
la leur lâcher peu à peu, pour les laiffer fe promener
de côté & d’autre, jufqu’à ce que, appercevant
qu’ils font fatigués & que les forces leur manquent,
on les tire doucement à bord.
Quand ce font de petits poiffons, la force de la
ligne eft fuffifante pour réfiiler à leurs mouvemens.
Mais il faut beaucoup de précautions & d’adreffe,
pour ne pas perdre les gros poiffons qui ont mordu
aux appats.
Quelques pêcheurs qui emploient de gros haims
& des lignes très-fortes, faififfent la ligné avec la
main ; & tenant la tête du poiffon foulevée., ils lui
font avaler de l’eau : il perd ainfi peu à peu fes
forces. Mais y comme nous l’ayons dit plus haut,
les forts haims & les groffes lignes effarouchent le
poiffon ; il n'y a que ceux qui font très-affamés, qui
y mordent.
Afin de ne point perdre fa proie en pêchant avec
une ligné fine, lorfqu’on a pris de gros poiffons qui
font dé violens efforts quand ils fe fentent piqués, &
encore plus lorfqu’on les tire de l’eau, il faut avoir
une ligne de cinq à fix toifes de longueur,; & la
rouler pour la plus grande partie fur un petit morceau
de bois léger. On dévidé & on roule une partie de
la ligne fur ce morceau de bois, jufqu’à ce qu’il
n’en refte que. la longueur qu’il faut pour pêcher
commodément, & on arrête là ligne en l’enfonçant
dans une fente qu’on a. eu. foin de faire au fond de
l’échancrure qui termine ce morceau de bois. Cette
ligne ne fe déroulera point, jufqu’à ce que le poiffon
foit"piqué : mais quand, fentantla pointe de
l ’haim, il fera effort pour s’enfuir, la ligne fe dégagera
de l’entaille, elle fe déroulera de deffus ,1e
morceau de bois , 8f devenant fort longue , elle
laiffera au poiffon la liberté de fe débattre & fe tourmenter;
il avalera de l’eau , qu’il ne pourra pas
rendre par les ouies ; il fe fatiguera, il s’affoiblira
peu à peu : alors , en tirant là ligne avec ménagement
, on ramènera au bord de l’eau. -■
Un autre ajuftement qui revient' au même., eft
de mettre au bout menu de la canne un petit anneau
de cuivre, dans lequel on paffera la ligne;, qyi
viendra fe rouler en partie fur une bobine affujettie
à la perche vers fon gros bout. Quand le poiffon fait
effort, on permet à la bobine de tourner , & la
ligne devient ainfi fort longue.
Comme il faut laiffer long-temps le poiffon s’agi-
té r , on peut fe difpenfer de tenir continuellement;
la perche , foit en renfonçant dans une douille qu’on
a fourrée en terre,, foit en fichant dans.le terrain une;
pointe cle fer qui, s’ajufte à vis au .gros bout de la
perche : par ce moyen on peut, quand le poiffon eft
fatigué, le faifir de fes deux mains pour le prendre.
Le poiffon étant amené au bord de l’eau, il y a
d’habiles pêcheurs, qui, couchés fur le ventre,, le
faififfent par les, yeux ou les ouies; & même, fi:
ce font des carpes, ils ont l’adreffe de.leur fourrer
le doigt index dans la bouche., & de. s’en rendre
maîtres. Mais commeles poiffons. raffemblent toutes
leurs forces pour s’échapper lorfqu’ils fe fentent tirer
de l’eau, le plus fur eft d’avoir un trutleau, pet
filet en forme de poche, tendu comme fur la mon*
ture d’une raquette, & le faire paffer deffous les
poiffons quand ils commencent à fortir de l’eau.
.Plufieurs poiffons s’écartent beaucoup quand ils
fe fentent piqués , & quelquefois ils fe.retirent dans
des herbiers, dont on a bien de la peine à les débar-
rafler. En ce cas, il faut fe donner de garde de tirer
la ligne ; il vaut mieux laiffer long-temps les poiffons
fe mouvoir & s’affoiblir : alors en tirant la ligne
fuivant différentes direétions, & toujours fort doucement
, on parvient quelquefois à les dégager des
herbiers ou des. crônes. Mais fi la chofe ne paroît
pas pofiible, on peut paffer la ligne rdans un anneau
de fer un peu pefant*, & qui foit fermement attaché
à Une forte,lignes En foulevant la ligne qui porte
l’haim, on fait couler l’anneau tout auprès de la tête
du poiffon qui à mordu ; quelquefois même l’anneau
faifit fa tête : alors on tire fur la forte.ligne qui tient
l’anneau, en différens fens ; mais jamais dans la
direâion de la «ligne de pêche. Ce moyen réuflït
afféz ordinairement, & on parvient à dégager un
poiffon qui, fans cela, auroit.été perdu.
