
gagner le fond ; on place l’ouverture D du côté de I
la roue, tout contre le deffus ; & on la fait plus
large & moins profonde , pour la même raifon.
D ’ailleurs les barreaux pouffant toujours la mine
du côté du devant, il n’eft pas poliible qu’il s’en
échappe , à moins que ce ne loient des mines légères
, qu’on appelle folles , qu’il eff plus avantageux
de perdre à l’eau que de biûler. L’arbre d’un pa-
touillet peut être garni de fix barreaux au lieu de
trois, ou de cuillicrs qui fe fiiccèdent. Plus vous
oppoferez de réfiftance, plus il faut de force, con-
féquemment plus d’eau ; faites établiffement apres
calcul.
Les patouillets fuppofent de la mine qui ne fe
mette pas en pouflière, & qui foit plus chargée
de terre que de pierre ; fans quoi le frottement '
uferoit la mine, fans diminuer la pierre : c’eft une
faute dans laquelle bien des gens font tombés, &
ont en cônféquence décrié }a machine.'
Il faut avoir foin de beaucoup éloigner la huche
du réfervoir , afin que cette étendue donne lieu à
une ample provifion.
Il faut, pour fervir un patouillet, deux ouvriers-
exaâs , parce que, s’ils retardent quand la mine eff
nettoyée , elle s’ufe par le frottement : il faut que
ces 'ouvriers foient munis de pelles , de pics, de
riaules, de bons paniers. Nous avons dit que les
morceaux de terre qui avoient rèfifté à l’opération ,
fe jetoient à côté du panier, au fortir de la huche :
quand les ouvriers quittent le foir l’ouvrage, &
même pendant leurs repas, ils jettent ces morceaux
dans la huche. La nuit, ou plus de temps , leur
fait prendre l’eau ; & frottés les uns contre les
autres, la mine refte au fond de la huche.
Le patouillet eff excellent pour les mines du
premier & du troifième genre ; & des paniers bien
ferrés d’ofier ou d’autre bois fuffifent, & ne font
pas d’une grande dépenfe.
Les mines du fécond genre veulent des lavoirs
& égrapoirs : les lavoirs ne font autre chofe qu’un
trou quarré, dont le fond eff garni de planches
enterrées d’un pied de profondeur, fur fix à fept
pieds d’étendue, garni de quatre coftières de bois
de trois à quatre pouces d’épaiffeur, fur un pied
d’élévation; elles fe joignent par des encoches,
& font ferrées en dehors par des pierres. On
échancre les coftières du deflus & du deffous de la
largeur de fix pouces, fur la profondeur de trois
ou quatre, & vous tirerez un petit courant d’eau ,
qui entre dafis le lavoir, le remplit, & fort par
l’échancrùre du bas. Vous empliffez un des côtés
de terre à mine ; & un ou deux ouvriers font
munis de riaules. Un riaule eff un morceau de fer
battu, de la largeur de fix à huit pouces, recourbé
de cinq à f ix , pour prendre aifément le fond du
lavoir fans gêner l’ouvrier , finiffant dans la partie
fupérieure par un tuyau en écrou, propre à recevoir
un long manche de bois.
Les ouvriers fe campent du côté que vient l’eau ;
& ayant tiré au courant la terre la plus proche de
la fortie , achèvent de la faire palier de l’autre
côté, en changeant de pofition, de-là la recon-
duifent d’où elle eff venue : chaque changement
s’appelle un demi-tour. Suivant la connoiffance que
l’on acquiert aifément à l’infpeélion , on décide
qu’une telle mine eff à deux, trois , quatre, &c.
demi-tours : quand elle eff nettoyée fuffifamment,
ils la tirent avec leurs pelles , & la mettent en
monceaux à côté d’eux , avec les pierres ou fable
que l’eau n’a pu enlever, jufqu’à ce qu’il y en ait
en allez, grande quantité pour être porté a l’égra-
poir ; nom qui vient de ce que l’on appelle grapes
les petites pierres ou fables mêlés avec la mine;
ce qui eff une efpèce de caftine : autrement, ce
feroient des mines qu’il faudroit abandonner. Les
lavoirs peuvent encore fe faire en quarrés longs,
ce qui donne de la force au courant ; c’eft l’affaire
des yeux intelligens, à voir & difpofer fuivant le
befoin.
