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tuiles des deux côtés du toit qui fe'réuniffent vers | cette partie, ne fc joignent jamais a fiez exactement
pour garantir le faîte & la tète des chevrons des eaux
de la pluie; c’eft pour cette raifon qu’on couvre
cctts partie avec des tuiles creufes ,■ qu on nomme
des faîtières ou enfaîteaux ; elles ont ordinairement
quatorze pouces de longueur, & aflez de largeur
pour former un recouvrement de quatre pouces fur
les tuiles. On pofe ces faîtières à fec dans toute la
longueur du bâtiment, de façon qu’elles fe touchent i
le plus exactement qu’il eftpoffible, & qu’elles forment
une file bien alignée ; pour y parvenir, on
les change de bout, & même de place, afin de
mettre à côté les unes des autres celles , qui s’accordent
le mieux; enfuite on les borde dans toute
la longueur du bâtiment avec un filet de mortier
ou de plâtre , &c. & on couvre aufli de la même
façon tous les joints. Voye^ Jig. 16 , pl. I l du Cou- ,
yreur. , ■
Au haut des croupes, l’aiguille ou poinçon excede
le toit de huit à neuf pouces ; & comme cette partie
ne peut être couverte par les faîtières, quelques-
uns la couvrent avec un petit amortiffement de
plomb; d’autres avec des pots de terre qu’on fait
pour cet ufage ; mais le plus ordinairement on en ,
recouvre les faces avec des ardoifes, & on attache
au-deflùs une ardoife qui excède tout le pourtour
d’un bon pouce,
Manière de couvrir les tours rondes & les colombiers.-'
On latte les tours rondes comme les toits plats.,
excepté qu’on choifit dans les bottes de lattes celles
qui font un peu cintrées fur le champ ; & quand
on n’en trouvé pas de.cette.forme, on fe fort de
lattes quarrées qui font allez pliantes pour fe prêter
au. contour qu’on veut leur faire prendre; Car,
comme en roulant fur un coji'e une règle un peu
large, le bord inférieur enveloppe une plus grande
circonférence que le bord fupèrieur, les bouts de
cette, règle doivent s’élever , & c’eft ce" qu’il faut
éviter en ce cas-ci, & faire enforte que toutes les
lattes foient dans leur longueur parallèles à l’entablement.
Mais , comme nous l’avons déjà dit, en
forçant la latte, on l’oblige de-prendre un contour
convenable. On ne peut fe difpenfer, pour ces
fortes de couvertures, d’employer de la tuile gi-
ronnée, c’eft-à-dire, des miles qui font plus étroites
par en haut que par en bas. Quand on s apperçoit
que vers la pointe du cône les miles ordinaires font
trop larges par le haut, & que les joints deviennent
obbques, on mêle quelques miles gironnées ; mais
jl faut en employer en plus- grande quantité, à
mefure qu’on approche plus de la pointe du cône ;
de forte que quand on eft parvenu à trois ou quatre
pieds au deflous de la pointe, non-feulement on
n’emploie plus que de la tuile gironnée, mais fou-
vent on eft obligé d’en diminuer encore la largeur
de la tête : enfin on termine cet ouvrage de la même
manière que les groupes, en couvrant l’aiguille avec
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lift petit amortiffement de plomb, ou de poterie, ou
avec des ardoifes. Voye% fig. 19, pl. IL
Manière de couvrir les murailles avec des tuiles & des
enfaîteaux.
Excepté les tablettes de pierre de taille, îl n’y a
point de meilleure‘couverture pour les murailles ,
plus propre ni plus durable, que celle que l’on fait
avec des tuiles & des enfaîteaux ou faîtières. Ces
couvertures fe font précifément comme les égouts
retrouffès ; on commence par affeoir fur du mortier
ou fur du plâtre un doublis & un fous-doublis ;
puis on poie encore en mortier ou en plâtre des
tuiles à recouvrement, ce qui forme des pureaux
de trois à quatre pouces ; & ce petit toit en recouvert
par des faîtières qu’on joint & qu’on borde de
la même manière que celles des faîtes des bâtimens ;
on met plus ou moins de rangs de tuiles, fuivant
que la muraille eft plus ou moins épaiffe. Voye^
fig. 20, pl. IL
Des mortiers ou plâtres
La folidité des couvertures dépend beaucoup de
la bonté des mortiers ou des plâtres que l’on y emploie
: cette qualité vient de la façon de les faire,
& des matières dont on les compote.
