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on del’adoucirpar recuits; quelqu’adoticie qu’elle
fu t, dès qu’elle auroit été rendue coulante, elle
auroit repris fa première dureté. La phyfique de
ces phénomènes ne fauroit manquer d’être intéref-
fante ; mais elle ne peut être bien expliquée que
par les expériences qui feront la matière des articles
fuivans.
Quoique les fontes blanches de plufieurs fufions
fondues dans la même compofition d’où les fontes
grifes fortent douces, en fortifient dures, je ne
me fuis pas cru difpenfé de tenter de les fondre
dans des compofitions même qui ne font pas favorables
aux autres. Il n’étoit pas prouvé que leur
différente tiflùre ne demandât pas d’autres mélanges
; mais toutes ces tentatives ont été inutiles : en
voici les principales. i°. Elles ont été fondues dans
deux parties de fuie, une de charbon, 8c une de
fel marin, & font reftées blanches, coulées après
une demi-heure 8c une heure*de feu. 2,0. Notre
fonte blanche adoucie a été fondue dans os 8c
charbon. On y a jeté du fel de foude à trois différentes
reprîtes ; elle eft toujours venue blanche.
30. Elle a été fondue étant très-adoucie avec de
la fuie. 40. Elle a été fondue dans du charbon de
corne ; elle eft fortie dure & blanche de ces deux
creufets. 50. La même fonte a été fondue avec un
mélange de poudre d’os & de charbon , auquel
j’avois fait ajouter du fublimé corrofif. J’avois lieu
d’attendre que cette dernière matière opéreroit
quelque chofe. .La fonte eft cependant reftée très-
dure après la fufion.
Nous ajouterons encore une remarque fur le
caraétère des fontes blanches, c’eft que celles de
plufieurs fufions font certainement plus aifées à
Fondre que les fontes grifes. Il ne nous a pas été
f i aifé de démêler f i les fontes naturellement blanches
le font de même : mais l’analogie conduit à
le penfer. Cette obfervation rend raiion d’un phénomène
qui m’a quelquefois dérouté : quand on
tient de la fonte en fufion, s’il y en a qui doive
fortir douce , c’eft celle qu’on en tire la première ;
puifque nous avons fait remarquer que le feu continué
lui ôte fa difpofition à être douce. Cependant
dans quelques circonftances il m’eft arrivé,
tout au contraire, de tirer d’un creufet de la fonte
blanche & dure, & un quart d’heure après, d’en
tirer du même creufet de la grife 8c douce.
Ceci ne m’eft arrivé que dans des temps où je
ne favois pas affez le choix qu’il falloit faire des
fontes , & dans des cas où j’en avois jeté dans le
- creufet des morceaux de différentes qualités. La
fonte blanche fondue la première en fortoit blanche
& dure ; & ce qui reftoit à fondre dans le
creufet, qui étoit la -fonte grife , m’en donnoit
enfuite de douce. Aufli depuis que j’ai été mieux
.inftruit, ayant mis dans un creufet, 8c avec con-
noiffance , de la fonte grife & de la fonte blanche
, j’ai d’abord tiré de la fonte blanche, & en-
fuite de la fonte grife : celle qui a coulé d’abord eft fortie avant que l’autre fut en fufion. Autre-
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fois cela na’étoit arrivé' dans une fnême circont
tance plus embarraffante, fur le même morceau
de marmite ; mais j’ai obfervé dans la fuite que
cette marmite étoit partie grife & partfe blanche,
& apparemment que le morceau jetéy dans le creufet
étoit de cette qualité.
12°. Que les fontes coulées douces félon les procédés
des articles précédens, ont quelquefois le défaut
d'être trop grifes : moyen de corriger ce défaut, 6*
de leur donner la couleur des ouvrages de fer les
plus blancs.