Il y: a différentes autres façons de pêcher avec
des lignes fimples, fédentaires ou dormantes, tant
dans les rivières & les étangs, qu’à la mer.
Les bricoles font des lignes fimples plus ou moins
longues, dont on attache un des bouts à un pieu,
& l’autre porte un haim garni de fon appât.
On attache aufli un nombre de’petites lignes à la
circonférence d’un cerceaü;
Ou bien ces lignes font attachées à un plomb qui
refte fixe au fond de l’eau ;
Ou ces lignes font attachées aux branchés d’une
croix de fe r , qu’on defcend au fond de la mer. Les
Provençaux nomment cette pêche la fourquette.
On peut encore attacher ces mêmes lignes au bord
d’un panier qu’on rémplif de pierres , ©t qu’on def-
| cend a une grande profondeur en mer.
La pêche à la petite cabliere çonfifte en une ligne
fimple, dont un bout porte un haim amorcé , &
l’autre un caillou qu’on enfouit dans le fable.
Dans la pêche à la grojfe cabliere, on n’enfouit
, pas la maîtreffe corde dans le fable , mais on attache
i à fes deux bouts deux groffes pierres.
Quand on tend les cordés armées de hameçons
fur des piquets,.on nomme cette façon dépêcher la
■ tente fur pâlots.
On appellera pêcjie au doigt, celle qui fe fait avec
une ligne fimple qu’on tient immédiatement à la
main.
Certains pêcheurs mettent un haim à l’extrémité
d’une ligne , & à l’autre bout ils attachent un morceau
de bois qui flotte fur l’eau, & qu’ils nomment
quille, parce qu’il eft effectivement en cône commq
une quille : on a une cinquantaine de. ces haims
qu’on laiffe flotter au gré du vent & du,courant;
après quoi l’on va avec un batelet chercher les.
quilles qui fervent alors de fignal, & on tire à borçl
celles dont là fituation plus ou moins perpendiculaire
, dénote qu’il y.a un poiffon pris à l’appât.
Les pêches aux cordes, font celtes où la maîtreffe
corde eft chargée de cailloux pour la faire caler à
fond. Mais quand on veut prendre les poiffons qui
quittent le fond & qui s’approchent quelquefois de
la furface de l’eau, on fait flotter les cordes, en y
attachant $ au lieu de cailloux & de cablières, des
corcerons de liège. Cette pêche fe nomme, dans
l’Océan, la bèUc. x
Il eft d’autres pêches dans lefquelles on fe fert de
cordes qui s’étendent, comme en diagonale, depuis
la furface de la mer jufqü’à fon fond. Les empiles, au
lieu de tenir à la maîtreffe corde, n’ont de liaifon
avec elle que par le moyen, foit de morceaux de
bois, foit de cercles de fil d’archal, auxquels elles
font attachées. On diftingue trois de ces fortes de
pêches : la première eft la pêche qu’on nomme traîner
la balle. On y met des morceaux de bois ap-
peliés baluetles, diftribués à plufieurs diftances fur
une maîtreffe corde, & à l’extrémité de chacun def-
quels eft une empile. Tout au bas de la maîtreffe
corde eft un corps pefant, tel qu’un boulet, deftiné
à la tenir toujours tendue. Cette pêche fe fait fous
voile : c’eft pourquoi on la défigne par le terme de
traîner la balle.
La féconde eft lorfque la corde eft terminée par
un plomb qui porte fur le fond. Il n’y a qu’un mor-
.ceau de bois qii’on nomme avalette , & qui eft
placé quatre à cinq poùces au deffus du plomb. On
attache à fon extrémité plufieurs empiles. Cette .
pêche fe fait à l’ancre.
