
nèceffaires à un pont de pierre , qui vétréciffent
le lit de la rivière en le divifant, on a la facilite
de le refferrer par les culées , pour en rendre la
profondeur plus égale & le courant de l'eau moins
tortueux, fans former aucun de ces ecueils dangereux
qui environnent ordinairement .les pries des
P°Ü°S En ménageant un petit quai le long des faces
des culées, les chevaux attelés à la remonte des
bateaux, pourront paffer fous le pont, de maniéré
que le tirage ne fera point interrompu par une
manoeuvre qui caufé ordinairement beaucoup de
retard & d’embarras, fur-tout quand il faut interrompre
des files de voitures qui montent & delcendent
un pont. „ , , .
-Le temps des glaces & des inondations ne
caufera aucun dommage , s & même dans le cas
où un débordement extraordinaire parviendroit a
eroffufla rivière jufqu’au point de toucher aux rems
des grandes arches, ce pont ne rifqueroit rien, en
ce qu’étant tout à jour & n’ayant point de piles
il oppoferoit moins de réfiftance a 1 impetuofitè de
6 L’ordonnance de ce pont eft diftribué: de façon
qu’on peut parcourir fon intérieur par des galeries
de fix pieds de hauteur fur trois & quatre
de largeur ; cette commodité donne la facilite de
vifiter cet édifice dans toutes fes parties, & d y
faire toutes les réparations- néceflaires ; car il eit
compofé de manière que chaque piece peut être
enlevée, changée &-replacée à volonté fans que
l’enfemble en fouffre. Ces galeries peuvent même
îervir de paffage couvert pour-les gens de pied dans
les temps de foule & d’embarras.
; r°. Ce pont, dans fa conftruftion, a un agrément
que n’ont pas tous les .autres , en ce que
toute fa mécanique fe montant a vis & a .clavettes
elle peut être fabriquée en differens lieux
éloignés , amenée par partie à fa deftination , montée
enfuite par ceintres qui feront places fucceüi-
vement tout d’une pièce, de maniéré que les culees
une fois faites, la.rivière eft libre , & les travaux,
après les premiers arcs ou arrêtes potes, fe continueront
pour ainfi dire en l’air, fans aucun appui
qui gêne le cours de la rivière , ni qui interrompe
la navigation, enforte que l’entrepreneur pourrait
s’engager à n’arrêter le paffage des grands bateaux
que pendant quelques jours. ,
6°. De plus, cet édifice petit être augmente &
diminué à volonté de vingt pieds de-largeur ; il
peut être porté à trente, quarante & au-dela , fans
le décompofer ni en interrompre la liberté , m celle
du cours de la rivière. Pour le rétrécir, il n y a
qu’à déviffer les arêtes extérieures, & rapprocher
les baluftrades ; & pour l’élargir, il n y a qü a ajouter
une ou plufieurs galeries ; de meme s fl étoit
néceffaire de le tranfporter ailleurs, il leroit très-
facile de le démonter par parties ; & en "en forgeant
de nouvelles, il potirroit être alonge par la continuation
de fon arc fans en être endommagé.
7°. A tous ces avantages, ce pont réunit encorë
celui de coûter moins qu’un autre. Sur les proportions
du de (fin' donné pour quatre cents pieds de
longueur fur quarante de largeur , leffquelfettè de
l'enfemble, avec tous les ornemens & acceffoires
en fe r , peut pefer environ dix-fept a dix-huit cents
milliers au plus fort;, on fait ce que peut coûter
le cent pefant degros fer forgé rendu fur les lieux,
& tel prix qu’on y mette félon la proportion de
fon poids & de fa façon, la fomme qui en réful-;
tera fera toujours bien inférieure à celle que cou-
teroit un pont de pierre qui auroit les memes di-
menfions. M. de la Place'a troüvé le fecret d augmenter
la ténacité de la fonte & d améliorer le
fer fans en augmenter le prix que de tres-peu de
chofe Cette découverte vient encore à l’appui du
projet de pont dont eft ici queftion, & on peut de
beaucoup diminuer la dépende par le forces des
expériences , d’où il s’enfuivroit une diminution
de plus d’un quart du prix. .
