
eft contraire aux droits du roi ; & le paiement relatif
à la fuperficie, eft vraiment le droit du propriétaire.
Avec une preuve fi décifive, examinons les abus
dans lefquels précipite cette façon de penfer.
Comment s’arranger pour le poids ? Sont-ce les
mines qu’on doit peler ? Sont-ce les terres à mines,
fur lefquelles il y a un déchet de plus de deux tiers ?
Le propriétaire le fait payer fur les terres à mines.,
malgré un arrêt du conieil du 6 feptembre 172.7,
qui ordonne que le droit de 3 f. 4 den. par quintal
de mine, ne fera levé à la lortie du royaume que
fur les mines lavées 8c préparées; 8c au cas de fortie
de mines brutes & terres, que le droit en fera payé
fur le pied de l’eftimation qui en fera faite de gré à
gré ou par expert, ou gens à ce connoiffans , dont
les parties conviendront, ou qui feront nommés
d’omce par le juge de la marque des fers, auquel
la connoiffance en appartient.
Qui fournira les poids, mefures, & gens nécef-
faires pour un travail inutile ?
Perdra-t on un beau temps précieux pour l’appro-
vifionnement d’un fourneau, en s’amulant à remuer 8c pefer un monceau de mines ?
En payant relativement à la mine, les maîtres des
forges les tirent très-fuperficiellement; au lieu qu’ils
feroient la dépenfe d'excavation 8c d’épuifement,
s’ils ne payoient que relativement à la furperficie du
terrain. Cette façon de travailler leur fait boucher
des tréfors, qu’il-faut des liècles & des dépenfes extrêmes
pour retrouver.
Il feroit aifé de prouver que tel journal a produit
au propriétaire vingt fois la valeur du fonds, dont il
a toujours la poffeifion.... Qui ofera dire que ce foit-
là l’intention du roi ?
Le parlement de Bourgogne, pays où il y a beaucoup
de forges, a bien fenti l’embarras du paiement
au poids, & a pris fur lui de rendre un arrêt contra- '
di&oire qui détermine use façon encore plus préjudiciable
aux maîtres des forges, contre la difpofition
de l’ordonnance. Le voici : . . . » Maintient le fieur
Boyer, .& quelques autres martres de forges , qui
a> étoient parties intervenantes , dans le droit & la
« poffeflion de tirer des mines de fer dans, les fonds
à> & héritages où il s’en trouvera, en payant pour
» tout dédommagement un fou par tonneau de
» mines brutes & non lavées, pour le paiement
defquelles les propriétaires des fonds à mines &
a» les maîtres des forges , fe régleront de gré à gré
» entre eux ; finôn qu’à l’avenir les parties convien-
r> dront d’experts, pour réconnoître au pied cube
3» la quantité de mines brutes & non lavées qui aura
■ 7) été tirée dans lefdits creux ; pourquoi lefdits
71 maîtres de forges ne pourront faire aucun chan-
w gement dans lefdits creux, jufqu’à ce que ladite
ni reconnoiffance ait été faite ; après laquelle ils
» feront tenus de rejeterdans lefdits creux les terres
» qui en auront été tirées, après que toute la mine
» en aura été enlevée ; fauf auxdits propriétaires
71 des fonds d’achever de remplir lefdits creux, 6c
» de remettre leurs héritages en culture, fans qu*
» les maîtres des forges puiflènt être tenus à aucun
j> dédommagement, foit de rétablifferaent en état
» de culture, ou par non-jouiffance des fonds, que
» le fou par tonneau de mines brutes 8c non lavées ;
» fans cependant qu’il-leur foit permis de préjudi-
» cier à la culture des terres. «
Dans cet arrêt on a perdu de vue , i°. que les
minières appartiennent au roi.
20. Que l’arrêt du confeil, du 6 feptembre 172,7,
décide que les droits du roi ne feront payés que
fur les mines cenfées lavées; peut-on eîpèrer que
des particuliers puiffent être dans un cas plus privilégié
?
3“. A ne fuppofer des bancs de mines que de
ttois pieds d’épaiffeur en mines brutes, un journal
de terre , au defir de l’arrêt , feroit payé feize
fois fa valeur, 6c appartiendrez toujours au propriétaire,
40. Cet arrêt laiffe la traite des mines libre, fans
avoir la liberté de jeter derrière foi, les matières
étrangères qui erabarraffent j c’eft occafionner une
double dépenfe.
