
laque haute en couleur, nette, claire, un peu tranf-i
Farente. On l’emploie bien en détrempe ; mais à
huile , elle devient brune. Il faut avoir foin de la
b royer, & prendre' garde qu’elle ne foit mêlée avec
de l’amidon.
La laque plate qui vient d’ Italie, fert beaucoup
pour les décorations. On la broie à l’eau.
Le verd. Cette couleur fe tire de différentes matières
& compofitions.
Le verd-de-gris ou verdet , eft une rouillure de
cuivre pénétrée & raréfiée par la vapeur acide du
vin qui pafle à l’état de vinaigre. On tire beaucoup
de verdet du Languedoc, de la Provence , & autres
provinces où le marc de raifina beaucoup de force
pour empreindre le cuivre de fon acide.
Quand le verdet eft diftillé, il fert dans les verds
au vernis, & fait de très - beaux verds dans fon
mélange avec du blanc.
Par fa diflolution dans l’eau chaude, au*moyen
du tartre , on en tire une teinture qui fert à enluminer
& pour repréfenter la couleur d'eau dans le
lavis coloré des plans ; mais dans cët état 3 il ne peut
lervir pour les couleurs en détrempe.
On mêle le moins qu’il eft poffible le verdet avec
les couleurs à l’huile, parce qu’il les fait foncer quand
on les vernit, §t les fait jaunir quand on ne les vernit
pas. Il eft d’ailleurs fort dangereux à employer.
Quand on veut faire ufage du verdet au vernis,
il faut le broyer à l’eflençe, & ne le détremper que
peu à peu, d’autant qu’il épaiffif .étant gardé. Il fait
line très - belle couleur étant détrempé au vernis
blanc au copal, &fert très-bien pour les fonds d’équipage
en verd d’eau,
On prépare le verd-de-gris dijlillè, en faifant difloü-
dre complètement la rouille du cuivre dans l’acide du
vinaigre diftillé , qu’on laiffe évaporer & criftalljfer
iur des bâtons fendus, qui donnent à ces crjftaux
amoncelés la figure de grappe de raifin. Ces crïfiaux3
dit de venus3 doivent être choifis bien fecs, hauts en
couleur, ayant un coup-d’oeil velouté.
Le verd'de-vefjîe eft le produit du fruit d’un arbrif-
feau qu’on nomme jioirçrun, ou bourg-épine. On
en cueille les baies quand elles font noires & bien
mûres ; on les met à la prefle, on en tire le fuc
qui eft vifqueux &. noir , on le fait évaporer à petit
fe u , fans dépurer ; on y ajoute un peu d’alun de
roche, diflous dans l’eau , & de l’eau de chaux. On
continue un petit feu fous cette compofition, juf-
qu’à ce qu’elle ait pris une confiftance de miel. Alors
on la met dans des veflies de cochon ou de boeuf,
qu’on fufpend à la cheminée , ou dans tel autre endroit
chaud. C ’eft ce qui lui a fait donner le nom de
yerd-de-vejjie. O ij la laifle durcir pour la garder.
Il faut choifir le verd-de-veflie dur, compare, i
allez pelant,, de couleur verte. On peut l’employer I
en détrempe, en le laiftant infufer dans l’eau ; mais
il ne vaut rien à l’huile, & ne peut fervir ni aux
bâtimens, ni aux équipages j on en fait ufage principalement
pour la peinture d’éventails^ & Tes lavis
fies plaus.
La te&e verte. On en diftingue de deux fortes 3
favoir, terre verte commune 3 & terre verte de Vérorifie
en Italie : la première eft grade, difficile à difloudre
dans l’eau, & qu’il faut y bien broyer pour l’employer.
Elle donne un verd allez pâle.
La fécondé a plus de corps que la commune ;
elle devient d’un verd foncé, étanrbroyée à l’huile,
& ne s’emploie point en détrempe. On en fait
ufage dans la peinture des payfages , & dans l’imitation
des marbres verds.
Le verd-d'iris eft une pâte ou fécule que l’on tire
de la fleur bleue de l’iris. On s’en fert pour la miniature.
Le verd de montagne, ou le verd de Hongrie, eft:
un fofliie verdâtre qu’on trouve en petits grains
comme du fable, dans les montagnes de Kernhau-
fen en Hongrie. Il doit être en poudre, d’un beau
verd foncé,de Saxe. Il faut le broyer pour l’employer
, foit en détrempe , foit à l’huile ; ce qui doit
fe faire avec beaucoup de ménagement, car il a le
défaut de faire foncer les couleurs.
