
oeuvre, qui fuit celle de la mife en cire. Lorfque
toutes les pièces d’un ouvrage font arrangées fur
la cire telles que nous l’avons dit ci-deflùs, on le
' couvre totalement d’une terre apprêtée exprès , &
délayée avec un peu de fel pour y donner plus de
confiftance, de 1‘épaiffeur d’environ un pouce: on
la fait fécher à très-petit feu fur de la cendre chaude,
& lorfque cela eft entièrement fec & cuit, on fait
fondre la cire qui eft deflous, on enlève cette terre
qu’on fait recuire pour brûler le refte de la cire ; &
lur le deftous des chatons, & entre ces chatons qui
reflent alors totalement à découvert, l’ouvrier pofe
les grains d’argent nécefîaires pour joindre toutes
les parties enlemble, & les paillons de foudure
que l’on couvre de borax. En cet état, on porte le
tout au feu de la lampe ; on arrête ainfi par la fou-
dure toutes les parties que ne font plus qu’un tout.
Alors on cafte la terre , & l’ouvrier continue fes
Opérations.
Voyons préfentement opérer le metteur-en-oeuvre
fur la monture d’une bague., opération {impie qui
donnera une idée fuftifante des autres.
Monture d'une bague.
Pour faire une bague à une pierre feule, on prend
tme fertiflure d’o r , qui eft un fil d’or deftiné à
entourer la pierre ; & on adapte cette fertiflure à
la pierre.
Après cetteopération on fait le fond de la bague :
on a une plaque d’or qu’on emboutît, c’eft-à-cüre ,
qu’on creufe dans un dé à emboutir avec une bou-
terolle.
Le dé a emboutir eft un morceau de cuivre de deux
pouces & demi en carré, percé de plufîeurs trous
de différentes grandeurs.
La bouterolle eft un morceau de fer long d’environ
trois pouces, proportionné à la grandeur d’un
des trous du dé à emboutir, & qui doit former
-celle du fond de la bague.
On place cette plaque d’or fur le trou du dé à
emboutir & la bouterolle fur la plaque ; & en frappant
avec un marteau fur la bouterolle, on emboutit
la bague comme elle doit l’être.
Quand le fond eft embouti, on l’ajufte fur la fer-
fiffure, & on le foude à la lampe, par le moyen
d’an chshimeau, avec de la foudure d’or & du
borax. On prend enfuite un fil d’or limé en carré ;
©n le tourne avec des tenailles de la grandeur dont
on veut faire le tour de la bague, ayant foin de
laiffer les deux extrémités plus épaiffes que le milieu;
on ajnfte le tout à la bague fous fon fond ; &
quand il effcajufté, on attache les deux parties avec
ou fil de fer pour les fouder enfemble, comme
on "vient de le dire.
; Quand la bague eft fondée, on la taille , c’eft-à-
dire- qu’on y fait des filets tout autour avec Y onglet,
qui eft un morceau d’acier trempé, long de deux
polices & demi, emmanché dans un morceau de
bois, & qui a au bout une de fes faces tranchantes
& l’autre ronde.
Quand la bague eft taillée, on la met en ciment *•
ce qui confifte à l’enfoncer dans une poignée de bois
garnie de ciment, pour avoir la facilite de la fertir
fans qu’elle vacille.
Pour la fertir, on commence par mettre du noir
d’ivoire délayé avec -de l’eau dans l’endroit qui doit
fervir d’enceinte à la pierre ; & par le moyen d’un
bâton de cire qui fert à la prendre, on l’ajufte dans
l’oeuvre avec une échoppe qui a un de fes côtés rond
& l’autre prefque tranchant.
Quand la pierre eft ajuftée & qu’elle „eft bien d'aplomb
, on prend une échoppe à arrêter, qui eft
plate , carrée , & prefque pointue par le bout,
avec lequel on ferre le métal contre la pierre, pour
éviter qu’il y ait du jour entre l’un & l’autre.
On prend enfuite une échoppe plate pour former
les griffes de la bague , qui font ordinairement au
nombre de huit, & qui fervent à affermir la pierre
& à la contenir.
Après ces différentes opérations , on ôté la bague
du ciment & on la polit.
