
Les crochets ou mentonnets de fer qui fervertt à
l’établi, ont environ dix lignes quarrées de grof-
feur , & une longueur égale à l’épaiffeur de l’établi,
plus, neuf à dix lignes qu’il faut qu’ils le defaffleu-
re^t, ce qui fait environ cinq pouces de longueur ;
& on y adapte un ou deux renorts par les côtés,
pour qu’ils tiennent en place à telle hauteur qu’on
le juge à propos.
Le crochet qui fe pofe dans l’établi, fe change,
comme on le juge à propos , dans des trous qui font
percés de quatre pouces en quatre pouces de dif-
tance les uns des autres, & à dix-huit lignes du bord
de l’établi, afin que le milieu de leur largeur fe rencontre
jufle avec le point milieu de la vis.
Les trous où fe placent les crochets fe percent en
pente, à contre-fens de celui de la boîte de rapp
e l, afin que quand on preffe le bois entre les crochets
, la force de la preflion ne les fafie pas fortir
hors de leur place, & que la pièce qui eft prife entre
deux ne s’échappe pas.
On met une preffe de côté à ces fortes d’établis ;
& pour plus de commodité, on y en met une fécondé
adaptée à un pied mouvant, qui entre en
enfourchement dans la traverfe du bas de l’établi,
à rainure & languette dans le deffus.
Cette fécondé preffe fe change d’un côté de l’établi
à l’autre, comme on le juge à propos, & s’enlève
de fa place fort aifément, vu que la languette de fa
traverfe du bas eft fupprimée proche le pied de
devant de l’établi.
Ces preffes s’écartent donc autant qu’on le veut;
& pour les tenir également ouvertes du bas comme
du haut, on affemble dans le bas de leurs jumelles
une tringle qui paffe au travers des pieds, & qui eft
percée de plufieurs trous dans lefquels. on place une
cheville de fer qui les arrête à la diftance convenable.
Outre ces preffes, on peut mettre encore dans
l’épaiffeur du deffus de l’établi, de .petites preffes
montées avec des vis de fe r , dont les jumelles font
d’une largeur égale à l’épaiffeur de la table de
l ’établi.
Au lieu de mettre des vis de fer aux preffes des
côtés de l’établi, on peut en mettre de bois taraudées
dans l’épaiflèur de l’établi, à l’extrémité desquelles
eft une tête pour y paffer une manivelle
fervant à les faire mouvoir.
On met aufii quelquefois des tiroirs au deffous de
ces fortes d’établis.
Des Bâtis pour les Revêtijfemens dsèbénifierie',
T rois chofes concourent à la perfe&ion dès bâtis
propres à recevoir le placage; favoir, le choix de
la matière , la difpofition générale, la bonne conf-
truélion.
i°. Dans les ouvrages folides & de quelque con-
féquence, on doit fe fervir de bon bois de chêne un
peu tendre & très-fec, fur-tout lorfque les bâtis
feront fucceptibles d’affemblages.
Dans les ouvrages légers, on emploie pour les
bâtis le fapin, le tilleul, & tout autre bois tendre1
mais fe c , & qui ne foit point fujet à fe tourmenter*
afin" qu’il prenne bien la colle & qu’il faffe moins
d’effetv
2°. Le talent de l’êbénifte confifte à faire une
bonne difpofition générale des formes qu’il yeil£
donner à fes ouvrages.
En deffmant, (bit le plan ou l’élévation d’un meuble
, & par çonfequent du bâti, il eft bon d’obfer-
ver toutes lès épaiffeurs des revêtiffemens, du dehors
defquels on doit compter le nu de l’ouvrage.
Il faut avoir le même foin pour les avants &
arrières corps, & pour les feuillures qu’il eft bon
aufii de revêtir; rien n’étant fi ridicule que devoir
le bois des bâtis apparentlorfque les tiroirs ou les
portes font ouvertes.
Quand ces portes ou tiroirs doivent ouvrir à
recouvrement, c’eft-à-dire, faire corps fur le nu de
l’ouvrage, & que ce corps n’eft pas d’une forte
épaiffeur, il eft néceffaire d’y faire une double
feuillure par derrière qui porte le coup de l’ouverture,
&'par conséquent foulage le recouvrement
du dehors.