Plufieurs, pour égraper les mines , fe fervent de
paniers de taule ou de cuivre percés de d’échantillon
de la mine , fufpendus par l’anfe à une corde
attachée à une perche flexible. Ce travail eff gênant
& long.
L’égrapoir du meilleur fervice eff compofé de
deux membrures de fix pieds de longueur fur fix
pouces de hauteur : ces membrures font tenues
par deux traverfes , d’un pied de longueur dans
l’intérieur, paffant par des mortaifes, emmortaifées
elles-mêmes en dehors , pour être ferrees par des
clefs dans les membrures : à un pouce de hauteur,
on pratique une rainure ; vous arrangez dans
ces rainures des baguettes de fer fondu, d’un pied
de longueur, dreffées à la lime, & écrafées par
deffous. Vous arrêtez & féparez les baguettes par
de petits morceaux de bois qui laiffent des intervalles
propres à laiffer palier les grains .de mine.
Le total fait un grillage , dont les- côtés, depuis
les baguettes , ont quatre pouces & demi de hauteur
: vous pofez ce grillage fur le cote d’un lavoir,
de façon que le bas foit au-delà de la coftière ; &
vous élevez le deffus où aboutit le courant d eau,
de façon que cela faffe un plan incliné de dix-huit
ou vingt degrés. L’eau du réfervoir arrive au deffus
du grillage par un canal, auquel vous ajuftez une
trémie , dans laquelle vous jettez la mine, afin
qu’elle ne tombe que fucceflivement. La mine entraînée
par l’eau paffe à travers les baguettes, tombe
dans le lavoir ; & les fables plus gros que le grain
de mines, font chaffées au- delà : il faut pour cette
opération deux ouvriers , dont l’un jette la mine
dans la trémie , & l’autre la tire de l’autre coté du
lavoir : quand ce côté eff plein, les ouvriers fe
joignent pour la tirer & la mettre en tas ; par cette
manoeuvre , qui va très-vite , vous etes an moins
allurés que les fables qui reftent dans la mine , ne
font que du même échantillon.
Les pierres qui font dans les mines du quatrième
genre , ou font par bancs dans les minières , un
' de pierre, un de mines ; ou font pêle-mêle en gros
volume, dont on peut avec pics Sc marteaux fé-
parer la mine ; cette féparation faite, vous les paffez
au lavoir , d e - là à i’égrapoir , abandonnant les
pierres , fi la minière peut fournir d’ailleurs ; finon
mettez-les à part, pour les travailler comme celles
qui fuivent.
Les mines en roches , ou font affez riches pour
être brûlées fans féparation de la pierre > ou demandent
à en être féparées.
Dans le premier cas, il ne s’agit que de les mettre
en plus petit volume ; ce que feront bien des bo-
cards. J’ajouterai feulement que les pilons doivent
être coulés en plufieurs pointes, pour divifer au
lieu de mettre en pouflière ; que les pilons frappent
fur une taque de fonte ; & que le derrière foit garni
de barreaux de fer qui ne laiffent palier que ce qui
eff affez divifé.
Dans le fécond cas, les lavoirs fimples ne feront
rien; le patouillet ufera fans féparer ; le bocard
écrafera la mine comme la pierre ; & ce qui reliera
fera toujours dans la même proportion de mine &
de pierre. -
Pour ces mines, il faut recourir à la macération ;
il y a la naturelle & l’artificielle. La naturelle s’opère
en expofant en. peu d’épaiffeur les pierres à mines
ou mines en roche déjà brifées au marteau, aux
grandes chaleurs & aux gelées : cela demande bien '
du temps & de l’efpace.
L’artificielle va plus v ite , & ne confifte que dans
un certain degré de chaleur : pour cet effet, ayez
proche vos minières ou vos bois des trous préparés,
comme pour la calcination des pierres ; ayez-en
plufieurs, & conféquemment à votre travail. Vos
fours dreffés avec les pierres à mines, comme les
■ fours à chaux, faites mettre en fagots les relies des
exploitations, & chauffez. Comme il y a des pierres
à mines qui fe fendent avec éclat au premier degré
de chaleur, il faut les faire porter fur des grillages
de fer, ou voûte faite de pierres calcaires : la cuiffon
faite , ainfi que l’expérience ; l’aura bientôt appris ,
vous tranfporterez fur les lavoirs ; à la première
eau, tout fera deffoudé. La chaux coulera avec l’eau ;
le grain ou les lames tomberont au fond du lavoir ;
s’il relie beaucoup de pierres, l’égrapoir vous en
débarraffera ; s’il y en a qui ne foient pas affez calcinées,
laiffez-les à la macération naturelle , qui en
peu de temps achèvera la féparation.