50. A ajouté à la déclaration les mots de brutes
& non lavées.
6°. Dit que les maîtres des forges donneront un
fou pour tout dédommagement , conféquemment
à l’ordonnance , 6c les oblige néanmoins , au-delà
des termes mêmes de l’ordonnance , de ^rejeter
dans les creux les terres qu’il oblige à laiffer fur
les bords par une difpofition particulière.
70. Dit que les maîtres des forges ne feront point
tenus de mettre les héritages en culture ; ce qui
fuppofe que la traite des mines y préjudicie ; leur
défendant néanmoins d’y préjudicier.
Cet arrêt, comme plufieurs de la cour'des aides,
montre évidemment que l’article neuvième de l’ordonnance
de 1680 , a befoin d'être reforme &
rédigé différemment.
Comme nous vivons fous un règne où les gens
attachés aux intérêts du roi 6c du bien public,
peuvent mettre leurs idées au jour, de ce que nous
avons dit on pourroit conclure :
i°. Q u e , fans faire fommatiôa de bâtir fourneau
à un particulier, qui, ne poffédant ni eaux ni bois,
ne peut obtenir des lettres-patentes, les' fourneaux
voifins feroient les .maîtres de tirer des mines ,
chacun à leur proximité, ou concurremment ou
féparément , 6c ce à proportion de leur travail;
fauf aux propriétaires qui obtiendroient des lettres-
patentes à les faire fignifier ; l’exclufion n’étant que
pour la propriété. ' A.
20. Que les maîtres des forges feroient les maîtres
de prendre l’eau néceffaire pour laver lefdite*
minières, en dédommageant les propriétaires à dire
d’experts nommés par le juge de la marque des
fers, fans néanmoins pouvoir préjudicier aux ufines
néceffaires 6c établies.
3°. Que les propriétaires des champs ou il y a des
minières feroient dédommagés au prorata de la fùr
perfide, qui eft leur bien, en payant la portion d’héritage
, fuivant l’arpentage qui en feroit fait aux frais
du manufaûurier, conformément au tarif du pays;
fauf après la traite , à remettre au propriétaire gratuitement
fon héritage dans l’état qu’il fe trouvera :
c’eft rendre au roi, au public, aux manufacturiers ,
aux propriétaires ce qui leur appartient.
ART. V. De la manière de nettoyer les mines.
Ayons devant les yeux les différens genres de
mines; celles jointes à de la terre feule, premier
genre ; terre 6c pierre en petits volumes, fécond
genre ; beaucoup de terre , 8c peu de pierres accrochées
fo llem en t, troisième genre ; moins de
terre 6c plus de pierres liées plus étroitement, quatrième
genre ; pierre très-folide jointe très - fortement
, cinquième genre.
L’atelier propre à nettoyer celles du premier
genre, s’appelle, patouillet. Voyez pi. V I I , de la
première fe&ion du fer , Tome II. Le patouillet eft
compofé de deux châffis en bois, fig. 1 , F F , éloignés
de fix , fept ou huit pieds , fur trois oh,quatre
piés de hauteur, arrêtés par le bas par de fortes tra-
verfes G , & terminés aufli par le bas en plein cein-
tre H. On ménage une feuillure profonde au-dedans
des chevalets, pour y attacher ou des membrures
bien jointes H , ou des plaques de fonte coulées dans
les fourneaux: on garnit de même les côtés L L ;
ce qui forme la huche. Au-deffus de la huche , du
côté de la rivière, vous ajuftez un canal A , tout
près le côté oppofé à la roue : ce canal formé de bois
ou pierres, quatre ou rond , de quatre pouces de
largeur fur autant de hauteur , fournit l’eau du ré-
fervoir. Au milieu du bas de la huche , du côté
oppofé à ce canal, vous ménagez une ouverture C
de fix pouces en quarré , fermé en-dehors par fa
pelle de bois C à longue queue, 6c appuyé par un
morceau de bois traverfant le deffus d’un petit canal
M , qui fert de dèchargeoir. Du coté du cour-
fier , tout au-deffus de la huche, vous ménagez une
ouverture deux fois plus large & moins haute que
l’entrée de l’eau , afin qu’il puiffe en fortir autant
qu’il en entre, fur moins de profondeur.
