
de rubis ; favoir , le rubis oriental, le rubis fpinel,
le rubis balais , & le rubicelle ou petit rubis.
Le rubis oriental n’eft pas toujours de la même
couleur. ü y e n a d ’ un rouge v if de cochenille ou I
de ponceau ; c’eft la nuance la plus recherchée.
• D ’autres- font d’un bel écarlate ou laque ; d’autres,
de couleur d’incarnat v if ou de cerife ; d’autres,
d’une légère teinte de pourpre.
Les royaumes d’A va & de Pégu , fourniflent
beaucoup de rubis ; il en vient auffi. des hautes
montagnes de l’île de Ceylan, d’où lès torrens les
font rouler dans les lits des rivières du pays. Ces
derniers font les rubis les plus eftimés, & préférables
même à ceux du Pégu.
Voici la manière dont on évalue à peu près le
rubis oriental, en le fuppofant toujours fans défaut.
Un rubis parfait de la plus belle couleur, pefant
un karat, petit valoir i o louis.
De deux karats, il vaut 40 louis.
De trois karats, 150.
De quatre karats, 400.
De cinq karats , 600.
De lix karats, 1000 louis & plus.
Le plu$ grand rubis qu’on connoirie, appartient
au Roi de France ; il étoit brut parmi les pierreries
de la couronne ; & on ne favoit à quoi l’employer
à caufe de deux ou trois pointes qui failloient ri
fort, qu’on ne pouvoit les abattre fans le réduire à
une pierre ordinaire : mais M. G ué , célèbre lapidaire
, a fu faire fervir fes défauts à fort avantage,
en en faifant un dragon qui eft dans l’Ordre de la
Toifon ; il a les ailes déployées ; il tient le briquet
entre fes griffes, & vomit la flamme par la gueule.
Il y a encore un plus grand rubis au tréfor de Saint-
Denis ; mais faint Louis l’a fait percer de part en
part pour y fourrer une épine de la couronne de
Jefus-Chrift.
Un riche particulier de Paris , amateur très-
éclairé , ( M. d’Augny ) pofsède, dans fa magnifique
colle&ion de pierres prècieufes , un beau
rubis oriental, qui parie le poids de 6 karats. Une
telle pierre n’a plus qu’une valeur d’affeflion ; étant
alors plus rare & plus précieufe qu’un diamant du
même poids.
On doit obferver ici qu’au Pégu, les marchands
font dans l’ufage. de nommer rubis , toutes les
pierres prècieufes de couleur. Ainfi , ils appellent
le faphir , un rubis bleu ; l’améthyfte , un rubis
violet ; la topaze , un rubis jaune &c
Le rubis fpinel, vient après le rubis oriental ;
parce qu’il eft moins dur que celui-ci, & plus que
le rubis balais.
Il efl d’un rouge clair & vif.' Sa plus belle couleur
eft celle de cerile.
On trouve le plus communément le rubis fpinel
au royaume de Pégu , & dans les montagnes de
Cambaye.
On eftime qu’un beau rubis fpinel qui pafle quatre
karats , vaut la moitié du prix d un diamant du
même poids.
Le rubis balais a fa criftallifation en prifme à
plufteurs pans inégaux cannelés. Il efl: d’un rofe
. vermeil ou rofe pâle , quelquefois de couleur lilas.
Cette dernière couleur efl même la plus recherchée.
Les rubis balais les plus communs, font d’un
rouge clair & rofe.
On en trouve dans les Indes , & plus encore
dans le Bréfil.
On imite avec la topaze du Bréfil, le rubis balais.
Pour cela, on expofe la topaze dans un petit creufet
rempli de cendres fur un feu gradué , faifant rougir
le creufet. La topaze perd dans cette opération fa
couleur de jaune orangé , & acquiert celle d’un
rubis balais fort agréable.
On n’eflime le rubis balais qu’autant qu’il efl
parfait & d’un certain poids.
La manière de l’évaluer efl de mettre le rubis
balais d’un karat an prix de 30 livres ; celui de deux
karats , à 60 livres ; de trois karats, à 90 livres ;
de quatre karats, à 120 livres.
