
raffe dans les mailles ; la troifième feuille eft à mailles
larges comme la première, parce queToifeau
pouvant fe prefenter à l’allier ou de l’un ou l’autre
côté , il faut qu’il trouve de l’un & de l’autre côté.
le même piège.
De la bouraque,
L’inftrument qu’on nomme en différens endroits
bouraque, bourache , bourague , panier, cage, claie,
gazier, &c. peut être regardé, comme une forte de
naffe faite avec de l’ofier. Elle a communément la
forme de ces paniers qu’on nomme mues dans les
baffes-cours, & fous lefquels on élève la jeune volaille
: avec cette différence , que la bouraque a un
fond de claie que n’ont point les mues, & au deffus
une entrée en goulet fermée par des öfters qui
font un entonnoir dont la pointe eft en dedans de
la bouraque. Les öfters qui forment ce goulet , fe
terminent en pointe. Ainli on peut comparer les
bouraques à certaines fouricières de fil de fer.; &
l’on voit que le goulet permet aux poiffons d’entrer
facilement, mais qu’il s’o.ppofe a ce qu ils en loi tent.
I le carrelet à l’extrémité d’une autre perche, qui eft
faite d’un bois léger, 8c plus ou moins longue, fuivant
Il y a des bouraques de .différentes grandeurs.
Les grandes ont un pied & demi de hauteur., fur
quatre pieds de diamètre : elles ont deux, &.fou-
vent trois anfes d’ofier, où l ’on attache des cordes
qui fe réunifient à une, laquelle eft plus ou moins
longue , .fuivant la profondeur de l’eau où l’on pêche.
Cette corde eft terminée par une flotte qui
indique où eft calée la bouraque lorfqu’on veut la
tirer de l’eau ; & l’on amène la.corde à bord comme
en fait les caudrettes, avec une fourche qu’on paffe
fous la flotte de liège.
On attache au fond ou aux cotes dés bouraques
quelques-cailloux, pour lés -faire aller au fond de
l’eau ; & dans l’intérieur, quelques appâts.
Les grandes bouraques ont chacune leur ligne ,
& on les cale une à une. Mais quand on fe fert des
petites , on en attache plufieurs le long d une corde
qu’on tend en long.
Le carreau, le carrelet ou barré.
Ce filet eft une nappe firaple & carrée, laquelle
a fix, fept ou huit pieds de côté. Elle eft toujours
bordée d’une corde qui n’eft pas groffe, mais qui
doit être forte & bien travaillée. On fait ordinairement
les mailles du milieu plus ferrees qu.e celles
des bords, pour que les petits poiffons ne'paffent
pas au travers. Mais quand on veut prendre des
poiffons un peu gros, il convient de faire les mailles
plus larges ; car il eft important pour cette pêche,
de pouvoir tirer promptement:1e filet hors de 1 ea,u
& plus les mailles font larges & le filet délié,
moins on éprouve de réfiftance de la part de 1 eau.
On a deux perches légères & pliantes , plus longues
que la diagonale du filet; on les plie en por-
Son de cercle, pour en paffer les bouts dans des
oeillets qu’on a formés aux angles de la nappe. On
lie enfuite ces perches courbes a 1 endroit ou elles
fe croifent, & la mêmç corde fert aufli à attacher
la profondeur de 1/eau où l’on veut pêcher,
& la diftance qu’il y a depuis le bord où l’on s’établit
, jufqu’à l’endroit où l’on fe propofe de tendre
le blet.
Du chalut.
On appelle chalut, drague ou rets traverser ;
une forte de chauffe dont le fac a quatre braffes de
goule ou d’ouverture, cinq braffes & demie de long,
8c une demi-braffe au plus de.large par le bout.
Les pêcheurs pêchent quelquefois avec ce filet
fur huit à dix brades de fond : ils doublent alors ou
tiercent au moins leurs cablots ou petits horrins qui
font amarrés fur le boute-hors & fur l’échallon du
chalut, pour faire courir le rets fur le fond, ,8c en
faire fortir les poiftons plats : ils battent l’eau^ &
même le fond , quand ils le peuvent, comme c’eft
la pratique des pêcheurs qui fe fervent des rets
nommés picots.