Enfin il faut avoir foin que f avant-corps du bâtis
foit toujours égal, & que la partie ouvrante affleure
avec le nu du bâtis, îûr-tout lorfque les portes ou
tiroirs doivent entrer dans le corps de l’ouvrage;
C ’eft une mauvaife méthode de faire porter fur des
•taffeaux le fond des tiroirs ; car, pour peu que ces
derniers fe dérangent ou viennent à'-travailler,
ainfi que- le derrière des tiroirs , le devant de l’ouvrage
défaffleure, ce qui fait un très-mauvais effet.
3°. Il faut conftruire les bâtis avec toute la précaution
& la folidité poflifeles, pour qu’ils ne faf-
fent, aucun effet lorfqu’ils feront travaillés. C’eft
pourquoi il eft bon, après avoir corroyé les bois
& y avoir fait les affemblagès, de les laiffer fécher
dans un endroit où ils ne feient pas trop expofés à la
chaleur, ni à l’humidité.^ Il faut avoir la même précaution
pour les panneaux, qu’il convient de laiffer
bien fécher avant & après les avoir collés,
Cela fait, on affemblera tout l’ouvrage, dont ôn
doit coller les affemblages., évitant d’y mettre des
chevilles, du moins aux endroits couverts de placage
, parce que , fi elles venoient à fortir de leur
place, elles le feroient lever ; ce qu’on peut cependant
empêcher en collant les chevilles mêmes.
Obfervez que les panneaux des bâtis qui doivent
être arrafés aient neuf lignes d’épaiffeur au moins,
afin qu’ils, ne ploient pas lorfqu’on travaille deffus.
Toutes les portes, deffus de tables , & autres ouvrages
de cette nature, doivent être emboîtés au
pourtour, c’eft-à-dire, compofés d’un panneau & d’un
bâtis, affemblés à bois de fil; & lorfque les tables
Si autres ouvrages feront d’une certaine grandeur,
on fera très-bien d’y mettre , au lieu de panneau,
un parquet d’affemblage fait en liaifon, afin qu’ils
ne ploient en aucune façon.
Il eft bon aufii d’éviter, lorfqu’on conftruit les
bâtis, qu’il ne paroiffe aucun bois debout, parce
0Ue la colle ne prend pas fi bien fur ce fens du
bois que fur le bois de fil : il faut aufii, autant qu il
fera poflible, qu’ils foient tout montés avant que
d’être^plaqués en dehors ; c’eft pourquoi, quand le
dedans des bâtis fera »evêtu, on commencera par
faire ce revêtiffement intérieur & le polir , puis
on achèvera de monter le bâtis à l’ordinaire.
Les bâtis étant montés, on aura foin en les replanifiant
, qu’ils foient bien dreffés fur tous les
fens, & qu’il n’y refte aucune efpèce d’inégalités ;
car s’il en reftoit"quelqu’une , on perceroit.le placage
quand il feroit queftion de le finir.
Pour replanir les bâtis, on fe fort d’une varlope-
onglet à dents, avec un fer bretté, tant pour bien
drefler l’ouvrage que pour le rayer de tous les fens ,
afin que la colle s’y attache mieux.
Quand il y a des corps faillans, on finit les parties
rentrantes les premières , du moins autant qu’il eft
poflible, & on fait enforte qu’il s’y trouve des
joints, ce qui en rend l’exécution plus facile.
Si on ne pouvoit faire des joints à l’endroit du ref-
faut fans faire tort à l’ouvrage en affoibliflant la largeur
des bois, il faut alors faire les joints plus loin que
le reflaut, pour conforver la largeur & la force des
bois ; dans ce cas 9 comme le rabot à dents ne peut
paffer au travers de la pièce, on met le panneau
en place avant de le coller dans les bâtis avec lefquels
on l’affleure pièce à pièce ; enfuite On dreffe
le panneau à part avec la .varlope à dents on.
le colle avec les bâtis , fur la partie rentrante defquels
on paffe une forte râpe à bois, afin de les
rayer comme feroit à peu près le rabot bretté.