, Le rubicelle ou petit rubis efl d’un rouge pâle,
tirant fur le jaune ; c’eft le rubis le moins recherché
& le moins cher. Il efl cependant*- fufceptible du
. plus beau poli. On en trouve communément au
Bréfil, 'où l’on tâche de faire parier les plus parfaits
pour des rubis balais.
Il y a un rubis de roche , que les Italiens nomment
rubino di rocca, qui n’eft qu’une efpèce de grenat
fort dur, d’un beau rouge mêfé de violet.
VEfcarboucle.
L’efcarboucle efl une pierre d’un incarnat vif &
brillant comme un charbon allumé, ou plutôt c’eft
le beau rubis oriental.
On lit dans les anciens auteurs & dans nos vieux
romans , que l’efcarboucle avoit la propriété mer-
veilleufe de luire dans les ténèbres ; il efl vrai qu’on
peut rendre l’efcarboucle phofphorique, comme les
autres pierres prècieufes, en l’expolant aux rayons
du foleil, ou dans un creufet fermé à un certain
degré de feu. L’efcarboucle efl le carbùnculus &
l’anthrax de Pline.
V Almandine.
U almandine, ou alabandine, efl une pierre tendre
peu connue -, & peu recherchée, qu’on claflfe entré
, le rubis & l’améthyfte, quoiqu’elle n’ait point leur
dureté. Elle efl d’un rouge foncé , tirant fur le
pourpre. On évalue fon prix, quand cette pierre eft
parfaite , à peu près comme celui du rubis balais.
Le Saphir.
Le faphir a une criftallifation oftaèdre ou parallé*
lipipède obliquangle. Il efl dur , brillant, refplen-
diflant,& réfifte à la lime. On tire les. plus beaux
faphirs de Bifnagar , de Pégu , de Cambaye, de
l’île de Ceylan, , -
Le faphir • oriental eft d’un beau bleu célefle,
1 d’une couleur veloutée riche , & également dû-.
tribuée fans être trop foncée, ni trop claire. Tel
eft le faphir que les anciens confacroient à Jupiter.
Il s’en trouve de diverfes autres nuances, depuis
le bleu d’indigo, jufqu’au bleu qui tire vers le blanc
qu’on appelle faphir d’eau, & qui. vient de Ceylan.
On parvient quelquefois a priver le faphir de
fa couleur, enl’expofant pendant plufieurs heures
dans un creufet à un feu violent. Il prend alors un
poli fi v if , quftl reffèmble au diamant. ■
Le faphir perd de fon prix, fuivant quil eft plus
ou moins laiteux. .
Il y a un faphir verdâtre., chatoyant, qu on app
e lé faphir oeil de chat. Il vient principalement de
j j Pgrfc*
Le faphir d’Europe n’eft guère qu’un criftal b leu,
qui n eft point recherché.
Un faphir oriental parfait, pefant tokarats,peut
valoir'50 louis, & un de ao karats 200 louis, &
ainfi à proportion, ayant cependant pour principe
qu’une pierre orientale parfaite ne peut être lou-
mife à des règles d’une évaluation prècife , d’autant
(pie félon fa groffeur & fa rareté, elle devient
d’un prix d’affeétion.
Les faphirs qui font au deffous de dix karats, peu-
j- vent être évalués à 12 livres le premier karat;'on
multiplie enfuite le nombre des carats l’un par
Vautre, & leur produit par 12 livres. Le réfultat eft
1 alors-le prix cherché du faphir.
Le St. Efprit que porte le Roi de France, eft un
ifeul faphir d’une grandeur prodigieufe, gravé par
M. Gué; il eft fur un fond de briHans blancs,
■ bordé de diamans de quatre grains, d’un bleu aulîi
velouté que le faphir d’Orient.
La Topaze.
La topaze eft une pierre précieufe de forme
oftaèdre tronquée, & la plus dure de toutes apres
le rubis & le faphir. Elle réftfte a la lime. ||
On trouve des topazes au Pégu, dans l’île de
nuances de jaune.
