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terminée plus clairement dans la fuite qu’elle ne le
feroit à préfent.
Tout l’artifice ici confiée dans l’arrangement des
moules ; ils y doivent être placés, comme ceux que
nous avons mis dans des couliffesi Mais ces cou-
lifl'es de nouvelle efpèce font mobiles ; elles fe font
fur-le-champ au moyen de^pièces de fonte qui ont
été moulées de la figure & de la grandeur Convenables.
Pour cela, il faut trois fortes de pièces.
Difpofons un meule dans le fourneau, & nous
verrons en même temps la figure & lès dimenfions
qui conviennent à ces pièces. Le moule qui fera
placé le premier , doit toujours être mis près d’un
des bouts du fourneau ; n’importe contre lequel.
Avant de l’y arranger, on couche horizontalement
une pièce qui-eft la moins fimple des trois que
nou6 avons à faire connoître. Sa longueur ne doit
être guère moindre que la largeur du fourneau ;
elle eft plate par deffous; elle eft portée par nos
deux banquettes. De chaque côté elle a un rebord
haut de quinze’à fèize lignes , & épais de trois à
quatre lignes, qui fe termine de part & d’autre à
environ trois pouces de chaque bout. Nous appelions
ces pièces des coulijjcs ou des gouttières $ oh
elles n’ont point de rebord > elles ne font épaifTes
que d’environ quatre à cinq lignes. Sur chaque
bout de cette coulifle on pofe à-plomb une des
fécondés pièces de fonte r je- nomme celles-ci des
piliers ; ce font de fimples parallélipipèdes ; dont
la hauteur eft égale à celle des moulés , dont la
largeur eft de trois pouces, c’eft-à-dire , égale à
la longueur du bout de la coulifle qui eft fans rebord
, & dont l’épaiflfeur eft égale a la largeur de
la coulifle ou gouttière, c’eft-à-dire, d’environ deux
pouces 8c demi.
La coulifle étant pofée contre le bout du fourneau
, & les deux piliers étant drefles fur les deux
bouts de la coulifle, on pofe la troifième pièce ;
çelle-ci n’eft qu’une plaque de fonté coupée carrément
, dont la lpngueur & l’épaiffeur font égales
à celles du fond de la coulifle, comme fa largeur eft égale à l’épaiffeur du moule qu’on veut placer :
nous l’appellerons un fond. Sur cette plaque carrée
, fur ce fond , on étend une couche de. lut
épaifle au moins d’un demi-pouce , qui eft le dit
fur lequel on dreffe le moule. Par cette difpofitiôn,
un des bords de la coulifle recouvre le moule par
en bas, & les deux piliers le recouvrent le long de
fes montans. Ainfi les jon&ions du fable, avec la
traverfe inférieure 8c les deux montans d’un châflis,
font recouvertes. Pour recouvrir pareillement celles
de l’autre châflis, il ne refte qu’à mettre une autre
-fécondé coulifle pareille à la première de l’autre
côté du moule, 8c élever fur les deux bouts de
celle-ci deux piliers.
Alors l’arrangement du premier moule eft fini ;
tout eft même difpofé pour qu’on en puifle placer
un fécond ; car il n’y a qu’à mettre un fécond fond,
ou une fécondé plaque avec fa couche de lut, &
ppfer le fécond moule fur ce fo^d ; les mêmes
piliers , la même coulifle qui recouvrent les bords
d’une face du premier, recouvrent les bords de celle
des faces du lecond , qui eft tournée vers la précédente.
On n’a qu’à continuer précifément cet arrangement,
jufqii’à ce que le fourneau foit rempli. Quand
il l’eft , entre chacun-des deux derniers piliers &
le bout de cé--fourneau, on fait entrer la pointe
d’un coin de groflèur proportionnée à l’efpace qui
refte ; on én a de rechange ; on les enfonce en frappant
defius à petits coups : leur preffion fe communique
du pilier au moule, 8c ainfi fucceffivement
tous les moules fe trouvent gênés...
