
forment une efpèce de demi-cercle en dedans ; la
face de defliis ce tas eft garnie de plufieurs fentes
faites dans le large de cette face, les unes un peu
plus larges 8c profondes que les autres. Les ferblantiers
s’en fervent pour faire le rebord ou ourlet
des entonnoirs & autres ouvrages.
T ectum de suif ; c’eft une couche épaîfle de
fuif brûlé, dont on enveloppe l’étain qu’on veut
mettre en fufion.
T rousse ; on défigne fous ce nom une certaine
quantité de femelles, autrement de feuilles de fer
battu pliées en deux.
FILETS, HAIMS ET HAMEÇONS.
( Art de la fabrication des )
S a NS vouloir traiter des pêches, qui n’appartiennent
point à ce Di&ionnaire, nous avons cru devoir
raffembier, fous un même point de vu e , ce
qui concerne la fabrication & conftru&ion des filets,
haims 8c hameçons. Pour remplir cet objet, nous
avons dû principalement confulter l’excellent Mémoire
de M. Duhamel, indépendamment de l’Encyclopédie
& d’autres ouvrages.
Ce favant académicien dit, qu’il eft naturel de
croire que ceux qui habitent les bords des rivières
& de la mer, appercevant un nombre de poiflbns
raflemblés en un endroit, ont eflayé de les couvrir
avec des paniers, pour les empêcher de fe difperfer;
ou bien ils ont eflayé de paflfer ces paniers en def-
fous, afin d’enlever les poiflbns hors de l’eau ; ou
encore, ils ont tenté de les renfermer par des toiles
ou d’autres tiflus équivalens, pour les tirer à terre.
Il paroît aflez probable que ces induftries, fort
groflières dans leur origine, & qui fe préfentent
aflez naturellement à l’efprit, ont pu faire naître
l’idée des différentes efpèces de filetsqu’on emploie
pour la pêche : car on fe fera bientôt apperçu que
l’eau panant difficilement par des tiflus ferrés, il
falloit en avoir d’autres plus lâches, 8c dont les
fils fuflent plus ou moins écartés : cette idée a dû
conduire à celle des filets. Une fois que les rets ont
été imaginés, on en a fait de formes bien diffé^
rentes.
De la fabrication des filets.
Quoiqu’on fafte certains filets avec des fils très-
fins , on n’y emploie prefque jamais des fils fimples :
pour que ces filets fe foutiennent 8c qu’ils durent,
ils doivent être faits avec du fil retors. Il faut donç
que les fileufes achètent de bonne filafîe, bien fine,
bien épurée de chenevottes, qui foit forte, bien
mûre, 8c point trop rouie : elles doivent la filer de
différentes grofleurs, fuivant l’efpèce de filet qu’on
fe propofe de faire. Que la filafle foit filée au fu-
feau, ou au rouet, il n’importe, pourvu que le fil
foit bien uni, 8c fufîifamment tors , fans l’être trop ;
car un fil trop tors n’a prefque pas de force. Ce
font aufli les femmes qui retordent 8c doublent
le fil qui doit être employé pourli orps du filet.
Mais les pêcheurs ont befoin de lignes, ou petites
cordes de huit pouces -, ou d’un pied de longueur
au plus, pour lefquelles le fil doit être retors en
quatre. Ces petites ficelles, que fur plufieurs côtes
les pêcheurs nomment ainards, leur fervent à attacher
la tête du filet fur une corde qui forme une
bordure , o u , en terme de marine , une ralingue.
Les faines 8c les manets en ont fur-tout befoin.
Ce font ordinairement les hommes qui font ces
ainards , avec une efpèce de rouet, qui eft formé
par une roue fixée folidement 8c horizontalement
dans un mur par un fort étrier de fer. Une petite
manivelle fert à faire tourner cette roue, dont la
circonférence eft enveloppée de deux cordes : chacune
fait tourner une molette ; on attache au crochet
de chaque molette un fil retors; 8c les deux fils
s’uniflent à un crochet qui tient à un plomb. A
mefure qu’on tord les fils, ils fe roulent l’un fur
l’autre, 8c le plomb monte proportionnellement.
