
laiffer deux lignes de plus pour former un petit
rebord qui doit être fondé fur les bandes & les
tours de la boîte. On coupe le fer-blanc avec des
cifailles, qui font des efpèces de gros cifeaux, dont
une des branches eft recoubée, & plus courte que
l’autre.
Quand le fond eft coupé, on coupe les bandes
& les bouts fur le carré du fond ; on fait la même
opération pour le couvercle. Lorfque toutes les
pièces qui doivent compofer la boîte font coupées-,
on commence à ajufter avec le fond les bandes &
les bouts, fur lefquels on rabat la petite bordure
pratiquée au fond-, avec un marteau de bois ; en-
fuite on foude toutes ces parties enfemble, & on
forme à la fermeture du corps de la boîte, un petit
rebord dans lequel on inféré un morceau de fil
d’archal.
Le corps de la boîte étant fini, on fait fon
couvercle , & on fuit les mêmes opérations que
pour le corps.
Soudure.
Il entre dans la compofition de là foudure du
ferblantier, de l’étain, du plomb , du fe f ammoniac
& de l’alun; le tout fondu avec de la réfine & du
fuif.
Pour fouder les jointures , ils ne font que les
mouiller avec un peu d’eau; ils y répandent un
peu de colophone en poudre ; ils prennent leur
fer à fouder , qui eft tout chaud , ils l’effuient, & ,
par fon moyen, font tomber quelques gouttes de
foudure fur les jointures, & y repaffent avec le fer
à fouder.
Pour faire pénétrer la foudure jufqu’à ce qu’ils
n apperçoivent aucun intervalle v id e , ils enlèvent
le furperflu de la colophone & de la foudure , en
frottant avec un morceau d’étoffe de laine. Cette
foudure convient à tous les ouvrages qui font
étamés. . .
Le. fer d fouder des ferblantiers, eft un morceau
de cuivre ajufté dans une queue de fer, avec un
manche de bois. Sa longueur eft depuis douze
jufqu’à dix-huit à vingt pouces.
Travail d'une lanterne de corne.
Les ferblantiers font diverfes efpèces de lanternes
, au centre defquelles on place un corps lumineux
, de manière qu’il puiffe éclairer, que fa fumée
s’échappe, & que le vent ne l’éteigne pas.
Quoique les anciens aient connu l’art de rendre
la corne trànfparente, en la réduifant en petites
lames minces, on ne peut cependant pas affurer
qu’ils s’en ferviffent pour les lanternes. L’opinion
la plus accréditée, eft que cette invention eft due
à Alfred le Grand roi d’Angleterre , qui régnoit
vers la fin du neuvième fiècle, temps auquel les-
Anglois, ignorant l’ufage des çlepfydres ou horloges
hydrauliques, mefuroient le temps par le moyen
de chandelles allumées ; cependant, cette mefure
»’étant pas exa&e, parce que le vent les faifoit
brûler inégalement, Alfred imagina dé faire dé-'
biter de la belle corne en feuilles minces & tranf-
parentes, & de les encadrer dans des châffis de
bois. Les ferblantiers ont imaginé à leur tour de
faire fervir ces feuilles minces & transparentes de
corne pour leurs lanternes ; ils y ont fubftituè enfuite
le verre.
Le Journal économique du mois de feptembre
1756, dit , d’après un mémoire envoyé à l’académie
repaie des fciences, quelle eft la manière
dont les Chinois emploient les cornes blanches de
chèvre ou de mouton,, qu’ils deftinent pour les
lanternes.
Afin de détacher la perche ou l’os poreux dont
elles font remplies, on laiffe ces cornes pendant
quinze jours en été & un mois en hiver dans l’eau,
pour fe corrompre ; après qu’elles font forties de
l’eau, on les fecoue un peu fort, ou l’on en frappe
un corps folide en les tenant,par la pointe; dès
qu’elles font vidées, on les met bouillir dans de
l’eau pendant une demi-heure, afin de les feier
plus facilement fur leur longueur du côté plat.