Quand le fourneau n’eft pas fort long., ces deux
coins fuffifent pour tenir tout bien aflujeti. Pour
rendre pourtant la preffion plus, égale, on .peut
introduire horizontalement deux autres coins qui
ferreront les deux derniers piliers par le bas , comme
les deux premiers coins les ferrent par en haut: onl
réferveau mur du fourneau deux trous pour les lair
fer entrer^
Si la file des moules eft longue * 8c que la preffion
faite fur les. premiers fe trouve afibibiie. en chemin,
parles réfiftànces qu’elle rencontre avant d’être
arrivée aux derniers , ou même à ceux du milieu,
on introduira d’autres coins dans les endroits où
on le jugera le plus convenable : mais on doit avoir
déterminé ces endroits pendant qu’oitarrangeoitles
moules. Chaque pilier fera compofé du haut en bas
de deux pièces qui n’auront chacune qu’à peu près
la moitié de l’épaiffeur d’un pilier ordinaire. Dans
chacun de ces piliers d ivifés, on introduira jin coin ;
l’introdudion fera plus facile , fi les deux piliers
font chacun un peu entaillés vers le milieu de leur
bout fupérieur. On pourroit mettre de ces pilier?
de deux pièces de cinq moules en cinq moules.
Il n’y à que les traverfes fupérieures sde nos
moules qui ne fe trouvent gênées que par les bouts;
mais tout le refte étant maintenu , le moule ne
fauroit s’entr’ôiivrir, 8c ces traverfes ne peuvent
guère fe tourmenter. $i Ton veut cependant les arrêter
plus folidement, il n’y a qu’ à mettre un gros
coin à la hauteur de ces traVêrfes , 8c précifément
à leur milieu ; ce coin entrera précifément dans l’ef*
pace qui refte entre deux inouïes.
Les faces oppofées de deux moules , 8c lès piliers
qui font entre eux, forment une efpèce de foyer ou
de cheminée qu’on remplit de charbon : fi l’on a
préfentes les mefures que nous avôns données à la
largeur du fourneau , on verra qu’il refte entre chacune
des parois de fes côtés, 8c les moules 8c piliers,
un vide d’environ deux pouces ou deux pouces &
demi ; ccs deux capacités font àüffi dèftinées à recevoir
du charbon qui doit chauffer les petites faces
de chaque moule, ou celles qui font recouvertes entièrement
par les châflis.
Nous avons à ajouter à la defeription que nous
avons faite des pièces appelées couiîffes , qui reçoit-*
vrent le bas des moules, que la partie comprife entrs
leurs rebords, eft percée de divers trous, ou poûr
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le mieux , d’un feul oblong aufli grand que'la pièce
peut le permettre. C ’eft par ces trous que fe rend
dans le fourneau partie de l’air qui doit allumer les
charbons contenus dans chacune de ces capacités
formées par les grandes faces de deux moules &
parles piliers : les murs du fourneau ont plufieurs
ouvertures à fleur de terre, qui donnent la première
entrée à cet air ; il paffe dans le cendrier, & de là
remonte par les trous des couliffcs.
Les murs des fourneaux ont encore d’autres ouvertures
plus petites, diftribuées lès unes au deffus
des autres en deux on trois rangs : par celles-ci entre
l’air qui agit fur les charbons de deux longues capacités
formées par. les parois du fourneau, les
châflis Se les piliers. Une partie de cet air pénètre
même jufques aux charbons qui font entre deux
moules ; il augmente l’effet de celui qui vient par
les couliflès ; il rencontre des paffages au travers
des piliers qu’on a foin de tenir percés de divers
trous, élevés les urts au deffus des autres. Les trous,
foit des couliffes , foit des piliers, n’enchériffent pas
la façon de tes pièces; elles l’ont en fortant du
moule, parce que le modèle qui fert à les jeter eft
lui-même percé.
Au refte , on eft maître de modérer l’aélivité du
feu, & de la modérer dans quels endroits & à quelle
hauteur du fourneau qu’on veut, Si cela en bouchant
les trous, ou partie des trous qui y répondent ;
on a des bouchons tout préparés. Les moules épais
demandent à être plus chauffés que les minces ; &
quoique les uns & les autres foient dans le même
fourneau, on leur donnera par-là les degrés inégaux
du feu qui leur conviennent.
Après que les moules font arrangés dans le fourneau,
avant d’y mettre du charbon , on lütera les
châflis par-tout où ils font à découvert ; cette précaution
contribue à les rendre plus durables : on
peut même les enduire avant de les mettre en place,
& alors on ne manquera pas d’étendre le lut lur les
bords du fable; fi même le fable du moule n’eft pas
de nature à prendre beaucoup de confiftance , on
enduira le moule en entier de lut.
