
ferez avec foin , de chacune cinquante livres ; de fel
de tartre blanc, huit onces : mêlez ces matières ; ex-
pofez-les au feu pendant dix heures, dans un pot
neuf de terre cuite ; retirez-les enfuite, & les pul-
vérifez ; ferrez cette poudre dans un lieu fe c , & la
tenez à couvert de toute ordure : ce fera la bafe commune
de tous les émaux.
Kunckel fubftitue aux huit onces de fel de tartre ,
huit onces de potaffe purifiée à plufieurs reprifes, &
dégagée le plus exa&ement qu’il eft polîible de toutes
faletés.
Obfervations fur là foude.
La meilleure foude d’Alicante & la potaffe de
tres-bonne qualité, font les plus mauvaifes ( dit
M. Bofc d’Antic) pour les émaux. L’émail dans lequel
on les a fait entrer eft jaune, peu glacé, &
fe fendille, par la raifon qu’elles n’ont pas fourni
fuffifamment de fel neutre pour enlever le principe
colorant groflier ; qu’elles ont rendu l’émail trop
tendre pour ne pas attaquer la terre, & qu’elles
l’ont trop rapproché de l’état de verre.
La foude de Carthagène, le falicote & le yarec,
contenant moins de fel alkali fixe & plus de fel de
verre , produifent de moins mauvais effets.
Moyens de prévenir les bulles en bouillons dans
l'émail.
Le plus sûr moyen de prévenir les bulles ou bouillons
dans rémail, eft de corriger le fiel ou fel de
vtrr\ , à quoi l’on parvient ( dit M. Bofc d’Antic )
par 1 extinéfion de l’émail bien chaud dans l’eau, en
le remuant plufieurs fois avec un bâton de bois
v e r t, en le pilonant avec la balle, en le mêlant
avec une poche de fer , en y introduifant des matières
volatiles, l’ârfenic, l’antimoine, &c. ; en employant
le feu le plus violent & long temps continué,
fur-tout par des compofitions bien proportionnées.
Il eft indifférent pour les bulles d’enlever
ou de ne pas enlever le fel de verre raffemblé au
deflus de l’émail.
Email blanc de lait.
Prenez de la matière commune pour tous les
émaux, fix livres; de magnéfie, quarante-huit
grains : mettez le mélange dans un pot verniffé
blanc ; faites-le fondre au fourneau à un feu clair,
fans fumée, d’un bois de chêne bien fec : la fufion
fe fera promptement. Lorfqu’elle fera parfaite ,
verfez le mélange dans une eau bien claire, qui
1 éteigne & la purifie ; réitérez toute cette manoeuvre
trois fois de fuite. Lorfque vous aurez remis le
mélange au feu pour la quatrième fois, voyez s’il
vous paroit blanc; fi vous lui trouvez un oeil verdâtre,
ajoutez-y un peu de magnéfie : cette addition
convenablement faite , lui donnera la blancheur
du lait.
Libavius & Porta compofent cet émail d’une
partie de plomb calciné, de deux parties de chaux
d’étain, & de deux fois autant de verre.
Kunckel veut abfolument qu’on y emploie la
magnéfie , mais qu’on en faffe l’addition petit-à-
petit, obfervant de n’en pas rendre la dofe trop
forte, parce qu’elle ne fe confume pas , & qu’elle
donne au verre une couleur de pêcher pâle.
Émail blanc.
Prenez d’antimoine & de nitre bien mêlés & bien
broyés,' de chacun douze livres ; de la matière du
Verre commun, cent foixante & feize livres : mêlez
exaéfament le tout ; faites calciner le mélange au
fourneau, & le réduifez en fritte ; ou , ce qui revient
au même, faites un régule d’antimoine avec
de l’antimoine crud & du nitre, comme la chimie
le preferit. Ce régule mêlé au verre, vous donnera
un émail blanc, & propre à recevoir toutes fortes
de couleurs..
