» diftribuées en huit galeries, produiront la mafle
» d e .....................58560 livres.
Total : : ; : ; . .5 6 8 10 1 livres.
Ainfi tout le poids de cette conftruâion n’excédera
pas fix cents milliers au plus fort ; car ici le
pied cube de fer eft pris fur 570 livres pefant, au
lieu qu’il n’efl ordinairement que de 558 à 560 liv .,
ce qui fait une différence d’environ onze livres par
pied ; confêquemment quand on évalueroit le gros
fer forgé à cent écus le millier tout pofè, celui des
vis & écrous à 750 livres, ou le tout l’un dans
l'autre jufqu’à 500 livres le millier, cela ne feroit
pas la fomrne de jooooo livres, pour cette première
conftru&ion, fur laquelle il n’y aura qu’à coucher
des madriers, & placer, à leur about des gardes-
fous en fer , de bandes courantes aulfi Amplement
que l’on voudra. On peut ajouter à cette dépenfe
environ 2500 livres pour le moyen affuré de pré-
ferver le.fer de la rouille.
Quand il fera queftion d’ajouter une nouvelle
galerie pour élamr le pont, il eft aifé de concevoir
que pour cet effet il n’y aura qu’à échafauder à la
volée lé long de la partie extérieure que l’on veut
augmenter, obfervant de donner la largeur nècef-
faire pour l’aifance du travail & de l’affemblage de
toutes les pièces d’une nouvelle arête parallèlement
aux autres , fans interrompre le paffage du pont ni
le cours de.la navigation.
Les connoiffances acquifes par cette première
conftruâion donneront la facilité dans la fuite de
fabriquer & pofer toutes les parties à meilleur compte
, & il eft probable que l’établiffement d’une nouvelle
galerie à ajouter, ne coûteroit pas 30000 livres
, lomme qui ne fuffiroit pas à la première groffe
réparation des palées d’un pont de bois, réparation
qu’il faudra recommencer au bout d’un certain
nombre d’années.
Il fera donc plus avantageux de commencer par
la conftruâion d’une partie du pont de fe r , tant
Îiour l’économie néceflaire du moment, que pour
es dépenfes à venir ; car dans les grandes réparations
d’un pont, foit en bois, foit en pierre, on
eft fouvent contraint d’en interrompre le paffage ,
quelquefois même pendant plufieurs mois, & de
faciliter par une autre voie la traverfée de la rivière
j ce qui occafionne toujours des dépenfes
étrangères à l’objet principal, au lieu qu’en les
employant comme il eft dit ci-deffus, elles amèneront
petit à petit la jouifïance entière de tout l’é-
dificre métallique, dont l’établiffement aura été
commencé.
Ainfi le public inftruit & impartial trouvera que
commodité, folidité, économie & merveilleux fe
réunifient dans ce Profpeâus.
Apperçu des expériences à faire en grand pour prouver
la folidité d’un pont de fer. .
i°. Il faut faire forger aux forges les plus à proximité
une lame de fer de fept pieds de longueur ,
huit lignes d’épaiffeur & huit pouces de hauteur:
ayant quatre trous pour palier des boulons ;
Plus, une pareille pièce de même dimenfion, mais
fans trou;
Unetroifième pareille pièce de la fonte du fleur
de la Place, qui aura un p#uce d’épaifleur au lieu
de huit lignes :
20. Toutes ces pièces-feront éprouvées par pref-
fion , par fecoufle & par choc, en fus de la charge
totale qu’elles ont à fupporterdans le fyftême du
pont, & des différens rifques où elles feront ex-
pofées :
30. En conféquence il fera conftruit une machine
, fur laquelle on pourra éprouver toutes fortes
de pièces de fer ; il y fera joint une table qui donnera
les degrés de force d’une barre quelconque , félon
fon échantillon , ce qui , jufqu’à préfent, n’a
pas été connu :
4°. Cette machine donnera la valeur de la chute
d’un corps folide , de manière qu’dn pourra apprécier
la perculfion & les chocs des roues de voiture
en raifon de leur charge :
50. Il fera-néceflaire de conftqiire une machine
pour éprouver les pièces qui doivent agir par ex-
tenfion :