Quand même, par les acceffoires & ornemens
qu’on jugeroit convenable d’y ajouter, la depenle
approcheroit de celle d’un pont de pierre, celui,
cf qui n’en a aucuns des inconvèmens , mente-,
. roi’t , par fa fingularitè & les avantages qui en re-
fultent, d’avoir la préférence toutes les lois qml
fera queftion de joindre l’utile , l’agréable , le coin-
mode, le folide & le merveilleux. ' ,
Malgré tous ces avantages , & quelque fedm-
fame que foit l’idée d’un pont dune feule arche,
jetée avec autant de hardieffe que de majefté fur |
une grande rivière , & malgré tout le merveilleux
d’un tel édifice, qui contribuerait à la gloire d un
état & à la magnificence d’une ville ; il eit des
circonftances où la dépenfe, quoique de beaucoup
inférieure à celle d’un pont de pierre , pourrai
être encore trop forte ; relativement aux fonds dei-
tinés à cet ufage ; car pour accomplir 1 enfemble de
cette conftruââon, félon le deffin donne , il faut
qu’il foit accompagné des accefloires & ornemens
qui contribuent à fa commodité & à fa beauté;
l’apperçu de cette dépenfe pourrait être un obltacie
à l’exécution d’un pareil projet. „ , ,
Il eft des cas cependant ou un pont eit abloiu-
,ment néceffaire , & où , -faute de moyens, on eft
réduit à une fimple conftruftion en bois, dont les
inconvéniens font encore plus conféquens que ceux
d’un pont de pierre,a-un ppuuiiffqqü-’ i.l. f-a--u-t -oégalement divt
fer la- rivière par des paiées qui forment autant
d’écueils, & qui, étant continuellement expolèes a
l’aftion de l’air & de l’eau , ne peuvent;être de Ion- j
gue durée ni réparées qu à grands frais. ^ ,
Pour lever ces difficultés & ne faire qu une ne
penfe proportionnée aux moyens, & néanmoins1
préparer la iouiffance du pont de fer dont eft qu
tion , il n’y a qu’à conftruire fimplement partie i
fqueiette mécanique qui conftitue la force «
folidité de cet édifice , enfuite faire les Kceflon
en bois, en attendant qu’on foit en état de
changer en f e r ; par ce moyen on pourra^ P
facceflion de temps, achever l’entière conftruaion
de ce pont,' en employant pour cet objet la cle-
penfe qu’exigeroient les grandes réparations dun
pont de bois. ’ ' . •
Il n’y a doiïc, pour cet effet, qu a entreprendre
feulement un nombre d’arêtes ou arcs-fommiers
avec leurs galeries , le tout en fe r , félon les proportions
données, fur lefquelles on établira des
madriers avec des baluftrades de bois , ou gardes-
£ôus en barres de fer , &ç. de cette manière la
dépenfe 11e fera pas la moitié de celle que coûte--
roit ï’entier établiffement de cet édifice métallique *
peut-être même feroit-elle inférieure à la dépenfe
totale qu’exigeroit celui en bois : on en peut juger
par l’examen de l’expofé ci-après.
Suppofé que l’on ait à conftruire un pont de
trois cents pieds, de longueur, auquel il feroit convenable
de faire des trotoirs : 1a largeur, feroit au
moins de quarante pieds : fi les fonds deftines a
cette entreprife ne fuffifoient pas pour cette conf-
tru&ion eu total, on pourroit, pour le moment,
en fupprimer le s trotoirs., & réduire la largeur^ à
vingt-huit pieds ; alors la dépenfe peut être eftimée
félon l’état qui -fuit :
v Etat de la pefanteur du fqueiette mécanique
»> d’un pont de fer de trois cents pieds de longueur
*> fur vingt-huit de largeur, prife fur un arc de vingt-
» huit degrés d’ouverture, fans y comprendre le
» couchis ni les trotoirs & les baluftrades qui peu-
v vent être faits en bois. •
3j Les arcs qui forment les arêtes ou fommiers ,
» font compofés de lames de fer d’un pied de hau-
v teur fur huit lignes d’épaiffeur, ce qui donne
»» huit pouces carrés de groffeur , qui font pour
v la longueur de trois cents pieds, deux cents pieds
v carrés; il y en a deux en haut de l’arc & deux
j> en bas , valant huit cents pieds , à 47 livres 4 le
s> pied carré, en raifon de 570 livres le pied cube,
v font le poids de . . . . . 38000 liv. pef.