Une remarque que nous ne devons pas oublier,
& que nous n’avons faite qu’après qu’oii a eu travaillé
quelque temps , c’eft que, malgré la fujétion
de nos châflis, quand les pièces qu’on doit y couler
font fortes , il s’y produit des toiles ; les deux épaif-
feurs du fable n’étant foutenues que par leurs bords,
elles cèdent de quelque chofe à l’effort de la fonte
qui entre dans le moule : il ne faut que foutenir le
moule dans le milieu ( je parle de ceux de grandeur
ordinaire) , pour empêcher tout écartement fen- j
fible du fable. Pour cela on applique un morceau de
fer plat de deux ou trois pouces en carré, contre
le milieu d’une face d’un moule , autant contre
celle du moule qui en eft le plus proche : entre ces
deux plaques, on fait entrer un coin ; il peut être
de fer ou de terre cuite : ainfi les milieux des deux
moules font areboutés fur une des faces. La même
manoeuvre pratiquée fur les deux faces de chaque
Arts fi» Métiers. Tome II. Partie II.
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moule fert à les maintenir tous autant folidement
qu’il en eft befoin. Toutes ces petites opérations
font au refte plus longues à décrire qu’à exécuter.
Dans la diipofition du fourneau que nous avons
décrit, les, charbons entourent les moules de toutes
parts , excepté par-deffous ; ils peuvent y chauffer
vite : mais peut-être perdra-t-on volontiers quelque
chofe fur la promptitude du recuit, en confidération
d’autres avantages , quoique la pratique précédente
ait été celle d’une année entière. J’aimerois
mieux ' que le fourneau de recuit fût plus étroit ;
qu’entre le mur Se les châflis il ne reftât pas affez
de place pour recevoir les charbons ; & en un mot,
qu’il n’y eût que le jeu néceffaire pour faire entrer
le châflis. Les charbons qui font entre les châflis 8c
le mur du fourneau, fatiguent extrêmement les
châflis ; ils en abrègent coiifidérablement la durée ;
ils les brûlent ; d’ailleurs ils font voiler leurs montans
, ce qui force tout le refte : dès qu’il ne reftera
plus d’efpace pour les charbons entre les châflis 8c
le mur, on remplira le petit intervalle qui y fera
avec du lut 8c des tuileaux. Alors le feu n’attaquera
jamais les châflis immédiatement ; ils ne pourront
plus fe voiler : la durée du recuit fera un peu plus
longue , mais la confommation du charbon n’en fera
pas plus grande. Cependant fi on veut conferver
le long foyer, qu’on areboute au moins les montans
de chaque châflis vers leur milieu avec quelque
morceau de tuileau ou de brique entrée à force.
Avant d’allumer le feu dans le fourneau, il refte
encore une petite façon ; c’eft de fermer l’embouchure
du moule qui doit donner entrée à la fonte ,
8c qui n’en doit pas donner à la cendre 8c aux petits
charbons. D ’abord on fe fervoit de petits bouchons
de terre cuite , dont la forme n’avoit rien
de fingulier ; depuis je leur en ai fait fubftituer
d’autres. Ceux-ci n’entrent point dans le trou ; ils
ont une bafe circulaire qu’on lute autour de l’embouchure
du moule, au-deffus duquel le refte de
ce couvercle s’élève 8c s’arrondit en forme de boule
creufe, de deux ou trois pouces de diamètre. Cette
boule eft percée comme un arrofôïr d’un grand
nombre de trous fi petits, qu’il n’y a pas à craindre
qu’ils donnent entrée dans le moule à des corps
qui pourroient en altérer la forme ; mais ils font
affez grands pour laiffer évaporer l’humidité du
fable, qui autrement auroit peine à s’échapper de
l’intérieur du moule.
Dès que les moules font garnis de leurs bouchons,
on peut remplir de charbon tout le fourneau ; une
partie de leur chaleur fe diftiperoit inutilement,
fi l’air extérieur agiflbit par defliis avec trop de
liberté, fi on ne donnoit pas des couvercles au
fourneau : je dis des couvercles ; car fa longueur eft
telle que fi on ne lui en donnoit qu’un feul, il ne
feroit pas maniable : je lui en fais donner un grand
nombre , 8c prefque autant que de moules. Chaque
couvercle n’eft qu’une plaque dé fonte un peu plus
longue que l’intérieur du fourneau n’eft large ; elle
a. environ 3 pouces de largeur ; elle porte en deffus
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