La troifième eft la pêche que les Bafques appellent
le grand couple. Ils attachent à l’extrémité de
leur corde un morceau de fil de fer courbé en arc,
qui porte un plomb ; & aux deux bouts de ce fil de
fer ils mettent plufieurs lignes fines , où font attachés
des haims. Comme on jette à la mer beaucoup
de ces lignes qui font de différentes longueurs ,; il
en réfulte, de même que quand on pêche avec la
balle, qu’il fe préfente des appâts aux poiffons qui
fè trouvent à différentes profondeurs dans l’eau.
Explication des Planches concernant la fabrication
des filets, tome IL
Planche. I. Différentes opérations de la fabrique
des filets de pêche \ de chaffe, &c.
Fig. i de la vignette, pêcheur qui fait un filet.
Fig. 2, pêcheur qui arrête la maille de la lifière.
Fig. 3 , femme qui attache les flottes.
Fig. 4 , aiguille avec fon peloton.
• Fig. ƒ , pelotons de fil ou ficelle.
Fig. 6 , moule.
Fig. 7 , pêcheur qui defcend fon cable ou la corde
à filet dans la chaudière: à goudron.
Fig. 8 y pêcheur qui goudronne fon cable.
Fig. p , chaudière à goudronner fur fon trépied.
Bas de la planche.
Fig. ) i , jaugé des 'maillés du filet , depuis quatre
lignes jufqu’à deux pouces.
Fig. 2, jauge des mailles de la lifière fupérieure
-du filet.
Fig. 3 > aiguille vide.
Fig. 4 , aigullle’chargèe.
Fig, s , 6 & 7 , moules de la maille du filet.
Fig. 8 , moule de la maille de la lifière du filet.
Fig. p, flottes.
Fig. io, gard ou gors.
Fig. i l , guideau.
Fig. 12, gille , .efpèce de filet qui eft comme une
chauffe.
Planche II. Fabrique des filets.
Fig. aiguille fur laquelle on place le fil, pour
après qu’elle, en eft chargée, fervir à lacer le filet. Il
y en a de toutes grandeurs pour fervir aux differens
fils, ficelles ou eprdes dont on compofe les filets.
Fig. 2 , la même aiguille chargée d’un tour de fil.
Fig. j , cifoaux dont les pointes font camufes.
Les figures fuivanusreprêfenunt la manière déformer
les pigeons, levure ou premières mailles d'un, filet.
Fig. 4 , le moule ou cylindre de bois de faule tenu
par le pouce de la main gauche & le premier doigt.
Après avoir fermé un noeud à l’extrémité du f il, &
ravoir paffé par deffous la corde A B , fur laquelle
on ourdit le filet, on ramène le , noeud & le fil fur
le moulé ou ils font retenus par le pouce comme la
figure le reprèfente, & c’eft le premier temps de la
formation du pigeon. ,
Dans les figures fuiv antes, il faut concevoir que ta
main gauche y efi reprèfentée.
Fig. s , le fécond temps de la formation du pigeon.
On rejette le fil en haut & fur la gauche, enforte
qu’il forme une boucle qui entoure le pouce.
Fig. 6, troifième temps de la formation du pigeon.
On paffe l’aiguille par deffous les deux fils gui font
contenus par le pouce, obfervant de la faire fortir
par dedans la boucle formée précédemment.
Fig. 7 , dernier temps de la formation du premier
pigeon. Il çonfifte à tirer le fil pour ferrer le noeud
qui embraffe les deux branches du pigeon.
Fig. 8 , premier temps de la formation du fécond
pigeon. On'a fupprimé l’aiguille placée auprolon-
i. gement du fil E. ^ ,
j Fig. ç , fécond temps de la formation du fécond
pigeon. L’aiguille placée en E a été aufli fupprimée.
Fig. io\ troifième temps de la formation du fécond
pigeon ; l’aiguille eft paffée fous les deux fils
& dans la boucle.
Fig. i i , quatrième temps où le fécond pigeon elt
entièrement formé. ^
Les autres pigeons fe forment de la meme manière.
Fig. 12, quatre pigeons & le commencement d un
cinquième faifant partie de la levure d’un filet.
Ppur faire la levure d’un filet qui étant étendu fe
trouve de la grandeur qu’on le défire, il faut que
la levure foit deux fois aufli longue. Exemple. Vous
voulez que le filet foit long comme depuis A jufqu’à
B , pourfuivez cette façon de mailler jufqu’en C
qui eft le double de la longueur A B , parce que les
n K k k k k ij