33 Les montans ou -moifes qui
33 affemblent les bandes, fans les
33 pattes 9 ont'cinq pouces de lar-
» geur , un pouce d’épaiffeur ,
33 quatre pieds de longueur * ce.
3> qui fait deux cents quarante
>3 pouces ou un pied deux tiers v carré : les pattes deux pieds fix
» pouces de longueur . à chaque
>3 bout, & huit lignes d’épaiffeur
» fur un pied de largeur ; ce qui
» fait en tout environ trois pieds « carrés, à 47 livres i , vaut 142
33 livres -j pefant.; en les plaçant•. ...
» de cinq pieds en cinq pieds , il
» en faut foixante & un , qui don-
» neront. enfemble de pefanteur
» la maffe d e . . . . . . . 8693'
J3 A quoi il faut ajouter fix liv.
3> feulement pour la valeur des
?> écrous & des têtes des boulons,
Arts & Métiers. Tome I I . Partie IL
parce' que le poids des boulons
eft compris dans le plein des -
•lames & des pattes , il .en faut
quatre par moife, ce qui donne
deux cents quarante - quatre ,
multipliés par fix, valent . .. 1464 liv. pef.'
-3). Ces trois articles ci - deffus ,
qui compofent une arête ou '
fommier , font le poids, total— .....—--------- -
de. . • . , . . . . , - . . 48157 liv. pef.
33 Dans la largeur de vingt-huit pieds, en plaçant
les arêtes de trois pieds quatre pouces huit
lignes de diftance , on aura vingt-fept pieds un
pouce quatre lignes , qui avec douze- pouces
pour l’épaiffeur des lames , donnent vingt-huit
pieds un-poiice quatre lignes. Le tout formera
huit efpaces ou galeries renfermées par neuf
arêtes, qui enfemble feront par conféquent le
poids de . . . . . . . . 433413 liv.'
33 Pour affembler parallèlement ces arêtes fur
leur champ , il faut des traverfes de trois pieds
fix pouces de longueur, y compris le recouvre-,
' ment 3 à quoi on peut ajouter un pied pour les
• deux pattes, ce qui feroit quatre pieds fix pouces ,
» ün pouce d’épaiffeur fur deux de hauteur de
> champ , en tour deux pouces || de groffeur ; c e
1 qui vaut enfemble un pied carré moins que
> l’on peut évaluer à environ 43 livres ; il en faut
1 dans toute la longueur quatre par moife ; mais
) comme celles de deffus doivent être plus fortes
> que celles de deffous, on réduit celles-ci à deux
> pouces de hauteur fur champ, au lieu de deux
> & | , qui eft un 5e de moins, feroit par confé-
> quent environ 35 livres. Ainfi, il y.a Soixante &
» une moifes , accompagnées de deux traverfes
> par le haut, au nombre de cent vingt - deux ,
à 43 livres chacune , donneront N
5246 livres.
en pefanteur
Les cent vingt-
9516 livres «
deux de deffous
à 35 livres cha-*-
4270
33 Elles font diftribuées en huit galeries , qui don-,
v nent par conféquent la maffe de 76128 livres^
33 qui avec'celle d e ....................... 43 3413
33 fait le total de : '. : : • . 509541 livres.
. 33 Les diagonales ou contre-buttes de huit pieds
33 & ~ de longueur de tige, fur deux pouces & £
33 de hauteur de champ, & un pouce d epaiffeur,
33 les pattes deux pieds chacune, évaluées, tant
>3 pour la largeur que pour l’epaiffeur, auffi. a deux
33' pouces -5 l’une dans l’autre ; ce qui donne en
33 toute la longueur douze pieds fix pouces, mul-
33 tipliès par deux pouces £ , font trois cents foi-
33 xante-quinze pouces, qui compofent deux pieds
33 carrés, plus à 47 liv. { donnent 118 livres ^ ,
33 fait environ 120 livres. Il en faut dans toute, la
j? longueur, foixante & u n , qui font 7320 livres »
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