La topaze orientale eft d’une couleur vive de jonquille
ou de citron, quelquefois d’un jaune d’or vif
& clair. On recherche principalement la topaze qui
eft farinée, & qui paroît comme remplie de paillettes
d’or d’un brillant refplendiflant. La couleur
doit en être également diftribuée. On fait parier
quelquefois, dans le commerce, les topazes d’Egypte
pour topazes orientales, quoiqu’elles foient
moins dures.
La topaze du Bréfil eft, après la topaze orientale, la
plus dure & la plus recherché. Elle eft d’un jaune
orangé foncé, & fufceptible d’un très-beau poli. Sa
criftallifation eft en prifme tétraèdre rhomboïdal,
à pans ftriés, qui fe terminent d’une part en pyramide
courte du même nombre de cotés, dont les
plans font triangulaires & liftes,
Les topazes qui font d’un jaune fale enfumé,
peuvent être mifes , avec fuccès, dans un creufet
plein de cendres fur un feu gradué. On fait rougir
le creufet jufqu’à ce que la pierre ait perdu ton
ancienne couleur, & on la trouve fouvent alors
changée en un véritable rubis balais, dont le jeu
eft fort agréable.
La topaze de Bohême eft en criftaux ou canons
aflfez gros. Elle eft fufceptible d’.un poli moins v if
que les deux précédentes. Sa couleur tire un peu
fur celle de l’hyacinte, & quelquefois fur le brun.
La topaze de Saxe eft d’une couleur jaunâtre très-
tranfparente. Elle fe criftallife en prifme à fix ou
huit pans inégaux, terminé à l’une des extrémités
par une pyramide fouvent hexaèdre & tronquée.
Cette topaze eft fort dure & d’un éclat très-vif,
mais elle perd fa couleur dans le feu , & en fort
blanche & tranfparente. On en trouve dans le
Voigtland , à deux milles d’Averbach, dans le
quartz, ou parmi un grès criftallife, & quelquefois
entouré d’une marne jaunâtre.
On rencontre bien d’autres topazes d’Allemagne,
mais qui ne font qu’une efpèce de fpath vitreux,
fufible, à feuillets parallélogrammes, & qui ne
peuvent point tromper les moins connoifleurs. On
croit que ces pierres tirent leur couleur jaune du
plomb, d’autant qu’on donne au criftal la couleur
de la topaze par le moyen de ce métal.
Une topaze orientale parfaite peut être évaluée
à raifon de 16 livres le premier karat; & pour
trouver le prix de celles de deux, de trois , de
quatre karats, il faut multiplier l’un par l’autre,
& multiplier enfuite le produit par 16 livres, &
ainfi de celles d’un plus grand poids, comme il a
été obfervé à l’égard du diamant.
Mais fi cette pierre n’eft point parfaite ; fi elle a
la moindre teinte enfumée qui lui ôte de fa belle
tranfparence, alors fon prix diminue d’un tiers,
& même de deux tiers quand elle a quelqu’autre
imperfection.
Les belles topazes du Bréfil & même celles de
Saxe, au deflùs d’un karat, quand elles font parfaites
, peuvent, s’évaluer à 6 livres le karat, en
augmentant le prix fuivant le poids, conformément
à la "règle preferite pour l’évaluation de la topaze
orientale.
Les joailliers font pourtant dans l’ufage d’eftimer
arbitrairement cette forte de pierre, félon la beauté
de fa couleur & fa grofleur.
De VEmeraude & du Péridot.
M. Dutens remarque que les anciens fe font
trompés fur l’émeraude, & qu’ils ont donné le nom
de fmaragdus à toute autre pierre.
Théophrafte parle d’une émeraude de quatre cou*
dées de long fur trois, coudées de large, envoyée
par le Roi de Babylpne au Roi d’Egypte ; & d’un
obélifque de quarante coudées de hauteur, compofé
de quatre émeraudes. Il eft fenfible que Théophrafte
a voulu parler de jafpes verds ou de primes d’émeraude
, ou de ces criftallifations de couleur verdâtre
, que l’on trouve à l’embouchure des yolcans