Autrefois les pêcheurs chargeoint le bas de leurs
chaluts de vieilles favattes ou faifceaux, avec une
petite pierre dans chaque favatte ; ce qui convenoit
beaucoup mieux que le plomb qu’on leur a fait mettre
depuis à la quantité d’une livre par brade. La
tête du rets eft garnie de dotes de liège. Ce filet eft
en ufage dans le reffort de l’amirauté de Carentan
& Ifigny, où le Maffon du Parc , commiffaire ordinaire
de la marine, & infpe&eur général des pêches
en mer,, en a laiffé un modèle. .
Ce. chalut eft différent de celui qui eft en ufage
dans les provinces de Bretagne, de Poitou, de Sain-
tonge & çl’Aunis , dont les genouillets font formés
d’un morceau de bois fourchu , entre les branches
duquel les pêcheurs mettant une ou plufieurs pierres
pour le faire caler fur le fond ; celui des pêcheurs
de Saint-Brieux, amirauté de Saint-Malo, en approc
h e le pl,us.
Les genoijillets ou chandeliers de bois font formés
d’une ou plufieurs pièces ; la traverfe ou efparre
paffe dans une mortaife de bois au haut du genouib
let,T & o n l’arrête avec une cheville de bois ou de
fer qui fe paffe dans le bout de la traverfe, & qui
s’amarre fur le genouillet avec un cordage : on y
peut aufli fubftituer dû plomb à proportion de la
longueur & grandeur dû filet. '
A la pointe du genouillet eft un, autre trou où l’on
paffe un des bras , ou haies , Ou petits funins , avec
lequel ie bateau traîne le chalut qui eft amarré,
comme les autres, chaluts, à bas-bords & ftribords,
c’efb-à-dire, de côté & d’autre du bateau.
Le bas du genouillet eft arrondi pour le faire
couler plus aifément fur le fond ; il évite ainft beau-
coup plus facilement les petites roches & fonds inégaux
, que le chalut peut troûver dans fon paffage :
confirait de ;cette manière, c’eft de tous les inftru-
mens de cette efpèce, celui que les pêcheurs peuvent
manoeuvrer avec moins ;de peine êc de rifque
pour le fac , qui fe déchire en pièces quand les genouillets
nouillets ne cèdent pas facilement. Comme le haut
du filet garni de ilotes de liège eft foulevé, .on y
pêche également 8c le poiffon rond 8c le poiffon
^ Pour retenir dans le fac le poiffon de cette dernière
efpèce, on jette un fùrfil des deux côtes de
la longueur du fac , qui prend du bas du genouillet
en fe rapprochant à rnelure qu’il va vers le fond-
du fac. Le furfil joint de cette manière le deffus &
le deffous du facy.au milieu duquel refte une ouverture
de cinq à fix pieds de large, par laquelle
lès poiffons q ue je chalut trouve en fon paffage,
entrent dans -le. fond du fac & retombent dans
les côtés, qui forment de cette maniéré chacun un
autre fac, dont le fond finit aux genouillets ; en-
forte qu’il eft iinpoffible aux poiftons d en fortir,
lorfqu’ils .y font une fois entrés. Le fac eft long &
quarré ; c’eft une triple chauffe qui a un avantage
pour faire la pêche, que les facs pointus ne peuvent
avoir. 3 ,
Pour faire caler le fond du fac & le retenir en
état, on amarre à chaque coin une petite pierre
avec un petit cordage long au plus d une demi-
braffe , pour empêcher que la pierre ne tombe fur
le fac qu’elle couperoit, & pour donner la facilite
aux pêcheurs de retirer le poiffon qui y eft entre.
On laiffe une ouverture à l’un des coins d’environ
une braffe, que l’on ferme avec une moyenne
corde , comme on feroit une bourfe , & que 1 on
ouvre de même , lorfqu’on veut faire.fortir ce qui
eft dans le fac du chalut.
Chalut à l ’Angloife.
