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de cuivre très-pur réduit en lames ; on recouvre
le tout de poudre de chàrbon ; on ferme le creufet
& on le chauffe feulement affez pour le faire bien
rougir par degrés. Lorfque la flamme des charbons à acquis des couleurs cuivreufes, on introduit dans
le creufet une verge de fe r , pour- voir fl le cuivre
efl fondu fous la poudre du cément. Si cela eft,
on modère l’aâion du feu; on le laiffe pendant
quelques minutes ; après quoi on le retire. Lorfqu’il
eft refroidi, on y trouve le ’cuivre devenu jaune ,
augmenté d’un quart & quelquefois d’un tiers de
fon poids, & néanmoins très-malléable.
Ce procédé e ft, comme on voit, une forte de
cémentation, dans laquelle le zinc fort de fa mine
en vapeurs pour fe combiner avec le cuivre. Cette
manoeuvre eft avantageufe, principalement en ce
que les autres matières métalliques, & fur-tout le
fer dont la- pierre calaminaire eft rarement exempte,
ne fe réduifant point en vapeurs comme le iin c ,
ne peuvent fe combiner avec le cuivre.
On peut aufli , pour parvenir plus fûrement au
même but, compofer avec la poudre du cément
dont on vient de parler , & de l’argille, une brafque
(mélange d’argille & dé charbon) qu’on met au fond
du creufet ; alors on met par deflus, les lames de cuivre
, on les recouvre de poudre de charbon, on
procède comme ci-deffus. Le cuivre pénétré des
vapeurs du zinc qui traverfent la brafque, fe fond
deflus, & ne fe mêle point avec les autres métaux
qui en altèrent toujours la couleur & la du&ilité.
Les avantages qu’on trouve à convertir le cuivre
rouge en cuivre jaune, font qu’on l’augmente
d’abord par-là au moins d’un quart ; qu’on lui donne
une couleur plus agréable, puifqu’elle reffemble
beaucoup plus à celle de l’or; qu’il eft plus fuftble,
enfin qu’il eft moins fujet au verd-de-gris, parce que
le zinc eft moins fufceptible que le cuivre d’être
altéré par l’aétion de l’air & de l’eau. Il eft à remarquer
que le cuivre jaune n’a pas la même malléabilité
à chaud qu’à froid ; cela vient de ce que .le
zinc, beaucoup plus fuftble que le cuivre, commence
par fe fondre, lorfqu’on fait éprouver une
certaine chaleur au cuivre jaune ; & dès-lors cet
alliage devient dans l’état d’une amalgame qui n’eft
qu’en colle & non malléable, à caufe de la fluidité
du mercure.
Te l eft le précis de la théorie & de la pratique
de Y art de convertir le cuivre rouge en laiton, que
M. Macquer, célèbre académicien, expofe dans fon Dièlionnaire de Chimie. Nous avons cru devoir
le rapporter dans cet article comme une excellente introduâion à la connoiflànce de cet art, que nous
allons développer, avec quelques détails, d’après
l ’ancienne Encyclopédie, fans oublier de confuker
le fâvant Traité de M. Galon, colonel d’infanterie,
ingénieur en chef au Havre, correfpondant
de l’académie des fciences.
Nous avons à confidérer fucceflivement Vexploitation
de la calamine y la préparation- & l’emploi de
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cette fubfiance ; la fonderie du métal ; les batteries 6» I
les ujines ; enfin la trèfilerie du laiton.
De la calamine.
On trouve de la pierre calaminaire à trois lieues I
de Namur, à une demi-lieue de la Meufè, fur la I
rive gauche de ce fleuve, aux environs des petits I
villages de Landenne, Velaine & Hayemonet, tous I
trois de la même jurifdiélion.
Hayemonet, fitué fur une hauteur, en fournit I
à une profondeur médiocre ; on n’y emploie, par I
conféquent, aucune machine à épuifer : elle n’eft I
point inférieure en qualité à celle des autres vil-1
lages ; la mine en eft feulement moins abondante, I
Il en eft de même de celle de Terne au Grive, J
lieu fitué fur une autre montagne à la rive droite I
de la Meufe.
