
qui en fiflent des modèles en bols, & qui préfi-
daffent à leur conftru&ion.
Les ébéniftes doivent fur-tout avoir grand foin ,
avant de bâtir leurs ouvrages , de fe rendre compte
de l’efpèce de ferrures qui y feront employées,
pour préparer en conféquence les endroits où elles
doivent s’appliquer.
Il faut aufii ufer de beaucoup de précaution & de
précifion, en pofantles ferrures de l’ébénifterîe : on
doit éviter de frapper avec le marteau immédiatement
fur l’une ou fur l’autre ; mais on fe fert d’une
cale de bois doux, pour faire entrer les ferrures
■ à leur place.
L’ébênifte polit lui-même fes ferrures, foit en fer,
foit en cuivre. Le fer fe polit à l’huile avec de l’émeri,
& des bois à polir, qui font de noyer ou de tout autre
bois tendre.
On polit le cuivre de deux manières ; favoir, à
Veau , à Y huile, ou autrement dit au gras. Ce dernier
poli eft le plus ufitè, & fe fait de la manière fui-
vante.
Il faut d’abord finir l’ouvrage à la lime à l’ordinaire
; enfuite , quand ce font des pièces plates &
unies , on prend une pierre - ponce bien unie en
deffous ; on la trempe dans de l’huile ; on en frotte
la pièce à polir de tous les fens , afin d’ôter les traits
de la lime; après quoi on frotte encore avec la pierre-
ponce , mais pulvérifée ; enfuite avec de la pôufiière
de charbon , & du tripoli délayé avec de l’huile , &
appliqué fur l’ouvrage avec la peau de bufle ou de
chamois.
Quand les piècés ne font pas plates, on fe fert,
pour les polir, de la poudre de pierre-ponce , &•
paffée aux tamis de différentes groffeurs.
Si on peut placer les pièces fur le tour, ôn a un
morceâu de laine enduit delà potée de ponce, &
on appuie fortement contre la pièce , en la présentant
dans tous fes fens-.
On préfère le poliffage à l’eau, quand on a deffein
de vernir enfuite ies pièces. Pour faire ce p oli, on
.arrête la pièce fur une planche inclinée au deffus
d’un baquet rempli d’eau à la moitié de fa hauteur;
on frotte avec une pierre-ponce , qu’on mouille de
temps en temps.
Après la pierre - ponce, on fe fert du charbon
de hêtre ou de bois blanc, affûté en bifeau par le
bout. La pièce étant bien polie, on la lave avec de
l’eau claire ; on l’efliiie ; on la polit à fec avec le tripoli
, & des bois à polir, garnis de bufle ou de chamois;
enfin on vernit avec le vernis d’Angleterre.
De la Marqueterie ou Mofaique.'
La marqueterie ou mofaïque , dont nous avons
déjà parlé, eft une troifième efpècé. d’ébénifferie
dans laquelle on peut repréfenter toutes fortes de
fujets , par le mélange & l’oppofition de différentes
matières, comme les métaux, l’écaillé, l’ivoire , &
même les pierres précieufes; mais elle fe traite j
comme les autres fortes d’ouvrages pour les bâtis ,
lés compartime-ns & les placages , en ÿ ajoutant le
travail du c if deur-damafquineur ^comme on peut U
voir dans la defcription que nous avons donnée t
cet art. ; J V e
Cette riche ébénifterie eft très-ancienne : on voit
beaucoup d’ouvrages de cette efpèce dans les palais
des fouverains & des princes, & clans les cabinets des
riches amateurs. -
Le goût de cette marqueterie s’eft maintenu en
France jufqu’à la fin du dernier fiècle; mais à pré-
fent on ne fait plus guère en ce genre que de petits
ouvrages, & des boîtes de pendules ; ce qui, parmi
les ébéniftes, a fait donner le nom de penduUftesà
ceux qui s’occupent particulièrement de ce travail,
Des Boites de Pendules.
Nous terminerons, par la defcription des boites
de pendules , celle de l’art de l’ébénifte , dont les
principaux procédés fe reproduifent encore nécef-
fairément dans l’art du menuifier, dont celui-ci eft
à beaucoup d’égards , une .dépendance.
On diftingue, dit M. Roubo, deux fortes de boîtes
de pendules ; favoir , les grandes qui ont cinq à.fix
pieds de hauteur, & les petites qui n’en ont guère
que deux, & qui font ordinairement fupportés par
des pieds en confoles.