On compofe d’autres verds3 pour la détrempe ver»
nie , avec du blanc de cérufe , de la cendre bleue ,
& du ftil-de-grain de. Troyes. Ces verds font aufli
beaux que les verds de montagne, fans être aufli
fujets.
On peut faire encore ce même verd avec de la
cérufe, du bleu de Prufle , & du ftil-de-grain ; mais
il eft moins vif & plus terreux. On lui donne un
ton plus vigoureux, en y ajoutant un peu de verd
de montagne.
Le verd d'eau en détrempe fe fait avec du blanc de
cérufe, broyé à l’eau, dans lequel on mêle plus ou
moins de yerd .de montagne, aufli broyé à l’eau \
le tout détrempé à la colle de parchemin/
Quand on veut employer au vernis le verd d'eau é
il faut broyer à l’eflence des criftaux de vénus , &
féparémetjt du blanc de cérufe. Ou incorpore en-
fuite le verd-de-gris dans la quantité néeeflaife de
blanc de cérufe , & on détrempe toute cette compofition
avec un vernis à l’eflence. Ce verd d’eau
n’eft point fujet à jaunir ; mais pour donner plus de
folidité à l’ouvrage, comme fur le panneau d’une
voiture à fond verd , verni-poli, il faut bien remuer
& bien détremper le verd-de-gris, calciné &
broyé à l’eflence , avec la cérufe auïu broyée à l’ef-
fençe & au beau vernis au copal.
Le verd de treillages fe compofe en mettant une
livre de verd-de-gris fimple, fur deux livres de cé*
rufe qu’on broie féparément à l’huile de noix, &
qu’on détrempe enfemble, également à l’huile de
noix.
Il faut obferver que fi l’on emploie le verd de treillages
à Paris, on doit augmenter la dofe du blanc
dé cérufe , & en mettre trois livres au lieu de deux ,
attendu la qualité de l’air de cette capitale , bien dif«
férente de celui de la campagne.
Verd de compofition. Ce verd fe fait avec une livre
de blanc de cérufe, deux onces de ftil-de-grain de
Troyes, & une demi-on.ce de bleu de Prufle ; on ob^
tient la nflance bu’on chercha par le plus ou moins
j . ftil de-grain de Troyes.
Quand on veut faire ufage de ce verd en de-
trempe, on le broyé à l’eau , & on le détrempe a
i l colle de parchemin. Si on le broyé a 1 huile , il
faut le détremper à l’effence. .
On compofe le verd pour les roues d équipages avec
des criftaux de vénus & de la cérufe , broyés séparément
avec moitié d’huile & moitié effence,qu on
détrempe avec le vernis de Hollande.
Voici un procédé pour préparer une nouvelle couleur
verte, iaiitpé par M. Scheele, de 1 académie
de Stockholm. , - ,
Diffolvez à chaud, dans un chaudron de cuivre,
deux livres de vitriol bleii dans fix cannes d eau (la
canne contient huit livres ) ; diffolvez en meme
tems , dans un autre chaudron de cuivre , deux livres
de potaffe blanche & bien sèche, & vingt-,
deux loths (ou onze onces) d’arfenlc blanc, pul-
vérifé dans deux cannes d’eau. Paffez cette folution
à travers un linge , verfez-en peu-a-peu fur la folu-
tion de vitriol; la couleur verte fe précipitera. Decantez,
& verfez fur ce précipite , de leau bouillante
en grande quantité , 8c à differentes reprîtes.
Lorfqu’il fera bien édulcoré, verfez le tout fur un
linge bien tendu, d’où vous tirerez la couleur pour
la faire fécher fur le papier jofeph , à une douce chaleur.
La quantité mentionnée des ingrédiens fournit
une livre huit onces & demie d’une belle couleur
Fiel d'anguille ou de brochet. Ceft une efpece de
ftil-de-grain très-bon pour glacer. H peut aufli varier
les verds dans le payfage , étant mêlé avec ditlerens
ferrugineufe , qu’on trouve en abondance dans les
carrières de Cappadoce. ,
Il y en a de plufieurs fortes ; les unes font dune
feule couleur, les autres font tachetées , quelques-
unes font cendrées & graifleufes , d’autres dures oc
sèches. .
