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gènes, & laiffe paffer les gouttes de métal dans le
bain qu’il recouvre.
Si la caftine contenoit un acide, outre qu’elle ne
pourroit remplir l’office d’abforbant, elle perver-
tiroit plutôt le métal que de le corriger : on emploie
avec luccès la marne, la craie, les teftacées foffiles,
le gravier de rivière ;,çe dernier eft le plus commode
de tous, parla facilité de s’en procurer & par
fon état de comminution ; car il ne faut pas fe fervir
de caftine dont les morceaux foient en gros volume,
parce que les gros morceaux de caftine contiennent
dans-leur intérieur de l’humidité qui, étant raréfiée
par la chaleur , fait une explosion qui dérange
l ’ordre des charges qui ne peut être trop paifible.
L’argille ou herbue eft une terre onâueufe mêlée
à la terre animale & végétale très - atténuée. Elle
eft charriée par les eaux. On l’emploie pour con-
l'erver & défendre les. parois de la trop grande ardeur
du feu : elle eft fufible, & fe répand fur toute
la furface des parois en forme d’un vernis noirâtre,
ce qui empêche le minerai de s’y attacher ; elle
fournit auffi une portion de phlogiftique.
* Voici l’ordre qu’il faut obferver dans l’admimf-
tration des charges. Lorfque labècaffe ou jauge X X ,
au bas de la planche X de cette feâion, entre de
toute fa longueur , qui eft de trente-fix pouces,
dans le fourneau , on jette trois rafles de charbon ,
enfuite un demi - conge de caftine, & par deffus
deux rafles de charbon , dont la dernière contient
les plus menus, ceux qui ont paffé dans les dents
de la herfe ; on charge en dernier avec les plus
menus pour remplir les vides que les autres charbons
laiffent entre eux : on les arrange de manière
qu’ils forment une furface unie & inclinée du côté
des timpes d’environ trente degrés, ou, ce qui
revient au même , que cette furface des charbons
foit à fleur des taques du côté de la ruftine, qui eft
le côté du gueulard où eft placé l’ou vrie r,.^, i ,
& à fept pouces & demi environ du côté oppofé,
qui eft le côté des timpes. Cette inclinaifon de la
furface des charbons eft néceffaire, parce que la
mine que l’on verfe du côté de la ruftine, fâîfant un
poids confidérable, furbaiffera bientôt cette partie,
& mettra le charbon de niveau ; une pente trop
rapide fait culbuter les charges, toute la mine fe
porte dans l’endroit le plus incliné.
Lorfque la charge eft dreffée, c’eft-à-dire, lorfque
le feu , en confumant les charges précédentes , a
permis à la mine d’abaiffer au niveau les charbons,
on verfe alors le refte de la caftine dans le centre
de la charge ; cette méthode de la mettre en deux
temps, la mêle plus exaftement : on brife enfuite
l’herbue amoncelée de part & d’autre dii gueulard
pour y fécher, & on la fait couler dans le fourneau
du coté de la tuyère & du côté du contre-vent où
le feu eft plus v if ; on verfe enfuite les dix conges
de minerai du côté de la ruftine, c’eft ce que fait
l ’ouvrier fig. i. Pour n’être point trompé dans le
nombre des conges , il faut obliger les chargeurs
d’avoir dans une tuile courbe ou autre ehofe équivaîente,
dix petites pierres, afin qu’ils en déplacent
une pour chaque conge qu’ils verfent dans le fourneau.
11 faut que la mine foit hume&ée de façon à
ne pas mouiller la main , mais affez pour fe fou-
tenir en maflè, ce qui l’empêche de cribler à travers
les charbons.
Pour que chaque charge fe faffe avec toute l’attention
néceffaire , il faut auffi obliger les chargeurs
à les fonner, pour avertir le fondeur ou le garde-
fourneau ; pour cela, à côté de la bune , à un des
murs qu’on appelle batailles , eft fufpendue en
liberté une plaque de fer fondu & un marteau,
avec lequel le chargeur carillonne fur la plaque,
qui tient lieu de cloche ; après le carillon, le chargeur
frappe autant de coups fêparés qu’il convient,
pour faire connoître quelle charge de la tournée,
qui eft compofée de quatre charges, il va mettre
dans le fourneau ; un coup pour la première charge,
deux, trois & quatre coups pour les fuivantes.