i°. Il ne faut point que le plâtre foit noyé : un
plâtre qui a été gâché trop mou, ne durcit jamais
parfaitement ; d’ailleurs, il y a certains plâtres qui
font beaucoup' meilleurs que d’autres.
a0.-Pour ce qui eft des mortiers dé chaux, il faut,
fi la chaux eft nouvellement éteinte, n’y point ajouter
d’eau ; & fi la chaux étOit vieille éteinte & trop
dure , on doit la mettre dans un baflin de fable ou
de ciment, & la bien délayer avec un peu d’eau ,
avant d’y mêler, le fable; car c’eft une‘ règle générale,
que pour faire de bon mortier , il ne faut
jamais ajouter d’eau quand une fois on a mêlé le
fable ou le ciment avec la chaux; & fi le mortier
paroît trop dur, il n’y . a qu’à le bouler à force de
bras avec le rabot; il deviendr’a par cette opération
affez mou pour, être employé avec utilité, &
il n’en fera que plus. folide.
30. L’ufage ordinaire , pour faire de bon mortier,'
eft de mêler deux parties de fable ou de .ciment avec
une partie de chaux, c’eft-à-dire , un tiers de chaux
& deux tiers de fable.
40. On fait ce mortier , foit avec du ciment, foit
avec du fable ; l’une ou l’autre de ces pratiques
11’eft préférée qu’à raifon des lieux où l’une de ces
deux matières fe trouve être la plus convenable à
cet ufage ; car dans les endroits ou le fable eft bien
le c , & la tuile tendre, le fable eft préféré au ciment ;
ailleurs où l’on ne trouve que du fable très-fin ou
terreux, & où la tuile eft dure & bien cuite , c’eft
le ciment qui mérite la préférence. En général, le
défaut du mortier bien fait avec de bon ciment, eft
qu’il fe gerce , & qu’il fe détache des enfaîteaux &
de la tuile par copeaux très-durs -; il faut en ce cas
, faire ce mortier avec moitié fable & moitié ciment.
Couverture
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Couverture en ardoife.
Si l’on excepte les couvertures en plomb & en .
cuivre qui ne font point du reffort des couvreurs, ,
les plus belles & les meilleures couvertures font, I
fans contredit, celles qui fe font en ardoife. Elles !
forment un plan très-uni; quand elles font bun
exécutées, elles font impénétrables a la pluie , & |
elles durent long-temps : elles ont encore l’avantage
de ne point charger les charpentes ; leur foui inconvénient
eft que les grands vents les foulevent quelquefois,
& même qu’ils les emportent, fur-tout
quand on emploie de l’ardoife trop mince , ou de
mauvaife qualité ; car il y en a telle qui s attendrit
i à la pluie, & qui pourrit fur les bâtimens. L ardoife
I s’éclate fort aifément au feu ; ce qui les rend d’un
mauvais fervice dans les incendies ; & le vent
; emportant au loin leurs éclats emflammes , peut I
alors caufer beaucoup de ravage. Cela a été la raifon
qui a fait défendre cette efpèce de couverture
dans plufieurs villes d’Allemagne. ■
Quoique les ardoifes aient été taillées fur les
chantiers des carrières , il faut cependant que le
couvreur, avant de les monter fur un batiment,
les repaffe toutes les unes après les autres, pour
leur donner une forme plus régulière.
Quand on couvre en ardoife un bâtiment de peu
de conféquence, tel qu’une ferme , une maifon de
payfan , ce qui eft commun dans le voifinage des
carrières d’ardoifos, on’fait les égouts comme ceux
de mile. On doit obferver que les deux ardoifes de
l’égoût qui font le doublis & le fous-doublis , doivent
être pofées, les deux chanfreins en dehors &
non en dedans.