La manoeuvre pour fe fervir de cefilet eft la même
q u e c i-d e ffu s . L e s A n g lo is ap p e llen t ce file t drague;
les pêcheurs Normands,chauffe. Il eft compofé d une
traverfe de* bois de la longueur de douze à quinze
pieds à volonté, fuivant la grandeur du bateau que
montent les pêcheurs qui s’en doivent fervir. La
traverfe eft ronde dans le milieu ; & les deux bouts
qui font quarrés, fe placent avec une rofture fur
le haut de deux chandeliers de fer qui font faits
en demi-cercle* Le convexe en haut eft arrêté
par le bas d’une lame aufli de fe r , large denvi-
ron trois pouces : les bouts de cette lame relèvent
un peu, pour ne point embecquer le fond^fur lequel
la drague traîne, ce qui l’arreteroit 8c la
romproit aufli-tôt. Les dragues armées de fer des
pêcheurs de Câncale , dont la lame eft en bifeau,
grattent & embecquent le fond, mais c’eft fans inconvénient
; cette lame donne au contraire à cette
dragûe lé poids néceffaire pour faire caler la traverfe
’plus aifément. On met encore'au milieu de
chaque chandelier un boulet de fer, arrêté au. haut
du demi-cercle.
Le fac dont les mailles ont dix-huit à vingt lignes
en quarré , eft formé en pointe, & on amarre à cette
pointe un autre boulet au bout d’une petite corde,
pour faire le même effet que les pierres qu’on
place aux coins du fac quarré. Le haut du fac eft
Arts 6* Métiers, Tome IL Partie IL
arrêté fur la traverfe ; & le bas qu’on laiffe un peu
libre, eft garni de boules ou de plaques de plomb,
ainft qu’on le pratique à tous les autres chaluts.
Sur chaque bout de la traverfe eft frappé un cordage
de la longueur de quelques brafles ; ces cordages
en fe réunifiant font une efpèce de four , fur
lequel eft amarré le cordage du petit cablot, qui
traîne le chalut par l’arrière du bateau, foit à la
voile, foit à la rame ; 8c comme du bas du rets garni
de plomb jufqu’à la traverfe, à peine peut-il y avoir
dix-huit à vingt pouces de hauteur , les pêcheurs ne
peuvent jamais prendre avec cet inftrument que du
poiffon plat; au. lieu qu’étant établi comme celui
que l’ordonnance a permis , on y prend , comme on
l’a obfervé, toutes"les efpèces de poiffon qui fe trouvent
dans le paffage du chalut.
La pêche de la drague ou du chalut fe fait un
peu différemment dans l’île de Bouin , tant dans le
reffort de l’amirauté de Poitou ou des Tables d’O -
lonne, que dans les autres lieux dont on a parlé
" plus haut. Le fac du chalut a à l’entrée une ouverture
de gueule de cinq braffes de large & de fix
braffes de long, & pour le fond une braffe & demie,
où le rets eft lacé pour en pouvoir retirer le
poiffon fans le faire venir par l’ouverture : c’eft
au furplus le même inftrument que celui dont fe
fervent les pêcheurs de la Rochelle , de Fouras
& du port des barques, finon .qu’il n’a point de
perche, & qu’il opère un peu différemment. Le
haut du rets eft garni de flores de liège ; 8c fur la
corde du pied font amarrées de chaque côté quatre
vieilles favattes. L’ouverture en bas eft garnie en
dedans d’une petite pierre, 8c de deux groffes à
chaque bout du fac pour le faire caler ; enforte
que le rets ne puiffe entrer dans la vafe , mais courir
deffus. Ces pierres étoient les cablières des
dragues, autrefois d’ufage dans la Manche , 8a
maintènant défendues par- la déclaration du 2.3
avril 17Ï6.
Le fac où chalut eft amarré à deux bouts dehors,
chacun de vingt-deux pieds de long , dont fix pieds
au moins font dans le bateau à l’avant 8c à l’arrière ;
"enforte qu’ils Caillent environ de feize pieds en dehors.
Le chalut eft amarré fur un grelin ou cablot
de quelques braffes de long, fur lequel en eft amarré
un autre fur le coin de l’ouverture du fa c , de fix
à huit braffes de long, aufli amarré au bout dehors.
Les pêcheurs le nomment baliffoire, 8c il fert à amener
le Tac du chalut, lorfque les pêcheurs le veulent
relever.
. Les mailles des facs des’chaluts de 1 Elpoey font
de quatre grandeurs différentes ; celles de l’entrée
ou de l’embouchure ont dix-huit lignes 8c dix - fept
lignes en quarré, Scies fuivantes dix-fept lignes-:
ces mailles fe retréciffent en approchant du fond du
chalut, où elles ont treize 8c quatorze lignes au plus
en quarré.
De la chauffe.
La chauffe eft une efpèce de filet qu?on difpofe
E e e e e