Pour la polir, on y paffe d’abord line forte de
pierre qui mangé tous* les traits que la lime peut
avoir faits, & qu’on nomme pierre à. paffer. On
y paffe enfuite de la pierre ponce délayée dans
l’huile, & l’on frotte la bague avec un écheveau
de fil imbibé de cett-e compofition. On la frotte de
la même manière avec du tripoli en poudre, délayé
dans de l’eau.
1 Enfin, pour l’aviver & lui donner l’éclat, qu’elle
doit avoir, on la nettoie avec une breffe : ce qui
lui donne fa dernière perfe&ion.
Il n’y a de différence entre la monture d’un diamant
& celle d’une pierre de c o u le u r q u ’en ce
que la.fertiflure d’un diamant doit être d’argent,
& que celle d’une pierre de couleur doit être d’or.
Noir du metteur-en-oeuvre & fon ufage.
Le noir du metteur-em-oeuvre , dont 011 vient de
parler, eft une poudre noire qui provient de l’ivoire
brûlé & réduit en poudre.
La façon de l’employer dépend de l’àrtifte. Il y a
des pierres qu’on met en-plein noir.; alors on peint
en noir tout le dedans du chaton, & on l’emplit
même quelquefois de poudre fèche, afin que la
pierre en foit totalement enveloppée.
Il y en a d’autres auxquelles on ne met qu’un
point noir fur la culaffe, affez volontiers fous les
rofes que l’on met fur la feuille d’argent ; on peint
une étoile noire fur cette feuille. Il eft affez difficile
de donner des règles là-deffus ; cela dépend, des
circonftances : l’artifte attentif eflaie fôuvent de.plu-
fieurs façons, & fe fixe à celle qui donne plus de
jeu à fâ p ie r r e 011 qui déguife mieux fa couleur.
De la manière de découvrir.
Une operation délicate du metteur en oeuvre eft
de découvrir, ou d’enlever avec le poinçon propre
à cet effet, les parties,fûperfiues de la fertifi
. fure qui couvrent la pierre au. deffus de fon ffiuil*
fet j & qui lui ôteroient de fon étendue. Le poinçon
dont on fe fert pour cela , eft nommé fer.^ à
découvrir, & n’eft autre chofe qu’un anneau d’acier
quarré non trempé, armé d’un bouchon de
liège par le milieu, afin que l’ouvrier puiffe s’en
fervir commodément, & limé en pointe aux deux
extrémités , l’une en s’arrondiffant & l’autre carrément.
C’eft de l’extrémité ronde qu’on fe fert le
plus fréquemment ; la carrée n’eft que pour enlever
les parties qui réfiftent à l’a&ion du côté rond ;
car cette opération fe fait en appuyant avec force
avec le poinçon fur la fertiflure, par un mouvement
de bas en haut; d’où il arrive que l’extrémité
de la fertiflure du côté de la pierre, à force
d’être imprimée s’amincit, & vient enfin à fe couper
fur le feuillet de la pierre qui eft un angle,
& à-s’en détacher.
De la fertijfure..
Sertir, c’eft rabattre fur les pierres un rebord
qu’on a fait à l’extrémité d’une -pièce pour les y retenir. Ces rebords , appellés. fertiffures, s’arrêtent
d’abord avec une échoppe à,arrêter, pour empêcher
la pierre de chanceler fur fa portée ; puis
fe refferrent & s’appliquent plus étroitement fur
elle avec le poinçon'à fertir , & le marteau : à
fertir.
Cette opération a deux avantages , de retenir la
pierre fans quelle puiffe s’échapper, & de fermer
toute entrée aux chofes qui pourroient nuire à la
pierre , foit en terniffant fon éclat, foit autrement.
Lorfqu’une pièce eft bien fertie, l’humidité même
ne doit point y pénétrer.
La boule à fertir, eft une boule de cuivre tournant
dans un cercle de même matière, concave à
fon intérieur, & compofée de deux pièces qui
s’affemblent l’une fur l’autre, avec des vis qui
paffent des trous qui fe répondent de Tune à l’autre.
La partie.de deffous fe termine en une queue ,
taraudée en forme de v is , qui entre dans i’éta-
bli : la boule eft percée à fon centre d’un trou
qui reçoit la poignée fur laquelle eft montée la
pierre qu’on veut fertir ; cette boule, par fa mobilité
, préfente l’ouvrage dans toutes les faces
qu’on veut travailler.