Kunckel qui preferit ce procédé, dit que pour
employer cet émail, il faut le réduire en une poudre
fine, en le broyant pendant vingt-quatre heures^avec
du vinaigre diftillé; que cette attention le difpofe à
entrer facilement en fufion : mais que pour l’appliquer
, il faut l’hume&er d’eau de gomme, & commencer
par tracer tout ce qu’on voudra colorer avec
la couleur noire, ou le rouge brun, ou l’émail même,
ce qui vaut encore mieux.
]Z!ZzH blvd turaum.
Prenez de la matière commune pour tous les
émaux, fix livres : mettez dans un-pot de terre verniffé
en blanc ; faites fondre, purifiez par l’extinction
dans l’eau ; ajoutez trois onces d’écailles de
cuivre calcinées par trois fois; prenez quatre-vingt-
feize grains de fafre, & quarante-huit grains de
magnéfie, réduifez en poudre ces deux derniers
ingrédiens : mêlez bien les poudres ; faites-en quatre
parties , ajoutez - les à la matière commune des
émaux à quatre reprifes différentes ; remuez bien
le mélange. Si la couleur vous paroît belle , le procédé
fera fini ; fi au contraire vous la trouvez trop
foible ou trop forte, vous l’affoiblirez par l’addition
d’un peu de la matière commune des émaux:
pour la fortifier, vous vous fervirez du fafre, &
le plus ou le moins de matières colorantes vous
donnera différentes teintes.
Émail bleu d'azur.
Prenez quatre livres d’émail blanc, deux onces
de fafre, quarante-huit grains à’oes uflum calciné par
trois fois : mêlez bien ces poudres. Expofez le mélange
au fourneau de verrerie, dans un pot verniffé
blanc; quand il vous paroîtra bien fondu & bien
purifié, éteignez-le dans l’eau, & le procédé fera
fini.
Kunckel preferit de faire fondre à-Ia-fois , dix,
vingt, trente livres d’émail, de les éteindre dans
l ’eau, de les faire fondre derechef, & de les garder
pour l ’ufage qu’il preferit de la manière fui van te ;
après avoir averti que le procédé de Neri- eft excellent
, & que fi l ’on ne réuffit pas , fur-tout dans les
couleurs où 11 entre du fafre, c’eft que la qualité de
cette matière varie, & que toute la chimie des émaux
demande un grand nombre d’effais. • ' ;;
Pour avoir différentes teintes, il faut, félon Kunckel
, prendre d’abord un verre clair & tranfparent ;
mettre un grain de magnéfie fur une once de verre,
en faire autant avec le fafre , & voir la couleur réfutante
; puis deux grains de magnéfie, &c.
Émail verd. '
Prenez quatre livres de fritte d’émail : mettez
dans un pot de terre verniffé blanc ; faites fondre
& purifier au feu pendant dix à douze heures;
éteignez dans l’eau , remettez au feu : quand la
matière fera en fufion , ajoutez deux onces d'as
uftum, & quarante - huit grains d’écailles de fer :
le tout bien broyé & bien mêlé, ajoutez ce mélange
de poudres à trois reprifes & petit-à-petit,
remuez bien : cela fa it , vous aurez un bel émail
verd à pouvoir être mis fur l’or.
Autre émail verd.
. Prenez fix livres de la matière commune des
émaux ; ajoutez-y trois onces de ferret d’Efpagne ,
& quarante-huit grains de fafran de mars, le tout
bien broyé ; mettez ce mélange dans un pot verniffé
à l’ordinaire , purifiez - le en l’éteignant dans
l’eau; après l’extin&ion, faites fondre derechef.
Autre émail verd.
Mettez au feu quatre livres d’émail ; faites fondre,
& purifiez à l’ordinaire ; faites fondre derechef;
ajoutez à trois reprifes la poudre fuivante ,
compofée de deux onces d'ces uftum & de quarante-
huit grains de fafran de mars, le tout bien pulvé-
rifé 6c bien mélangé.