On tire aufli d’Angleterre une efpèce àe fanguine i
qu’on taille facilement pour en faire des crayons rouges.
On s’en fert pour donner de la force aux couleurs
lburdes. .. . 1 Vermeil ; c’eft une couleur ou un liquide qui
donne du reflet & du feu à l’or , & qui fait paroitre
l’ouvrage comme s’il étoit doré d or moulu.
Pour faire cette couleur vermeille prenez, rocou ,
deux onces , gomme-gutte une once , fang-dragon :
une demi-once , cendres gravelées deux onces , la*
fran dix-huit grains. Faites bouillir le tout dans une
pinte d’eau, à petit feu , jufqu’à ce que la liqueur |
foit réduite à trois demi-feptiers , &. claririez'-la par
le moyen d’un tamis de loie , ou d une mouiteline.
Quand on veut employer cette liqueur , on y introduit
un quart d’eau de gotqme arabique , qui fe
compofe avec un quarteron de gomme fondue dans
une pinte d’eau. , . Vermillon. Voyez les procédés de cettecouleur
à l’article rouge. ■
Le violet fe compofe avec de lalacque , du bleu
de Prufle, un peu de carmin, & une très-petite
quantité de blanc de plomb , à la colle ou a 1 huile ,
comme on veut.
L’orfeille donne aufli un violet a la teinture*
De quelques matières colorantes. ’
La fanguine qu crayon rouge eft une terre rouge,
La bonne fanguine doit être pefante, compaite,
unie 8t douce au toucher. ^
La fanguine calcinée fert à certains apprêts de la
dorure. . 4 . . , .
La mine de plomb eft une efpece de minéral que
l’on nomme aufli crayon. _ , .
On s’en fert aufli pour defliner. Elle doit etra
légère, peu dure, facile à tailler , nette, unie , de
couleur noire argentée, 6t luifante , d un grain fin o£
Le bol d’Arménie eft une terre onéhieufe & ar,
gileufe, douce au toucher, fragile, de couleur jaune,
& plus ordinairement rouge. On droit autrefois cette
terre du Levant & d’Arménie, & on l’appelle encore
bol oriental ou bol £ Arménie ; mais on en trouve
beaucoup en France, & de très-beau, apx envw
rons de Blois , de Saumur, dans la B o u lo gn e , &
dans quelques carrières autour de Paris. Ce; bol aoiz
être net, doux au toucher 3 rouge ou jaune, luilant,
s’attachant aux lèvres. ^ ,
Rocou ; c’eft une pâte sèche qu on extrait par
infufion ou macération des grains contenus dans
la gonfle d’un arbre commun dans l’Amérique „
que l’on appelle urucu ou rocou. 11 faut que la pâte
de rocouîoix. sèche , haute en couleur , très-rouge ,
d’une odeur forte & même défagreàble. On emploie
cette fécule, comme nous 1 avons dit dans la.
compofition du vermeil. |
Le fafran eft le piftil de la fleur d’une plante qu on
cultive dans plufieurs endroits de la France , fur-
tout dans le Gatinois. Il faut le choifir nouveau ,
bien féché , moltaffe , doux au toucher , en longs
filets d’une belle couleur rouge , peu chargé de
parties jaunes , très-odorant, d’un goût balfamique
& agréable. On le conferve dans des boîtes bien
fermées. Nous avons dit qu’on fait entrer aufli le
fafran dans la compofition du vermeil.
Le brou de noix, la racine de noyer, le fumac, le
I fantal, l’écorce d’aune ne fourniffent qu-’une couleur
t fauve qu’on appelle couleur de racine, mais qui efli
précieufe malgré (on peu d’eclat, parce qu elle fer®
de bon fonds à d’autres couleurs plus brillantes
qu’on applique par-detVus, fur-tout en teinture;
L’efpèce de coquillage qu’on nomme murex, Sc
quun croit être la pourpre des anciens, donne un
rouge affez beau.. ■ , ■ .
On prétend tirer une lacque artificielle, ou une
fubftance colorée des fleurs, foit en les faifant. cuire
à feu lent, dans une leflive convenable , foit en
les faifant dlftiller plufieuts fois avec de l’efprit de
vin. C’eft de cette manière qu’on tire les couleurs de
toutesfortes de plante s réceiites ^fayoir,. \ejaune de 1»