On fait encore de plus petites boîtes.que ces dernières
; alors elles portent le nom de porte-montres.
Ces fortes de boîtes n’ont pas des pieds ou fupports
en confoles , & n’ont guère que douze à quinze
| pouces de hauteur.
Les grandes boîtes font deftinées à recevoir des
pendules à fécondés , dont le mouvement eft réglé
par un régulateur ou pendule de trois pieds huit lignes
& demie de longueur ; ce qui fait que ces. boîtes
ont à peu près cinq pieds & demi à fix' pieds de hauteur
, y compris la lanterne ou partie fupérieure
dans laquelle eft placé le mouvement de la pendule,
& le piédeftal fur lequel la boîte eft pofée.
La largeur la plus ordinaire de ces boîtes eft de
quinze à dix-huit pouces dans leur partie la plus large,
laquelle ne peut pas avoir moins de dix à douze,
pouces intérieurement, pour ne pas nuire aux vibrations
du pendule, qui font de deux à deux pouces
& demi de chaque côté de la lentille ou poids qui eft
placé au bas de la verge du pendule.
Quant à leur épaiffeur ou profondeur, elle doit
être de cinq à fix pouces de dedans en dedans, c’eft-
à-dire, du devant du fond au derrière, de la porte de
la boîte.
La forme de ces fortes de boîtes eft affez arbitraire
, pourvu qu’elle ne nuife en rien au jeu de la
machine qu’elles renferment.
Comme ces fortes d’ouvrages font faits pour être
revêtus, foit de bois des Indes ou de marqueterie,
leurs bâtis ne font que des maffes unies, collées
le plus folidement poflible , en obfervant toujours
qué ces collages ne préfentent pas de bois debout',
du moins qu’autant que cela ne pourra point fe faire
autrement.
Quant à la face, elle eft faite en plein bois d’sn-
„■ „•on un pou ce d’épaiffeur , d ifp o fé p e rp e n d icu lairement
! & on y c o lle d es maffes p o u r en au g -
-monter pépaiffeur, au x endro its ou c e la e ft n é c e lia u e.
Comme il y au ro it à c rain dre qu e c ette ma ffe ne fe
confinât fur la la rg eu r , i l fe ro it b o n de 1 em b o îte r a
bois de fil par le bas ; c e q u i v a u d ro it m ieu x q u e de
fe contenter d’y ap pliq ue r u n e p e tite tr in g le à boi<?
de f i l , c’eft-à-dire , en tra v e r s , c om m e o n le la it
ordinairement. I V A ,
Le corps de la boite eft çompofe de deux cotes
chantournés, & par conféquent compofés,de plu-
fieurs morceaux collés les uns fur les autres ; d un
derrière qui monte jufqu’au haut de la lanterne, mais
qui ne defcend que/jufqu’à la hauteur du piédeftal,
parce que l’efpace qui refte jufqu’au bas , eft rempli
par une porte qui s’ouvre par derrière, quand on le
jugea propos. Le devant de là boîte eft compofé
de deux pièces , dont une , qui ferme la partie antérieure
du piédeftal, eft adhérente avec les côtés ;
& l’autre, qui eft mobile, forme ce qu’on appelle
■ la porte delà, boîte. Cette porte ouvre du deffus du
piédeftal, jufqu’au deflous de la lanterne : il eft bon
; de remboîter à bois de fil par les deux bouts , pour ,
lui donner plus de folidité.
La face de cette boîte eft ordinairement ceintrée ;
au plan ; ce qui oblige à coller, tant fur la porte que
far le devant du piédeftal, des maffes qu’on met ordinairement
en fapin , mais qui feroient mieux en
bois de Vofges tendre & fec.
Le bombage de la porte de la boîte, n’eft pas égal
dans toute fa longueur ; il eft bon-qu’il foit un peu
plus confidérable vers le bas ,.àl’endr©it de l’ouverture
ovale qu’on y pratique , pour laiffer voir la lentille
du pendule, ainfi que fes mouvemens de vibration.