A mefure qu’on.les feie, on les remet tremper
dans la même eau bouillante pendant quelque
temps. On fend enfuite avec un petit cifeau& un
marteau, les plus épaiffes en trois feuilles, les
moins épaiffes en deux; celles qui n’ont qu’une
ligne ou deux d’épaiffeur, ne fe fendent point.
Cette opération finie , ôn les remet encore dans
de l’eau bouillante, d’oii on les tire pour leur donner
une égale épaiffeur, par le moyen d’un trancher
Quand elles font au degré d’épaiffeur où on les veut,
on les replonge dans une nouvelle eau bouillante,
afin de les amollir.
Lorfque ces feuilles font fuffifamment amollies
on les infère une à une dans un trou carré, de neuf
pouces de profondeur & de' dix-huit pouces de
largeur, creufé dans une groffe poutre de bois ;
obfervant de placer entre deux feuilles de corne
une plaque de fer chauffée, à peu près comme fi
e’étoit pour repaffer du linge. Le refte du trou étant
rempli de bois & de coins qu’on fait entrer à coups
de maillet, les feuilles s’appladffent autant qu’on
veut.
Pour fouder plufieurs de ces feuilles ainfi préparées
, de manière que la foudure n’y paroiffe
pas, on racle les deux pièces de corne qu’on veut
fouder , l’une en deffus, l’autre en deffous, de façon
qu’étant appliquées Pline fur l’autre, elles ne
faffent toutes les deux que l’épaiffeur d’une feuille.
On les foude légèrement en y appliquant des
pièces chaudes qui ne foient pas trop brûlantes
parce que la corne jauniroit , ce qui feroit une
tache qu’on ne pourroit plus effacer. On a foin
aufti de laiffer entre chaque coup de pince quelques
lignes de diftance , afin que fi quelque endroit
n’avoit pas bien pris la forme qu’on veut lui
donner,, on pût détacher la foudure avec les doigts,
ou y inférer Ja pointe d’une aiguille, fi on ne pouvoir
pas autrement lui faire quitter prife.
Lorfque les pièces font bien réunies, & qu’on
Veut fouder à demeure, on humeéle le rebord de
la foudure avec une feuille de rofeau, & on paffe
la pince dans l’étendue des parties qui doivent fe
joindre ; ce qui lês réunit fi bien , qu’on diroit
qu’elles n’ont jamais été féparées.
La foudure étant une fois bien faite, on paffe
les cornes fur le feu pour les affouplir. On fait gliffer
par deffus avec le pied, un morceau d’étoffe de
laine ; on emporte ce qu’il y a de plus groflier avec
un grattoir, & on achève de les adoucir avec des
feuilles d’arbre.
On les polit en les étendant fur un morceau
de linge doux & ufé ; on jette par deffus quelques
gouttes d’eau, & on les frotte avec une étoffe de
laine ou de feutre , chargée d’une poudre affez
fine pour ne pas érailler la corne dans le frottement
, & qui eft compofée de quatre parties de
chaux v iv e , & d’une partie de charbon de terre
brûlé.
Les cornes doivent leur blancheur au choix
qu’on en fait, & leur tranfparence au peu d’épaiffeur
de leurs feuilles. Lorfqu’un trop long ufage les
rend jaunes, on les gratte de nouveau & on les
polit ; mais on ne leur rend jamais leur premier oeil.
Lorfqu’on veut donner différentes formes, augmenter
ou diminuer leur convexité, on les paffe
légèrement fur la flamme. DïEl. des Arts & Métiers,
Communauté des ferblantiers.
La véritable qualité des ferblantiers, eft taillandiers
, ouvriers en fer blanc & noir.
L’édit du 11 août 1776, n’a fait qu’une communauté
des taillandiers-ferblantiers , des ferruriers ,
& des maréchaux grofliers : leurs droits de réception
font fixés, par le même édit, à8ooliv.
VO C A B U L A I R E de U Art du Ferblantier.
• A p p u y o i r . Pour preffer les feuilles de fer-blanc
que le ferblantier veut fouder enfemble , il fe fert
d’un morceau de bois plat, de forme triangulaire,
qu’on appelle appuyoir.