Értiail noir.
Prenez quatre livres de la matière commune
des émaux de fafre & de magnéfie de Piémont,
de chacun deux onces : mettez ce mélange vau
fourneau dans un pot verniffé, afin qu’il fe purifie.
Prenez le pot plus grand qu’il ne le faudroit, eu
égard à la quantité des matières , afin qu’elles puif-
fent fe gonfler fans fe répandre ; éteignez dans
l’eau, remettez au feu , formez des «gâteaux.
Autre émail noir.
Prenez de la fritte dé émail, fix livres ; du fafre,
du fafran de mars fait au vinaigre, & du ferret
d’Efpagne, de chacun deux onces : mettez le mélange
dans un pot verniffé, & achevez le procédé
comme les précédens.
Autre émail noir.
Prenez de la matière commune des émaux» qua-
tre livres ; de tartre rouge , quatre onces ; de ma-
gnefie de Piémont préparée , deux onces : réduifez
le tout en une poudre fine. Mêlez bien cette
poudre à la matière commune des émaux , mettez
le mélange dans un pot verniffé, de manière qu’il
refte une partie du pot vide , & achevez le procédé
comme les précédens.
Émail purpurin.
Prenez de fritte déémail quatre livres, de magnéfie
deux onces, mettez le mélange au feu dans
un p o t , dont il refte une grande partie vide. '
Kunckel obferve que la dofe de deux onces de
magnéfie fur quatre livres de fritte eft forte , &
que la coüleur pourra venir foncée ; mais il ajoute
qu’il eft prefque impoflible de rien preferire d’exaâ
fur les dofes , parce que la qualité des matières,
la nature ■ des Couleurs , & les accidens du feu ,
occafionnent de grandes variétés.
Autre émail purpurin.
Prenez de la matière commune des émaux, fix
livres ; de magnéfie , trois onces ; d’écailles de
cuivre calcinées par trois fo is , fix onces : mêlez
exaâement , réduifez en poudre , & procédez
comme ci-deffus.
Le fuccès de ce procédé dépend fur-tout de la
qualité clé la magnéfie, & de la conduite du feu.
Trop de feu efface les couleurs ; & moins la magnéfie
a de qualité, plus il en faut augmenter la
dofe.
Émail jaune.
Prenez de la matière commune de l’émail, fix
livres ; de tartre trois onces, de magnéfie foixante
& douze grains : mêlez & incorporez bien ces matières
avec celle de l’émail ; & procédant comme
ci-deffus, vous aurez un émail jaune bon pour les-
métaux, à l’exception de l’or , à moins qu’on ne 1©
foutienne par d’autres couleurs.
Kunckel avertit que , fi on laiffe «trop longtemps
au feu , le jaune s’en ira; qu’il ne faut pas
pour cette couleur un tartre pur & blanc, mais
un tartre fale & groflier ; & que fa coutume eft
d’y ajouter un peu de cette poudre jaune qu’on
trouve dans les vieux chênes , & au défaut de
cette poudre, un peu de charbon pilé.
Émail bleu.
Prenez" d’oripdau calciné deux onces , de fafre
quarante-huit grains ; réduifez en poudre , mêlez
les poudres, répandez-les dans quatre livres de la
matière commune des émaux, & achevez comme
ci-deffus.
Émail violet.
Prenez de la matière commune des émaux fix
livres, de magnéfie deux onces, d’écailles de cui-
vre calcinées par trois fois quarante-huit grains,
& achevez comme ci-deffus..
.Kunckel dit fur les deux derniers émaux, qu’ils
donnent l’aigue-marine ; il preferit le fafre feul
pour le bleu, & il veut qu’on y ajoute un peu
de magnéfie pour le violet : mais il fe rétraâe
E e e ij