6°. On difpofèra des lames de fer ceintrées fur
i champ, qui feront foumifes à un pyromètre qui fera
connoître l’augmentation de la preflion du fer fur
les culées, dans le moment de fon extenfton, félon
fbn degré de courbure :
70. Tous ces moyens propoles font néceflaires
pour avoir des expériences concluantes à la folidité
d’un pont de fer; elles peuvent d’ailleurs répandre
de grandes lumières fur les Arts & Métiers, &
être d’un grand fecours aux conftruâeurs y dans
l’architecture civile , militaire & navale , & il s’en-
fùivra de toutes ces connoiffances, qu’on pourra,
fur les principes du fyftême du pont, établir folide-
ment & fans de grands frais , des voûtes, des dômes
» des plafonds de trois & quatre cents pieds de
diamètre , ce qui feroit avantageux pour les temples
& les édifices publics où il faut raffembler beaucoup
de monde :
8°. S i , après les expériences , on ne juge pas à
propos de fe fervir pour un pont de fer , des matières
qui auront été éprouvées , elles n’en feront
pas moins très-utiles à d’autres ufages, & leur valeur
intrinfeque en fera augmentée :
90. Pour ce qui eft des machines, elles fourniront
des moyens d’expériences, toujours néceflaires en
beaucoup de cas , comme pour éprouver les eflieux
des roues de voitures, les flèches & arcs de car-
roffes, les bras de leviers deftinês à fupporter des
maflifs de maçonnerie, de charpente, &c.
Elles feront par conséquent un établiffement
très-intéreffant dans un Etat policé.
De tart d’adoucir le fer fondu.
M. de Reaumur, & après lui M. Duhamel du
Monceau, tous deux de l’académie royale des fcien:
ces de Paris, célèbres par leurs favantes Sc utiles ;
recherches dans plus d’un genre, ont publié d’ex-
cellens mémoires & fort détaillés fur Y art- d'adoucir
U fer fondu. Nous ne devons pas fans doute omettre
leurs découvertes fi effentiellement liées aux
arts du fer dont il eft ici queftion, en faifant hommage
à ces illuftres académiciens de leurs travaux
& des fervices importans qu’ils ont rendus à la fo-
ciété. C ’eft d’ailleurs entrer dans leurs vues de pa-
triotifme & de bienfaifance, que de multiplier'&
d’étendre la connoiffance des moyens qu’ils ont .
donnés de foulager nos befoins & d’augmenter nos
jouiffances. Ceci ëft tiré du recueil des arts de
Neufchâtel, d’après les arts publiés par l’académie
des fciences.
Il y a long-temps qu’on jette en moule des ouvrages
de fer fondu ; mais par un travail immenfe,
M. de Reaumur eft parvenu- à rendre cette fonte
moins aigre & allez approchante de la malléabilité
du fer forgé, enforte qu’il l’a rendue traitable au
foret, à la lime, & même un peu au marteau.
i°. Des différentes efpèces de fonte de fe r , ou de fer j
fondu, & à quoi il a tenu qiion riait fait jufques
ici quantité d'ouvrages de fer fondu, quon fait de
fer forgé.
Le cara&ère le plus fenfible, qui diftingue les
métaux des minéraux & des pierres, c’eft de fe
laiffer étendre fous le marteau, d’être malléables.
Mais dès que le fer a acquis cette propriété, dès qu’il
a pris, pour ainfi dire, le principal caraélère métallique
, il 'diffère des autres métaux, en ce qu’il
n’eft pas fufible par la force du feu de nos fourneaux.
Tout fer forgé, tout fer en barres, peut
au plus être réduit en une forte de pâte allez molle
pour tomber par gouttes : & c’eft ce que l’on nomme
du fer chauffe fondant ; mais il ne peut plus être rendu
liquide *, comme le peuvent être l’or & l’argent, le
cuivre, l’étain & le plomb. On parvient pourtant
à le mettre en fufion ; mais c’eft en lui donnant des
foiîdans qui le ramènent en quelque forte à fon premier
état, à celui où il étoit immédiatement après
avoir été tiré de .la mine : ainfi refondu , il perd fa
malléabilité & fa foupleffe ; il redevient aufli dur
& aufli caffant qu’il l’étoit avant d’avoir été affiné : la
plupart même des fondans le rendent très-fpongieux.