A r c a n e ; forte de matière qu’on foupçonne du
cuivre , que l’on introduit avec l’étain qui doit
fervir à l’étamage des feuilles de fer-blanc.
B ig o r n e ; c’eft un morceau de fer monté par
le milieu fur un pivot aufti de fer, de façon que la
bigorne forme deux bras, dont l’un eft rond, &
l’autre eft à vive carre, c’eft-à-dire plat. Les ferblantiers
s’en fervent à différens ufage de leur métier
: au milieu de cette bigorne eft aufti percé un
trou qui fert pour river ; & il y a vers la partie carrée
plufieurs entàilles un peu creufes , faites dans le
large de la bigorne, du côté plat ou à vive carre, qui
fervent'pour plier les bords cl’une pièce de fer-blanc.
B ig o r n e a c h a n t e p u r e ; c’eft une bigorne qui
n’a qu’une gouge longue d’environ quatorze ou
quinze pouces, groffe à la bafe d’un bon pouce, &
finiffant en pointe ; cette bigorne fert aux ferblantiers
poilr arrondir & former en cône la queue
d’une chantepure.
B i g o r n e ; ( groffe ) cette bigorne n’a qu’une
gouge ; mais cette gouge eft ainfi que la précédente,
groffe de fix pouces , longue de deux pieds , & fert
aux ferblantiers pour forger en cône les marmites
& les groffes cafetières.
B i l l o t d e f e r b l a n t i e r ; c’eft un gros cylindre
de bois de la hauteur de trois pieds , fur trois pieds
de circonférence , qui a la face de deffus & de
deffous plate ; la face de deffous eft percée de
plufieurs trous ronds & carrés , dans lefquels ces
ouvriers placent les bigornes & les tas , pour les
affujettir & les rendre fiables.
B l a n c h e r i e ; a te lie r o ù l’on b la n ch it o u ne ttoie
le s feu ille s de fe r ba ttu p o u r en fa ire du fer- b lanc.
Bi^ nchir ; c’eft nettoyer les feuilles de fer battu,
& décapé avec un chiffon de linge imprégné de
fable, d’eau , & de liège.
B l a n c h i s s e u r ; ouvrier qui blanchit ou nettoie
les feuilles de fer.
C is e a u d e f e r b l a n t i e r ; cet outil eft en tout
femblable à celui des ferruriers.
C l a i r ; ( tirer les feuilles au ) c’eft tirer les feuilles
de fer du creufet de l’étamage.
C l a i r ; (frotter au ) c’eft paffer au fon les feuilles
de fer étamée, & fuffifamment chaudes.
C r o i x ; marque que les manufaéhiriers placent
fur le fond des barils qu’ils rempliffent de fer-blanc;
elle défigne que ce fer eft de la forte la plus forte ;
elle s’imprime avec un fer chaud ; elle donne au
fer-blanc le nom de fer à la croix, qui le vend plus
cher que l’autre-.
On diftingue aufti dans les fabriques les feuilles
de fer à la fimple croix, à la double croix, à la triple
croix, jîbur marquer leur différente épaiffeur.
C u i l l e r a s o u d e r ; cette cuiller eft ronde
affez profonde, mais médiocre , avec une efpèces
de bec pour mieux verfer le métal fondu.
D é c a p e r l e f e r ; c’eft le nettoyer parfaitement
& jufqu’au v if avec du grès ? ou quelque autre
poudre ou matière qui en enlève la rouille & la craffe. ■
E a u -s u r e ; c’eft un mélange d’eau & de farine
de feigle , à laquelle on a excité une fermentation
acéteufe. On plonge dans cette eau les feuilles de
fer battu dont on veut faire du fer-blanc.
E m b o u t i r ; c’eft faire prendre à un morceau
de fer-blanc, taillé en rond, la forme d’une demi-
boule , comme, par exemple, les couvercles des
cafetières, des lampes , des poivrières, &c. ce qui
fe fait en frappant avec les marteaux propres aux
différens ouvrages. Le premier eft un marteau à
emboutir ; le fécond , le marteau à emboutir en
boudin ; le troifième , le marteau à emboutir en
pointe de diamant.