Il n’eft pas hors de propos de faire remarquer
qu’il y a une grande différence entre les fils Amplement
doublés 8c retors par les femmes, 8c ceux
qui font commis par, l’homme. Les femmes roulent
l’un fur l’autre les deux fils qu’elles ont foin
de tenir mouillés, les deux pelottes étant dans
un vafe rempli d’eau. Ces deux nls venant-à fe defle-
cher dans cette pofition, reftent un peu adhérens
entre eux, quoiqu’il n’y ait point de force exprefle
qui les engage à.fe rouler l’un fur l’autre.
Il n’en eft pas de même des fils que commet
l’homme. Comme il imprime un tortillement à
chaque fil, ils font effort pour fe détordre : en con-
féquence ils fe roulent l’un fur l’autre; 8c il faut
une force plus confidérable pour défunir ces fils
commis, que ceux qui ont été/împlement retors.
Les pêcheurs ont encore befoin de ganfe fine,
qu’on nomme , fur la côte de Normandie, varretée,
pour joindre enfemble plufieurs pièces de rets qui
doivent former, par leur réunion, une pièce complète
de faine ou de manet. Mais ils n’ont pas
coutume de les faire ; ils les achètent des cor-
diers.
Il faut donc que ceux qui veulent faire des filets \
foient pourvus de fils retors de différentes grofleurs,
ainfi
ainfi que de plufieurs fortes de lignes ou ficelles ; il
leur faut de plus quelques outils : nous en parlerons
dans un inftant.
De 'M meilleure manière de confiater la grandeur des
mailles.
Les filets ne doivent pas avoir tous une même
grandeur de maille. Qn a même jugé qu’il étoit
important à la confervation du poiflon qui peuple
la mer, de fixer l’ouverture des mailles que de-
voit avoir chaque efpèce de filet. Il n’eft pas aifé
de mefurer exactement en pouces 8c lignes l’ouverture
des mailles : aufli les pêcheurs ne fuivent-
ils pas cette méthode. Ceux des ports du Ponant
comptent combien il y a de noeuds au pied, ou
à la brafle : 8c ceux de la Méditerranée difent qu’il
y a tant d'ourdres au pan ou à la brafle ; ce qui
revient au même. La différence confifte dans la
diverfité des mefures 8c des expreflions. Dans les
ports de l’Océan , le pied eft de douze pouces, 8c la
brajfe eft de cinq pieds. Dans les ports de la Méditerranée
, le pan eft de neuf pouces , 8c la brajfe de
fept pans 8c demi. Ainfi, par exemple , un filet de
huit ourdres au pan, eft celui dont huit noeuds font
la longueur d’un pan, ou de neuf pouces.
Cette façon de mefurer la grandeur des mailles
par le nombre des noeuds ou ourdres, eft commode
; mais elle n’eft pas sûre : car, en fuppofant
que la grandeur foit telle qu’on l’exige au fortir
dès mains de l’ouvrier, elle change confidérable-
ment lorfque le filet a fervi, ou même quand il
fort de la teinture ou du tan : les ffis fe détordent,
ils fe crifpent, ils augmentent de grofleur ; ce qui
diminue confidérablement l’ouverture des mailles.
Cette réflexion a fait propofer d’établir la grandeur
des mailles fur le diamètre des moules qui fervent ,
à les travailler. On verra, dans la fuite, que les
moules pour les petites mailles font des morceaux
de bois arrondis, 8c qu’il y en a de plats pour les
grandes mailles.
L’ordonnance de 1681 a fixé la grandeur des
mailles pour toutes les efpèces de filets,' 8c a ordonné
qu’il feroit dépofé au greffe des amirautés ,
des échantillons de toutes ces efpèces, pour avoir
fous lès yeux un objet de comparaifon. Mais cette
ordonnance mettroit les juges en droit de faire
brûler tous les filets ; car en fuppofant qu’un filet
neuf auroit été conforme à l’ordonnance, il ne fe
feroit plus trouvé tel après avoir fervi.