La huche eft traverfée par un cylindre de bois N ,
qu’on appelle Xarbre , garni aux deux bouts de tourillons
O d e fer ou fonte, portant fur des empoiffes
P , traverfé des bras d’une roue qui tombe exaéle-
ment dans un courber, 8c garni dans l’intérieur de
Tétendue de la huche, de trois barreaux R coudés à
deux branches , enclavés , les uns dans les autres à
tiers points, de la profondeur de la huche ; de façon
que quand un barreau finit de travailler , le voifin
commence , 6c de même le troifième ; ils entretiennent
alternativement le mouvement dans la mine ,
au fond 8c fur les côtés de la huche.
L’ouverture du bas de la huche fervant dè déchar-
geoir ,eft garnie en-dehors d’un canal en bois Q , de
la même dknenfion que l’ouverture, fur la longueur
de quatre pieds , garni des deux côtés d’un hériffon
en pierre, ou affermi par du bois Lil faut que ce
canal aille un peu en pente, 6c aboutiffe à un lavoir
S de dix pieds en quarré, au-deffus duquel, du côté
oppofé au canal, il y a une ouverture très-large
fans être profonde , fuffifante pour paffer l’eau de
la huche , quand il eft néceffaire. Au bas de ce lavoir
, 8c du même côté dans un coin, vous ménagez
une ouverture fermée par une pelle T , qui coule en-
tre deux rainures. Il eft avantageux enfuite de ce
lavoir, d’en avoir un fécond V , qui recueille la mine '
que la force de l’eau pourroit faire échapper du
premier.
Le jeu de. cette machine confifte à laifler entrer
l’eau par le canal A ; l’ouverture étant fermée de
la pelle C , la huche s’emplit de terre aux deux tiers ;
la roue mife en mouvement par l’eau du courrier,
le premier barreau foulève la terre proportionné-
ment à fon étendue , puis le deuxième 6c troifièm *.’
L’eau bourbeufe s’échappe par l’ouverture T , pendant
qu’elle fe renouvelle par l’ouverture A ; & en
très - peu de temps, on eft débarraffé de la terre
qui fe mêle perpétuellement à l’eau, pendant que
la mine plus lourde gagne toujours le fond.
Vous eonnoiffezavec un peu d’habitude quand la
terre eft lavée ; mais elle l’eft certainement, quand
vous voyez que le mouvement de la roue eft retardé
au point qu’elle s’arrêteroit ; parce que , quand la
mine eft bien nettoyée, elle s’entaffe fi fort, que les
barreaux ont grande peine à y entrer : d’où il eft
avantageux pour les foulager, ainfi que la roue, de
les tailler en prifme, préfentant un angle au travail.
Alors vous tirez la pelle C , ayant foin que les pelles
des lavoirs de deffous foient baiffées : l’eau 6c la
mine dè la huche aidées par l’eau nouvelle 6c par le
mouvement des barreaux, defeendent dans le premier
lavoir , 8cl’eau s’échappe par l’ouverture du
deffus , faifant la même manoeuvre dans le fécond.
Quand la mine de la huche eft coulée, vous fermez
la pelle C ; 8c pendant qu’un ouvrier va remplir la
huche , l’autre nettoie avec un riaule le devant des
pelles des lavoirs, 8c les lève. Comme elles tirent
l’eau du fond , la mine refte feule 6c à fec; eie-là il
va vider la huche, afin que le lavage s’opère pendant
qu’ils viendront achever l’opération : pour cet
effet, à quatre ou cinq pieds de diftance du premier
lavoir , il faut en avoir un qui tire l’eau dire&ement
du réfervoir. Les ouvriers tirent la mine patouillée ,
8c la pofent fur le bord de ce dernier lavoir ' dans
lequel un ouvrier plonge un panier, 8c le fécond
jette la mine dedans : eii remuant continuellement
le panier, la mine paffe au fond du'Iavoir , 8c les
morceaux mal nettoyés fe mettent a cote de la huche;
ils ramaffentla mine criblée, la tirent d’un côté
du lavoir, pour la méttre en tas à côte : quand elle
eft égouttée, elle eft prête à être mife au fourneau ;
pendant cette opération, celle de l’intérieur de la
huche eft faite. • A ,
On place le canal A tout contre le côté oppofé
à l’ouverture D , afin que l’eau foit obligée de
faire tout le tour de l’intérieur de la huche, avant
de fortir ; ce qui donne le temps à la mine de
Y y y ij