabet qu’ils fe trouvaflent.
Il feroit à défirer, aujourd’hui que notre langue eft
étudiée par tons les étrangers qui recherchent- no#
liv r e s q u e nous euffions enrichi notre alphabet
des caradère? qui nous manquent, fur-tout lôrfque
nous en confèrvons de fuperflus , Ce qui fait que
notre alphabet pèche à la fois par les deux contraires
, la difette & la furabondance ; ce feroit
peut-être l ’unique moyen de remédier aux détaurs
& aux bifarreries de notre . orthographe , fi
chaque fon avoit fon caraCière propre & particulier
, & qu’il ne fût jamais poftïblë de l’cmp’bÿer
pour exprimer un autre fon que celui auquel il
auroit-été deftiné.
Les guerres continuelles dans îefqùelles les rois
furent engagés , fii'fpendirent lés foins qu’lis ’ au-
ïoi-nt pu donner aux let;res, & à polir là lànguci
D’ailleuis les Francs ayant trouvé les loix , & tous
les ades publics écrits en latin , & que les i.nyf-
tètes de la religion fe celébroient dans cette langue,
ils la confervèrent" pour les mêmes ufages , fans