Comme l’eau qui fort de ces mines eff dangereufe
pour les ruiffeaux ou rivières où elle fe décharge,
vous ferez faire au bas des lavoirs plufieurs grands
& fpacieux trous , qui s’empliront les uns après, les
autres de votre eau de mine ; ce qui donnera le
temps à la tranfpiraiion, l’évaporation, & au dépôt.
Quand vous reprendrez le travail le matin, vous
achèverez de vider ces réceptacles avec une pelle
& par un petit déçhargeoir qui tire l’eau. Quand
ils feront remplis, vous les ferez vider à la pelle , &
conserverez cette efpèce de marne pour engraiffer
les terres ; ce qui vous dédommagera d’une partie
de la dépenfe, moins effrayante au fond que par la
nouveauté. Le refte fera amplement payé par le
produit du fourneau, avec moins de charbon.
Un point effentiel pour un manufacturier ; eff dé
connoître fes mines , de les mélanger conféquemment
à leur qualité, dans la proportion convenable.
On a l’expérience, que les mines venues dans
l’arbue portent avec elles un degré , foit de réfraction,
foit de facilité à la fùfiony proportionné à
l’arbue dont elles reftent pénétrées ou imprégnées ;
& celles nées dans la caftine ont les jnêmes qualités
dans un degré proportionné aux parties de caftine
que vous n’aurez pu leur ôter.
Nous avons encore obfervé que l’emploi de l’arbue
répondoit affez à celui du foufre dans la poudre
à canon, quatre parties fur une livre ; & la caftine
à celui du falpêtre, dix parties fur une livre.
Pour connoître ce que les mines portent d’arbue
& de caftine dans nos cantons, on peut fe fervir de
la méthode fuivante.
Ayez une mefure d’un pied cube : il faut, autant-
qu’on peut , faire les épreuves fur le plus grand
volume : vous emplirez cette mefure de mine, en
la coulant par un entonnoir , pour l’entaffer également.
Suppofons mine du fécond genre, telle que
vous l’avez préparée pour la mettre au fourneau ,
vous raclerez la mefure, & peferez ; vous prendrez
allez de temps pour mettre à part les grains de mine
&les pierres, que vous mefurerèz & pèferez fépa-
rément ; vous ferez griller la mine, pour aider la
féparation de l’arbue ; laverez , laifferez fécher ,
mefurerez, & pèferez : donc il y avoit tant d’arbue.
Vous calcinerez les pierres, laverez, mefurerez, &
pèferez : donc il y avoit tant de caftine. Vous ferez
de même l’épreuve des différentes mines, pour les
mélanger ou y joindre arbue ou caftine ; polant
pour règle , qu’il faut un dixième d’arbue & un
vingt - cinquième de caftine ; ainfi , fi dans cent
livres de mines il y a vingt livres d’arbue, ajoutez
cent livres de mines, qui portent huit livres de caftine.
Cet exemple doit iuffire pour faire entendre le
mélange de toutes les efpèces de mines.
Ne regardez néanmoins ceci que comme une
approximation ; joignez l’expérience ; ajoutez ou
retranchez ; & au lieu de faire le mélange au fourneau
, faites-le dans les apprêts. On eft sûr de l’uniformité
, & d’avoir obvié à la négligence & à l’oubli
des ouvriers , quand-les mines font féparées : le
mélange, pour certaines mines, ne peut être fait
avec plus d’exaélitude que par le patouillet. Quant
à celles, par exemple, que l’éloignement ou autres
raifons yous auront fait palier au lavoir , & qui
auront befoin d’être paffées une fécondé fois au
panier, ayez au deffus du patouillet un plancher en
pente, garni-île coftières, où paffera l’eau qui arrive
à la huche, & dans laquelle vous criblerez la mine,
. qui, à l’aide de l’eau, defcend naturellement dans
la huche. .
Il eft affez inutile de parler de la façon de voiturer
& de meftirer les mines ; chaque pays ayant fa méthode
& fa mefure pour les' recevoir des ouvriers.