Nous avons commencé par chercher à conferver
aux fontes , pendant une fécondé fufion , la douceur
qu’elles avoient naturellement , ou celle
qu’elles avoient acquife dans les recuits. Les articles
précédens en ont donné les moyens ; c’eft
déjà beaucoup : mais il reftoit encore quelque chofe
à trouver. Les fontes qui font grifes naturellement,
pechent par leur couleur : il eft vrai qu’apres avoir
été refondues , elles ne font ni aufli grifes ni aufli
ternes qu’elles l’étoient en fortant du fourneau}
elles font même d’une meilleure tiflùre, plus égale,
mieux grainée. Mais il y a des fontes, & de très- -
bonne qualité, q u i, quoique refondues , relient
beaucoup trop grifes. Ce qui reftoit à trouver etoit
donc le moyen de couler des fontes de telle qualité
, que les ouvrages , en fortant du moule, euf-
fent non-feulement la douceur de ceux qui ont
été bien adoucis, mais qu’ils puflent aufli prendre
à peu près la même couleur 8c le même poli lorf-
qu’ils auroient été travaillés. Pour y parvenir, il
a fallu encore tenter différentes manières de faire
ufage des foufres 6c des fels : on les voit xeparoître
bien fouvent ; mais puifque la nature les fait entrer
dans la compofition des métaux, nous ne pouvons
imiter fes procédés, qu’en tâchant de les employer
comme elle le fait pour varier leurs propriétés.
La méthode par où je devois commencer m’a
paru être de tenir en fufion de la fonte naturellement
douce, ou douce par art, au milieu de notre
poudre compofée d’os & de charbon ; de tirer de
ce creufet un peu de cettè fonte liquide qui feroit
un échantillon par où je jugerois à quel point celle
qui étoit reftée dans le creufet étoit douce 8c grife;
que je devois enfuite jeter quelqu’ingrédient dans
le creufet, d’où retirant de la fonte quelque temps-
après , je me trouverois en état de voir.fi cet ingrédient
y auroit produit quelque changement , par
la comparaifon que j’en ferois avec l’échantillon
qui auroit été tiré d’abord. J’ai cru aufli qu’il falloit
retirer de la fonte de ce creufet à différentes repri-
fe s , pour s’aflùrer fi cet ingrédient ne produiroit
pas, dans un temps plus long , un effet qu’il n’au-
roit pas produit dans un pflus court. C’eft là le detail
de la manoeuvre que j’ai pratiquée dans toutes
les expériences fuivantes. i°. Du falpêtre jeté dans
le creufet où la fonte étoit en fufion , n’y a produit
aucun changement fenfible ; elle eft reftée douce
8c grife, autant que celle de l’échantillon. 20. P®
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fel de foude n’y a rien opéré de plus ; mais ce qui
eft à remarquer , c’eft que le falpêtre qui épaiflit
fi fubitement la fonte liquide lorfqu’il a été jeté
fur cette fonte feule, ne lui a ici rien fait perdre
de fa fluidité ; il a pourtant fufé à l’ordinaire. Le
fel de foude a ©ccafionné divers jets de flamme.
Ici le charbon mêlé avec la poudre d’os , a fourni
à toutes ces flammes ; elles n’ont point confumé
la partie huileufe du fer; il y en avoit de plus à
portée. La. fonte n’a donc dû rien perdre de fa
fluidité, fi elle la tient de fa partie huileufe. 30. Le
fel marin a produit un peu plus de changement.
J’ai jeté de ce fe l , & de même de tous les autres,
à différentes reprifes ; la fonte qui avoit été tirée
du creufet après que la première dofe de fel y a été
jetée, avoit la couleur grife de celle de l’échantil-.
Ion. Mais celle qui a été tirée après une fécondé
dofe de fe l , quoique grife & limable, a paru plus
brillante dans les endroits limés, que ne l’eft la
fonte qui a le même gris. Peut-être aufli étoit-elle
plus dure.
Le fel marin m’a fait ici voir un phénomène nouveau.
Il eft forti plus de flammes , & des flammes
plus confidérables, du creufet où il a été jeté,
qu’il n’en eft forti de celui ©ù le fel de foude a .
été jeté. Il femble que le fel marin ait donné occa-
fion au charbon de s’enflammer ; car ce fel n’a rien
fait de pareil lorfqu’il a été je té , dans une autre
expérience, fur la fonte qui étoit en fufion, fans
être environnée de poudre de charbon 8c d’os. Les
fels fixes ne feroient pas aufli peu propres à exciter
l’inflammabilité qu’on l’a penfé, & peut-être 11’y a-t-il
pas aufli loin qu’on fe l’imagine, du fel marin au
falpêtre : une autre expérience dont il n’eft pas temps
de parler, femble le prouver ; 8c les deux enfem-
ble invitent à en faire d’autres fur cette matière.
Le fel marin, jeté dans le creufet où la fonte eft
feule, répand d’épaiffes vapeurs ; ne font-ce point
ces vapeurs qui enlèvent & mettent en mouvement
l’huile du charbon, & qui lui donnent occafion de
s’enflammer ?