Toutes les charges doivent être faites & fe fuccé-
der dans le même ordre : ceux qui font les charges
plus confidérables tombent dans plufieurs inconvé-
niens : i°. il fe fait une plus grande confommation
du charbon : a0, le mélange de beaucoup de matières
eft plus difficile à faire : 30. ils font obligés de laiffer
defcendre le fourneau très-bas, ce qui occafiônne
une diminution confidérable de la chaleur : 40. le
minerai, la caftine font précipités dans' le grand
foyer prefque auffitôt qu’ils font introduits dans le
fourneau, par Conféquent ils y arrivent cruds : 50. le
haut des parois fe brûle bien plus promptement,
au lieu que faifant les charges moins confidérables,
on eft sûr de bien mélanger les matières, de les faire
parvenir au grand foyer très-embrafées, de leur
donner un feu préliminaire qui leurv'vaut en partie
le grillage , de contenir la chaleur, parce que le
fourneau étant prefque toujours plein, elle trouve
plus d’obftacle à fe diffiper, & qu’elle eft mife toute
à profit par la concentration.
Fcg. 1 , chargeur qui verfe un conge de minerai
dans le fourneau. A A A , les batailles ou murs qui
entourent le haut du fourneau. G G , la bune recouverte
de plaques de fer: aux quatre coins de la bune
font quatre piliers qui foutiennent la cheminée : on
a fraàuré le pilier antérieur pour laiffer Voir le
gueulard E , de même que la partie antérieure des
batailles & du toit qui euffent caché la bune &
le chargeur. H S S , couverture de l’hangard fur les
foiifflets. k k 9 couverture des lucarnes par lefquelles
paffent les balanciers e e , qui, au moyen des contre
-poids i i , fervent à relever‘les foufflets, apres
que les cames de l’arbre de la roue à aubes O P ,
les ont abaiffés. Q , empoife & tourillon extérieur
de l’arbre de la roue. T , endroit fous lequel paffe le
courfier du côté d’aval, a b , femelle de la chaife
de rechûte ƒ ƒ c d , &c. fur laquelle les balanciers
retombent, h h , liens qui tiennent la chaife en état.
K K , pont pour communiquer de la halle au charbon
au deffus du fourneaii, fur lequel on arrive pour
charger par le côté dit de rufline.
il
Fig» 2 j chargeur portanfun rafle de charbon.
Bas de la planche. .
Fig. 1, A A , rafle ou van pour porter lé charbon.
A A , poignées. B , plan du même van dont la forme
eft elliptique. .
Fig. 2, conge ou panier pour la caiiine. A A , poignées.
A profil du panier. B , plan du panier.
Fig. 3 , conge ou panier à mine fervant auffi pour
l’herbue. A A , les poignées. A , profil du panier. B ,
plan du panier : tous ces ouvrages font d’ofier &
faits par les vanniers.
P L A N C H E V I I I .
La vignette repréfente l’intérieur de la halle, fur
le moulage & le fourneau du côté des timpes. Plufieurs
ouvriers les uns occupés à faire le moule de la
gueufe, & les autres à en conduire une en dehors,
en la faifant couler fur des rouleaux.
Après que deux chargeurs ont fait chacun une
tournée , compofée de quatre charges, ils en font
une neuvième en commun, pendant laquelle on
prépare le moule de la gueufe : il n’eft à préfent
queftion que de cela ; lès fontes moulées & figurées
feront la matière de la feâion fuivante. Pendant que
les chargeurs font la dernière charge, le garde-fourneau,^.
2, prépare le moule en bêchant le fable fuffi-
famment humeété ; enfuite le fondeur, ƒ#■ . /, fillonne
le fable avec la charrue , qui eft un rable de bois
triangulaire ; il affermit le fable formant les côtés
du moule avec une pelle ronde ; enfuite le fondeur
marque le moule fur un des côtés, avec deux outils
que l’on voit au bas dé la planche, pour y imprimer
les chiffres ,-dont on parlera plus bas, qui font
connoître le nombre des coulées d’un fondage , 8c
fervent à régler le compte du fermier des droits fur
le fer. •
Le moule IL qui eft tracé dans le fable, doit être
tracé en ligne droite pour que les jgueufes puiffent
séntaffer facilement; les deux plans qui le forment, &
entre lefquels le fer prend la forme d’un prifme triangulaire
, doivent faire enfemble un angle d’environ
75 degrés, dont le fommet foit émouffé, afin qu’elle
ait une forme convenable pour l’affinerie, dont
on parlera dans la feâion de la forge.