Il faut faire attention, en faifant ce bombage,
que tout le pourtour de l’ouverture ovale foit dans
un même plan, c’eft-à-dire , que toutes les arêtes
de cette ouverture fe dégauchiffent, foit qu’elles
foient parallèles avec le derrière de la porte, ou
qu’elles y foient inclinées, :
Cette obfervation eft effentielle , parce que l’ouverture
étant fermée par une glace plane , il eft né-
ceffaire que la place qu’elle doit occuper le foit
| aufii. . ' *
. On doit dire la même chofe de la face de la lanterne.,
dans laquelle fe place le cadran., ou , pour
mieux dire , au travers de laquelle on l’apperçoit.
Au refte, ces fortes d’ouvrages doivent fe faire
d’accord avec l’horloger qui fait la pendule , & qui
peut feul fournir les mefures juftes & générales.
Ces boîtes de pendules font fufceptibles de beaucoup
de richefles , tant dans la façon que dans la
fon cul-de-lampe ou amortiftementrenverfè qui fert
à la, fupporter.
matière : elles font ordinairement ornées de bronze ,
ou, pour mieux dire , de cuivre fondu , & enfuite
réparées & dorées, foit feulement en or de couleur,
ou bien en or moulu.
Les petites pendules font prefque les feules aux*
quelles on emploie les revêtiffemens d’écaille ou
de cuivre : elles font compofées de la boîte de pendule
proprement dite, de fon couronnement, & de
Les porte-montres diffèrent des boîtes de pendules
, en ce qu’ils n’ont pas de culs-de-lampe, qu’ils
font plus petits de la moitié que ces dernières , &
que leur couronnement s’ouvre en deffus , pour faciliter
le paffage de la montre qu’on place dedans. .
La hauteur de ces fortes de boîtes eft d’un pied
au plus., fur fix à fept pouces de largeur , & deux à
deux pouces & demi d’épaiffeur.
Elles font compofées de deux planches de quatre
à cinq lignes d’épaiffeur , entre lefquelles on colle
d’autres morceaux de bois qui achèvent de lui donner
une épaiffeur convenable, & qu’on contourne
enfuite de même que les planches de deffus & de
deffous, qui font toutes deux difpofées à bois de travers
, pour donner plus de folidité à l’ouvrage.
Vers l’extrémité fupérieure de la planche du devant
, on fait un trou rond , d’environ deux pouces
de diamètre au plus , & on en abat les arêtes intérieures
en chanfrein, afin que la montre approche
tout contre le cercle de cuivre qui eft appliqué en
dehors. . '
Tout le corps delà boîte doit être plein jufqu’à
environ un pouce en contre-bas de l’ouverture de la
face, & le refte doit former une efpèce de coffre
d’environ trois pouces de largeur , lequel eft fermé
par le couronnement de la boîte qui eft ferré fur l&
côté gauche avec une charnière, & arrêté à droite
par une petite ferrure placée dans l’épaiffeur du côté
delà boîte. ■ ~ •
Comme ces boîtes ne font pas faites exprès pour
les montres qu’on y place , on remplit ce qu’il y a
-de trop de grandeur dans le vide intérieur, par des
cales de bois qu’on ajufte en raifon de la groffeur de
la montre qu’on veut y placer; il eft bon de garnir
le tout enfuite avec de l’étoffe, pour ne point endom-»
mager la furface de la boîte de la montre.
Les porte-montres font ornés de bronze , ainfi que
les autres boîtes de pendules , foit qu’ils foient revêtus
de marqueterie, ou fimplement peints &
vernis.
Compofitiondu vernis pour dorer les cuivres d’ebenijlerie*
On fe fert pour vernir & dorer les cuivres dont
on enrichit les différentes efpèces d’ébénifterie , du
vernis d'Angleterre, qui eft regardé comme un fecret;
mais M. Roubo fils en fait connoître la compofitioa
& l’ufage , que voici»
Il faut prendre une demi-once d’ambre jaune ou
karabé jaune, ou de fuccin , ce qui eft la même
chofe , qu’on réduit en poudre très-fine, & paffée
au tamis de foie : ajoutez une demi-once de gomme
laque en grain, qu’il faut aufii réduire en poudre;
neuf grains de farran en poudre ; dix grains de fang
de dragon en larme concaffé, & dix onces d’efprit-
de-vin parfaitement déphlegmé.
Cela fait, prenez une bouteille de pinte, seche &
très-propre ; verfez-y l’efprit-de-vin & l’ambre jaune,
i en obfervant de remuer la bouteille pour mêler
S s ij