Quoique les expériences que, nous parcourons
euffent été principalement faites dans la vue de
découvrir des moyens d’avoir de la fonte douce
8c de meilleure qualité que ne le font les fontes
grifes ordinaires , je les avois en même temps regardées
comme propres à nous donner des éclair-
ciffemens fur la nature de tout fer fondu ou autre ;
depuis long-temps j’avois eu envie de pouvoir tenir
en fufion à mon gré des fontes douces. Nous avons
attribué la dureté de la fonte du fer 8c de l’acier
aux foufres & aux fels indiftin&ement. Nous euf-
fions bien voulu pouvoir faire le partage ; il m’a
femblé que nous Je pourrions , dès que nous aurions
en fufion des fontes de la douceur defquelles
nous ferions certains.
Sur environ une ou deux livres de fonte grife I
en fufion, je jetai du foufre commun en poudre ,
plein une petite cuiller à café. Un inftant après, 4P retirai du çreufct de cette même fonte ; .je la vis
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blanche, 8c aufli dure qu’aucurie fonte que j aie
jamais eflayée; cependant elle étoit extrêmement
grife un moment avant que le foufre y eût 6Cé jeté.
On connoît la compofition du foufre commus 9
aufli bien que celle d’aucun minéral ; on fait du
moins qu’il eft un mixte dont la partie inflammable
, le vrai foufre, n’eft qu’une très-petite portion
; un acide de la nature de celui du vitriol
domine dans ce mixte. Il s’agit de favoir fi c’eft
par fa partie inflammable qu’il a endurci fi promptement
notre fonte , ou fi c’eft par fa partie faline
Ou fi c’eft par les deux enfejmble : 8c cette queftioit
devenoit facile à décider ; car fi U matière inflammable,
comme inflammable, donne de la dureté
à notre fonte, fi l’endurciflement n’eft pas opéré
par un acide analogue à l’acide, vitriolique , du.
fuif ou de l’huile jetés fur la fonte douce ne manqueront
pas de l’endurcir. Sur de la fonte grife &
douce, je jetai donc à differentes fois du fuif, &
en quantité affez confidérable : ce fuif brûla fur la
fonte fans la rendre ni plus blanche ni plus grife.
J’éprouvai enfuite l’huile d’olives, comme j’avoia
éprouvé le foufre 8c le fuif : cette huile laifla la
fonte aufli douce qu’elle l’étoit. Je jetai du favon
fur de la même fonte ; nous avons yii ci-devant
que le fel de foude n’a produit aucun effet en pareille
circonftance pour l’endurciflement de la fon->
te ; l’huile n’en a produit aucun, feule : le mélange
de ces deux matières n’a pas plus opéré.
Il femble donc éyident que le foufre commun
n’endurcit fi confidérablement 8c fi promptement
la fonte que par le moyen de fon acide, ou an
moins à l’aide de fon acide ; on auroit pu le démontrer
en compofant une efpèce de foufre commun,
avec l’huile ou la graiffe , 8c l’acide du foufr©
ordinaire, par les procédés enfeignés par MM. Stahl
8c Geoffroy , 8c jetant ae ce foufre fur la fonte en
fufion ; il n’y a point lieu de douter que le foufre
fa&ice , dont la partie huileufe n’étoit pas capable
d’endurcir la fonte, ne l’eût cependant endurcie*
Mais une autre expérience plus fimple épargne
l’appareil de celle-ci : on fait que l’aride du foufre
8c celui du vitriol font les mêmes, mais engagés
dans différentes matrices ; on doit donc attendre
du vitriol le même effet que du foufre commun ,
par rapport à l’endurciflement de notre fonte, fi
cet endurciffement eft opéré par l’acide. J’aurois
toujours jeté du vitriol fur la fonte en fufion ; mais
ici je l’y jette dans le deffein de confirmer les rai-
fonnemens précédens : j’en jetai donc peu , 8c ce
peu fut fuffiiant pour donner à cette fonte grife 8c
douce la dureté oc la blancheur que le foufre avoit
données à l’autre.
On retrouve encore dans l’alun le même acide
que dans le vitriol 8c le foufre ; pour parfaite confirmation
de l’effet de cet acide , l’alun devoit donc ,
comme le v itriol, donner fubitement de la blancheur
8c de la dureté à notre fonte grife : c’eft'
aufli ce qu’il a fait. Il eft donc clair que l’acid©
yitriolique double la blancheur 8c la dureté au fe»
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