On a. été très-long-temps à produire la fertiflure
d’une pierre dans le métal. Orj pouvoit fondre ,
forger un anneau, le réparer même à la lime , fans
favoir cependant établir les pierres dans les métaux
, rabattre des parties fines & déliées qu’il fal-
loit détacher., & réferver fur la place , pour fixer
& affurer folidement une pierre , en un m o i, ce
qu’on appelle la fertir. On êvitoit tous ces détails ,.
qui paroiflent de peu de conféquencé à nos artiftea
éclairéspar l’habitude&la réflexion , & .qui étoient
très-difficiles alors, parce qu’on perçoit la pierre*
avec le même infiniment qui fervoit à la graver,
& qu’on la pafioit enfuite dans une ganfe. Telle
êtoit la méthode des anciens , qui ne connoiffoient
î ou ne pratiquoient pas notre façon légère
de fertir.
On diftingue plufîeurs fertiffures : la fertïffare
à griffe eft celle où • la pierre enchâffée repofe fur
une bâte à laquelle on a foudé des pointes qui fe
rabattent fur la-pierre , & forment tout fon lien ;
ces fortes d’ouvrages font peu folides, le moindre
effort peut rompre ces pointes ; & la pierre n’étant
retenue que par elles , s’échappe & fe perd :
aufli ne monte-t-on de cette façon, que des pier-.
res fauffes & de peu de valeur.
Les fertiffures ordinaires font celles auxquelles ^
outre la fertiflure qui enveloppe la pierre de toutes
parts, on à relervé fur l’épaiffeur même de
la fertiflure de petites épaiffeurs qui fe terminent
en pointe d’un coté, en courbe de l’autre, &
fervent à affurer de plus en plus la folidité du
ferti des pierres : cette façon de fertir eft la plus
ufitée, s’emploie pour les pierres du plus grand
prix, & eft la plus folide.
La fertijfure à bifeau creux , eft la façon la plus
ordinaire de fertir & monter en bagues ou cachets,
les cornalines , jafpes , agathes , &c.
Pour former cette fertiflure, on coupe aveefon-
glette tranchante, fur ie milieu du plat de la fer-
tiffure , un filet ; on frappe avec le poinçon entre
les deux épaiffeurs féparées par ce filet, pour rabattre
l’épaiffeur intérieure fur la pierre , & ferrer
la matière contre la pierre; quand elle eft fuffi-
famment ferrée , avec une onglette ronde, & en
la penchant du côté de la pierre , on enlève toutes
les inégalités formées par le poinçon fur cette
épaiffeur qui forme la fertiflure de la pierre : le
bifeau fe découvre à la hauteur du feuillet, & l’on
forme un creux tout à l’entour, qui lui a fait donner
le nom de bifeau creux ; quelquefois on forme
fur le dehors de l’épaiffeur extérieure des orne-
mens contournés , qui lui ont fait donner le nom
de bifeau creux à contour.
On nomme fertiffures à feuilles , les fertiffures
fur l’épaiffeur extérieure defquelles , en place de
griffes, on pratique des feuillages, qui n’ont de
forme décidée que le goût de l’artifte.
La fërtijfure a filet s’emploie volontiers dans
la monture des boucles à pierre , & quelquefois
dans d’autres ouvrages. On opère, pour former
cette fertiflure , comme dans celle à bifeau creux ;.
elle confifte en ce qu’on réferve à l’entour de l’ouvrage
un bord uni & élevé : la fertiflure de la
pierre , comme dans la fertiflure à bifeau creux
eft prife fur le plat de l’épaiffeur , &. rabattue en
dedans. Cette efpèce de fertiflure a l’avantage,
quand elle eft bien faite, d’être plus folideyfur-
tout pour les^boucles, dont l’extérieur eftfouvent
expolé à être heurté , en ce qu’elle garantit la
fertiflure qui fe trouve à côté par le bord réfer-
| vê , & la pierre elle-même , dont les vives-arêtes fe
trouvent plus éloignées du hor^I, & à couvert par
une efpèce dé petit mur.
Le metteur-en-oeuvre , pour donner de Féclai