Après que les bâtis font tout-à-fait finis, on les
laiffe fécher quelque temps avant que de les revêtir
de placage, parce que, n’étant pas revêtus tout
de fuite,. on eft à portée de les réparer, s’ils vien-
nènt à faire que-lqù’effet.
Enfin les bâtis étant prêts à revêtir , & le defîin
de l’ouvrage étant arrêté, on en trace toutes les
formes principales fur la pièce à revêtir; enfuite
on Je difpofo à plaquer les bois.
Du Placage à Compartimens.
Les compartimens font de deux efpèces , favoir,
les grands & les petits.
On fait les premiers de grandes pièces de bois
de placage fouvent d’une même efpèce, dont les
joints & la difpofition des fils oppofés les uns aux
autres , forment différentes figures, foit dans la
difpofition générale de l’ouvrage ? foit dans les diverfes
parties qui le compofent.
Les petits compartimens diffèrent de ceux-là, tant
par leur grandeur, que par la différence des bois
-qu’on y emploie. Ils font aufii entourés fouvent
de plate-bandes & de filets qui les fèparent dp refte
de l’ouvrage.
En général ces compartimens , foit grands, foit
petits, font fermés par des lignes droites ou des
lignes circulaires, ou compofés du_ mélange des
unes & des autres.
Pour faire ces compartimens après que les bois
propres au placage ont été refendus, on les re-
planit au rabot à dents, tant pour les mettre d’une
épaiffeur égale., que pour les rayer ,’afin qu’ils prennent
bien la colle lorfqu’on les plaque.
On a foin , dans cette opération , de mettre en-
femble les feuilles que l’on tire du même morceau
de bois, parce que leurs veines & leurs nuances
étant femblables, il eft bon de placer à côté les
uns des autres en parallèle de chaque côté du joint,
les morceaux qui doivent entrer dans un feuillet
de placage. ©
Or les nuances de deux feuilles%efendues ne
peuvent être parfaitement égales, que lôrfqu’elles
fortent immédiatement l’une de deffus de l’autre,
d’autant que les différentes couches concentriques
du bois étant d’un diamètre inégal, elles offrent
diverfes figures, félon qu’elles font coupées plus ou
moins proches du centre ou de la circonférence
de l’arbre.
Il faut dite la même chofe des bois refondus
parallèlement à leurs fils , non-feulement par rapport
aux différens diamètres des couches Concentriques
de la pièce de bois, mais encore par rapport
aux accidens qui fe rencontrent dans l’intérieur
de cette même pièce, comme lé voifinage
dés noeuds & aiitres accidens , lefquels donnent
diverfes configurations aux fibres du bois.
Lorfqu’on veut avoir plufieurs feuilles en femelles
, il faut, après avoir refendu la pièce en deux
parties égales , faire une levée fur le derrière de
la pièce ; enfuite on refend la pièce en autant de
feuillets qu’on le juge à propos , parallèlement à la
diagonale. Cette manière d’avoir des feuillets en
femelles parfaitement femblables entre eux , eft
très-bonne1, & ne fouftre aucune difficulté dans
l’exécution.
Les bois d’une qualité dure & d’un petit diamètre
, s’emploient quelquefois à bois debout, non
pas en les coupant tout-à-foit par tranches horizontales
, mais en inclinant un peu leur coupe , ce
qui leur donne plus de folidité.
Quand l’obliquité de cette tranche eft confidé-
rable, la figure change confidérablement & forme
une ellipfe.
Lorfqu’on fait des tranches ou lames à bois debout
ou horizontales, ce qui eft la même chofe,
on doit avoir foin de les tenir plus épaiffes que les
lames ordinaires , de la moitié de l’épaiffeur de ces
dernières, & d’un tiers feulement, lorfque les tranches
feront prifes obliquement.
Le débit du bois de placage demande beaucoup
d’attention & dé pratique de la part de l’ouvrier,
foit pour le faire à propos, foit pour choifir des
pièces d’une grandeur & d’une qualité convenables
, fuivant les différens befoins.
Quant à la difpofition des bois de placage , elle
peut être faite de quatre manières différentes.
La'première & la plus fimple eft de les mettre