La qualité du fable pour faire le moule de la
gueufe , n’eft point une chofe. indifférente ; les
fables quartzeux n’y font point propres, ils aigrif-
fent le fer dans le travail de Taffiilerie; les fables
chargés de trop de parties terreufes s’ameubliffent
mal, la terre fe durcit en fe collant à la fonte1, ,&
Augmente le poids fur lequel le fermier perçoit le
droit domanial : le menus graviers de rivière pafles
à la claie font ce qu’il y a de mieux; ils donnent un
laitier doux à l’affinerie qui épure le fer.1
La préparation du fable du moule, confiftè à
l’hume&er également pour qu’il fe foutienne dans
la forme qu’on lui donne; les ouvriers doivent être
attentifs à ce qu’il ne féjourne point d’eau dans
quelque partie du moule, car il en réfulteroît une
explofion qui feroit éclater la fonte ^ mettroit leur
vie en danger, & occafionneroit.la perte d’une infinité
de grenailles, & un déchet confidérable , à
caufe de la quantité de matières étrangères qui font
confondues en maffes informes avec la fonte, maffes
qu’on ne peut brûler à l’affinerie qu’à grands frais.
I L , le moule de la gueufe. I,' la coulée bouchée par
de l’herbue. F , la dame par deffus laquelle coule le
laitier. D , la timpe de fer qu’on ne devrbit pas voir,
étant cachée ainfi que l’ouverture au deffus de la
dame, par des frazins qui ferment cette partie, ainfi
qu’il a été dit ci-devant. C C , extrémité extérieure
des coftières. M , le taqueret. B B , les maraftres qui
foutiennent l’arrière-vouffure du fourneau au deffus
des timpes ou du moulage : on verra dans la planché
fuivante , Tes orifices, dès canaux expiratoires par
lefquels les vapeurs humides du moïè du fourneau
s’exhalent, 8c qu’on aurait dû repréfenterdans cette
planche. Z , contrefort qui foutient le mole du fourneau
en arcboutant contre le pilier de coeur, qui
fépare la face du fourneau où font les timpes de
celle où eft la tuyère, Z Z , autre contrefort buttant
contre le mole du fourneau, à l’angle de la face des
timpes1 8c du contre-vént. R , foüfflet du côté de la
ruftine; il eft élevé. R , autre foüfflet du côté du
pilier de coeur ; il eft abaiflé : les contre-poids qui
leur répondent, que l’on voit dans la planche précédente
& dans la dernière de cette le&ion, font
dans la fituation contraire : on voit près dés murs
du fourneau les différens ringards & outils dont les
ouvriers font üfàgé : on en parlera dans la fuite.
■ Fig. 4 , ouvrier qui, avec un levier ou le barre-
croche J embarré dans les trous d’un rouleau pour
le faire tourner , & aider un autre ouvrier à mettre'
dehors la gueufe y / , provenant de la coulée précédente.
Fig. ƒ , ouvrier aidant au précédent à fortir la
gueufe.
Bas de la planche,
Fig. 1, charrùe fervant au fondeur, ƒ£•. / de la
vignette, pour tracer le fillon dans lequel on coule
la gueufe ; l’aiigle S émouffé eft de foixante 8c
quinze degrés.
Fig. 2, bêche fervant à ameublir & planir le fable
des deux côtés du moule, que l’ouvrier {fig, 2)
commence en jettant alternativement de côté &
d autre une pellerée ;de fable.
Fig. 3 , baguette de fer ronde dont l’extrémité inférieure
eft à deux arêtes faillantes , fervant au
fondent à imprimer dans un des côtés du moule,
les chiffres 8c parties de chiffrés formés par des lignes
droites.
Fig. 4 , antre baguette de fer ronde, dont l’extrémité
inférieure à deux arêtes faillantes, eft ployée
en demi-cercle, pour imprimer dans le fable les ca-
- raâères qui repréfentent lès cent & les cinquante ;
célle-ci eft tournée du côté,qui doit s’appliquer au
Tablé poiff'former la place d’un cent.
Fig. 3 , le même outil tourné du côté où il'