Quelques-uns ont cru qu’il eût été mieux de fixer
les dimènfions des. moules , ,8c d’en conferver aux
greffes des amirautés , non-feulement des modèles
exaéb, mais de plus, des étalons qui feroient des
trous percés dans des plaques de cuivre, au moyen
defquels on connoîtroit exactement. 8c facilement
fi .les moules qu’emploient les mailleurs font conformes
à l'ordonnance. Mais ce moyen ne mettroit
en état d’exercer la'police que’ chez les ouvriers
mailleurs, puifque les-mailles changent d’é-
Arts & Métiers. Tome II. Partie II.
tendue par le fervice. Ce n’eft pas tout : Ja diminution
des mailles devient encore plus ou «&>ins confidérable,
fuivant la grofleur du fil qu’on a employé
pour les faire ; d’où l’on peut conclure que,
quelques précautions qu’on prenne pour fixer les
dimènfions des moules , les pêcheurs mal intentionnés
auront un moyen d’éluder la loi : car fi l’on
veut mefurer les mailles d’un filet qui aura fe rv i,
les pêcheurs crieront, avec fondement, à l’injuftice ,
aflurant que leur filet neuf étoit conforme à l’ordonnance
; 8c fi l’on fixe la grandeur des mailles
par la grofleur des mo.ules, ils parviendront à
rendre en peu de temps les mailles plus ferrées,
en employant du fil un peu plus gros. D ’ou il fuit
que , fi l ’on prenoit le parti de fixer la grandeur des
moules , il faudroit en même temps fpécifier de
quel fil on fe ferviroit :.ee qui n’eft pas aifé à
vérifier, d’autant qu’il y a des ffls qui le gonflent
plus à l’eau que d’autres.
On s’eft donc beaucoup attaché", dans les differens
réglemens qu’on a faits relativement aux pêches,
à fixer la grandeur des mailles des diverfes efpèces de
filets. Mais entre les ineonvéniens dont nous ve-*
nous de parler, je ne fais pas fi l’on a fait attention
que, quand on traîne le filet obliquement au
courant, ou fur le fable, les fils fe rapprochent,
les mailles s’alongent, & elles diminuent tellement
, que celles fur-tout des chauffes fe ferment
prefque entièrement : en ce cas , l’exa&e dimenfion
des mailles ne feroit utile que pour les filets qui
feroient bien tendus , & qu’on oppoferoit perpendiculairement
au courant ; 8c ces circonftances font
aflez rares. Quoi qu’il en foit, en détaillant les
divers uftenfilès dont fe fervent les mailleurs. ,
nous donnerons à peu près les dimènfions des
moules qu’on emploie pour les differentes fortes
de filets.
Differens petits injlrumens qui fervent à lacer ou
mailler les filets.
. Les filets font d’un tiflii trop lâche , pour que
les .fils puiflent fe maintenir dans la -fitiiation réciproque
qu’ils doivent avoir par le feul entrelacement
; il a été néceflàire d’arrêter les fils les uns
aux autres , en faifant des noeuds dans tous les endroits
où -ils fe croifent ; 8c il faut que toutes les
mailles d’un filet foient d’une grandeur déterminée.
Voici les outils qui font néceflaires pour ce tra-,
vail; . • • - - .
Des ci féaux de moyenne grandeur. Ordinaire?-
ment les pêcheurs les prennent ronds par l'extrémite
des lames, afin de pouvoir les porter dans leurs
poches fans étui, 8c fans courir rifque de fe blefler.
Des aiguilles de différentes grandeurs, de treize
à quatorze pouces ; d’autres ont neuf pouces de
, long fur deux lignes d’épaifleur : ces dernières fervent
pour lacer; d’autres, qui n’ont que fix a fept
. pouces de longueur , fervent pour réparer ou ramen-
'■ der lefii-ets fins, 8c aufli pour travailler les filets qu’on
I fait avec du fil très--délié. On fait ordinairement les
D d d d d