Pour faire les égoûts pendans à coyaux , on
attache fur les chevrons des bouts de- chevrons de
deux pieds & demi, ou trois pieds de longueur ;
on les fait excéder plus ou moins le v if du mur , &
ils font terminés par un larmier. Chaque coyau eft
attaché fur un chevron par trois forts clous ; on
doue fur le bout des coyaux la chanlatte qui ne
doit point les excéder : on cloue fur la chanlatte le
doublis & le fous-doublis fans pureau, & qui doi-
.vent faire faillie fur la chanlatte de trois ou quatre
pouces ; enfuite on pofe les ardoifes fuivant leur
pureau, & elles font retenues chacune par deux
ou trois clous.
Pour faire les égoûts retrouffès, on pofe fur l’entablement
, qui a deux pouces de faillie fur le vif
du mur, ou davantage quand on forme une corniche,
on pofe , dis-je, lur cet entablement, avec
mortier ou plâtre, un rang de tuiles , auquel on
donne trois pouces de faillie au-delà de l’entablement
Ou de la corniche ; fous, ce rang de tuiles qui
forme le fous - doublis , on pofe également avec
mortier ou plâtre, un fécond rang de tuiles, auquel
on donne trois ou quatre pouces de faillie au-delà
du premier rang, ce qui forme le doublis ; on pofe
encore à mortier un rang d’ardoife qui arrafo ce
doublis ; enfuite on cloue fur la latte qui eft portée
Arts & Métiers, Tome IL Partie L
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par les petits coyaux, ou fur un filet de plâtre a fiez
épais pour gagner la pente du toit ou la hauteur de
l’arroncliffement de 'l’égoût ; on cloue , dis-je , es
ardoifes auxquelles on donne leur pureau.
Quand on ne fait pas l’entablement en {nerre de
taille ou en plâtre , -par défaut de ces matières, on
y fupplée avec des briques , ce qui vaut encore
mieux que le plâtre ; & on peut faire aboutir le
premier rang d’ardoifes fur le bord du doublis.
Du couvert.
Quand les égoûts font formés , on pofe toutes
les ardoifes du couvert, en confervant bien régulièrement
le même pureau ; & afin qu elles le joignent
plus exa&ement, on met toujours en deflus
Fa face de. l’ardoife où la coupe eft en chanfrein &
égrignotée ; on les attache à la latte avec deux ou
: trois Clous, dont les têtes doivent être recouvertes
par les ardoifes fupérieures. Pour que les files d ardoifes
foit régulièrement droites, on fait a chaque
rang un trait avec un cordeau pour marquer 1 endroit
où les ardoifes doivent aboutir ; & quand U
fait trqp de vent, on trace avec une réglé un trait
blanc, & on arrange les ardoifes.
Quand un toit eft plus large à un bout quà
l’autre on forme des accoinçons qui fe terminent
à l’égoût , & enfuite on Conduit tous les autres
rangs d’ardoifo parallèlement au faîte.
Des nrrêtiers.
Après que le plein toit a été couvert , 011 travaille
à couvrir les arrêtiers & les contte-arretiers.
Pour cela, on forme des approches & des contre-
approches , comme nous l’avons déjà dit en parlant
de la couverture en tuiles ; mais comme on
peut tailler aifément & proprement 1 ardoife , on
les rogne parle bas , pour que les files dardoiles
puiffent tomber carrément fur l’arrêtier , au lien
qu’à l’arrêtier en tuiles on fait un petit arrondifie-
ment. Outre ce la , on fait enforte que les ardoifes
des deux côtés de l’arrêtier fe touchent aflez exactement
pour que l’eau n’y puiffe pas pénétrer, oc
fans qu’on foit obligé d’y mettre du plomb ni du
plâtre ; & pour le rendre encore moins penetrable
à l’eau le couvreur a foin que la file d ardoifes qui
borde l’arrêtier du côté où le vent fouille le plus ,
foit un peu plus élevée que l’autre- ; cependant il
met prefoue toujours au bas de l’arretier une petite
bavette de plomb taillée en oreille de chat , a
laquelle il donne un peu plus de faillie qu a 1 ardoife
, & il fait un ourlet au bord de cette bavette.
Des faîtes.
On couvre ordinairement les ardoifes elonres
fur le faîte avec des bandes de plomb de dix-huit
pouces de largeur, qu’on retient avec des crochets
qui faififfent les bords , & qui font cloues fur le
faîte ; mais en plufieurs endroits ; on couvre les
faîtes tout-à-fait en ardoife , o u , comme Ion d it,
| en lignolet, .