La calamine fe trouve en couches ou en filons, I
& fon exploitation diffère peu de celle du char-1
bon de terre. Elle fe fait par des puits qu’on appelle I
bures, & qu’on place à dix ou douze toifes de dif-1
tance l’un de l’autre. Les bures ont d’ouverture, I
depuis douze jufqu’à feize pieds enquarré. On fou-1
tient les terres par des aflemblages »de charpente,I
& l’on defcend jufqu’à ce qu’on rencontre une bonne I
veine. L à , à mefure qu’on enlève le minerai, on I
pratique des galeries fous lefquelles on travaillel
en fureté , par le foin qu’on a de foutenir les terres I
avec des châffts. A mefure qu’on exploite onl
rejette les déblais de la galerie d’où/l’on tire, dans I
" les galeries d’où l’on n’a plus rien à tirer, obfervant I
d’enlever les châffts, à mefure qu’on fait le remblai I
ou la levée.
On commence ordinairement l’ouverture d’une I
mine par deux bures ou puits. L’un fert à l’établifle-1
ment des pompes à épuilement; on le tient toujours I
plus profond que l’autre qui fert à tirer & à monter I
le minerai. On en pratique encore de voiftns qui I
fervent à donner de l’air, lorfque les galeries s’éloi-1
gnent trop du grand bure : on appelle ceux-ci bures I
d’airage.
Quelquefois on partage la profondeur du grandi
bure en deux efpaces. Dans l’ùn on établit les poin-1
pes, c’eftpar l’autre qu’on monte & defcend. Alors I
les bures d’airage font iridifpenfablespuifque tous I
les grands bures de la calamine font dans ce der-1
nier cas.
Lorfque les eaux abondent & menacent ou in-1
commodent les ouvriers, on approfondit le bure, I
& l’on y pratique un canal que les gens du pays I
appellent une arène. JJ arène part du grand bure, I
P& fe conduit en remontant juqu’à la rencontre de I
la galerie qu’on veut deflecher. Il y a dans les gale- I
ries qu’on appelle aufft chajfes, d’autres conduits
par lefquels les eaux vont fe perdre. On nomme
ces conduits égouttoirs ou égougeoirs.
Il y a des mines qui font d’autant meilleures que
les fiions s’enfoncent davantage. Cette loi n’eft pas
applicable à la calamine; celle que l’on tire à huit
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Lu dix toifes eft auffi parfaite que celle qu’on va
(chercher à quarante-cinq ou cinquante. >
I La calamine calcinée en devient plus légère, cette
Opération lui donne aufft un degré de blancheur ;
Cependant le feu lui laiffe des mouches ou taches
boires. , , _ 1. La calamine, fuivant M. Bertrand , dans Ion
Wièliohnaire des Foffiles 3 eft une concrétion pier-
Jréufe pefante, femi-métallique , de couleur jaune
bu d’un brun obfcur ou rougeâtre. Elle eft com-
Ijofée de parties volatiles, que le feu fublime, fous
fa forme de fleurs & de parties terreftres fines, On
Ma trouve fouvent, à peu de profondeur, dans une
terre limoneufe , ou bien on la tire par le feu des
mines, fur-tout de celles de plomb. Celle de Com-
Jnodans en Bohême fè\trouve près de la furface
l e là terre, mêlée de fer & d’alun. On en trouve en-
Iore en Suède, en Pologne, en Efpagne. Il y en
a d’un jaune gris, d’un jaune blanc & d’un brun
rouge. La pierre calaminaire contient du fer ; on
y trouve aufft quelquefois du vitriol ou de l’alun.
;Quant au fine qui eft renfermé dans la pierre ca-
.■ iaminaire, c’eft un demi-métal qui a la couleur de
■ ’étain, mais tirant fur le bleu, compofé d’une fubf-
glance terreftre blanchâtre & un peu arfenicale,
t v e c beaucoup de phlogiftique. Il diffère de la cadmie
par la forme & par la couleur. Celle-ci eft
■ jaunâtre ; elle a moins l’air métallique, elle paroît
wermoulue ou décompofée. Le zinc & la cadmie
ont des propriétés communes, celle de s’unir avec
le cuivre, & de lui donner une couleur d’or. Le
piiie eft le plus duftile de tous les demi-métaux. On
le tire le plus abondamment des mines de plomb,
»comme à Goflar, ou de celles d’étain, comme en
■ Angleterre. Ce dernier eft plus tenace ,& rend les
fmétaux auxquels "On l’unit moins fragiles. Le zinc"
Ides Indes eft le plus éclatant, mais en même temps
le plus caffant.
Calcination de la calamine.