Pour faire des ouvrages de fer forgé en barres ,
on eft donc contraint de travailler le métal au marteau
, à la lime, au cifeau, au burin, ou avec d’autres
outils femblables ; & fi l’on en excepte le travail
au marteau , c’eft prefque toujours à froid qu’on le
façonne avec ces outils. O r , comme alors il eft
bien plus dur que lorfqu’il eft chaud , on n’en peut
faire des pièces qui aient des ornemens recherchés
& finis, qu’avec un temps confidérable. Il y a telle
clé qui a occupé pendant plufieurs mois un ouvrier
habile.
Quand les pièces font groffes , la difficulté augmente
encore par une autre confédération : on commence
par forger une maffe de fe r , compofée de
plufieurs barres, d’où l’on puiffe ï comme d’un
bloc de marbre, tirer la figure dont on a le deflin
ou le modèle.- Cette maflç faite de diverfes barres
foudées les unes contre les autres, n’eft pas toujours
d’une tiflùre, d’une folidité aufli uniforme que le
bloc de marbre auquel nous venons de la comparer;
fouvent il refte dans l’intérieur, des fentes, des cre-
vaffes, des endroits mal réunis ; & quelquefois on
ne parvient à découvrir ces endroits défeéhieux,
qu’après avoir emporté bien du métal avec le cifeau :
il -n’eft que trop ordinaire que de pareils défauts
rendent inutile un long travail.
On eft obligé d’abandonner la pièce pour en forger
une nouvelle avec le même rifque ; c’eft ce que
les ouvriers appellent faire un pâté; & il leur arrive
quelquefois de faire deux ou trois de ces mauvais
pâtés avant de parvenir à une maffe de fer qui
mérite d’être employée. Mais le prix de ces fortes
d’ouvrages peut encore mieux mettre au fait du
temps qu’ils demandent. Les curieux de fer bien
travaillé connoiffent à Paris le marteau, o u , en
terme de ferrurier, la boucle de la porte cochère
de l’hôtel de la Ferté, rue de Richelieu. Il a coûté
fept cents livres, dans une année où tout étoit à
fa commune valeur. On paie quelquefois plus cher
des gardes d’épées bien cifelées, qu’on nomme par
honneur des gardes d’acier, quoiqu’elles ne foient
pour l’ordinaire que de fimple fer : mais ici ce n’eft;
point la matière qui renchérit l’ouvrage. A la vérité
, ceux de fer de ce prix exceflif ne font pas communs
; il feroit même dommage qu’on lés multipliât
jufqu’à un certain point ; ce font des chofes dont on
peut fort bien fe paffer, & qui confomment trop
de temps, qui peut être mieux employé. Mais il
feroit agréable qu’on les pût faire à jufte prix ; &
il feroit avantageux, fur-tout pour la décoration
des grands édifices & des’fnaifons des particuliers,
qu’on pût faire à bon marché de beaux ouvrages
de ce métal. Les balcons, les grilles -, les portes
grillées, les rampes d’efcalier, ne font pour l’ordinaire
que d’un travail médiocre ; oh n’y met rien
de bien limé , de recherché , de poli ; ou fi l’on y
veut quelque chofe de t e l, on eft forcé d’abandonner
le fer ; on lui fubftitue le cuivre, qui, quoique
plus cher , revient à beaucoup moins étant mis
en oeuvre. Ce qu’il y a en fer dans ces grands ouvrages
ne font guère que des barres ou des lames
roulées ou contournées, & au plus quelques ornemens
de tôle emboutie , toujours longs à finir, &
rarement allez bien affemblés pour être regardés de
près. A peine peut-on citer dans le royaume quelques
grands morceaux de fer maflif Bien travaillé
s , tels que font les fameufes portes du château
de Maîfon, près de Poiffy. Ce font de magnifiques
ouvrages : mais il n’y a guère que des fouverains ,
ou que ceux qui gouvernent leurs finances, qui
puiffent faire exécuter quelque chofe de pareil. On
allure que ces portes, qui ne confiftent qu’en trois
battans , ont été autrefois payées foixante-neuf
mille écus ; à combien reviendroient-elles aujour-
Mmmm ij