K Pour calciner la calamine, on en fait une pyra-
Kmide comme on la, voit en A , B , C , fig .2 ,p L I.
, ( du cuivre coulé en tables , volume I. ) Sa bafe,
mfig. eft partagée en quatre ouvertures, x t x 3x s x ,
| d’un pied ou environ de largeur. Ces ouvertures vont
■ aboutir à une cheminée H , ménagée au centre.
I Cette cheminée règne tout le long de l’arc de la py-
I ramide, & va fe terminer à la pointe A ,fig. 2. La
I bafe à dix à douze pieds de diamètre, elle eft
■ formée de bois à brûler, pofé fur une couche de 1 paille & de même bois. C’eft avec le gros bois
K élevé à dix-huit pouces que l’on forme les ouver-
I tures x , x , x s x , & les fondemens de la cheminée.
I On arrofe la dernière couche avec du charbon de
K bois , & l’on place dans la cheminée deux faeots
debout. . &
| Cela fait, on forme un lit de calamine de fept
|>à huit pouces d’épaiffeur ; fur ce lit on en forme un
B de charbon de bois, mais beaucoup moins épais:
I il ne faut pas qu’il couvre entièrement la furface
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du lit de la calamine. Sur ce lit de charbon, ou
en étend un fécond de calamine tout femblable au
premier ; fur celui-ci un lit de charbon, & ainfi de
fuite jufqu’à ce que le volume qu’on veut calciner
foit épuité. Il faut obferver de ménager à travers
ces lits l’ouverture de la cheminée. On calcine communément
quatorze^ quinze- cens pefant de calamine
à la fois; on y emploie quatre cordes & demie
de bois, & à peu près une banne de charbon, ou
une voiture de vingt-cinq vans ou dix-huit queues :
la queue eft de deux mânes.
La pyramide étant formée, on y met le feu ; il
faut-veiller à fa conduite; le feu trop pouffé brûle
la calamine ou la calcine trop; pas affez pouffé,
elle, demeure fous forme de minerai. C’eft l’habitude
d’un travail journalier qui apprend à l’ouvrier
à connoître le vrai point, de la calcination. On retire
les premiers lits à mefure que le procédé s’avance ;
ils ont fouffert depuis huit jufqu’à douze heures
de feu.
Lorfque la calamine eft calcinée & refroidie , on
la nettoie, c’eft-à-dire qu’on en fépare les pierres
& ’autres fubftances étrangères ; on la porte dans
un magaftn bien fe c , d’où on la tire enfuite pour
l’écrafer & la réduire en poudre. On voit dans la
pl. I. fig. 1, la calamine apportée de la mine & prête
à être mife en pyramide; fig. 2 , une pyramide dé
calamine en calcination ; fig. j , la bafe de la pyram
id e ;^ . 4 , la calamine calcinée.
On mêle la calamine de la montagne de Lem-
bourg avec celle de Namur; la première s’achete
toute calcinée & nettoyée, elle eft plus douce &
produit davantage que celle de Landenne, mais les-
ouvriers la trouvent trop graffe, défaut qu’ils corrigent
par le mélange avec celle de Lembourg. Sans
ce corredif, les ouvrages qu’on feroit fe noirciroient
& fe décrafferoient avec peine.
Il faut obferver ici que ce qui fait noircir le laiton,
c’eft le plomb qui fe trouve dans la calamine, & qui
rend ce métal aigre & caffant. S’il y a un peu de
plomb dans le laiton, on ne s’en apperçoit pas
d’abord beaucoup, fi ce n’eft qu’il eft un peu pâle,
mais au bout d’un certain temps il noircit. Il faut
donc avoir foin de trier les particules de plomb, car
tout ce qui échappe par çètte méthode ne peut plus
fe retrouver.
La calamine de Namur n’étant pas toute ni toujours
de la même qualité, le fondeur en fait des
effais. Pour cet effet, il met fur 60 livres de calamine
de Namur 15 à 2.0 livres de calamine de
Lembourg ; il fait écrafer & paffer le tout au blutoir,
il y ajoute 35 livres de rofette ou cuivre
rouge, & 3 5 livres de vieux cuivre où mitraille ,
ce qui doit donner une table de 85 à 87 livres. Dès
la première fonte, il trouve la proportion qu’il doit
garder entre fes calamines, tant que celle de Nanmç
dure.
Trituration de la Calamine.
La trituration de la calamine fe fait par le moyen
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